Page images
PDF
EPUB

frivole, paffager, d'un moment? Vous feriez inconfolable, fi vous aviez perdu par un incendie ou par un naufrage, tous les biens que vous auriez amafsés depuis longtemps, & ménagés avec beaucoup de peine. & de travaux, & vous ne pleurez pas la perte des biens fpirituels, de ces biens infiniment plus précieux,. plus folides, plus nécessaires! O monftrueuse infenfibilité !

VIII. Quelle eft votre ingratitude, ame péchereffe, d'avoir offensé un Dieu fi bon, qui vous a fait ce que vous êtes, qui vous conferve, qui vous conduit par fa Providence, qui vous a adopté pour son enfant, & qui veut bien, tout grand qu'il eft, que vous l'appelliez votre Pere: Nom plein de douceur, & qui marque toute fa tendreffe pour vous. Ah! fi Dieu eft votre Pere, où, eft l'honneur, le refpect, l'amour que vous lui portez? Ce Pere fi bon, le meilleur de tous les Peres, n'a cefsé, depuis que vous êtes au monde, de vous combler de fes graces & de fes faveurs. Pourriezvous les compter? elles font fans nombre. Mais comment y avez-vous répondu? Semblable à une terre ingrate & maudite, qui, quoique fouvent arrosée & cultivée avec soin, ne produiroit que des ronces & des épines, on ne voit en vous que les malheureuses productions du vice; l'ivraie a étouffé la bonne femence : comme un mauvais arbre, vous ne portez que de mauvais fruits. Eft-ce donc là ce que vous rendez à Dieu, pour tant de bienfaits; à Dieu fi aimable en lui-même par toutes fes perfections infinies, à Dieu, qui feul mérite notre amour; à Dieu, qui feul peut faire notre gloire & notre félicité? Ah! du moins à préfent, donnez-lui votre cœur. Il fera toujours, ce cœur, dans l'inquiétude, l'agitation, le trouble, jufqu'à ce qu'il

fe repofe en Dieu comme dans fon centre. C'eft commencer trop tard à l'aimer, cette fouveraine beauté, cette beauté ancienne & toujours nouvelle, toujours également raviffante; mais du moins ne tardez pas davantage; offrez-lui un cœur contrit & humilié, il ne le rebutera pas; il le renouvellera; il le purifiera; il le rendra digne de lui; & vous fentirez combien il eft doux d'aimer & de servir le Seigneur.

IX. C'est pour vous que le Fils de Dieu, Dieu même, s'eft abaissé jusqu'à prendre la forme de ferviteur. C'est pour vous racheter, qu'il a bien voulu s'humilier & fe rendre obéiffant jufqu'à la mort, & à la mort de la Croix. Regardez Jefus-Chrift fur ce lit de douleur; il étend les bras pour vous attirer à lui; fes plaies demandent grace pour vous; fon fang coule de toutes les parties de fon Corps, pour vous laver & vous purifier; il s'eft chargé de nos iniquités; il paye pour les coupables. Rendriez-vous inutile, par votre dureté & votre impénitence, tout ce qu'il a fait en votre faveur? Auroit-il répandu en vain fon fang pour vous fauver? Auriez-vous le cœur de le méprifer, de le fouler aux pieds, ce Sang précieux, de le profaner plus long-temps par vos crimes? Ah! prenez-y garde, il fe retourneroit enfin contre vous; il crieroit vengeance contre un pécheur ingrat & infolent, & il crieroit plus haut que le fang d'Abel. Profitez, profitez de la rançon qui vous eft offerte. Quand vos péchés feroient multipliés comme les grains de fable de la mer quelques énormes qu'ils fuffent, ce Sang répandu eft

plus que fuffifant pour les expier, puifqu'il eft d'un

mérite infini. Mais fi Jefus-Chrift vous a aimé le premier, jufqu'à donner fa vie pour votre falut, eft-ce trop exiger que vous lui rendiez amour pour amour, que vous regrettiez fincérement de l'avoir offensé, que vous

joigniez à fon Sang les larmes de la pénitence, que votre cœur foit brisé d'une vive douleur; en un mot, que vous déteftiez vos crimes, & que vous foyez réfolu de ne plus les commettre? Encore une fois, eft-ce trop exiger de vous? Un feul de ces crimes ne pouvoit être racheté à un moindre prix. Toutes les créatures ensemble n'étoient pas capables de l'expier; & fans ce divin Sauveur, vous étiez perdu fans reffource. Quelle tendre reconnoiffance ne devez-vous donc pas avoir de ce qu'il vous a aimé jufqu'à fe livrer pour vous? & en même-temps, quelle horreur ne devez-vous pas concevoir du péché, dont l'énormité eft fi grande, qu'il ne falloit pas moins que le Sang d'un Dieu pour l'expier?

X. Comment avez-vous osé profaner en vous le temple de Dieu ? il habitoit dans votre cœur par fon Efprit faint, qui y avoit répandu l'onction de la charité : c'eft ce qui faifoit votre gloire & votre bonheur. Nonfeulement vous avez contrifté cet Efprit divin par de légéres infidélités, mais vous l'avez entiérement éteint, entiérement détruit en vous par vos crimes. Eh! quel eft donc l'efprit qui vous anime & qui vous conduit à préfent? l'efprit de tenebres, l'efprit de menfonge, l'efprit impur & séducteur. Quel affreux changement! L'Efprit faint eft l'ame de notre ame; c'eft lui qui nous éclaire, qui nous infpire, qui nous anime; fans lui, nous nous égarons, nous nous perdons misérablement. Avec ce divin Efprit, nous avons la paix, la consolation, la joie du Seigneur; dès qu'il fe retire, à caufe de nos prévarications, ce n'eft plus dans l'ame que trouble, que mifere, que douleur. Eh! pouvez-vous plus longtemps vous fupporter dans un état fi funefte? Vous en fortirez par la voie de la pénitence : détestez vos crimes: purifiez votre cœur; l'Efprit faint y reviendra, il s'y

établira de nouveau comme dans fon temple, il vous communiquera tous fes dons ineffables : alors vous recouvrerez le calme d'une bonne confcience, & vous goûterez la douceur de cette heureuse paix, que le monde, avec tous fes faux biens, ne peut donner.

ORDRE POUR ABSOUDRE de l'Excommunication, de la Suspense, & de l'Interdit.

ON ne doit point abfoudre un Excommunié, jufqu'à

:

ce qu'il ait fatisfait les perfonnes qu'il a offensées, & réparé le dommage qu'il a causé a causé par le crime qui lui a fait encourir l'Excommunication s'il ne peut le faire avant de recevoir l'Abfolution, on lui fera du moins promettre qu'il s'acquittera de ce devoir le plutôt qu'il pour ra, qu'il obéira aux ordres de l'Eglife, qu'il obfervera fes Canons & fes Décrets, & fpécialement celui contre lequel il a péché.

Pour abfoudre de l'Excommunication dans le For intérieur, on n'ufe d'autre forme que de celle qui eft pref crite pour l'Abfolution facramentelle : Dóminus nofter Jefus Chriftus, &c. ci-deffus, page 115.

On ne peut en abfoudre dans le For extérieur fans une Commiffion spéciale de celui qui l'a portée, ou auquel elle eft réservée, ou du Supérieur, en cas d'Appel. Si la Commiffion preferit une forme d'abfolution, on la fuivra de point en point, fi elle porte fimplement que lAbfolution fera donnée in forma Ecclefiæ confue ta, on obfervera l'ordre qui fuit.

Le Prêtre étant affis & couvert, revêtu d'un Surplis & d'une Etole violette, le Pénitent se mettra à genoux

devant lui, & récitera le Pfeaume 50 Miferére meî, Deus. S'il ne peut lire ou prononcer ce Pfeaume, d'autres le diront pour lui. Enfuite le Prêtre fe levera, & s'étant découvert, dira:

Kyrie, eléison. R. Chrifte, eléifon. Kyrie, eléison. Le Prêtre, Pater nofter, &c.

. Et ne nos indúcas in tentatiónem; . Sed libera nos à malo.

. Salvum fac fervum tuum, ( ou ancillam tuam, > R. Deus meus fperántem in te.

*. Nihil proficiat inimícus in eo, (ou, ea, ) œ. Et filius iniquitátis non appónat nocére ei.

. Efto ei, Dómine, turris fortitúdinis, . A fácie

inimíci.

*. Dómine, exaúdi oratiónem meam; §. Et clamor meus ad te véniat.

. Dóminus vobifcum; . Et cum fpíritu tuo.

Orémus.

DEus, cui próprium eft miferéri femper & párcere,

súfcipe deprecatiónem noftram, ut hunc fámulum tuum quem (ou, hanc fámulam tuam quam) excommunicatiónis fenténtia conftringit, miferátio tuæ pietátis cleménter absólvat; Per Chriftum Dóminum noftrum. R. Amen.

Le Prêtre s'étant affis & couvert, lui impofera une Pénitence, & étendant la main fur lui, il dira:

Dóminus nofter Jefus Chriftus te absólvat; & ego auctoritate ipsíus, & Sanctiffimi Dómini nostri Papæ, (ou, Reverendiffimi Epifcopi Cenomanenfis, ou N. Superioris, exprimant la qualité du Supérieur qui lui a donné la Commiffion, ) mihi commífsà, absólvo te à

« PreviousContinue »