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et il est singulier que cette mesure ait été obtenue cette année par l'influence et les discours de deux hommes qui y avoient été jusque-là fort contraires, lord Wellington et M. Peel.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le lundi 18 mai, le pape Pie VIII se rendit dans la salle du consistoire, au Vatican. S. S. portoit la chape rouge et la mitre d'or, comme cela se pratique dans le premier consistoire après le couronnement. S. S., dans une allocution latine, remercia, suivant l'usage, le sacré Collège, et M. le cardinal della Somaglia lui répondit, au nom de ses collègues. Le saint Père ferma ensuite la bouche, suivant la coutume, à MM. les cardinaux Caprano, Barberini, Benvenuti, Gamberini, Cristaldi et Marco y Catalan, créés par Léon XII le 15 décembre dernier. S. S. proposa à différentes églises, savoir:

A l'évèché de Frascati, M. le cardinal Emmanuel de Gregorio; à celui de Sainte-Agathe des Goths et d'Acerra, M. Emmanuel-Marie Bellorado, transféré de l'archevêché de Reggio; à cet archevêché, le Père Léon Ciampa, provincial de l'ordre des Franciscains de St-Pierre d'Alcantara; à Trévise, M. Sébastien Soldati, grand-vicaire du diocèse; à Catanzaro, le Père Matthieu Franco, de la congrégation. des Pieux-Ouvriers; à Cortone, le Père Zacharie Boccardo, provincial des Capucins; à Melfi et Rapolla, le Père abbe Louis Bovio, president de la congrégation du Mont-Cassin; à Oria, Michel Lanzetta, chanoine de Salerne; à Basle, Joseph-Antoine Salzmann, doyen de la cathédrale, et vicaire capitulaire du diocèse; à Albaracin, le Père Joseph Talayero, Dominicain, cure dans son ordre; à Liège, M. RichardAntoine Van Bommel, prêtre de Leyde; à Tournai, M. JeanJoseph de Plancq, prêtre du diocèse, et à Gand, M. JeanFrançois Van de Velde, prêtre du diocèse de Malines.

Après cette promotion, le saint Père prêta, sur les Evangiles, le serment accoutumé, d'observer les constitutions

apostoliques, et M. le cardinal de Gregorio, promu à l'évêché de Frascati, prêta à genoux le serment de fidélité.

Le consistoire secret étant terminé, S. S. tint un consistoire public, pour donner le chapeau aux cardinaux Gaysruck, de Groï et de Latil, créés par Léon XII, et venus à Rome pour le conclave. Ces cardinaux, après avoir prêté le serment par les constitutions apostoliques, furent introduits dans la salle du consistoire par six de leurs collègues, et s'étant approchés du trône pontifical, baisèrent d'abord le pied du saint Père, puis sa main, et reçurent de lui le double embrassement. Ils embrassèrent leurs collègues, et S. S. leur donna le chapeau. Le pape ayant quitté ses ornemens, le cardinal Gaysruck lui adressa un discours au nom de ses collègues; après quoi on se rendit à la chapelle pour chanter le Te Deum.

M. Lippi, avocat consistorial, plaida devant S. S., et pour la seconde fois, la cause du vénérable serviteur de Dieu, le Père Bonaventure de Barcelonne, Franciscain, fondateur du couvent de Saint-Bonaventure, à Rome, et d'autres maisons de la province romaine réformée; l'héroïsme de ses vertus avoit déjà été reconnue par Pie VI en 1775.

Après-midi, les trois cardinaux ci-dessus allèrent en grand cortège visiter l'église St-Pierre, puis ils se rendirent chez M. le cardinal-doyen, pour le complimenter. Le soir, M. Belli leur porta le chapeau.

M. le cardinal de Clermont-Tonnerre est parti le 20 mai pour son archevêché de Toulouse..

PARIS. Sur les 37 paroisses de la capitale, douze seulement avoient le titre de cures; toutes les autres étoient des succursales, quoique quelquefois elles ne fussent ni moins importantes ni moins peuplées que les paroisses principales. Une mesure vient d'être prise par l'autorité en faveur de six de ces succursales; elles ont été mises au rang de cures de seconde classe. Ces paroisses sont St-Séverin, St-Leu, St-Gervais, St-Médard', les Quinze-Vingts et Chaillot. Il paroît qu'on a eu égard à la situation particulière de ces paroisses, qui sont les moins riches, et qui offrent le moins de ressources aux curés. A l'exception de Saint-Médard, la population de ces paroisses n'est pas considerable, et le nombre des pauvres y est relativement plus fort. La nou

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velle mesure n'est peut-être que le prélude d'une autre qui paroîtroit assez convenable. Dans plusieurs grandes villes du royaume, presque toutes les paroisses ont le rang cures. N'en devroit-il pas être ainsi à Paris surtout, où on voit des succursales qui ont une population très-considérable, comme Saint-Germain-des-Prés, Bonne - Nouvelle, Saint-Vincent de Paul, etc.?

Le lundi 25, deux nouvelles cloches ont été bénies dans l'église Saint-Sulpice. Ces cloches sont un présent que M. le curé fait à son église. Déjà le généreux pasteur lui avoit donné, il y a quelques années, trois cloches, dont deux de fortes dimensions. Les deux nouvelles cloches sont destinées à ètre en harmonie avec les premières; elles sont, pour la grosseur, immédiatement après les deux fondues il y a quelques années. La cérémonie de la bénédiction a eu lieu lundi à deux heures; M. le curé a officié. Les parrains étoient M. le maire de l'arrondissement, et M. de Raigecourt, un des marguilliers de la paroisse. Les cloches ne pourront être montées immédiatement dans la tour, où il y a auparavant quelques réparations urgentes à faire.

-Nous avions parlé fort succinctement, l'année dernière, n° 1405, de la conversion d'un homme honorable parmi les juifs, Salomon-Vita Ascoli, d'Ancône. Nous trouvons, dans un recueil estimable, de plus amples renseignemens sur ce fait, et nous avons lieu de croire qu'ils intéresseront la piété des lecteurs. Ascoli jouissoit d'une grande considéra tion parmi les siens par son savoir, sa conduite et son dévoûment à la synagogue. Il étoit parvenu à l'âge de 64 ans, et étoit père d'une nombreuse famille. Il a rendu compte de sa démarche et de ses motifs dans un mémoire qui est entre les mains de M. le chanoine et professeur Bedetti. Ascoli y fait remonter le principe de sa conversion au passage de Pie VII par Ancône, en 1814. Il avoit été nommé membre d'une commission pour aller au-devant du pape, et les juifs d'Ancône le chargèrent d'offrir leurs hommages au saint Père. Ascoli eut l'honneur de le complimenter; le pape le reçut très-bien, lui donna sa main à baiser, et exprima le désir que Dieu voulût bien l'éclairer. Le souvenir de cet accueil et de ce désir occupoit souvent Ascoli; il lui revenoit souvent à l'esprit dans le silence de la nuit, et plus il cherchoit à chasser cette idée, plus il se sentoit excité à

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I

embrasser le christianisme. Il raconta ses combats à un
chrétien avec lequel il étoit lié, qui l'exhorta à ne pas ré-
sister à la grâce, lui offrit un livre des Evangiles, et lui en
montra quelques passages; mais Ascoli répondit qu'il ne
vouloit point étudier une autre religion, et qu'il resteroit
fidèle à la sienne. Cependant la Providence préparoit des
évènemens qui devoient triompher de sa résistance. Des
malheurs domestiques et des pertes dans son commerce
commencèrent à l'ébranler. Un jour, ayant pris la Bible
pour se distraire, le voile qui lui couvroit les yeux tomba
tout à coup; il connut le sens de l'Ecriture, et la Trinité
qui y est marquée en tant de
l'a montré
passages, comme
M. Drach dans ses lettres, et comme l'avoit reconnu autre-
fois un autre juif d'Ancône, l'ancien rabbin Ferretti, dans
son livre de la Vérité de la foi chrétienne dévoilée à la synagogue,
imprimé à Venise en 1741, in-4°. Ascoli découvrit les autres
vérités annoncées dans l'Ecriture, et confirmées par J. C.
Il prit donc sa résolution, et l'exécuta, comme on l'a vu. Il
fut baptisé le 15 décembre 1827 par M. l'évêque d'Ancône,
qui prononça en cette occasion un discours propre à affermir
le néophyte. Cet exemple, disent les Mémoires de Modène,
pourra avoir des suites. Déjà, comme M. Drach l'a remar-
que, on n'a vu à aucune époque, depuis la dispersion des
juifs, autant d'individus de cette nation embrasser le chris-
tianisme. Ce savant en a cité plusieurs, et les Mémoires en
ajoutent d'autres, d'après le Journal ecclésiastique d'Alexan-
drie. Dans le même temps qu'Ascoli, des juifs ont été baptisés
à Ravenne et à Florence, et peu après à Naples et à Milan.
En mars 1828, un juif de Chierasque fut baptisé, après avoir
écrit à ses frères une belle lettre, où il rend compte de ses
motifs. A Modène, on a vu deux familles entières entrer
dans l'Eglise, le 17 mai et le 16 novembre de l'année der-
nière. En juin, d'autres conversions eurent lieu à Turin et
à Alexandrie; en juillet, à Rome; en septembre, à Ascoli;
en novembre, à Revel; en décembre, à Alexandrie....

NOUVELLES POLITIQUES,

PARIS. Lorsque, dans la séance de samedi dernier, un faussaire s'avisa

d'envoyer à la chambre des députés la démission de M. le comte de Bonvouloir, cette coupable hardiesse excita, dit-on, de grands éclats de rire. Cependant la chose n'étoit rien moins que plaisante; et l'on ne conçoit pas qu'une assemblée grave n'ait point été frappée d'une sorte d'attentat qui retomboit sur elle. Quand il n'y auroit eu que l'ordre public à venger d'une atteinte si facheuse, quelle n'eut pas dû être l'affliction d'un corps placé si haut! Mais ici il y avoit pis encore. La dérision étoit palpable, et la bouffonnerie sanglante. Seroit-il donc bien vrai que, quand M. le comte de Bonvouloir signala le faux, on ne sut exprimer que par des boufees d'hilarité l'indignation naturelle qu'il devoit produire? S'il en est ainsi, ne craignons pas de le dire, la faute en est à ceux qui manquent habituellement de gravité dans les débats de la chambre, et qui ont laissé prendre avec eux une sorte de familiarité à toutes sortes de pétitionnaires de mauvais goût.

On a parlé pendant quelques jours d'une pétition contre le baptême, adressée à la chambre des députés par un médecin de province nommé Dubouchet. Comme il s'agissoit d'une de ces affaires urgentes qui obtiennent facilement la priorité dans les travaux législatifs, les amateurs attendoient avec impatience le jour du sabbat, qui devoit lui être consacré; mais on assure que M. le docteur Dubouchet, ayant lu dans le Courrier français un article audacieux où l'abolition entière du christianisme est annoncée comme inévitable, n'a point vu de difficulté à ce que sa pétition fût retirée il a cru que le baptême s'en iroit tout naturellement avec le reste, et que ce n'étoit pas la peine d'attaquer la partie quand les journaux révolutionnaires se chargeoient de renverser le tout.

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-Les journaux de la révolution viennent d'apprendre, sur la mort de la jeune reine d'Espagne, une circonstance qui les affecte vivement; cette princesse a eu la foiblesse de léguer au monastère de l'Escurial une somme destinée à fonder une messe perpétuelle pour le repos de son ame. Aussitôt, ils se sont mis à parler de sa mort d'un ton mystérieux, et à soupçonner dans cet évènement des causes qui ne leur paroissent point naturelles. Vous verrez que ce sera ce malheureux testament de la reine qui aura produit des effets funestes, et que les moines de l'Escurial le paieront cher, car il faut, à quelque prix que ce soit, dégoûter les ames pieuses de ces sortes de liberalites, en leur apprenant à quoi elles s'exposent par des fondations pieuses.

Dimanche dernier, le Roi est allé, avec M. le Dauphin, visiter la baleine. MM. Geoffroy-Saint-Hilaire et le docteur Dubar lui ont donné des explications scientifiques sur cet énorme cétacée. S. M. a accepté gracieusement l'hommage que le propriétaire, M. Kessels, lui a fait de deux tableaux de cette baleine, et lui a fait remettre, en se retirant, une somme de 500 fr. MADAME, duchesse de Berri, étoit alléc, la veille, voir ce squelette, qui est très-bien conservé.

Quelques individus, condamnés pour avoir fait partie des légions étrangères dans la dernière guerre d'Espagne, étoient, depuis quelques an nées, dans les prisons de Nimes: le Roi, à la sollicitude de MM. de Montbel et Hocquart, députés de la Haute-Garonne, vient d'accorder, à six d'entr'eux, remise pleine et entière de la peine qu'ils avoient encourue.

-M. le Dauphin, à la demande du maire de Chivres, près Soissons, vient d'accorder un secours de 400 fr. pour les réparations de l'église de cette

commune,

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