de fon corps avec celui de S. Julien & celui de S. Thuribe. Il en fit une feconde en 840 de l'Eglife Cathédrale, où S. Pavace avoit d'abord été déposé, dans celle de l'Abbaye de S. Sauveur. CeMonastère a été détruit, & l'on a bâti fur fes ruines l'Eglife Paroiffiale qui porte le nom de ce faint Evêque.

4. S. LIBOIRE. L'amitié qui a uni S. Martin de Tours & S. Liboire, fuffit pour donner une haute idée de ce faint Evêque. Il gouverna très long-temps le Diocèfe du Mans, & fut le modèle des vrais Pasteurs. S. Martin vint lui adminiftrer les Sacremens de l'Eglife, afsista à sa mort qui arriva le 9 de Juin, & rendit à fon ami les derniers devoirs. Il fut enterré dans l'Eglife des Saints Apôtres, autrement dite du Pré.

5. S. VICTUR. Après avoir fermé les yeux à faint Liboire, faint Martin de Tours voulut confoler le Diocèfe de la perte qu'il faifoit. Il ordonna S. Victur, qui prouva, par la fainteté de fa vie, que le doigt de Dieu avoit conduit S. Martin dans fon choix. Saint Victur fut enterré, comme fon prédéceffeur, dans l'Eglife des Saints Apôtres.

6. S. VICTEUR étoit fils de Saint Victur, & lui fuccéda dans le Siége épifcopal du Mans. Ce faint Evêque fut élevé fous les yeux de S. Martin de Tours, qui, dès fes plus tendres années, lui infpira les fentimens de piété & de religion dont il donna les marques les plus éclatantes pendant fa vie. Il fut facré par S. Brice, fucceffeur & difciple de S. Martin. Il affifta au Concile d'Angers en 453. Grégoire de Tours fait un grand éloge de ce faint Evêque, recommandable par fes vertus & fa piété.

7. S. PRINCIPE. Fidèle imitateur des vertus de fes prédéceffeurs, il fut, comme eux, l'exemple & le modèle d'un véritable Pasteur, & mérita d'être mis au nombre des Saints que l'Eglife du Mans fe glorifie d'avoir eus pour la gouverner. Il affifta au premier Concile d'Orléans tenu en 511, & mourut le 16 Septembre.

8. S. INNOCENT fut élevé & inftruit par Saint Victeur,qui veilla particulièrement fur fon éducation. Il mérita d'être élevé à la même dignité, & conduifit le troupeau confié à fes foins avec

le

le zèle d'un vrai Pasteur. Il s'occupa à augmenter & à embellir l'Eglife matrice de ce temps, connue fous l'invocation des SS. Apôtres Pierre & Paul. Il y conftruifit un Autel où il dépofa les Reliques des faints Martyrs Gervais & Protais, qui furent honorés par la fuite comme les Patrons de cette Eglife. Il affifta au deuxième Concile d'Orléans, tenu en 533, & au quatrième tenu en 541. Il appela dans fon Diocèle de pieux Solitaires à qui il facilita les moyens de faire des établissemens. Un d'eux, nommé Calais, fut de ce nombre. Le Monaftère dont il fut le Supérieur, porte encore aujourd'hui fon nom; & la Ville où il le fonda, pénétrée de respect & de vénération pour les vertus & la fainteté du Solitaire, fe fit un honneur de changer fon nom pour prendre celui de ce faint Cénobite. Saint Innocent mourut chéri & regretté de son peuple, après un Episcopat de 46 ans. Il fut inhumé dans l'Eglise des SS. Apôtres, comme il l'avoit defiré.

9. S. DOMNOLE. Il fut d'abord Religieux, & enfuite Abbé de S. Laurent de Paris. Son humilité lui fit refufer l'Evêché d'Avignon auquel Clotaire l'avoit nommé. Il fe rendit aux voeux de la Province du Maine, qui le choifit pour fon Evêque. Il appela, ainsi que fon prédéceffeur, beaucoup de Religieux dans fon Diocèfe, & en multiplia les établissemens. Le plus considérable, à tous égards, fut celui du Monaftère de S. Vincent, qu'il fonda, en 572, dans un des fauxbourgs du Mans, & qu'il dota, en grande partie, d'un démembrement des biens de fon Evêché. Il mourut en 581, & fut inhumé dans fon Monaftère de S. Vincent, où l'on conferve fon corps dans une châffe d'argent, artistement travaillée, & donnée par Philippe, Cardinal de Luxembourg, Evêque du Mans, & Abbé de ce Monaftère.

10. BADEGÉSILE. Pendant le court efpace de fon épifcopat, il affifta au deuxième Concile de Mâcon, en 585, & mourut peu de temps après.

II. S. BERTRAND naquit vers le milieu du treizième fiécle. L'Histoire ne nous fournit rien d'affez précis pour fixer le lieu de fa naiffance. S. Bertrand fe confacra à Dieu dès fa jeuneffe, & reçut la tonfure au tombean de S. Martin de Tours, des mains de S. Germain, Evêque de Paris. Il passa ensuite dans le Clergé de cette Ville,

I. Partie.

e

où il fut inftruit fous les yeux & la difcipline de S. Germain, qui l'ordonna Prêtre. S. Bertrand exerçoit les fonctions d'Archidiacre de Paris en 586, lorsqu'il fut nommé à l'Evêché du Mans. Sa réputation s'étant étendue jufqu'à la Cour des Rois Gontran & Clotaire, il mérita la confiance dont ces deux Princes l'honorèrent. Il fonda, dans un des fauxbourgs du Mans, le Monaftère de S. Pierre de la Couture, qui eft encore aujourd'hui une Abbaye confidérable de Bénédictins de la Congrégation de S. Maur, & qu'il dota d'une partie des biens de fon Evêché. Il établit auffi deux autres Monaftères, l'un fous l'invocation de S. Germain, au-delà de la Sarthe; l'autre en l'honneur de S. Martin, fur l'Huine, & fit de grands dons à celui d'Etival, où il établit des Religieufes. Après avoir gouverné faintement fon Diocèfe, pendant 37 ans, S. Bertrand mourut généralement regretté on l'enterra dans fon Monaftère de la Couture, où fes Reliques font confervées. Son teftament eft célèbre par la quantitê de legs pieux qu'il fit, & la connoiffance des Loix qu'on y découvre. S. Bertrand cultivoit les Lettres : il avoit laiffé quelques morceaux de Littérature dont Fortunat fait un grand éloge, & que, malheureusement, le temps n'a point respectés.

12. S. HADOUIN fuccéda à S. Bertrand vers l'an 624. Il rétablit dans la ville du Mans plufieurs Monaftères, & travailla à y maintenir le bon ordre. Ce faint Prélat affifta au premier Concile de Reims, en 625, & foufcrivit au troisième de Châlons, en 644. On le regarde comme le principal Fondateur de l'Abbaye d'Evron. Il mourut en 654, & laiffa, par fon teftament, différentes terres à fon Eglife, & à quelques autres. Il fut inhumé dans celle de S. Viêteur.

13. S. BÉRARD ou BÉRAIRE. Il gouverna le Diocèse du Mans pendant les règnes orageux de Clovis II, de Childéric & de Thierri. Dès les premières années de fon épifcopat, S. Bérard envoya au mont Caffin chercher les Reliques de Sainte Scholaftique, qui, dans la fuite, eft devenue la Patrone de la ville du Mans. Une Dame fort riche, appelée Lopa, veuve d'Eiragnus, ayant obtenu de Clovis II la permiffion de fonder à Tuffé un Monaftère de Religieufes, fous la Règle de S. Benoît, S. Bérard donna à cette Maison des marques de fa libéralité. Il occupa le Siége du Mans pendant 26 ans, & mourut le 17 Octobre 679, dans la Province d'Aquitaine.

Son corps fut apporté au Mans, & enterré, dans le Monastère de Pont-Lieue, qu'il avoit fait bâtir.

14. AIGLEBERT ou ENGILBERT, fuccéda à faint Bérard vers l'an 680, & fut Evêque du Mans pendant les règnes de Thierri I, & de fes fils Clovis III & Childebert. Aiglebert fit. rebâtir & embellit le Monaftère de Tuffé: fa foeur en fut Abbeffe. Cette Maison eft devenue depuis un Prieuré de Religieux, aujourd'hui réuni à l'Abbaye de faint Vincent. On attribue encore d'autres fondations à Aiglebert. Il fit présent à son église de quantité de vases précieux, & de plufieurs ornemens qui lui avoient été donnés par le Roi Thierri, dont il étoit l'Archi-Chapelain. Ce Prélat obtint, en 685, le Pallium, privilège qui ne s'accordoit que très-difficilement dans ce temps. Les Auteurs de l'Hiftoire Littéraire de la France regardent Aiglebert comme un homme très-verfé dans la connoiffance des faintes Ecritures. Il gouverna fon Diocèse avec autant de zèle que de prudence pendant 27 ans.

On place ici un BÉRAIRE II, qui, à ce qu'on prétend, occupa le Siége du Mans jufqu'en 710; mais les Sçavans font fi partagés fur fon existence, qu'on peut la regarder comme très-douteuse.

15. HERLEMONT PREMIER. Ce Prélat occupa le Siége du Mans depuis 710 jufqu'en 730. Il bâtit près de la ville, en l'honneur de faint Ouen, Archevêque de Rouen, une maison dans laquelle il mit quelques Religieux destinés au foulagement des pauvres. Après les ravages des Normands, cette maison ayant appartenu à des Laïques, le monaftère de faint Aubin d'Angers s'en empara: elle eft devenue depuis une Paroiffe de la ville du Mans, fous l'invocation de faint Ouen, que les Prêtres de l'Oratoire deffervent, & où ils ont un Collège.

16. GAUZIOLENE. Il fuccéda à Herlemont, & occupa le même Siége jufqu'en 770. Pepin, mécontent de fa conduite & de fon administration, nomma à sa place Herlemont II, homme aussi diftingué par fa naiffance que par fes mœurs. Gauziolene mourut au village de Sainte-Marie & de Saint-Gervais de Sillé. On rapporta fon corps au Mans, & on l'inhuma dans l'Eglife des faints Apôtres, aujourd'hui l'Abbaye de la Couture.

17. HERLEMONT II. Les obftacles que fon installation pouvoit éprouver, engagèrent Pepin à le faire conduire au Mans, & à lui prêter main-forte pour se mettre en poffeffion de cet Evêché. Sous fon épiscopat le Diocèfe prit une nouvelle forme, & le rétablissement de la discipline ecclésiastique fut le fruit de ses travaux & de fon zèle. Des fcélérats vendus à Gauziolene exercèrent les dernières violences fur Herlemont, & lui crevèrent les yeux. Pepin fit fubir la même peine à fon prédéceffeur; mais de nouveaux orages éclatant chaque jour, Herlemont fe démit de fon Evêché, & fe retira dans une Abbaye du Diocèse de Bayeux, dont fon frère étoit Abbé, & où il finit fes jours. Gauziolene étant rentré en grace auprès de Pepin, ce Monarque lui permit de remonter fur le Siége épiscopal du Mans.

18. HODINGUE. Après la mort de Gauziolene, en 770, Charlemagne nomma à l'Evêché du Mans Hodingue, Prêtre de sa Chapelle. Ce nouvel Evêque effaya vainement de faire rentrer les biens de l'Evêché que quelques-uns de fes prédéceffeurs avoient démembrés. N'ayant pu y parvenir, il donna fa démiffion au Roi, qui le fit paffer à l'Evêché de Beauvais. Pendant le court espace de fon épifcopat, on fupprima plufieurs titres de fon Eglife, dont fes fucceffeurs auroient pu faire ufage pour recouvrer les domaines qui avoient été usurpés ou aliénés fans autorité.

19. MÉROLE. Le Clergé & le peuple de la province du Maine le députèrent vers Charlemagne pour lui demander un Evêque. Ce Prince confulta, fur cette démarche, Angiramne, Evêque de Metz. Celui-ci, à qui Mérole avoit été adreffé, reconnut en lui tant de fçavoir, de prudence & de zèle, qu'il ne balança pas un inftant à engager le Roi à le nommer à l'Evêché du Mans. Il fuccéda donc à Hodingue vers l'année 778, & mourut en 784, dans le monastère d'Evron, où il avoit été Religieux, & où il paffoit tout le temps dont il pouvoit difpofer.

20. JOSEPH. Cet Evêque avoit été Archidiacre de l'Eglife du Mans, fous Mérole, à qui il fuccéda en 784. Les violences & les cruautés qu'il exerça, fous différens prétextes, font trop connues pour qu'on puiffe les pallier ou les excufer. Charlemagne, informé