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N° 193.

POLITIQUE.

DANEMARCK.

Lundi 12 JUILLET 1790.

De Copenhague, to 22 juin. La frégate la Meerwig, de 40 canons, et la frégate la Cronembourg, de 36, iront incessamment en croisière.

Le 26 de ce mois, le prince royal doit faire un nouveau voyage à Fleswic. Il sera accompagné de M. le général de Huth, du maréchal de cour de Bulow et de ses adjudants. Ce voyage n'a sans doute d'autre but que de continuer la revue des troupes que S. A. R. faisait actuellement en Zélande. Au reste, rien n'indique que la cour de Copenhague veuille abandonner, dans la conjoncture présente, le systême de neutralité qu'elle a adopté.

SUÈDE.

De Stockholm, le 18 juin. On a reçu avant-hier le journal des opérations de la flottille légère aux ordres du roi. On y trouve quelques détails sur les combats des 4 et 5 dont il a déjà été parlé. Ce journal est daté de Biorko-Sund le 7 juin. En voici l'extrait :

Le 25 mai, la flottille des Scheeren mouilla à Pilkepassi. Le 26, un capitaine, un lieutenant, un curé et quelques paysans, envoyés pour reconnaître, rapportèrent que l'ennemi avait à Potterlax 19 canons, destinés pour Frederichsham. Un détachement, qui y fut envoyé le lendemain, les ruina. Le 28, le magasin ennemi à Yluipala fut brûlé; et le même jour le roi envoya le capitaine Monthell à Wibourg, pour y accompagner un courrier espagnol, Le 29, le roi reçut l'avis que le duc de Sudermanie avait passé Hogland avec la grande flotte. Le 30 et le 31, la flottille se tint tranquille à Pilkepassi. Le 1er juin, après la cérémonie de la réception des chevaliers nouvellement créés, le roi leva l'ancre et fit voile le 2 pour Biorko, ayant toujours notre grande flotte en vue. L'après-midi elle mouilla et envoya à la découverte. Le 3, à trois heures, l'on entendit déjà la canonnade entre la grande flotte suédoise et l'escadre russe. Le roi fit ramer à force pour s'approcher de la flotte du prince son frère et lui donner du secours, d'autant plus que la mer était calme. La quatrième et la huitième des chaloupes-canonnières aux ordres du lieutenant-colonel Hjelmstierna se formèrent pour attaquer le flanc droit de la flotte ennemie. Une fregate russe perdit un de ses mâts et un vaisseau de ligne fut dégréé, de sorte qu'ils furent obligés de se retirer. Le vent devint plus fort; et nos chaloupescanonnières durent aussi s'éloigner, pour reprendre leur station. La flotte de Cronstadt, composée de 17 vaisseaux de ligne et 7 frégates, avait attaqué notre grande flotte à trois heures du matin : celle-ci tint ferme, et les Russes se replièrent vers Cronstadt. Nos vaisseaux n'avaient point essuyé de dommage par la canonnade, si ce n'est plusieurs boulets ennemis dans le bois des navires; mais leur gréement était resté en entier. Du côté des Russes, au contraire, trois vaisseaux furent entièrement dégréés. A onze heures, notre flotte se porta de nouveau sur l'ennemi, mais celui-ci évita le combat. Au milieu de ces Louvements, le roi voulut une seconde fois aller, avec sa flottille, seconder le duc son frère; mais le vent se renforça au point qu'elle dut rester à sa station. Quoique les flottes ne fissent que se canonner, ces canonnades furent néanmoins très fortes: la première dura 4, et la seconde 2 heures. Le vent s'étant calmé, avec un ciel embrumé, ce brouillard sépara les deux flottes, et fut si favorable à l'ennemi, qu'au 1re Série. Tome V.

[Constituante. 231 liv.

lieu des trois vaisseaux dégréés, il put se servir de frégates.

Le 4, après midi, l'on commença une nouvelle affaire, qui dura jusqu'à six heures du soir; mais la la nôtre était à sa poursuite, nous fùmes informés flotte ennemie ne tint pas ferme; et au moment que que nos frégates avaient vu la flotte de Revel passer à la hauteur de Hogland. Le 5, les deux flottes manœuvrèrent toute la journée : le duc chassa l'escadre de Revel; et pendant qu'il y était occupé, celle de Cronstadt le suivait toujours de fort près, pour mettre notre flotte entre deux feux: enfin nous la perdîmes de vue. A six heures, le lieutenant-colonel Torning vint joindre avec sa division de chaloupescanonnières. Le 6, notre flottille des Scheer sortit de Biorko, faisant route au nord-est. Un gros brouillard sépara notre grande flotte de l'escadre de Revel: elle mouilla entre Biskops, Oro et Torsari; et, accompagnée de la flottille des galères, elle bloqua le golfe de Wibourg. Le 7, le roi fit débarquer les hussards, les dragons et quelque infanterie près de l'église de Koivisto, à cinq milles de Pétersbourg, pour reconnaître ses environs. »>

Des avis postérieurs ont appris que les troupes des galères, débarquées par ordre du roi, se mirent en marche le 8 en deux divisions. La première, commandée par M. le colonel Cedestrom, prit le grand chemin de Wibourg, et fut se porter au village de Maxlax. La seconde division, commandée par le lieutenant-colonel Vandyck, se porta à Umajoki, quart de lieue de Koivisto: elle y fut attaquée par deux escadrons de dragons russes; ces derniers furent repoussés. Le roi, escorté de ses trabans, vint luimême à Umajoki, et témoigna sa satisfaction à ses troupes, particulièrement aux hussards.

à un

La Suède vient d'éprouver un événement désastreux par un incendie qui, le 19, a presque réduit en cendres la ville de Carlscrona. Le feu a gagné plusieurs quartiers à la fois, et il n'a pas été possible d'en arrêter les progrès. 400 maisons et une partie de flammes; mais les chantiers et les vaisseaux ont été la boulangerie de la marine ont été la proie des heureusement préservés.

PRUSSE.

De Berlin, le 23 juin. — Le bruit cour que la cour de Dresde a contracté de très étroites liaisons avec celle de Vienne. C'est du moins à cette cause que l'on attribue l'ordre donné aux troupes rassemblées aux environs de Berlin, sous les ordres du duc Frédéric de Brunswick, de s'avancer vers les frontières du côté de Francfort. Cet ordre arriva le 26, à neuf heures du matin, et une heure après on fit avertir les régiments arrivés depuis huit jours de Magdebourg et de la Vieille-Marche, de se mettre en mouvement dans un délai de 36 heures. M. le lieutenant-général de Kalkstein, mandé par une estafette pour se rendre auprès du roi, est parti le 24 pour la Silésie; le lendemain, le régiment d'infanterie de Reumer est parti pour Francfort-sur-l'Oder, afin de rétablir dans cette ville la tranquillité que les étudiants de l'université ont troublée après la sortie de la garnison. Le régiment de dépôt de Kalkreuth a été mis en garnison à Halle, où se rendent aussi quelques régiments westphaliens.

M. le prince de Saken est parti d'ici, le 20, pour Francfort, en qualité de premier ambassadeur du roi, comme électeur de Brandebourg, à la diète d'élection d'un empereu..

13

Voici un état authentique des divers corps d'armée du roi et de la répartition des régiments:

1o Corps d'armée dans la Basse-Silésie, sous les ordres immédiats du roi, qui a sous lui M. le général Mollendorf. Infanterie, un bataillon des gardes, le bataillon de Rohdich, dix-neuf régiments, trois bataillons d'infanterie légère et les chasseurs à pied. Cavalerie: Cuirassiers, les gardes-du-corps, les gendarmes et trois autres régiments. Dragons, quatre régiments. Hussards, deux régiments, et les chasseurs à cheval.

2o Corps d'armée dans la Haute-Silésie, sous les ordres du général feld-maréchal duc régnant de Brunswick, ayant sous lui le général de Dallwig. Infanterie, treize régiments et cinq bataillons d'iafanterie légère. Cavalerie: Cuirassiers, quatre régiments. Dragons, trois régiments et trois régiments de hussards.

3o Corps d'observation, uni aux troupes westphaliennes Infanterie, 8 régiments, 3 bataillons de grenadiers et 3 d'infanterie légère. Cavalerie: Cuirassiers, 4 régiments, et un régiment de hussards.

4o Corps d'armée dans la Prusse orientale, sous les ordres de M. le général comte de Kerkel: Infanterie, 5 régiments, 2 bataillons d'infanterie légère, les miueurs de Thiele et de Rembow. Cavalerie, 3 régiments de dragons et 2 de hussards.

5o Corps d'armée dans la Prusse occidentale, sous les ordres de M. le général d'Usedom: Infanterie, 5 régiments et 3 bataillons d'infanterie légere. Cavalerie, 2 régiments de dragons et autant de hussards.

POLOGNE.

De Varsovie, le 18 juin. - Des courriers de Berlin ont apporté ici des nouvelles qui donnent la plus grande espérance d'une pacification prochaine. Les Turcs sont disposés à accepter les offres de la Russie. M. de Bulgakow, qui remplace ici M. le comte de Stackelberg, en qualité de ministre de Russie, est parti en diligence pour l'Ukraine.-L'évèché vacant de Cracovie a été donné au prélat Turski, évêque de Luck, qui a pour successeur l'évêque de Smolensko. M. le prince Lubomirsky, qui a obtenu la châtellenie de Kiovie, a fait don ́à la république de dix pièces de canon.

ALLEMAGNE.

De Francfort, le 30 juin. - On mande de Zelle que la princesse épouse du prince héréditaire de HolsteinAugustusbourg, fille du roi de Danemarck, allant aux eaux de Carlsbad, s'est arrêtée un jour dans cette ville, où l'infortunée reine Mathilde, sa mère, a fini ses jours. La princesse s'est fait montrer les appartements du château qu'avait occupés sa mère; elle les a examinés avec attention, ainsi que le monument que les Etats ont fait élever à sa mémoire dans le jardin. Elle a voulu voir aussi le caveau qui renferme des dépouilles si chères. Arrivée en cet endroit, elle a laissé couler des larmes que la piété filiale devait aux cendres d'une mère.

On mande de Hambourg qu'après la sécheresse qui a duré quelque temps, il a éclaté dans cette ville et aux environs des orages, accompagnés de grêle, qui ont fait beaucoup de dégâts dans plusieurs endroits.

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divers siéges épiscopaux qui se trouvaient vacants les sujets désignés pour les occuper.

De Florence, le 15 juin. La Toscane a été le théâtre d'une crise générale. Elle a commencé, à Livourne , par l'insurrection contre les juifs. Pour apaiser le peuple, on a promis le rétablissement des églises et des confréries fermées. Plusieurs ateliers, établis dans le local où étaient ces églises, ont été pillés. On a exigé des juifs une somme d'argent considérable pour le rachat des catholiques livournois, esclaves à Tunis et à Alger. Dans le même temps, une autre scène se passait à Florence: le peuple arbora la cocarde et fit les mêmes demandes il demandait encore, dit-on, le rétablissement de l'ancien gouvernement fixé par les Médicis. On n'a pu rétablir le calme qu'au moyen de la proclamation suivante:

:

Du 8 juin.-«Le conseil royal de régence ayant pris en considération les demandes faites par diverses classes d'habitants pour le rétablissement de plusieurs pratiques, tant du culte extérieur de religion, que de la discipline ecclésiastique, et consultant le désir ardent que S. M. a toujours nourri de condescendre aux requêtes de ses sujets chéris, en tout ce qui peut se concilier avec la justice et le bon ordre, a résolu ce qui suit :

« Ayant réfléchi que le moyen le plus efficace d'assurer le repos et la tranquillité dans l'âme des peuples, relativement au culte, est l'uniformité générale dans la manière de le pratiquer, le conseil royal autorise les trois archevêques métropolitains de Florence, Pise et Sienne à rétablir, de concert entre eux et avec leurs évêques suffragants respectifs ou non suffragants, les pratiques du culte extérieur et de discipline ecclésiastique qu'ils jugeront les plus convenables et les plus propres à maintenir toujours intactes la pureté et la dignité de la sainte religion catholique, sur les articles suivants, munis, suivant l'exigence des cas, du consentement royal,

mément aux lois :

confor

» La confirmation des confréries actuellement existantes et l'institution de nouvelles, sous quelque titre et invocation que ce soit.

>> Le recouvrement des images qui sont en vénération auprès des peuples.

» La réédification des autels.

>> L'admission aux occurrences des processions. >> Les associations et le transport des cadavres aux églises et aux cimetières publics.

» Les offices, les autres pieux exercices et fonctions spirituelles, avec la méthode qu'on y doit suivre.

» Et attendu que dans les suppressions déjà faites des confréries, les biens qui leur appartenaient furent nécessairement réunis aux divers patrimoines ecclésiastiques et employés, comme ils le sont effectivement, aux constructions et ornements des nouvelles paroisses, aux réparations et fournitures des anciennes, ou de celles qui tombaient en ruine; aux assignations et accroissements de portions congrues des curés respectifs; à l'acquit des dettes et à la collation des dots, dont les différents patrimoines étaient grevés, et à d'autres usages pareils, tous intéressants pour la piété publique et pour la religion; les établissements des confréries pourront s'effectuer et se maintenir dans la suite, par le secours des dons que les pieux bienfaiteurs offriront de leur propre mouvement, ou par le moyen de quelques taxes volontaires.

» Plein de confiance dans le zèle et l'activité connue desdits trois archevêques et évêques suffragants et non suffragants, pour travailler sincèrement et d'un accord unanime à la conservation de la tranquillité publique dans toute l'étendue du grand duché, le grand conseil royal de régence prendra toutes les autres précautions qu'il jugera capables de tendre

au même but, qui tient spécialement à cœur à S. M.

comme réfractaire aux décrets, a l'exception toutefois des domestiques des ambassadeurs, et de ceux des étrangers,

apostolique, notre souverain, remettant leurs repré qui seront tenus de porter sur eux une carte signée de sentations subséquentes à la décision dudit conseil royal, dérogeant à tous ordres, édits et déclarations à ce contraires. »

-Dans un petit bourg du Piémont, sur les frontières du Milanais, le seigneur ayant vendu sa terre au roi, a refusé des pâturages aux habitants. Cinq cents personnes des environs sont arrivées, armées de fourches, de pioches et de bâtons, pour assaillir le château. Ils l'ont dévasté et pillé. La maison du curé et celle d'un apothicaire ont été menacées. Ces gens étaient très résolus. Une partie d'entre eux se sont retirés, et ceux qui sont restés ont déclaré que si l'on venait en force pour se saisir de leurs personnes, ils se croyaient en état de se défendre.

FRANCE.

Extrait d'une lettre de Grenoble, du 3 juillet.

Les alarmes qu'on avait voulu nous inspirer, sur le rassemblement d'environ 7 mille hommes de troupes piémontaises, aux environs de Chambéry, se sont dissipées rapidement; elles n'étaient qu'absurdes, pendant qu'on ignorait les vrais motifs de ce mouvement, elles sont nulles depuis qu'on est mieux informé.

Il faut se rappeler que, pendant le régime de la gabelle, la ferme générale, qui vendait le sel sur les frontières du Dauphiné de 30 à 35 livres le minot, le fournissait à très bas prix à la Savoie, en delà de nos frontières. De cette différence atrocement fiscale, il était résulté une contrebande fort lucrative que les Savoyards, bien traités, venaient vendre aux Dauphinois accablés par le monopole du sel.

La cour de Turin prit enfin le parti de tirer son sel de la Sardaigne, et s'en fit une branche de revenu. Depuis l'abolition de notre gabelle, et le bas prix de notre sel la contrebande de cette denrée s'est établie d'un manière inverse, c'est-à-dire du Dauphiné en Savoie, et c'est dans le dessein de l'empêcher, que la cour de Turin a répandu des troupes sur ses frontières. Elle a peut-être cru aussi qu'il importait de surveiller une sorte d'agitation qui se manifeste dans cette contrée, depuis que des émigrants français y sont répandus, en fuyant leur patrie plutôt que de la servir. Voilà comment s'évanouissent ces chimères d'invasion, de conquête, de guerre, à l'aide desquelles les ennemis de la révolution cherchent à troubler la tranquillité intérieure.

ADMINISTRATION.

MUNICIPALITÉ DE PARIS.
Confédération nationale.

La municipalité vient de faire afficher une ordonnance relative à la fête fédérative, qui porte:

1° Que personne ne pourra, sous peine de confiscation et de l'amende portée par les règlements, se présenter le 14 juillet à la fête fédérative, ou même dans les rues, avec des cannes on bâtons, et notamment avec des cannes à épées on dagues, ou avec toute autre arme cachée. La securité la plus entière est un hommage dû par tous les bons citoyens à la réunion de tous les pouvoirs et de toutes les forces publiques.

go Les hôteliers, maîtres d'hôtels garnis et logeurs, tiendront, dans l'ordre le plus exact, lear registre des personnes logées chez eux, à peine des amendes portées par les règlements; ils seront tenus de porter ces registres journellement à leurs districts respectifs, pour les faire vérifier par MM. les commissaires de service, qui sont invités à envoyer tous les jours, an département de la police, une feuille indicative du nombre, des noms et qualités des personnes qui logent dans ces maisons.

3 Nul ne pourra se présenter dans les rues de Paris, le 14 juillet, revêtu d'une livrée, conformément au décret de l'Assemblée nationale du 19 juin, à peine d'être puni

leurs maîtres, et ne seront réputés livrées que les habits chargés de galons de différentes couleurs.

4° Aucuns carrosses, voitures ou charrettes, ne pourront rouler dans l'intérieur de la ville, et dans les environs du Champ-de-Mars, même pour les déménagements, pendant la journée du 14 juillet; il est défendu à toute personne autre que les cavaliers de la garde nationale, de paraître à cheval dans les endroits sus-désignés; et en cas de contravention, les voitures et chevaux seront mis en fourrière, et y resteront jusqu'au paiement de l'amende de cent livres.

5° Seront néanmoins exceptés de cette disposition, les voitures et tombereaux destinés à conduire, à l'ile des Cygnes, les abattis de viandes qui s'y préparent, à la charge, par les conducteurs desdites voitures, d'effectuer lear retour, au plus tard, à deux heures du matin.

60 Il est défendu d'obstruer ou gêner les voies publiques, et notamment les environs du Champ-de-Mars, soit par des pierres, échafaudages, voitures, échoppes on étalages quelconques, à peine de saisie du tout, avec amende de cent livres.

7° Défenses sont pareillement faites à tous particuliers, de tirer aucunes fusées, boites, pétards, pistolets et autres armes à feu, dans les rues, ni par les fenêtres, à peine de cent livres d'amende, dont les pères et mères seront responsables pour leurs enfants, les maitres pour leurs domestiques, et les marchands et artisans pour leurs garçons et apprentis.

80 Il est pareillement défendu très expressément, à toutes personnes de s'introduire dans les maisons ou d'ar- · rêter les passants, sous prétexte d'offrir des bouquets, à peine d'être arrêtées et traitees conformément aux dispositions du décret de l'Assemblée nationale, concernant les mendiants.

9° Tous les habitants de la ville et faubourgs seront tenus, le 14 juillet, de fermer leurs boutiques, et d'illuminer le soir les fenêtres de leurs maisons.

100 Les voitures employées au service de l'enlèvement des boues, ne pouvant pas rouler le 14 juillet, l'enlèvement s'en fera dans la soirée du 13 au 14, excepté dans les rues qui doivent servir de passage aux troupes fedérales, et où le service de l'enlevement pourra se faire, an retour, par les mêmes tombereaux qui auront apporté le sable dont les rues doivent être couvertes. En conséquence les habitants sont invités à faire balayer le devant de leurs maisons, le 13, entre sept et dix heures du soir.

II Les citoyens sont avertis qu'il y aura, pendant la journée du 14, un comité toujours tenant dans chaque district, pour veiller au maintien de l'ordre et de la tranquillité dans toutes les parties de la capitale, répondre à toutes les demandes, plaintes ou réclamations, et informer sur-le-champ le departement de la police de tout ce qui pourrait plus particulierement intéresser la sûreté publique.

Le departement invite le commandant général et MM. les commissaires de districts, à tenir la main à l'exécution la plus scrupuleuse de la présente ordonnance.

SECTION DE PARIS

chambres et cabinets garnis dans l'arrondissement de la Les propriétaires et principaux locataires d'hôtels, section des Petits-Pères, place des Victoires, viennent de prendre et de publier l'arrêté suivant, dans l'intention, sans donte, d'empêcher les abus de la cupidité, si communs dans les locations, surtout au moment des fêtes et à l'approche d'un grand nombre d'étrangers. « ▲ compter du 10 au 20 de ce mois, Io nul ne pourra louer une chambre très honnête pour une personne, au-dessus de 3 liv. par jour, avec voitures, chevaux et domestiques; le prix sera traité de gré à gré, et en cas de désaccord, ou de trop haut prix, il sera modéré au comité et par l'arbitrage de deux maîtres d'hôtels garnis, choisis et appelés par le comité; 2° nul ne pourra louer une chambre garnie, avec cheminée, au-dessus de 40 sous par jour; 30 nul ne pourra loner un cabinet, au-dessus de 20 sous par jour; 4° les frères députés qui se trouvent loges à un prix au-dessous du présent tarif, continueront leur location au même prix dont ils sont convenus. Le présent arrêté aura force de loi et de règlement, et les contrevenants seront condamnés à restituer tout excédant. » Signé Hazard, président de la section des Petits-Pères.

BULLETIN

DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE.

SÉANCE DU SAMEDI 10 JUILLET AU SOIR.

La lecture du procès-verbal de la séance de vendredi matin donne lieu à une discussion assez longue

sur la rédaction de l'article II du décret relatif à la

cérémonie de la confédération; cet article éprouve quelques changements, et la rédaction, définitivement adoptée par l'Assemblée, est conforme à celle que nous avons donnée dans le no 191.

M. ARTHUR DILLON : Vous désirez tous que les députés à la confédération retournent dans leurs départements, contents les uns des autres. Ce sentiment me garantit le succès d'une observation que je vais vous présenter. Les députés des gardes nationales sont au nombre de 18 mille; ceux des troupes de ligne sont au nombre de 1,100. Les membres de cette Assemblée, chargés de distribuer les billets, pourraient ne pas connaître un grand nombre des députés des troupes de ligne, qui dès-lors se trouveraient, contre votre intention, privés d'assister à vos séances. Cette circonstance pourrait donner lieu à des mécontentements particuliers, que vous éviterez en ordonnant que chaque jour 60 billets soient remis aux troupes de ligne par un des commis de vos bureaux.

Cette proposition est adoptée.

M. FOUCAULT : J'ai aussi une proposition à faire qui satisfera tout le monde. Il y a toujours deux cents places vacantes de notre côté; il faut les donner aux députés confédérés; comme ils seront en uniforme, ils ne jetteront ni embarras, ni incertitude dans les délibérations.

comme vous, nous aimons la paix. (Les applaudissements redoublent dans la partie gauche de l'Assemblée.)

M. LE PRÉSIDENT: C'est en vous aidant à conquérir la liberté, que les Français ont appris à la connaître et à l'aimer : les mains qui brisèrent vos fers n'étaient pas faites pour en porter. Plus heureuse que vous, la nation française doit cette conquête aux vertus et au patriotisme de son roi; elle vous a coûté des flots de sang. Le courage a rompu vos fers, la raison a rompu les nôtres : c'est dans vos contrées que la liberté avait établi son trône, il s'appuie aujourd'hui sur les deux mondes. L'Assemblée verra avec plaisir, à cette fête qui doit donner à l'univers le spectacle touchant d'une grande réunion d'amis, les citoyens des États-Unis d'Amérique, qui se présentent devant elle; que ceux-ci appellent encore leurs frères, et que ces deux peuples ne forment qu'un peuple avec les Français.

L'Assemblée témoigne, par des applaudissements unanimes, que les sentiments exprimés par M. le président, sont bien ceux qu'elle éprouve.

un de vos membres, de penser que je pourrais librement rendre un hommage sincère. (L'imience de l'Assemblée se manifeste par de nouveaux mures.) Si au milieu des circonstances dont vous ête émoins, je persiste dans la résolution de dire quelq mots... ce n'est pas par un autre motif que denvaincre tous ceux qui sont présents à votre délibération, qu'il n'est interdit à aucun membre d'exercer ce droit de suffrage, caractère essentiel de la liberté, dans une Assemblée délibérante, et je ne m'écartais ni de ce principe, ni de ce sentiment, lorsque je voulais vous proposer le premier, de donner aux citoyens que vous venez d'entendre une marque de considération digne de vous, digne d'eux.

M. ROBESPIERRE: J'oserai vous faire une proposition déjà devancée par l'impression profonde qu'ont dû laisser le discours des députés de l'Amérique ( il s'élève des murmures), de la députation des Etats-Unis (nouveaux murmures), des citoyens américains, et Une députation des citoyens des Etats-Unis d'Amé- la réponse de M. le président. Vous avez souvent enrique, qui se trouvent actuellement à Paris, et par- tendu vos concitoyens parler le langage de la liberté; mi lesquels est M. Paul Jones, est admise à la barre. mais aucun d'eux ne s'est exprimé avec plus de noL'ORATEUR DE LA DÉPUTATION : Frappés d'admira- blesse et d'énergie; l'Assemblée a entendu.... Je detion pour le courage avec lequel vous avez consacré mande, au nom des personnes qu'elle vient d'entenet propagé les principes de la liberté, des citoyens dre... ( des murmures interrompent l'opinant), je des Etats-Unis d'Amérique viennent témoigner à demande plutôt aux personnes qui m'ont interrompu, l'Assemblée nationale leur vive reconnaissance et leur qu'elles ne démentent pas, en étouffant la voix d'un respect profond pour les pères d'un grand peuple, et membre qui veut parler le langage de la liberté, pour les bienfaiteurs du genre humain. Nous savions l'admiration que l'Assemblée a méritée; c'est ce senque la force de la vérité est irrésistible, et que la cé-timent qui m'inspire la hardiesse bien pardonnable à lérité de ses progrès est au-dessus de tous les calculs; nous croyions qu'enfin les bienfaits de la liberté seraient appréciés; que la liberté réclamerait les droits de l'homme avec une voix que les hommes ne pourraient étouffer; que le luxe perdrait ses droits; que les rois, ces dieux de la terre, deviendraient des hommes; que la religion rejetterait les armes meurtrières de l'intolérance et du fanatisme, pour prendre le sceptre de la paix. Vous avez accéléré tous ces changements, et nous éprouvons une joie indicible en paraissant devant ces héros de l'humanité qui ont combattu avec tant de succès dans le champ de la vérité et de la vertu. Puissiez-vous recueillir les fruits de vos efforts! Puisse le roi patriote, qui partagea les uns, partager amplement les autres! Ce monarque qui, en commençant sa carrière, a répandu les bienfaits de la liberté sur des nations éloignées, était bien bien digne d'échanger l'éclat emprunté du pouvoir arbitraire contre l'amour de ses concitoyens; Louis XVI, dans le langage de la France, sera nommé le premier roi des Français; mais dans le langage de l'univers, il sera appelé le premier roi des hommes. (La salle retentit d'applaudissements.) Nous n'avons plus qu'un vœu à former, c'est d'obtenir l'honneur d'assister à l'auguste cérémonie qui doit pour jamais assurer le bonheur de la France; quand les Français ont versé avec nous leur sang pour la défense de la liberté, nous avons appris à les aimer; aujourd'hui qu'ils sont libres, nous éprouvons pour eux dans nos cœurs des sentiments de frères et de concitoyens c'est au pied de cet autel de la patrie où ils vont renouveler le serment de fidélité à la nation, à la loi et au roi, que nous jurerons amitié éternelle aux Français. (Ici des applaudissements unanimes.) Oui, à tous les Français fidèles aux principes consacrés par vous: car, comme vous, nous chérissons la liberté,

Après quelques phrases que des interruptions fréquentes ne permettent pas à l'opinant d'achever, M. Robespierre propose d'ordonner l'impression du discours des citoyens des Etats-Unis d'Amérique, ainsi que de la réponse de M. le président, et d'accorder à ces citoyens la place qu'ils sollicitent à la cérémonie de la confédération.

M. l'abbé Maury demande l'impression du discours de M. Robespierre.

L'Assemblée décrète l'impression du discours de la députation et de la réponse de M. le président.

On observe que la demande d'une place à la confédération est déjà accordée par un décret rendu à la séance du matin.

On introduit une députation de la congrégation de l'Oratoire. Un discours est prononcé.

M. LE PRÉSIDENT: Votre congrégation est depuis longtemps célèbre par ses lumières, et utile par ses travaux.... Qu'il me soit permis de me séparer un moment de mes fonctions, pour payer un tribut de reconnaissance à ceux qui ont formé mon cœur, et sans les leçons desquels jamais je ne me fusse assis

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