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Island. Des terrains ont été achetés dans le même but à Saco, Etat du Maine, et à Hartford, Etat du Connecticut. Dans d'autres lieux, les catholiques se disposent à prendre de semblables mesures, dont les résultats ne peuvent qu'être très-favorables à la religion,

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. On est bien embarrassé avec M. l'abbé de Pradt. A coup sûr il est un de ceux que la cause grecque touche le plus vivement; à l'entendre, il y a deux ans, on eût dit qu'il étoit prêt à donner ses chevaux arabes et à marcher en personne vers les Thermopiles: aujourd'hui, le voilà désenchanté au point de ne plus voir dans notre expédition de Morée qu'une duperie folle qui nous rend souverainement ridicules. Nous avions commencé par n'être que pour un tiers dans cette entreprise; mais les Anglais ont su s'arranger de manière à en être quittes pour quatre coups de canon, et les Russes pour rien; de sorte que tout le fardeau nous est resté sur les bras, et que nous voilà constitués à vie gardiens du tombeau d'Alcibiade. Ce n'est cependant pas à cela que M. l'abbé de Pradt trouve le plus à redire ; ce qui l'afflige, c'est que la Grèce lui paroît destinée à subir l'état monarchique, et peut-être le droit divin. Passe encore pour le premier de ces deux malheurs; mais le droit divin! cela seroit par trop fort, et l'ancien archevêque de Malines s'en indigne d'avance. Pour sa part, il se hate de protester la-contre dans le Courrier français, afin que si, par malheur, le droit divin venoit à obtenir un succès quelque part, il ne soit pas dit que M. l'abbé de Pradt ait été capable d'y tremper en rien.

- Le Roi, M. le Dauphin et Mme la Dauphine sont venus à Paris le jour de l'Ascension, pour y entendre au château une messe solennelle et l'office du soir. S. M., dans l'intervalle, a présidé le conseil des ministres.

-M. le vice-amiral Jacob, préfet maritime à Toulon, ayant exposé que le mauvais état de sa santé ne lui permettoit plus de remplir ses fonctions, S. M. a bien voulu accueillir la demande de cet officier-général, et a daigné lui accorder le titre de comte, comme témoignage de satisfaction. Par la même ordonnance, M. le comte de Rigny a été nommé pour lui succeder; mais comme ses services sont encore nécessaires dans le Levant, les fonctions du préfet maritime seront temporairement exercées par le majorgénéral.

Une ordonnance royale du 24 juin arrête que le nombre des marechaux de France ne pourra s'élever au-dessus de 12; que le nombre des officiers-généraux de l'armée de terre est fixé à 100 lieutenans-généraux et 200 maréchaux de camp, et que, jusqu'à ce qu'on soit parvenu à cette réduction, il ne sera point pourvu aux vacances de ces grades.

-Le Roi a nommé chevalier de la Légion-d'Honneur M. Pattiu, capitaine au long cours, de Rouen, qui, au mois d'octobre dernier, malgré que

son bâtiment étoit dans le plus mauvais état, a sauvé avec le plus grand empressement l'équipage d'un navire anglais naufragé.

M. Montredon, substitut à Montpellier, est nommé procureur du Roi à Narbonne, en remplacement de M. Majorel, qui devient président du tribunal de première instance de cette ville. M. Muteau, conseiller-auditeur à la cour royale de Dijon, est nommé conseiller en la même compagnie. Un congé vient d'être accordé à M. le baron de la Bouillerie, intendant de la maison du Roi. Il est remplacé, pendant son absence, par M. Alphonse de la Bouillerie, son neveu.

-Les collèges électoraux du Puy et de Périgueux sont convoqués pour le 4 juillet, à l'effet de nommer chacun un député, en remplacement de MM. Calemard de la Fayette, décédé, et d'Abzac, démissionnaire.

- M. le vicomte de Chateaubriand est arrivé jeudi dernier à Paris.

- M. Brisson, l'un des présidens de la cour de cassation, est mort, mardi dernier, d'une attaque d'apoplexie foudroyante. Il étoit, avant la révolution, conseiller au parlement.

-M. le ministre de l'intérieur a fait don, à la bibliothèque de la société des bonnes études, de l'ouvrage de M. Pardessus sur les lois maritimes.

- M. le préfet de la Seine vient de remettre, au nom du ministre de l'intérieur, une médaille en or à l'effigie du Roi à M. Valerius, bandagiste, inventeur d'un bras artificiel.

La veuve du général Mallet vient de mourir. A l'époque de la restauration, cette dame étoit réduite à la plus affreuse indigence, par suite de la confiscation des biens de son mari. Le Roi Louis XVIII, à son retour en France, lui accorda une pension qu'elle a touchée jusqu'au jour de sa

mort.

-Une ordonnance royale du 26 avril dernier porte que la loi du 10 avril 1825, sur la répression des crimes de piraterie et de baratterie, sera exécutée dans les établissemens d'outremer.

On recueille les fruits du système d'indulgence que des écrivains et des journalistes prêchent aux jurés, et bientôt ils ne trouveront plus de coupables. Ils acquittent sans facon les braves gens qui ont le petit tort de faire de la fausse monnaie, et les filles honnêtes qui donnent la mort à leurs enfans. Le 16 mai dernier, un jury a acquitté un meunier qu'on accusoit d'avoir tué sa femme; tout l'auditoire a été surpris de cette décision, à l'égard d'un homme d'une immoralité profonde, et contre lequel s'élevoient les plus graves préventions.

Le sieur Arpajou, cadet, qui s'est présenté dernièrement, comme on l'a vu, devant le tribunal de Saint-Girons, pour être autorisé à se marier, a rendu plainte et contre le Mémorial de Toulouse, qui avoit parlé de son affaire, et contre M. de Vaillac, conseiller-auditeur, président de la chambre temporaire de Saint-Girons, qu'il accuse d'avoir envoyé au Mémorial un article contre lui. Il a écrit le 14 mai, au procureur-général à Toulouse, une lettre où il détaille tous ses griefs contre M. de Vaillac. Le Mémorial a l'air de dire que cette querelle a été suscitée par les libéraux, qui veulent absolument faire du bruit, et qu'Arpajou n'étoit pas en état tout seul de supporter les frais des poursuites.

- Le duc régnant d'Oldembourg est mort subitement aux eaux de Wiesbaden.

M. le marquis de la Bourdonnaye, maréchal-de-camp, père de M. le général comte Arthur de la Bourdonnaye, député, vient de mourir à l'àge de 77 ans, après avoir reçu les secours de la religion.

M. le baron Mollerus, secrétaire d'Etat, président du conseil des ministres, et vice-président du conseil d'Etat au royaume des Pays-Bas, a donné sa démission. Ces fonctions seront exercées par le prince d'Orange, lorsque le roi ne présidera pas lui-même.

Le 13 mai, Missolonghi tenoit encore, mais la garnison traitoit avec les Grecs, et on s'attendoit à sa reddition prochaine. Les Grecs faisoient le blocus de Prévesa, mais un officier anglais avoit signifié à l'amiral grec que le gouvernement britannique ne reconnoîtroit pas ce blocus.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 27, M. le comte Mollien a fait le rapport du projet de loi relatif à la refonte des anciennes monnoies.

La chambre s'est ensuite occupée du projet de loi relatif au service des postes. Ce projet a été adopté à la majorité de 67 contre 59, après une discussion dans laquelle ont été entendus MM. le comte de Touqueville, le marquis de Castellane, rapporteur; le ministre des finances et le directeurgénéral des postes.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 26, deux commissions ont été nommées pour le projet de code pénal militaire et le projet de loi sur les douanes. La chambre s'est ensuite formée en comité secret.

On assure que, malgré l'observation faite d'abord par M. le président et la résolution prise la veille, M. Mauguin a lu un discours dans lequel il a soutenu que sa proposition sur le mode de mise en accusation des ministres devoit être considérée comme réglementaire et discutée en séance publique, et qu'il a long-temps argumenté sur la nécessité d'avoir des mesures qui ne rendissent plus illusoire la responsabilité ministérielle. Les excursions de l'orateur ont, dit-on, excité un commencement d'agitation dans la chambre.

Il paroît que MM. Girod (de l'Ain) et Agier sont ensuite montés à la tribune, pour réfuter quelques reproches faits par M. Mauguin à la commission chargée, dans le temps, de la proposition de M. Labbey de Pompières sur l'accusation du précédent ministère. M. Agier auroit même montré que la chambre ne devoit pas donner de suite à une proposition qu'on s'obsti noit à présenter sous une forme réglementaire, malgré la décision de la chambre.

La question préalable auroit été alors réclamée par un grand nombre de membres, et M. B. Constant auroit aussitôt demandé la parole pour la combattre. Il a, dit-on, cherché à prouver que la chambre étoit naturellement investie du droit d'enquête, d'après l'art. 56 de la Charte, et qu'elle pouvoit bien régler le mode de la procédure en question, comme l'a fait, dans le temps, la chambre des pairs. Enfin, il auroit terminé en disant que situation des députés, vis-à-vis de leurs commettans, seroit déplorable, si cette session se passoit encore sans que la chambre obtînt cette arme importante qui lui appartient.

la

On dit que M. le président ayant averti de nouveau M. Mauguin que sa proposition ne pouvoit être considérée que comme législative, il a declaré que, si on ne la mettoit pas aux voix comme réglementaire, il la retiroit; mais que de nombreuses réclamations de la droite s'étant élevées contre ce retrait, il n'a pu avoir lieu d'après l'article 48 du réglement, et attendu que d'ailleurs le développement de la proposition avoit été imprimé et distribué. Une vive agitation se seroit alors manifestée dans la salle; la gauche, voyant ce qui alloit arriver, auroit demandé elle-même la question préalable. MM. B. Constant, Duvergier de Hauranne, Mauguin et Girod (de l'Ain) auroient en vain parlé au milieu du désordre pour le retrait; enfin, la clôture auroit été prononcée. On ajoute que la question préalable a été mise aux voix et adoptée à la presque unanimité, dans le plus grand désordre, et à la suite de nombreuses exclamations.

Ainsi se seroit évanouie cette fameuse proposition.

Le 27, M. Pavée de Vandœuvre fait le rapport du projet de loi sur les boissons. La commission ayant reconnu que si cette loi allégeoit d'un côté quelques-uns des droits qui les frappent, elle étoit loin de porter remède à l'état de détresse où se trouvent réduits les pays vignobles et le commerce des vins, conclut à son rejet, en émettant des voeux sur la nécessite d'un nouveau système d'impôts indirects.

Malgré quelques réclamations, la discussion du projet est renvoyée, à une grande majorité, après les deux parties du budget.

M. Daunou, au nom d'une autre commission, propose l'adoption des projets de loi relatifs aux ports de Courceulles et de Grandville et au canal d'Aire à la Bassée.

M. B. Constant développe sa proposition réglementaire, portant que le président, avant de fermer une discussion, consulteroit la chambre pour savoir si elle est suffisamment instruite; mais que la chambre ne pourroit jamais être consultée ainsi sans qu'il y ait eu discussion.

M. Agier combat cette proposition comme gênant les délibérations de la chambre. C'est à tort, dit-il, qu'on la fait par suite de ce qui est arrivé lors de la pétition du colonel Simon Lorière; car la chambre étoit assez éclairée sur cette matière par la longue discussion de celle du capitaine Lafontaine, qui avoit eu lieu la veille. L'orateur rappelle que les tribunaux eux-mêmes agissent ainsi. M. de Tracy réfute ces observations, et insiste en faveur de la proposition.

La prise en considération, mise aux voix, est rejetée après deux épreuves douteuses, par une mejorité formée des deux parties de là droite et de quelques membres du centre gauche.

Il reste en délibération quatre projets de loi, autorisant les villes de Bordeaux, de Lorient et de Paris, et le département de la Gironde, à s'imposer

extraordinairement pour des besoins locaux. Les deux premiers passent sans difficulté. A l'occasion du troisième, qui a pour objet la restauration générale des prisons de la capitale, M. Salverte prétend que les contribuables de la Seine ont déjà des charges accablantes. Il se récrie contre les 20,000 fr. d'indemnité que l'on donnoit à M. l'archevêque de Paris pour une maison à Conflans; enfin, contre le million destiné annuellement aux constructions et rép⚫rations d'églises. M. de Chabrol, préfet de la Seine, représente que cette indemnité de 20,000 fr. s'alloue depuis plus de vingt ans; que si le conseil-général se propose de donner une somme pour Conflans, c'est que cette maison sert d'asile à des prêtres et de petit séminaire; que d'ailleurs cette allocation n'est point encore autorisée par le gouvernement; et qu'enfin on ne doit point oublier quels sont les besoins des églises à Paris, après les ravages irréparables de la révolution.

Ce projet de loi, ainsi que le quatrième, sont ensuite adoptés.

Des ministres protestans de France viennent de protester publiquement contre les mesures prises dans le canton de Vaud à l'égard des momiers; nous avons parlé plusieurs fois de ces mesures, qui ne donnent pas une idée très-favorable de la tolérance pratique des protestans, et nous avons cité n° 1175 une réclamation de protestans anglais en faveur des momiers. Nous croyons devoir donner aussi la réclamation de 24 pasteurs protestans de France, qui prouve que le canton de Vaud persiste dans son système de rigueur contre les protestans dissidens :

« Nous soussignés, pasteurs de plusieurs églises protestantes de France et ministres du saint Evangile, réunis à Paris à l'occasion des assemblées annuelles de nos sociétés religieuses, ayant appris que la loi rendue par le grand conseil du canton de Vaud, le 20 mai 1824, continue d'être en vigueur;

>> Considérant que cette loi prononce contre les chrétiens qu'un arrêté du conseil d'Etat du canton de Vaud, du 15 janvier de la même année, désigne sous le nom de momiers des peines diverses, telles que l'amende, la confination dans une commune, le bannissement et la prison, s'ils s'assemblent pour exercer le culte selon leur conscience, ou s'ils cherchent à propager les doctrines qu'ils professent;

» Instruits que, tout récemment encore, la peine d'un an de bannissement a été prononcée contre un membre de l'église dissidente, pour avoir présidé à Payerne une réunion de prières en faveur des missions évangéliques parmi les païens, et que l'autorité vient de faire fermer à Lausanne les lieux de réunion des chrétiens dissidens;

>> Sans entendre approuver ni désapprouver en aucune manière les doctrines professées par ces chrétiens;

>> Dans l'unique intérêt de la liberté religieuse, et convaincus comme chrétiens et comme ministres de Jésus-Christ que la liberté de conscience et de culte est un droit qui appartient à tous, et auquel aucune loi humaine ne sauroit porter atteinte;

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