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Souvent l'inspection des mœurs est au moins aussi singulière. Beaucoup de curés interdisent la danse à leurs paroissiens, comme si les habitants des campagnes, après avoir supporté le poids du jour pendant toute une semaine, n'avaient pas le droit de se divertir, ou avaient à choisir entre un grand nombre de divertissements. D'autres curés croient avoir tout

fait, quand ils sont parvenus à obtenir l'établissement d'une rosière dans leur village. M. Sélis montre le vice de ces institutions, et c'est un des morceaux les plus remarquables de sa brochure. Cette sagesse que l'on veut couronner, dit-il, en quoi la fait-on consister? Dans la haine de l'amour d'abord, c'est-à-dire dans une organisation particulière, absolument indépendante de celles en qui elle se rencontre. Les tempéraments froids, les cœurs insensibles ont beau jeu. Je sais qu'on a laissé leurs droits aux autres vertus; mais, aux yeux d'un bailli, la fille la plus sage, ce sera la plus réservée; aux yeux d'un curé, ce sera la plus dévote. Au village comme à la ville, ce seront surtout les qualités aimables qui auront la couronne. Or, les qualités aimables, on ne l'ignore point, ne sont pas toujours les plus solides. Je voudrais savoir quelles sont les règles que suivent ces profonds arbitres des mœurs dans un examen qui eût embarrassé peut-être Nicole et La Bruyère. En général, la fille enjouée qui rit volontiers, même d'une polissonnerie, sans cesser d'être chaste; la fille au regard voluptueux qui sait combattre et vaincre en silence une complexion ardente; celle qui supporte, sans se plaindre, les injures, les mépris, les coups d'un mauvais père ou d'une mauvaise mère; celle qu'on ne remarque point, que les siens relè guent dans les étables et aux champs avec les animaux les plus abjects, et qui n'en est pas moins bonne, laborieuse et contente; toutes celles qui semblent mal à propos avoir des défauts notables, toutes celles, ou que rien n'annonce, ou que personne ne recommande, ne seront pas préférées à l'Agnès indifférente, à la fausse prudé, à l'idiote, dont on prise beaucoup la douceur, encore moins à la fille ambitieuse et adroite..

Quant au soulagement des pauvres, beaucoup de curés s'en occupent beaucoup répandent des aumônes abondantes ou donnent du travail aux pauvres, pour les prémunir en même temps contre le besoin et contre la paresse. Mais aussi il y en a plusieurs à qui le soin des malheureux est tout à fait étranger, et même qu'on accuse de détourner à leur profit les aumônes particulières qui leur sont confiées.

Quelles sont les causes des abus qui se commettent relativement aux trois objets dont nous venons de parler? C'est ce que recherche ensuite M. Sélis.

Mauvaise éducation dans les séminaires; beaucoup trop de traités de théologie, une infinité de questions oiseuses, point de méthode dans les livres élémentaires, l'Ecriture sainte et l'histoire ecclésiastique négligées, font des prêtres ignorants et inutiles. Pourquoi n'y a-t-il pas une école particulière pour les curés et vicaires de campagne? Pourquoi les collateurs accordent-ils des bénéfices avec tant de légèreté? Pourquoi les curés sont-il forcés, par leur position, à trop se familiariser avec leurs paroissiens? Pourquoi, si l'on veut qu'ils soient charitables, ne leur avoir pas donné à eux-mêmes quelque superflu? M. Sélis offre un tableau vrai de leur situation, et indique la source de leurs défauts. I rapporte l'histoire touchante de M. Botel, curé de Boives, que nous sommes forcés d'abréger.

Ce respectable ecclésiastique était depuis 23 ans curé du petit village de Boives, où il était adoré. Son évêque lui écrit qu'il vient de le nommer à une cure de 4,000 livres, à douze lieues de celle qu'il occupe Il refuse. Nouvelle lettre de l'évêque, qui

lui ordonne de faire ce sacrifice, au nom de la religion. M. Botel se soumet, veut partir la nuit sui. vante, s'ouvre de son dessein à son vicaire, qu'il nomme curé sur-le-champ, et à une vieille sœur qu'il avait avec lui. Il parcourt ensuite son village, visite tous ses paroissiens, mais sans leur dire adieu, et en leur recommandant seulement de ne pas l'oublier. Il part, et arrive le lendemain, vers midi, à un village voisin de celui où il lui était ordonne d'être curé. Il s'arrête, et lie connaissance avec le pasteur du lieu, qui l'invite à dîner. Il était à table avec plusieurs de ses confrères. Parmi les convives, était un ecclésiastique, dont l'air pâle et languissant, la voix faible et la maigreur, attirèrent l'attention de M. Botel, qui voyait d'ailleurs que tous les assis. tants le regardaient avec une satisfaction mêlée d'at tendrissement. Il le questionne, et il se trouve que c'est le curé même qu'il venait remplacer, qui était tombé en léthargie, et qu'on avait enterré quatre jours auparavant.

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Eh bien, Monsieur, lui dit le curé de Boives, je venais pour vous remplacer ( et il lui déclara son nom); je ne l'ai pas sollicité au moins. On m'a arraché, malgré moi, à mes paroissiens, que je chéris; mon vicaire a pris ma place; je m'en retournerai auprès de lui, et je serai son vicaire à mon tour. Restez, Monsieur, s'écria l'autre curé, restez : ma cure est à vous, je confirme le choix de notre évêque. Un patrimoine assez riche me met en état d'achever ma vie dans l'aisance. Il est vrai que je ne vous connais pas personnellement; mais tout le diocèse connaît vos vertus.»

M. Botel remercia le curé, et immédiatement après le dîner il prit le chemin de sa cure, où on ne l'attendait plus. On le revit avec des transports de joie inexprimables. Son vicaire voulut lui rendre sa cure; M. Botel refusa. Leur évêque concilia tout, en donnant une place avantageuse au vicaire, et en laissant les deux curés à leur place.

Les détails de ce fait véritable acquièrent un nouvel intérêt sous la plume de M. Sélis, qui vient d'augmenter, par cette brochure, les droits qu'il avait déjà à l'estime publique.

Notice historique sur Gleditsch, extraite et traduite du huitième volume des Mémoires de la société des curieux de la nature de Berlin.

Les botanistes et les agronomes n'oublieront jamais les services essentiels que Gleditsch rendit à la botanique et à l'agriculture, et son nom passera à la postérité avec ceux de Jussieu, Tournefort, Linné, Duhamel, etc.

Jean-Gottlieb Gleditsch naquit à Leipzick en 1714. Son père était musicien de cette ville. Il reçut une éducation soignée, et eut pour professeurs Lehmann, Hausen, Walther, Plattner, Hebenstreit, etc. Lorsque ce dernier fit son voyage d'Afrique, Gleditsch se chargea de l'inspection du jardin de Bose et de celui de l'université. Il fit, à cette époque, des voyages botaniques dans sa patrie, sur le Harz et dans les forêts de Thuringe. Toujours empressé de s'instruire, il alla à Annaberg auprès du docteur Hanel, qui jouissait alors d'une grande réputation, et ce fut dans les mêmes vues qu'il se rendit ensuite à Berlin, pour s'attacher aux plus habiles professeurs de cette capitale. Il poursuivit ses voyages botaniques, et fit des observations qu'on employa dans la flore berlinoise, comme on avait cité dans celle de Leipzick les observations qu'il avait faites précédemment. Frédéric-Guillaume 1er le recommanda à M. de Ziethen, dont il décrivit le jardin en 1736. Cet ouvrage, imprimé à Leipzick in-8°, est intitulé : Catalogus plantarum, quæ in horto Domini de Ziethen, Frebnizii cotuntur, et in vicinis locis

sponte nascuntur. En 1740, il écrivit contre Siegesbeck, et cette nouvelle production attira l'attention des savants. Elle avait pour titre : Consideratio epicriseos sigbekianæ in Linnæi systema planta

rum sexuale.

Peu avant la mort de Frédéric-Guillaume, Gleditsch fut pourvu de la place de médecin de Lébus, et la même année il fut reçu docteur en médecine à Francfort-sur-l'Oder, où il s'établit pour donner des leçons de physiologie, de botanique et de matière médicale. Pendant son voyage botanique en Tauringe, il fut présenté à Ernest-Auguste, duc de SaxeWeimar, qui le retint quelque temps auprès de lui, et lui offrit la place de son médecin avec les conditions les plus avantageuses: mais Gleditsch la refusa, préférant de se rendre à Berlin où il était appelé comme botaniste et membre ordinaire de l'académie renouvelée par le grand Frédéric. Il fut ensuite nommé second professeur au théâtre anatomique, et directeur du jardin de botanique. La réputation dont il jouissait l'avait fait désirer à Pétersbourg, et on lui offrait 2,000 roubles d'appointements pour le déterminer : mais Frédéric, qui savait apprécier les savants de tous les genres, le retint auprès de lui et ajouta 200 thalers au traitement annuel qu'il lui avait accordé. Le reste de sa vie fut employé à la composition des ouvrages qui l'ont fait connaitre des étrangers et qu'il serait trop long d'indiquer ici. Par ordre exprès du grand Frédéric, il s'appliqua particulièrement à l'aménagement des forêts. Il en donna des leçons publiques, et un systême complet de cette connaissance utile, fut le fruit de ses études. Il est peut-être le premier en Europe qui y soit parvenu, et il est sûrement le premier professeur de ce genre qui ait été établi. Mais cette idée porte le caractère de toutes celles du grand Frédéric, et il serait bien à souhaiter qu'elle trouvât des imitateurs dans les autres contrées de l'Europe. Rien ne serait plus utile, pour en faciliter l'exécution, que la traduction des ouvrages de Gleditsch, sur l'économie

des forêts.

Linné avait senti tout le prix des travaux de ce savant respectable, et il l'avait immortalisé, de son vivant, en nommant une plante de son nom. Aujourd'hui encore le tombeau de Gleditsch est ombragé par une superbe gleditschia.

LYCÉE.

M. de la Croix qui avait dans ses précédents discours sur la constitution d'Angleterre, exposé tout ce qui lui donnait de la supériorité sur les autres gouvernements, a présenté dans la dernière séance toutes ses imperfections. Peuple d'Albion, a-t-il dit, tout altérée qu'est par vos vices votre constitution, elle était encore la meilleure de celles qui existent en Europe; mais vous allez bientôt perdre cet avantage que vous aviez sur nous. Nos législatures vaudront mieux que vos parlements, parce que la division de nos départements assurera aux Français une représentation plus égale que la vôtre; nous n'aurons pas comme vous des législateurs héréditaires, ou dont le pouvoir se prolongera pendant le cours de sept années; nos juges ne seront inamovibles qu'autant que leur équité sera constante: élus dans une classe éclairée, et par le libre choix de la nation, ils ne seront pas les instruments de la vengeance secrète du ministère. La justice sera gratuite parmi nous; chez vous elle ruine le plaideur. Notre code civil sera clair, ses formes seront simples; celles du vôtre sont tortueuses et offrent mille retraites à la mauvaise foi.

Notre code pénal sera inspiré par l'humanité; les punitions seront graduées sur une échelle d'e

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quité; les vôtres ont encore toute la confusion de la barbarie: on croirait, en lisant votre recueil des lois criminelles, qu'elles ont été tracées par des hommes qui se plaisaient dans le sang; que le peuple qui compte la liberté pour tout, compte les supplices pour rien. Montesquieu vous a trop fait d'honneur; Blackstone a été plus vrai : on ne se sépare pas toujours de la vie avec impunité dans votre île; ceux que la satiété de l'existence, ou les noires vapeurs ont portés à abréger leurs jours, n'ont échappé à une sépulture ignominieuse, et leurs veuves à la confiscation de leurs biens, qu'à l'aide d'un faux rapport ou du sommeil de la loi: la nôtre a la même indulgence pour ceux qui se rendent coupables de cet acte de faiblesse.

Vos hôpitaux sont mieux administrés que les nôtres; vos chemins mieux entretenus; vos secours plus multipliés sur l'indigence; vos baux à ferme plus sagement prolongés: mais lorsque l'esprit de rivalité aura fait place à l'accord du bien public, nous ne vous le céderons, ni en humanité, ni en encouragement pour l'agriculture. Nous aurons pardessus vous des routes plus sûres; des propriétés protégées par une force armée contre les vagabonds; notre commerce ne sera point soumis à toutes les entraves que vous donnez au vôtre.

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Pour diviser les propriétés nous n'aurons pas besoin de recourir à une loi agraire qui jetterait le trouble et l'injustice dans tout le royaume; nous nous contenterons pour la voir s'établir insensiblement, de maintenir l'égalité des partages; d'encourager l'achat des biens qui demeuraient indivisibles sous la main du clergé ou du domaine; d'exciter les municipalités à les distribuer à de bons cultivateurs, avec des facilités pour se libérer envers l'état, et bientôt les campagnes, au lieu d'être peuplées dé misérables journaliers, ne seront habitées que par d'honnêtes propriétaires.

» C'est à l'aide de ces heureuses pensées que notre imagination s'enfonce avec sécurité dans l'avenir, dissipe les nuages qui obscurcissent le présent, triomphe des terreurs, des sombres prédictions que des esprits timides ou malveillants ne cessent de répandre autour de nous.

M. de la Croix a, dans le même discours, jeté les yeux sur la situation politique de l'Angleterre avec les autres puissances de l'Europe; il a fait sentir de quelle importance il était pour nous de ne pas souffrir qu'elle s'agrandit sur les ruines de l'Espagne, ou qu'elle se fortifiât de son alliance.

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En parlant des avantages qu'elle retire de sa compagnie de banque : « Nous avions, a-t-il dit, dans la caisse d'escompte un établissement qui n'était pas moins solide, et dont le crédit serait plus assuré, si le gouvernement n'en eût pas tant abusé, si le ministre avait su le soutenir, en y faisant verser tout le numéraire de ses recettes, de ses fabrications d'espèces, en le dédommageant de ses frais d'importation de matières d'or et d'argent, en ne tirant de sa caisse que ses billets, en ne limitant pas l'intérêt de son escompte, en ne se mêlant point de régler son dividende.

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La caisse, par des versements journaliers, se serait toujours trouvée en état de faire des paiements à bureau ouvert, elle aurait entretenu la confiance, et persuadé qu'une source inépuisable était le gage de tous ses billets mis en circulation.»

Après avoir parcouru le gouvernement d'Angleterre dans toutes ses parties, M. de la Croix a tire de ses observations ce résultat : « Si vous vous rappelez tout ce que je vous ai dit du gouvernement d'Angleterre, de sa police, des mœurs de ses habitants, je crois que vous serez convaincus que ce n'est pas encore parmi ces insulaires qu'il faut chercher la vé

VARIÉTÉS.

ritable liberté; cette sage égalité des droits de l'homme; cette participation réelle de tous les citoyens à la puissance législative; cette faculté de seph-Philippe de France, beaucoup de gens ont pensé Après la publication de l'exposé de M. Louis-Jos'élever par son seul mérite, par ses seules vertus, à tous les grades, à toutes les dignités; cette légis-vé, en effet, le 11 à 3 heures du matin, et le même que ce député ne tarderait pas à arriver; il est arrilation protectrice de tous les individus, sans excep- jour il s'est rendu chez le roi, ensuite chez la reine tion des titres et des personnes; cette sécurité absolue dans ses propriétés à l'aide d'une police sur veillante sans être oppressive; cette tolérance éclairée qui autorise tous les hommes à rendre à la divinité le culte qu'ils croient le plus digne d'elle; cet esprit public qui fait de tous les citoyens autant d'agents de l'administration, autant de confédérés pour la prospérité de l'état.

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Où le trouverons-nous ce peuple qui présente une aussi belle image, un accord aussi parfait? On nous a fait espérer que nous pourrions le rencontrer chez une nation que nous avons aidée à briser ses chaînes; nous nous en approcherons, nous la contemplerons sans prévention; mais afin d'arrêter sur elle un œil plus calme, nous laisserons écouler des jours que la patrie nous demande pour consolider l'ouvrage de nos représentants, pour rassembler sous les yeux de son auguste chef sa double milice; pour lier tous ses enfants à la cause commune par un serment solennel. Puisse-t-il, ce serment, être prononcé par toutes les bouches, sortir du fond de tous les cœurs, dissiper pour jamais toutes les haines, bannir toutes les terreurs, nous conduire à l'indulgence pour les erreurs passagères, rappeler parmi nous d'illustres fugitifs, en leur montrant un asile heureux et paisible où ils pourront venir se réconcilier avec des idées qui bientôt ne leur paraîtront plus étrangères !

» Une fête nationale, ordonnée dans cet esprit, sera vraiment digne d'un siècle de lumières et d'humanité; elle honorera le systême que nous défendons, et forcera l'aristocratie à reconnaître la générosité du noble adversaire qui en a triomphé.»

ARTS.

GRAVURES.

Collection des portraits de MM. les députés à l'Assemblée nationale, qui se sont distingués par leur zèle pour le bien public, dessinés d'après nature, et graves à la manière anglaise, par M. Vérité. L'auteur, persuadé que ce choix doit faire plaisir à tous les bons citoyens, en continue la suite toujours avec succès. Les portraits qui paraissent jusqu'à present, sont ceux du roi; de MM. Bailly; Lafayette; Clermont-Tonnerre; Le Chapelier; Matthieu Montmorency; Charles et Alexandre Lameth; Rabaud de Saint-Etienne; Aiguillon; Barnave; Thouret; Camus; Mirabeau l'aine; Fréteau; Noailles. On y a joint au-dessous un quatrain qui renferme l'éloge et les traits principaux du caractère de ceux qu'ils représentent. Le prix est de 20 sons chaque, en couleur, et 10 sous en noir. A Paris, chez M. Vérité, graveur, rue des Cordeliers, maison du marchand d'indiennes, no 19; et à Bordeaux, chez M. Jogan, marchand d'estampes, rue du Chapeau-Rouge.

GÉOGRAPHIE.

Plan de Paris divisé en 48 sections, décrété par l'Assemblée nationale le 22 juin 1790, dressé et présenté au comité de Constitution qui l'a agréé, par M. Dezauche, géographe du roi. Prix : 9 livres; à Paris, chez l'auteur, rue des Noyers.

Ce plan dressé par M. Dezauche, d'après le vœu de la très grande majorité des sections, est le seul sur l'exactitude duquel on puisse compter. Il s'en fait plusieurs sur lesquels on se permet de sacrifier l'exactitude à l'agreable, en laissant les rues en blanc, et dans lesquels nombre de limites sont très fausses. Cette manière d'indiquer l'étendue de chaque section est très fautive, et il en résulterait de grands inconvénients, si l'on s'arrêtait à cette fausse indication. En conséquence M. Dezauche prévient qu'il ne faut avoir égard qu'au plan qui se trouve chez lui, portant son nom dans le titre. Il est forcé de faire cette observation, pour qu'on ne lui reproche pas des erreurs (ainsi qu'on l'a déjà fait) qui existent dans les plans qui ne sont pas les siens.

et à l'Assemblée nationale. Ainsi se sont terminées ces vaines alarmes qu'on avait affecté de répandre, sur les suites de son retour.

La veille du jour que les ateliers civiques du Champ-de-Mars ont été fermés, pour laisser aux ouvriers la liberté de niveler le terrain, les enfants de M. Louis-Joseph-Philippe de France ont été travailler avec les autres citoyens au remuement des terres. Les débats qui ont eu lieu à l'Assemblée nationale, entre M. Camus et M. Maury, sur la pétition d'Avignon, n'ont point étonné les gens qui connaissent l'Etat papal, enclavé de toutes parts dans le royaume. Ses habitants, qui reçoivent de la France leur sécurité, leurs subsistances, les secours les plus journaliers et les plus habituels, participaient à tous les avantages d'un pareil voisinage, sans participer en aucune manière aux charges communes à tous les Français; et il faut convenir que la situation était fort douce, surtout dans les dernières années qui ont précédé la Révolution. Les citoyens du comtat, qui consentent à s'approprier de la nouvelle constitution française ce qui leur est agréable, ne se sont pas expliqués encore sur l'incorporation totale au nouveau régime français; ils ont même improuvé que les Avignonnais aient pris un parti décisif à cet égard. M. l'abbé Maury peut bien être chargé par ses compatriotes de protester contre la députation avignonnaise; l'Assemblée elle-même a jugé que cette affaire méritait une sérieuse attention: et c'est d'après ce principe qu'elle a cru ne devoir rien prononcer sur la demande en élargissement provisoire des Avignonnais détenus à Orange. Si l'on remonte aux vrais principes, on verra que l'Etat papal gagnera infiniment à resserrer ses rapports commerciaux, en cessant d'être étranger à la France; mais on verra aussi qu'une nouvelle province française ne pourrait se dispenser d'être assimilée aux autres provinces d'un royaume dont la constitution lui aurait semblé digne d'être l'objet de sa demande en réunion. Si les habitants du comtat trouvent dans la nouvelle constitution française, des sujets d'alarmes, et s'ils ont des raisons pour ne pas l'accepter tout entière en se rangeant sous elle, nulle force ne peut les y contraindre; mais il semble qu'en tout état de cause la nation ne peut se prêter à une réunion, avant que le vœu général de cette province lui soit parfaitement connu.

ANECDOTES DE FRANCKLIN.

Francklin faisait un jour l'expérience de calmer les flots d'un étang avec de l'huile, devant un homme crédule; il y mit, par plaisanterie, un air de solennité: cet homme l'aborde effrayé, et lui dit: Maintenant, Monsieur, dites-moi ce qu'il faut que je croie. Rien, lui dit Francklin, que ce que vous voyez.

L'anecdote suivante prouve que les peuples sauvages ne voient que le fait dans un fait même extraordinaire, et qu'ils ne remontent jamais aux causes. Un sauvage à Philadelphie voyait faire à Francklin l'expérience d'allumer l'esprit-de-vin avec l'étincelle électrique: Ces blancs sont des drôles bien adroits, ditil sans la moindre surprise et la plus légère réflexion.

Cet homme célèbre racontait quelquefois que lorsqu'il était imprimeur à Philadelphie, un de ses ouvriers, bon travailleur, ne commençait jamais sa semaine que le mercredi: Francis, lui dit un jour l'imprimeur philosophe, vous ne pensez donc pas à

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