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sur la place; l'indignation des cavaliers était augmentée par la réception qu'on avait faite, avant le diner, d'un sous-officier qu'ils détestaient, et qui avait été promu au grade de sous-lieutenant. Sur les 10 heures du soir, on vit arriver une trentaine de cavaliers qui, une chandelle à la main, firent le tour de la place; dans cette gaîté innocente aucun citoyen n'a dit avoir éprouvé une insulte. Les officiers prétendent avoir été menacés et blessés; mais il serait peut-être difficile de le prouver. Il fallait punir les individus et non le corps entier; d'ailleurs on avait passé la journée à boire. Etait-ce aux officiers à se plaindre? Ils avaient fourni la boisson; ce qui est certain c'est qu'aucun officier n'a rappelé les soldats à l'ordre, et l'ordre s'est rétabli de lui-même. Il faut remarquer qu'il y avait une exemption d'appel pour toute la nuit, et que cette exemption n'avait pas été révoquée. Le lendemain, disait-on, devait être le grand jour; qu'estil arrivé? trente cavaliers, précédés d'un trompette, ont fait une nouvelle procession, en sortant du cabaret. Est-ce une insurrection que de courir sans désordre, en criant: Vive la nation, vivent les bons ci- | toyens d'Hesdin, au diable les aristocrates?

Les jours suivants se passèrent dans le plus grand calme; mais il faut avouer que cette tranquillité fut altérée par des mesures graves, accompagnées d'un appareil militaire et qui répandirent de grandes inquiétudes dans toutes les familles. Le samedi 10 cet appareil militaire se déploie tout à coup, comme si l'ennemi était aux portes; l'hôtel-de-ville est changé en véritable arsenal; toutes les troupes s'y assemblent, six pièces de canon sont traînées dans la cour, la mèche est allumée, les salles se remplissent d'ouvriers qui fabriquent des cartouches, on y rassemble des fusils, les postes sont doubles; tous ces préparatifs se font au nom de la municipalité. Une lettre de M. Fournès, colonel et membre de l'Assemblée nationale, annonce que le 5 de ce mois l'Assemblée doit rendre un décret pour casser le régiment; ce député engage les officiers à se mettre en sûreté, à enlever la caisse, à porter les drapeaux à l'hôtel-de-ville. M. Fournès était à quarante lieues de la scène; il a pu être trompé par des ouï-dire; mais les officiers municipaux étaient sur les lieux, tout était calme; leur esprit frappé n'a vu que des assassins, on ne leur pardonnera pas : ce n'était pas assez, la municipalité implora le secours du commandant de la province; le 9 arrivèrent des détachements de troupes étrangères, tous les citoyens se demandent quel désordre a-t-on commis? Où sont les crimes qu'il faut punir?

Le peuple, au milieu de ses inquiétudes, se permet à peine quelques murmures; les officiers municipaux et les chefs des troupes tiennent sur la place des conférences; on décide que le régiment de Royal-Champagne ne fera plus de service; que les postes seront occupés par la garde nationale; que les nouvelles troupes garderont les faubourgs; que les portes de la ville resteront toujours ouvertes, et qu'ainsi que les ponts-levis elles seront clouées; telles sont les dispositions du congrès municipal et militaire. Le peuple en voyant appeler des troupes étrangères, en voyant qu'on leur livre les portes, n'a-t-il pas dû concevoir des inquiétudes pour sa liberté?....

M. L'ABBÉ MAURY: Nous n'avons pas besoin de cette relation, elle n'a nul rapport avec l'objet actuel.

Cette observation est repoussée par des murmures. M. Dubois-Crancé continue sa lecture. On ne se permettra qu'une réflexion sur ces dispositions despotiques. Ce n'est qu'à l'approche des troupes étrangères, rassemblées autour de Paris, qu'a commencé la révolution. Enfin arrive un décret qui improuve la conduite du régiment de Royal-Champagne, et ce n'est pas ce décret fulminant qu'on avait annoncé.

On ne conçoit pas les raisons qui ont engagé les of

ficiers municipaux a tenir la ville investie par des troupes étrangères. Ils auraient pu le faire peut-être. si les cavaliers n'avaient pas reçu avec modération l'humiliation qui leur a été infligée; mais ils n'ont pas donné ce triomphe à leurs ennemis. On a vu monter à l'hôtel-de-ville des soldats, peut-être gagnés, pour faire des déclarations dont on ne connait pas la teneur: ces soldats, au nombre de 30, habitent un autre quartier de la ville; on leur a donné de la poudre et du plomb pour se défendre, dit-on, contre leurs camarades. Si l'on avait pu exciter la division, on se serait applaudi des dispositions qu'on avait prises. Il résulte de ce récit : 1o que le faux avis donné par M. Fournès est le pivot sur lequel roule toute cette conduite; 2o que les officiers municipaux, sous le prétexte de mettre en sûreté les officiers du régiment de RoyalChampagne, qu'on a feint être en danger, ont troublé la tranquillité publique et la liberté; 3o qu'on s'est permis d'infliger au régiment de Royal-Champagne des peines plus fortes que celles décrétées par l'Assemblée nationale. Il résulte enfin qu'il n'y a plus de sûreté publique, plus de liberté; que les droits de l'homme sont une chimère, si les officiers municipaux peuvent clouer les portes, appeler les troupes étrangères et usurper le pouvoir militaire. Pour opérer une contre-révolution à Hesdin, on n'aurait pas pris d'autres mesures. L'Assemblée nationale est suppliée d'examiner si le corps municipal n'a pas outre-passé les pouvoirs qui lui sont délégués par la loi.

M. AMBLY: J'ai reçu aussi une lettre de la municipalité: le régiment n'a pas fait ce qu'on craignait; la municipalité n'a pas de tort pour avoir pris des précautions. Quand on a tenu un conseil, que le chef de la garde nationale a signé, et qu'on revient contre, il faut mettre la clef sous la porte.

M. FOURNÈS, colonel du régiment de Royal-Champagne : Je dois vous dire que les faits contenus dans l'extrait de cette prétendue lettre sont inexacts; je demande qu'on la porte au comité militaire, pour qu'il vous en soit rendu compte.

On demande l'ajournement à jour fixe de la motion de M. Riquetti l'aîné, et le renvoi au comité du récit lu par M. Dubois-Crancé.

M. RIQUETTI L'AÎNÉ : Il me semble qu'on oublie la manière dont a été introduite la communication de la lettre de M. Dubois-Crancé; je l'ai demandée en preuve de la complication de la maladie de l'armée; elle ne peut être l'objet d'une motion. C'est ma motion qui doit être délibérée ou renvoyée à un comité, selon le désir de l'Assemblée.

M. ROBESPIERRE : Il est évident que M. Riquetti a présenté sa motion, comme essentiellement attachée à l'affaire de Toulon....

M. ALEXANDRE LAMETH: Il me semble, sans exami ner au fond la motion de M. Riquetti, qu'elle renferme deux mesures, dont l'une peut être adoptée à l'instant, tandis que le moment de décréter l'autre n'est point encore arrivé. Il reste au comité militaire deux rapports à faire l'un sur les tribunaux militaires, l'autre sur l'avancement. Ce n'est que quand les militaires connaîtront l'avancement qu'ils peuvent espérer, et les peines auxquelles ils seront soumis, qu'on pourra exiger d'eux le serment qu'on veut leur faire prêter. C'est alors que la mesure très importante, qu'on vous présente et qui mérite un grand examen, pourra être discutée. Quant à l'adresse à l'armée, je n'y vois aucun inconvénient. L'armée est trompée, elle présente donc un très grand avantage.

M. RIQUETTI: Je me range à l'avis du préopinant. Le comité est plus en état que qui que ce soit de déterminer le moment où le travail sera assez avancé pour l'exécution de cette forte mesure. J'adopte également une observation qui vient de m'être faite, et je prie de substituer le mot lettre a celui d'adresse.

M. REGNAULT: Cette lettre ne servira à rien; elle peut arriver à un régiment en insurrection. Les malintentionnés soutiendront que vous avez des raisonnements et point de puissance. Au moment où la seconde proposition de M. Mirabeau sera adoptée, il sera utile de faire une adresse pour accompagner cette grande mesure. L'insubordination ne vient pas des gens à qui s'adressera votre lettre. Les malintentionnés la dédaigneront; il ne faut leur opposer que la force publique; les autres ne la comprendraient pas. Je demande qu'on ajourne en entier la motion de M. Riquetti l'aîné.

L'Assemblée délibère, et la première proposition de M. Riquetti est renvoyée au comité militaire.

M. FOUCAULT: Quand on démolit avec violence, il faut rétablir avec célérité. Quelle est la lettre qu'on doit envoyer à l'armée? La loi, l'instruction sur là loi. Le comité dit qu'il sera bientôt prêt; qu'il passe les nuits à son travail. Il n'y a pas un bon citoyen qui, dût-il y périr, ne redoublåt d'efforts quand il s'agit de sauver la chose publique.

L'ordre judiciaire est achevé; donnons tous les jours au comité militaire et terminons cet important travail. On demande le renvoi au comité de la seconde proposition de M. Riquetti l'aîné.

M. NOAILLES: Je crois la proposition de M. Riquetti l'aîné d'autant plus nécessaire, qu'il y a à Paris douze ou quinze députations de régiments avec des préten

tions différentes. On fixera dans la lettre àl'armée les prétentions qui doivent naître et celles qu'on doit abandonner sur-le-champ. Il faudra plusieurs séances pour achever le travail du comité militaire, et chaque jour un régiment se détraque. Les soldats trompés croient faire une chose utile en envoyant une députation à l'Assemblée. Je demande donc qu'une lettre soit écrite sur-le-champ, et que M. Riquetti l'aîné soit chargé de la présenter au comité et à l'Assemblée.

On se dispose à mettre cette proposition aux voix. M. TOULONGEON: Je demande la parole sur la manière de poser la question. Il faut simplement charger le comité militaire de cette rédaction, et n'attacher à cette lettre aucun nom particulier; je crois que je me fais entendre.

M. RIQUETTI L'AÎNÉ: Je soutiens l'avis de M. Toulongeon, quoique je sois obligé de me rappeler avec reconnaissance qu'une fois l'Assemblée m'a fait l'honneur de me charger, par decret, d'écrire à tout le royaume; cette lettre à l'armée sera entièrement l'ouvrage du comité, et M. Toulongeon a toute raison. L'Assemblée décrète que le comité militaire présentera une lettre à adresser à l'armée.

La séance est levée à 3 heures.

ADMINISTRATION.

Ordre de travail du comité des pensions, imprimé par ordre de l'Assemblée nationale.

Un grand nombre de personnes étant dans le cas de s'adresser àu comité des pensions, relativement aux récom penses dont l'Assemblée l'a chargé de lui présenter l'etat, il convient de rendre l'ordre de son travail public, afin que chacun puisse être instruit de la manière dont le comité se propose d'opérer, et des renseignements qu'il est nécessaire de lui adresser.

Le comité étant composé de dix-huit membres s'est partagé (uniquement pour l'examen des affaires) en six sec tions, composées chacune de trois membres.

La première section examinera les mémoires relatifs aux personnes au-dessous de l'âge de 35 ans ;

La seconde, les mémoires relatifs aux personnes âgées de 35 à 45 ans ;

La troisieme, les mémoires relatifs aux personnes âgées de 45 à 55 ans ;

La quatrième, les mémoires relatifs aux personnes âgées de 55 à 65 ans;

La cinquième, les mémoires relatifs aux personnes âgécs de 65 à 75 ans;

La sixième, les mémoires relatifs aux personnes âgées de plus de 75 ans.

La première section, devant être vraisemblablement char gée de l'examen d'un moindre nombre de mémoires qué les autres, préparera les travaux et les rapports qui auront un objet de généralité.

Les rapports se feront toujours dans des assemblées de tout le comité réuni.

Il y aura deux comités attachés à chaque section, à l'effet d'enregistrer journellement sur deux registres, l'un tenu par ordre alphabétique, l'autre tenu sous une suite non apportés au comité. Les registres de chaque section seront interrompue de numéros, les mémoires et pieces qui seront distingués de ceux des autres sections par une des lettres de l'alphabet.

La nécessité d'éviter tout prétexte de préférence, le désir de mettre l'homme qui vit seul et retiré dans la province,

à

portée d'être entendu aussi facilement et aussi prompte

ment que celui qui habite, ou qui a des rapports dans le sein de la capitale, déterminent le comité à suspendre jusqu'au 1er octobre l'examen des mémoires qui lui ont été ou lai seront apportés. Leur examen commencera alors par ceux des personnes les plus âgées. Elles ont ordinairement moins de temps à jouir, plus de besoins à satisfaire : c'est une justice de les faire passer les premières.

En attendant le moment de l'examen des mémoires partimés, les renvois à faire, soit à la liste civile, soit au comité culiers, le comité préparera, d'apres les états déjà impride liquidation.

Toutes les personnes qui se croient des droits à des récompenses pour avoir bien servi l'Etat, pourront apporter ou envoyer leurs mémoires au comité des pensions, et les faire enregistrer à celui des bureaux auquel leur âge indiquera qu'ils doivent s'adresser. Si ceux qui apporteront ces mémoires désirent qu'ils soient enregistrés en leur présence, ils pourront l'exiger, en attendant toutefois leur tour, à raison du moment où ils se seront présentés.

Si, indépendamment de la présentation d'un mémoire, on croit indispensable de parler aux membres du comité, on pourra s'y présenter aux jours et heures qui seront indiqués à la fin de cet avis. Mais on se présenterait inutilement chez quelques-uns des membres en particulier : ils ont arrêté de ne recevoir personne seals, de ne rien dire seuls ; les faits qu'on jugera à propos de leur exposer doivent être entendus de tous, et les réponses doivent être les rê ponses de tous.

Les mémoires qui seront adressés au comité contiendront les noms exprimés exactement, l'âge, le genre de services qu'on a rendus, les traitements dont on à joti, les récompenses de différents genres, on les secours qu'on a obtenus: les réticences sur ces derniers articles pourraient nuire aux demeure, soit quelque autre lieu où le comité puisse s'adresplus justes prétentions. Il sera à propos d'indiquer, soit sa ser pour obtenir des renseignements, s'il en avait besoin. La feuille, jointe au présent ordre de travail, fournira le modèle de la forme dans laquelle le comité souhaiterait que les mémoires fussent rédigés : chaque objet propre à fixer l'attention y est placé dans une colonne; on trouvera au secrétariat du comité des feuilles disposées selon le plan qui qui est particulier à chacun. Les pensionnaires y joindront est ci-joint, et dans lesquelles il n'y aura qu'à remplir cé les pièces justificatives qu'ils voudront produire.

Tous les inémoires seront vus et examinés: il suffit donc d'y exposer les faits d'une manière nette et précise; les lettres de recommandation et autres démarches de ce genre seraient parfaitement inutiles; elles pourraient même devenir dangereuses, en ce qu'elles porteraient à croire qu'on sollicite comme faveur et comme grâce ce qu'on n'a pas droit d'obtenir comme justice.

Le comité ne manquera pas de faire imprimer dans les listes qu'il présentera à l'Assemblée l'exposé des motifs qui auront déterminé son avis en faveur des personnes qui s'y trouveront comprises; mais il fera imprimer aussi les mémoires des personnes qui ne seront pas admises sur la liste, afin qu'on soit bien assuré qu'aucun mémoire ne lui a échappé, et qu'on soit en etat de juger si les personnes exclues des listes avaient des titres de préférence sur celles qui y ont été admises.

On croit devoir prévenir le public qu'il n'y a ni frais, ni déboursés, de quelque genre que ce soit, à faire, soit relativement à la présentation des mémoires, soit relativement à aucun autre objet. Les lettres seront adressées à MM. du comité des pensions; et, sous cette adresse, elles parviendront franches de port.

Les membres du comité seront réunis pour entendre les personnes qui auront quelques observations à leur proposer, les lundi, mercredi et vendredi, depuis cinq heures et demie jusqu'à six et demie.

Les commis destinés à recevoir l'enregistrement des mémoires se trouveront au bureau tous les jours, les dimanches et fêtes exceptés, le matin, depuis neuf heures jusqu'à deux heures, et l'après-midi, depuis cinq heures jusqu'à neuf. Le comité tient actuellement ses séances dans la maison, place Vendôme, no 4; lorsqu'il changera de domicile, il aura soin d'en donner avis.

PARLEMENT DE PARIS.

Une fille nommée Sigorgne, âgée de 25 ans, accusée d'avoir, la nuit du 2 an 3 janvier 1788, volé dans la maison de M. Ricard, laboureur à Villiers, un cheval et différents effets, et d'avoir volé une montre d'argent à M. Norbert Roulot, un des témoins dans l'information, a été condamnée, par sentence du bailliage de Sézanne, en date du 29 avril 1788, à être fouettée, marquée de la lettre V, et bannie pour trois ans du ressort de ce bailliage.

Le parlement, par arrêt du 7 août 1790, l'a bannie seulement pour cinq ans.

(Article du rédacteur de la Gazette des Tribunaux.) Cauvelet, coiffeur de femmes, accusé d'avoir, le 13 juin dernier, forcé avec un ciseau le tabernacle d'une chapelle de l'église Saint-Eustache; d'y avoir volé plusieurs vases sacrés, parmi lesquels se trouvait un ciboire rempli d'hosties destinées à administrer les malades: après avoir été jugé au Châtelet, et condamné à faire amende honorable et à être pendu, a appelé au parlement, qui a confirmé, par arrêt du jeudi 19 août, la sentence du Châtelet. — Cet arrêt a été exécuté le lendemain vendredi 20.

LIVRES NOUVEAUX.

Pour et contre sur la liberté de la presse, on Dialogue entre un auteur et un censeur, sur l'objet le plus important dont puisse s'occuper l'Assemblée nationale; avec une digression sur la noblesse, par un homme du tiers-état. A Paris, chez M. Lesclapart, libraire, rue du Roule, no II, près du Pont-Neuf; et à l'Assemblée nationale, au grand vestibule, à côté du bureau, no 3. Prix: 12 sous pour Paris, et 18 sous, franc de port.

MÉLANGES.

Au Rédacteur.

Quoiqu'on ne puisse, en général, Monsieur, que louer l'exactitude de votre journal, j'y trouve, dans le compte que vous rendez de la séance de mardi dernier une méprise grave, qui, rapprochée de ce qui s'est passé, me fait-craindre que plusieurs membres de l'Assemblée nationale n'y soient trompés comme vous. Vous racontez que j'ai dit : « Je ne veux pas me départir de ce point-là ; » ce qui eût été de ma part an tort dont je suis absolument incapable vis-àvis de l'Assemblée, à laquelle j'ai promis et dù promettre que, « tâchant de me rendre digne d'être l'organe de sa vo»lonté, je ne m'en permettrai jamais aucune qui me fût >> personnelle. »

J'ai dit : « Je ne peux pas me départir de ce point. » Lorsque deux cents personnes parlent à la fois dans une séance orageuse, il est certainement très facile que les auditeurs se trompent sur la prononciation d'une seule lettre, et croient qu'un homme qui énonce avec insistance et fermeté, « qu'il ▷ ne peut PAS,» a prononcé qu'il ne veut pas. Ce que je ne croyais pas pouvoir, était de revenir sur un décret de l'Asemblée. Il y en avait un de rendu, dont une disposition n'était pas douteuse, et dont l'autre occasionnait un doute.

Je ne croyais pas pouvoir remettre aux voix la disposition sur laquelle tout le monde convenait qu'il venait d'être prononcé un décret. Je croyais devoir « expliquer sans aucune » équivoque, » qu'il me paraissait convenable de ne remettre aux voix que « l'autre disposition qui était douteuse. » M. Bonnay a donné un autre plan qui me paraissait moins régulier, mais qui terminait une longue et pénible contestation. J'ai proposé à l'Assemblée de l'adopter, quoique le mien me semblât plus conforme au reglement et à la dignité de l'Assemblée, que je soutiendrai toujours de toutes les forces que le ciel m'a données.

DUPONT, député de Nemours, président de l'Assemblée nationale.

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De Vienne, le 4 août. La gazette de cette ville a nonce de la manière suivante l'issue des négociations du congrès de Reichembach :

a Les négociations entamées à Reichembach entre notre cour et celle de Prusse, sur le maintien de la bonne intelligence réciproque et sur le prompt rétablissement de la paix avec la Porte, ayant été heureusement terminées, il y fut signé et échangé le 27 juillet, par les ministres plénipotentiaires des deux cours, des déclarations solennelles qui seront suivies sous peu de jours de l'échange des ratifications des deux monarques. En conséquence M. le référendaire baron de Spielman est revenu ici le 2 de ce mois, et nous nous attendons incessamment à l'ouverture des négociations efficaces pour rétablir la paix avec la Porte. »>

De Munich, le 12 août.-M. le comte de Waldstein, envoyé de l'électeur de Cologne, a reçu ses lettres de récréance qu'il se propose de remettre dans quelques jours. Il doit aller remplir auprès de son souverain les fonctions de grand-écuyer, en l'absence de M. le baron de Fortsmeister, nomé troisième ambassadeur à

Francfort.

Le régiment d'infanterie, dont M. le prince Maximilien de Deux-Ponts était propriétaire et qui était en garnison dans cette ville, a été donné à M. le duc de Birckenfeld, et le régiment de ce prince, qui était en garnison à Manheim, a été donné à M. le prince de Deux-Ponts, qui a fixé son séjour dans le Palatinat.

M. le comte de Lherback a remis ce matin à l'électeur la réponse du roi de Hongrie à l'invitation qu'il lui avait faite de s'arrêter à Munich en se rendant à Francfort. S. M. A. témoigne à l'électeur qu'il aurait le plus grand désir de le voir, mais qu'il le prie de trouver bon que ce ne soit qu'à son passage à Neubourg. L'époque de ce passage sera déterminée par celle de l'élection.

PAYS-BAS.

Deuxième année de la Liberté.

Les Autrichiens sont maîtres de la province de Limbourg. Il leur est facile de passer la Meuse près de Liége et d'envoyer des détachements qui prendront de côté, tourneront et envelopperont les postes belges le long de cette rivière. On assure que cette partie de l'armée patriote a déjà quitté ses drapeaux, et qu'à l'exemple de ses officiers elle fuit débandée à travers les campagnes. Les Autrichiens poursuivent les fuyards; mais, pour éviter toute violation du territoire liégeois et les alarmes que l'on pourrait concevoir à Liége du Voisinage si proche des troupes de l'Autriche, le commandant et le magistrat d'Herve ont reçu l'ordre de prévenir la regence municipale de Liége des mouvements nécessaires et du respect qu'on y conserverait pour son territoire, par la lettre dont voici la teneur : 1 Sério. Tome V.

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Messieurs, nous sommes chargés par l'officier commandant les troupes autrichiennes de vous avertir, en bons voisins et amis, que les troupes allant à la poursuite de leur ennemi brabançon, vos citoyens voudront bien à leur approche ne prendre aucun ombrage, ni craindre que le moindre mal leur arrive. Les officiers militaires ne sont que trop bien informés qu'il n'existe ni rupture, ni brouille qui altère, ni qui puisse altérer la paix et le bon voisinage qui existe depuis un temps immémorial entre S. M. notre roi et votre pays; c'est pourquoi les officiers militaires espèrent et se tiennent même assurés que vous n'accorderez aucun secours ni passage par votre ville à leur ennemi, tout comme eux n'en demandent pas pour leurs troupes. Ils ont donné les ordres les plus sévères pour que, même en poursuivant l'ennemi fuyard, personne n'entre dans vos faubourgs. Nous sommes de plus chargés de vous dire que si après cette déclaration amicale, vos citoyens voulaient s'armer contre nos troupes ou même les attaquer, dans ce cas inopiné ils se verraient obligés de repousser la force par la force.

>> Nous sommes obligés de vous prier de nous donner une prompte réponse par le porteur de celle-ci.

» T.-P. ELIAS, bourguemestre; D.-D.-B. MarBAISE, régent; MAYR, officier commandant les troupes de S. M. le roi de Hongrie et de Boheme dans la province de Limbourg. »

A l'arrivée de cette lettre, le conseil municipal de Liége n'était point assemblé; la réponse étant pressée, M. le bourguemestre Fabry s'est décidé à la faire lufmême, en y joignant un post-scriptum qui donne l'assurance que ses sentiments ne seront point désavoués par ses concitoyens :

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moment, je m'empresse de répondre à la lettre dont Messieurs, le conseil n'étant pas assemblé dans le vous nous honorez. Ce que vous nous demandez est juste, et nous nous y conformerons, malgré les calomnies répandues des prétendus secours qu'on nous imputait d'avoir prêtés aux Belges. Nous aimons à croire que vous êtes persuadés de la fausseté de ces bruits; fausseté manifeste d'ailleurs par la notoriété publique.

Nous nous ferons toujours un devoir d'observer les lois du bon voisinage, celle de l'exacte neutralité, et de prouver notre vénération et notre profond respect pour S. M. votre auguste maître.

» FABRY, bourgue mestre-regont.

» P.-S. J'ose vous prier, Messieurs, d'assurer MM. les officiers autrichiens que je suis l'organe de tout le conseil municipal, et qu'on approuve ce que j'ai l'honneur de vous écrire. »>

COLONIES FRANÇAISES.

Déclaration de l'assemblée générale de la Marlinique du 10 avril 1790.

Quoique cette profession de foi ne soit pas récente, elle est fort peu connue, et elle a acquis par les circonstances un nouvel intérêt. D'un côté on y voit quels étaient les sentiments et les principes de l'assemblée générale de la Martinique, même avant d'avoir reçu le décret du 8 mars. D'un autre côté on y remarque que cette assemblée cherchait dès lors à prévenir les malheurs arrivés dans cette colonie, en s'élevant contre l'anarchie naissante, et en recommandant le respect dû aux lois et à la puissance exécutrice. Voici les principaux articles de cette déclaration :

«L'assemblée déclare qu'elle croit que, pour des hommes réunis en société, la liberté est le plus grand

des biens, la licence le plus grand des maux; que l'anarchie détruit l'une, établit l'autre ; qu'elle s'opposera donc toujours à l'anarchie;

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Qu'elle regarde comme les plus grands ennemis d'un état ceux qui cherchent à anéantir le pouvoir exécutif;

» Qu'en cherchant à conserver au pouvoir exécutif son action, elle est loin de vouloir le despotisme;

Qu'elle entend qué le représentant du roi soit respecté dans la colonie comme le roi l'est en France; qu'il ait toute la puissance nécessaire pour maintenir la loi, opérer le bien, réprimer le mal et n'en faire jamais;

» Qu'elle croit qu'elle seule peut, avec le concours du représentant du roi, exercer le pouvoir législatif provisoire; mais que comme elle connait le danger des innovations prématurées, elle n'en a point usé, et s'est bornée à maintenir ce qui était fait;

Qu'elle croit que les colonies existent pour l'utilité de la métropole, qui leur doit protection;

» Que toutes leurs productions, les rhums et les sirops exceptés, doivent être réservées pour le commerce de la métropole; qu'elles ne doivent recevoir les den rées manufacturées que de la métropole ;

naux,

» Que l'entrée des comestibles, soit par les natiosoit par les étrangers, doit y être libre, ainsi que celle des noirs, jusqu'à ce qu'elles aient atteint le terme de leur culture;

» Qu'elle croit que ces vérités générales comportent des exceptions, mais que l'administration doit tendre à écarter la nécessité des exceptions.

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» Les membres du comité intermédiaire: Signé Guignod, Du Buc fils, Gallet-Saint-Aurin, Le Merle, Du Buc de Rivery, Gallet-Charlery, doyen, Le Camus,

secrétaire. »

DE CARPENTRAS.

Extrait du manifeste des représentants du comtat
Venaissin.

Au milieu des dissensions civiles, la calomnie pénètre facilement les coeurs livrés aux passions; mais la vérité perce tôt ou tard et triomphe. Par un narré des faits simple et fidèle, nous préparerons ce triomphe, nous mériteróns l'estime de la France et nous justifierons la confiance que nos concitoyens ont mise en notre patriotisme.

Le peuple du comtat Venaissin est agricole, dès lors doux et paisible. La révolution de la France réveilla en lui l'amour inné de la liberté. Le pouvoir arbitraire avait fait en silence des progrès rapides; on voulut aussitôt le détruire. Les ennemis du bien public étaient en trop petit nombre pour s'opposer à ce projet ; il aurait été accompli sans la plus légère commotion, sans les manœuvres de la ville d'Avignon.

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Cependant, malgré les efforts du corps municipal d'Avignon, les assemblées primaires, convoquées par M. le vice-légat, se tinrent, et les troubles s'apaisèrent. L'envoyé du pape, repoussé loin des murs d'Avignon, fut invité à venir dans le comtat Venaissin; il donna son consentement aux nouveaux états de cette province, qui, composés de députés librement élus, et dès lors vrais représentants du peuple, prirent le nom de l'assemblée représentative.

Le contraste de la conduite respectueuse du peuple du Comtat avec la manière séditieuse dont les Avignonnais agissaient envers leur légitime monarque, firent naître dans le cœur de ces derniers une haine implacable; ils cherchèrent à se faire des partisans. Peu délicats sur le choix, ils ne formèrent en leur faveur qu'une coalition de méchants. Laissons tomber sur la scène barbare dont Avignon fut le théâtre le voile dont l'humanité voudrait les couvrir : elle n'a aucun re proche à nous faire dans cette fatale journée; mais remarquons que nous offrimes à la municipalité des secours qu'elle ne voulut point accepter. Des offres si généreuses auraient dû inspirer des sentiments de paix, elles auraient dû au moins faire respecter le repos de la province. Cependant les chefs avignonnais laissèrent partir un détachement de leur garde nationale pour le Thor; réuni à quelques particuliers de cette ville, le détachement voulut rompre l'assemblée primaire qu'on y tenait pour l'élection des officiers municipaux. Les menaces réitérées de faire feu irritent le peuple; le tocsin sonne; on court aux armes : alors le détachement avignonnais se sentant trop faible se retire, et, dans un accès de fureur, il fait une décharge de mousqueterie sur ce même peuple qui ne respire plus que la vengeance.

Croyant avoir vu partir quelques coups du balcon de M. Bressy, malheureusement soupçonné d'être zélé partisan d'Avignon, il enfonce les portes de la maison de ce vieillard, l'arrache sans pitié de ses foyers et le fusille au milieu de la place. Cette déplorable exécution se fit à sept heures du soir, pendant que les gardes citoyennes du comtat Venaissin se hâtaient d'arriver au Thor, pour y rétablir le bon ordre et empêcher toute effusion de sang. Au premier avis que l'assemblée représentative avait eu d'une émeute dans cette ville, elle avait donné ordre à plusieurs détachements de ses gardes de s'y porter en diligence. Malgré la rapidité de leur marche, ils n'arrivèrent qu'assez tard, quatre heures après le meurtre dont nous parlons, et furent seulement à temps d'en arrêter les suites fâcheuses. La fureur populaire s'apaisa, le calme renaquit, et on se contenta d'emmener prisonniers quelques citoyens, dont la vie pouvait être en danger, et un soldat avignonnais qui se trouvait blessé. Le comité militaire des troupes françaises et le maire d'Orange se sont chargés de faire juger cet homme qu'on a remis entre leurs Cette ville formait un corps séparé, dont les limites mains. Ils ont encore promis d'instruire le procès de parurent trop étroites à ceux qui venaient de s'empa-ses-compagnons, comme auteurs des troubles du Thor. rer de l'administration; ils proposèrent au comtat Venaissin de se réunir. L'assemblée générale de cette province, ne se jugeant pas compétente pour prononcer sur cette proposition, en renvoya la décision aux étatsgénéraux, dont la tenue prochaine était arrêtée. Soit que cette réponse ne satisfit pas l'impatience des officiers municipaux d'Avignon, soit qu'il n'y eût pas de bonne foi dans leur démarche, ils chercherent dès ce moment à appeler à eux partiellement toutes les communautés, pour dissoudre le corps entier de la province. Ils envoyèrent partout des émissaires, et des écrits peu modérés ou calomnieux circulèrent de toutes parts. Ils allumèrent des divisions; une commission intermédiaire, établie pour maintenir l'ordre, les empêcha de se propager: elles se répandirent seulement dans quatre ou cinq villages à portée d'Avignon et séduits par les émissaires de cette ville.

L'assemblée représentative, après les avoir dénoncés, n'a pas cru devoir elle-même garder le silence sur la mort de M. Bressy; elle a enjoint aux tribunaux d'en prendre connaissance. Ce dernier acte de justice est une preuve de l'impartialité de cette assemblée et de sa modération inaltérable.

Depuis quelques jours on avait dressé à Cavaillon, seconde ville du comtat Venaissin, un énorme gibet, et les expressions qu'un infàme gazetier, apologiste zélé du crime, s'était permises pour justifier cet attentat avaient causé une indignation générale. Ele passa rapidement dans l'âme des troupes rassemblées pour se porter au Thor. Elles demandèrent à grands cris de marcher à Cavaillon pour y abattre ce monument de tyrannie, et effacer par là l'ignominie dont leurs compatriotes pourraient être entachés. L'assemblée représentative applaudissant à ces sentiments d'humanité et

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