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assertion pourrait induire le peuple en erreur. Il est certain que la nation était annuellement imposée à 720 ou même 750 millions, en y comprenant la dime; mais il est difficile de concevoir comment 550 millions pourraient suffire en 1791. Les espérances données par M. Vernier ne paraissent avoir ni base ni fondement; elles ne sont appuyées sur aucun calcul; au contraire, une simple récapitulation des depenses probables en 1791 démontre que les impositions à établir doivent s'élever au moins à 700 millions si nous conservons la paix, et beaucoup au-delà si nous étions forcés de faire la guerre. On pourra s'en convaincre par le tableau suivant :

APERÇU DES DÉPENSES PUBLIQUÉS EN 1791. Rentes viagères.

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Rentes constituées. Intérêts à payer sur les dettes arrièréus, cautionnements, offices de judicature, etc..

Cet état des rentes est conforme à celui qui vient d'être publié par M. le Couteulx, membre du comité des finances; mais des personnes très instruites pensent que les intérêts des dettes arriérées s'élèvent à près de 140 millions. Liste civile.

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105 millions.

61

115

25

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20

82

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Sur ces sommes il faut déduire le revenu du bien du clergé, que l'on peut évaluer de 50 à 60 millions; mais il resterait encore environ 700 millions à imposer sur la nation, dans la supposition où nous conserverions la paix; 80 millions de plus, dans le cas où nous aurions la guerre à soutenir contre les Anglais seuls, et 60 millions en sus, dans le cas d'une guerre générale. Ces dépenses éprouveront aussi une diminution annuelle de 3 millions environ par les extinctions graduelles des pensions sur le trésor public, des rentes viagères et des pensions ecclésiastiques. Il est aussi dangereux de flatter le peuple par des espérances trompeuses, que de l'effrayer par des tableaux exagérés de besoins imaginaires. La nation entière a les yeux ouverts sur les travaux du comité des finances; il doit être d'autant plus réservé dans ses rapports, que la confiance publique en dépend, et que le crédit ne se ranimera que du moment où la situation des finances cessera d'être incertaine. Il est évident, par le

tableau ci-dessus, que les besoins et les impôts en 1791 seront non de 550 millions, mais de 700 millions au moins; il est vrai aussi que le comité des finances a raison d'avancer que les impositions et charges de toutes espèces étaient, avant la révolution, de 750 millions; la preuve en sera facile. La diminution réelle sera donc, l'année prochaine, de près de 50 millions; cette diminution s'accroîtra encore à mesure de la vente des biens du clergé, qui ne produisent que 2 ou 3 pour cent, et qui serviront à rembourser des capitaux dont l'intérêt est payé au moins à 5 pour cent, Ensuite il faut observer 1° qu'il n'y aura plus de priviléges, et que le fardeau sera d'autant moins lourd qu'il sera supporté par tous; 2o que la gabelle et plusieurs autres droits oppressifs sont anéantis; 3o que la dime, cette contribution si onéreuse aux campagnes, est abolie; 4o que le régime féodal et avec lui un grand nombre de droits vexatoires, les péages, les milices, les lois tyranniques des chasses sont détruits à jamais; que la justice sera gratuite; 6° que les nouveaux impôts seront mieux combinés dans leur forme et plus équitablement répartis. Enfin, si les Français esclaves supportaient 750 millions de charges, comment serait-il possible que les Français libres ne payassent pas avec joie et facilement 700 millions, lorsque leur industrie, délivrée des entraves dont elle était accablée, leur procurera des ressources incalculables?

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LITTÉRATURE.

POÉSIE.

POUR L'AUTEL de la fédérATION. Omnipotens, ô! qui in gentes, è sede suprema, Imperia exerces, populum regemque benignus Incolumes serva, præsenti Numine tutos. Aspice nunc; solemne, tua ante altaria, foedus Gens renovanda ferit; cœlo, rata vota peroptar Quæ terris supplex, imo de pectore fundit.

A te habeat probus auxilium, dextramque juvantem: Ast in fœdifragos, ultor, consurge rebelles.

SERMENT.

Quam, spectante Deo, genti legique promittie Regi etiam fidem civis, servare memento.

SUR LA RÉVOLUTION.

Gallia fracta jugo, tristis, depressa jacebat.
Lætior, assertâ nunc libertate, resurgit.

Se mutata, novam stupet, et revoluta triumphat,
Commotumque exemplo orbem trahit indè sequanem.
En sancto, ante aras, jungit se fœdere; passim
Cuncta pares vult esse inter communia fratres.
patria! undè hic honos? tibi tanta hæc gloria venit?
Cùm civis fit rex, cives propè regibus æquat.

SUR LA FÉDÉRATION.

* Fœdere fausta dies populum devincit amico,
Et sociat lætos, hilari cum milite, cives.
Blanda laboranti faciunt hæc otia genti
Omnia qui renovant, per quos pax aurea surgit.
Applaude, exuitans lætare, ô Gallia felix!
Gloria, spes, tibi vita, salus, si reddita vigent,
Regi tanta bono debes, regnique magistris.

POUR LE ROI.

Non orbis dominum, non gens habet ulla, beatam
Quo se plus jactet quàm Gallia rege superbit.
Cuncta, pater patriæ communes vertit in usus,
Detractosque sibi, in gentem partitur honores;
Nexus et ipse prior, nexu omnes vincit eodem.
Hoc duce, in immensum, tibi reddita Gallia, cresses.
Dilectus qui sceptra gerit rex, Titus ut alter,
Hujus, ut Augusti, vivet per sæcula nomon.

POUR MM. DE L'ASSEMBLÉE NATIONALË.
Dignis laude viris, dux quos sapientia, toti
Præfectos regno moderatur, solvere grates
Gestit libera gens, donisque rependere dona.
Spes redeat miseris, jam lucet fanstior ætas

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Constituante. 258. liv.

Pars et erunt populi, fuerant quæ præda potentum.
Europea diversa sonat vox: attamen una,
Nunc rerum dominos clamat patriæ esse parentes.
Grandia polliciti, multò meliora dederunt.

Par M. l'abbé CRISTALIN, de Commercy.

La prise de la Bastille. Ode, par M. P. Rabotteau, de l'académie des belles-lettres de la Rochelle. A Paris, chez M. Blin, libraire, rue S'-Jacques. Prix, 12 liv. Ne pouvant insérer l'ode entière, nous rapportons les trois strophes suivantes, et nous osons croire que nos lecteurs nous en sauront gré.

Qu'ai-je entendu?.... Mille mains empressées
Unissant leurs efforts vengeurs,
Brisent de ses remparts les masses renversées.
Tout retentit de leurs coups destructeurs.
Ces rocs dont la pesante forme
Couronnait cet ensemble énorme
Que fuyaient nos yeux offensés,

Des revers image sévère,

Ont disparu dans la poussière

De ses fondements dispersés.

Que désormais nos pas dans cette place
Foulent un sol libre et nonveau;

Qu'en vain de ce qu'il fut on y cherche la trace;
Qu'il soit paré de l'aspect le plus beau;
Qu'animé sous des mains savantes,

Le marbre, en images touchantes,

Y consacre pour l'avenir

De Louis la gloire éternelle,

L'hommage d'un peuple fidèle,
Le bonheur qu'il sut conquérir.
Objets riants des soins de la nature!

Du Français champs délicieux,

Pour lui se flétrissait votre aimable parure.
Le peuple libre est le seul peuple heureux.
Devait-il gémir en silence

De sa funeste dépendance
Du criminel orgueil des grands?
Du sein de sa longue misère,
Sur le trône il voyait un père,
Devait-il souffrir des tyrans?

ouvrage, imprimé en cinq volumes, se vend à Paris, chez M. Grégoire, libraire, rue du Coq-S'-Honoré.

ULTIMATUM à M. l'évêque de Nancy, par M. Bertolio. A Paris, chez M. Buisson, libraire, rue HauteFeuille, 1790. Brochure in-8o de 78 pages.

M. l'évêque de Nancy a fait imprimer un écrit intitulé: Quelle doit être l'influence de l'Assemblée nationale sur les matières ecclésiastiques et religieuses? Et on devine bien de quelle manière M. l'évêque de Nancy a décidé cette question. Il a soutenu que l'Assemblée nationale ne pouvait pas adopter le plan d'organisation du clergé, qui lui a été présenté par son comité ecclésiastique; qu'elle est incompétente pour prononcer sur ces matières; que la religion catholique est la religion de l'Etat, et que cette religion serait perdue, si l'on exécutait les réformes proposées par le comité ecclésiastique.-Ces prétentions et ce systême, à la fin du 18e siècle, et dans l'état actuel des choses et des personnes, ne seront pas sans doute une des singularités les moins remarquables de ces derniers temps.

M. Bertolio a pris la peine de prouver à M. l'évêque de Nancy qu'il a mal raisonné dans tout ce qu'il a dit contre les principes de la nouvelle organisation du clergé. Il lui a fait voir que sous un gouvernement libre, il ne peut y avoir de religion de l'Etat; que ces mots ne peuvent, sous tous les rapports, exprimer que des idées absolument fausses; qu'en France, la religion catholique n'est point religion de l'Etat, mais seulement religion dans l'Etat; que toutes les réformes nouvelles portent sur des objets qui ont toujours été et ne peuvent cesser d'être du ressort de la puissance temporelle. Quand nous n'aurons plus, dit M. Bertolio, que des vicaires, des curés, des évêques et des métropolitains, nous n'en serons pas moins catholiques; quand cette multitude de corporations ecclésiastiques qui couvraient la France, et qui dévoraient la plus pure substance des peuples, n'existera plus, nous n'en serons pas moins catholiques; quand le nombre des diocèses et des paroisses répondra aux divisions Nous avons inséré, dans une de nos feuilles, à la fin et subdivisions territoriales de l'empire, nous n'en de juin dernier, l'annonce qui nous a été envoyée d'une serons pas moins catholiques; quand le clergé, suffinouvelle édition de la seconde partie des Confessions samment doté, ne présentera plus le tableau scandade J.-J. Rousseau. Si cette édition n'a pas eu tout le leux de prélats oisifs nageant dans l'abondance, et de cours qu'elle méritait d'avoir, c'est peut-être parce pasteurs laborieux gémissant dans la misère, nous n'en que le public n'a pas pris en elle toute la confiance que serons pas moins catholiques; quand nos pasteurs, qui M. Dupeyron, ami bien connu de Rousseau, devait doivent à leurs ouailles l'exemple de toutes les vertus, naturellement inspirer. Nous avons dit alors que dans leur donneront celui des vertusdomestiques, conjugales l'édition dont il s'agit ici (celle de Neuchâtel), les et paternelles dont dépend principalement le bonheur omissions, les changements, les altérations que s'é- des hommes, nous n'en serons pas moins catholiques; taient permis les éditeurs de Genève, étaient totale- quand une puissance étrangère n'influera plus sur le ment réparés; nous avons dit que cette même édition choix des premiers pasteurs, et ne prélèvera plus sur de Neuchâtel était augmentée de deux volumes, nous un impôtsimoniaque, nous n'en serons pas moins formés de pièces et de lettres relatives, pour la plu- catholiques; quand tous nos pasteurs seront élus par part, aux Confessions, toutes curieuses, imprimées le peuple ou par ses représentants, comme dans les pour la première fois. Il ne faut que comparer pour beaux siècles de l'église, nous n'en serons pas moins être frappé de la vérité de nos assertions. Dans l'édi- catholiques; quand nous n'entretiendrons plus avec les tion de Genève, il y a des pages entières retranchées, papes que cette communication nécessaire pour conune multitude de passages omis, tronqués ou dénatu- server l'unité dans la foi, et la charité avec toutes les rés; les alinéas y sont mal distribués. Un exemple d'in- églises de notre communion, nous n'en serons pas fidélité bien sensible, de la part des éditeurs de Ge-moins catholiques. Ce que dit ainsi M. Bertolio, en nève, est celui-ci; Rousseau dit, à la fin du huitième se résumant, il le prouve dans tout le cours de son livre: Mes Confessions ne sont point faites pour pa- écrit, par les lumières de la raison et les plus imporaître de mon vivant, ni de celui des personnes qui y santes autorités de la doctrine canonique; nous osons ont intéressées. Si j'étais le maître de ma destinée et croire que les consciences les plus timorées seront bien de celle de cet écrit, il ne verrait le jour que longtemps tranquilles après l'avoir lu. après ma mort et la leur. Ils ont ajouté, avant le dernier mot de la première phrase, péniblement, et ils ont retranché le mot longtemps, qui, dans cet endroit et dans l'intention de Rousseau, est bien significatif. M. Dupeyron défie qu'on puisse élever aucun doute raisonnable sur l'authenticité et la fidélité du manuscrit des Confessions qui est en ses mains. Cet

a

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Cet ouvrage, par son titre, par la forme agréable et piquante de la discussion, par l'élégance, la clarté et la facilité du style, rappelle un autre écrit publié par M. Bertolio, dans les premiers temps de la révolution actuelle, et qui a contribué à éclairer et diriger l'opinion publique sur des objets auxquels était alors lié le succès de la Constitution française. Cet ouvrage

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Typ. Henri Plon.

D'APRÈS UNE GRAVURE DU TEMPS.

Heure première de la liberté (prise de la Bastille, juillet 1789).

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eut un très grand succès, il le méritait. M. Bertolio, appelé depuis aux fonctions de l'administration publique, les a remplies avec zèle, avec sagesse et exactitude, et a prouvé, par un nouvel exemple, que les hommes le plus véritablement éclairés sont aussi les meilleurs citoyens.

LIVRES NOUVEAUX.

Rapport dans l'affaire de MM. d'Hosier et Petit-Jean, lu au comité des recherches de l'Assemblée nationale et de la municipalité de Paris, le 29 juillet 1790, par M. J.-P. Brissot, l'un des membres de ce dernier comité. A Paris, chez M. Buisson, libraire, rue Hautefeuille.

Dans des temps orageux, des actions qui ne sont qu'indifférentes en elles-mêmes prennent tout un autre caractère: il ne s'agit dans ce rapport que de folies, visions; mais comme elles peuvent couvrir des projets dangereux, elles excitent l'attention de ceux qui veillent à la tranquillité publique, et ils rendent compte de leurs découvertes.

MM. d'Hosier et Petit-Jean, venus à Saint-Cloud le 29 juin dernier, sur le midi, y restérent bien avant dans la nuit. Leur air grave et meditatif donna des inquiétudes : ils furent écartés des appartements du vestibule, même du parc et des cours. Ils s'opiniâtrerent neanmoins à rester et à se promener, quoiqu'il fût près de deux heures après minuit: conduits au corps-de-garde, et interrogés par le maire de Saint-Cloud, M. d'Hosier déclara s'appeler Paul, et M. PetitJean, Pierre Aujourd'hui. L'un et l'autre prétendirent être venus par ordre du roi et du maître: M. Petit-Jean déclara n'être venu à Saint-Cloud que sur l'ordre de notre SainteMère, pour imprimer à Sa Majesté, aujourd'hui roi de France et de Navarre, les pensées incluses dans l'écrit qu'il venait de remettre, et n'avoir plus d'autre désir que de le voir confirmer au roi, pour manifester à son peuple la sainte vérité de sa mission.

Ce langage mystique les rendit suspects; le maire ordonna qu'ils fussent conduits au comité des recherches de l'Assemblée nationale, avec les papiers saisis sur eux: ils furent interroges, ensuite conduits dans les prisons de l'abbaye Saint-Germain, et l'examen de leur affaire fut renvoyé au comité des recherches de l'hôtel-de-ville. Comme l'écrit remis par M. Petit-Jean est la principale pièce de l'affaire, il est nécessaire de le transcrire même avec ses fautes d'orthographe :

« Ce 15 mai 1790. Parole doné directement à nous par la Sainte-Vierge. Pensée diverse qu'elle veut imprimer par influance dans l'ame du roi;

1° Aller sans pompe parler aux hommes, demander qui suis-je ?

Il lui sera répondu; roi.

2° Alors, qu'il dise, de la puissance qui y était attaché, je ne veut que ma liberté et celle de commander mon armée; 3° Aller habiter le lieu de sa naissance;

4o D'etre revettu de ses habits royaux;

5° D'aller déposer sa couronne pres de celle de Louis Traise, et lui offrire ses enfans;

6° De s'environner des plus anciens soldats dans tous les ordres, promettre ce jour-là la loix de son amour pour son peuple, et demander le choix des ministres de sa confiance, en les prenant parmi ceux qui l'environnerait au pied de la vierge;

7° N'abandonner Paris qu'apres cette éuvre;

8° Ne plus rien craindre des hommes, en ce que cette action habattera la puissance du mal;

9° Que l'union de son ame au ciel lui donnera une force universelle.

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Cet écrit donna lieu aux interrogatoires de différentes personnes qui se trouvent impliquées dans cette affaire, et qui se font passer pour somnambules et inspirées par la sainte Vierge sur leurs réponses et autres éclaircissements donnés par madame Thomassin, par M. Argence, M. Jumilhac, madame Vassart et autres, le comite conclut que Pécrit ci-dessus contient des idées dangereuses, qu'il est néanmoins faché de juger les personnes qui ont joué un rôle dans cette comédie mystique; qu'elles sont toutes atteintes de folie; que la folie ne peut faire la matière d'une accusation; qu'on peut se borner à les recommander aux soins des médecins et de leur famille, en se mettant toutefois en garde contre ces extravagants.

(Article du rédacteur de la Gazette des Tribunaux.) Lettres écrites à M. Cerutti, par M. Clavière, sur les prohains arrangements de finances; première publication. A

Paris, de l'imprimerie du Patriote français, place du ThéâtreItalien.

Clovis, tragédie nationale, dédiée à la Confédération. A Paris, chez M. Blin, libraire, rue Saint-Jacques.

Considérations sur l'importance des classes maritimes de France, avec un projet d'établissement d'un corps de 3,000 hommes de mer pour le service courant de la marine militaire, présentés à l'Assemblée nationale par M. Huon, commissaire aux classes de la marine. Cet ouvrage se vend à Paris, chez M. Desenne, libraire au Palais-Royal, no 1.

LYCÉE.

M. de la Croix qui, dans la précédente séance, n'avait donné qu'un aperçu de la constitution des états de l'Amérique, a achevé de la faire connaître. Il en a distingué tous les pouvoirs.

Le législatif appartient à un congrès formé de deux chambres; l'une de représentants qui est composée de 65 membres, l'autre d'un sénat qui renferme 26 sénateurs. La chambre des représentants se renouvelle tous les deux ans; celle du sénat, divisée en trois classes, voit successivement un tiers de ses membres disparaître, et remplacé par un autre, dans le cours de 6 ans.

Le pouvoir judiciaire n'appartient au congrès que dans le cas de haute trahison; pour les crimes de cette nature, la chambre des représentants se porte accusatrice; celle du sénat, juge; mais pour ne pas donner à ces accusations une étendue vague et arbitraire, on les a limitées à des attentats directs, ou à des associa tions avec les ennemis de la république.

Dans tous les cas, excepté ceux de trahison, félonie, trouble de la paix publique, les représentants et les Sénateurs sont exempts de prise de corps, pendant le temps qu'ils assistent à la session de leur chambre ainsi que pour le temps qu'ils mettent à y aller et à

en revenir.

Tous les bills de subsides doivent avoir leur initiative dans la chambre des représentants; mais le sénat a la faculté de proposer des changements et d'y concourir comme pour les autres bills.

Tout bill qui a passé dans la chambre des représentants et dans celle du sénat, doit être présenté au président des Etats-Unis pour avoir force de loi. S'il l'approuve, il manifeste son approbation par sa signature; s'il le désapprouve, il le renvoie avec ses objections à la chambre où le bill a pris naissance ; cette chambre est tenue d'enregistrer ces objections, et de procéder à un second examen.

Si, après ce second examen, les deux tiers de la chambre agréent le bill, il est renvoyé avec les objections à l'autre chambre qui l'examine de nouveau, s'il est également approuvé par les deux tiers de cette seconde chambre, il acquiert force de loi.

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et

Arrêtons-nous un moment, a dit M. de la Croix, sur la sagesse de ce point constitutionnel des EtatsUnis, et comparons-le à notre manière de procéder à la sanction royale.

Lorsqu'un décret a été rendu dans l'Assemblée nationale, à la majorité d'une voix, il devient le vœu de l'Assemblée, il est porté au chef de la nation, considéré, non comme pouvoir exécutif, mais comme partie intégrante du corps législatif. Ce chef de la nation n'a que deux facultés, celle de suspendre le décret et celle de le sanctionner. Si le décret, bon dans plusieurs parties, est cependant susceptible de modifications, il est frappé d'une nullité absolue par le veto du roi; s'il est représenté dans une seconde législature, il doit être porté à la sanction dans les mê mes termes; et comme il offrira les mêmes défauts, son effet sera encore arrêté; enfin si la troisième législature insiste sur son admission, il devient loi de I'Etat mais voilà six ans de retard pour un décret qui aurait pu être admis dès la première année, si le monarque eût été autorisé à exposer ses motifs de refus

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