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propre à attirer les bénédictions de Dieu sur son règne. On n'a jamais doute que les droits d'un roi ne fussent antérieurs

à son sacre.

Dans le chapitre 13, l'auteur explique avec étendue l'origine et les progrès de la puissance temporelle des évêques. Les empereurs chrétiens eux-mêmes donnèrent aux évêques des attributions civiles. Plus tard, les évêques furent souvent médiateurs entre le peuple conquis et les conquérans. La foiblesse de l'empire, l'abandon des peuples, l'absence d'autorité, engageoient les évêques à se mettre à la tête des villes où ils résidoient. Les vertus d'un grand nombre de membres du clergé augmentoient naturellement leur influence :

« On ne connoît pas l'histoire du moyen age, quand on n'a pas lu les vies de tant de saints personnages qui furent, dans ces temps de désordre, de véritables anges de paix : c'est par eux que l'humanité et la religion étoient dédommagées et consolées.... Que s'il y a eu un petit nombre d'excès, il est juste de ne pas méconnoître d'innombrables bienfaits. L'Europe sauvée de la barbarie à une époque où elle n'avoit pas même le choix de ses maîtres; la religion adoucissant des nations féroces; les idées de propriété, l'amour de l'ordre prévalant enfin sur l'attrait du pillage; des asiles s'élevant de toutes parts en faveur de l'humanité souffrante; les lettres et les sciences sauvées, l'administration et les jugemens prenant des formes plus régulières, une foule d'institutions charitables fondées, des écoles établies, le trône affermi par le respect que la légitimité inspire à des nations chrétiennes; enfin, des monumens sans nombre qui ne coûtoient aucun sacrifice à l'Etat ; tant de services ne peuvent-ils pas faire excuser quelques fautes ou quelques abus? »

(La suite à un numéro prochain.)

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Nous apprenons à l'instant la perte douloureuse que vient de faire le diocèse de Dijon. Un prélat cher à tout son clergé vient de succomber à une maladie qui ne paroissoit pas cependant devoir se terminer si tristement. M. Jean-François Martin de Boisville, évêque de Dijon, est moit le 27 mai, à minuit et demi; il étoit né à Rouen le 12 janvier 1755, et avoit été sacré à Paris le 11 août 1822.

Son installation eut lieu dans sa cathédrale le dimanche 8 septembre suivant. Le prélat avoit été nommé précédemment à l'évêché de Blois, qu'il n'a point administré à raison des circonstances qui s'opposèrent à l'exécution du concordat de 1817. Il laisse de profonds regrets dans un diocèse où sa sagesse, ses manières ouvertes et aimables, sa piété et son application à ses devoirs lui avoient concilié l'attachement, la confiance et le respect de toutes les classes. Malade depuis long-temps, il a supporté ses infirmités avec une patience qui a édifié tout ce qui l'approchoit. Nous reviendrons sur une perte si sensible à tout un diocèse, et nous espérons que la inème personne qui s'est empressée de nous annoncer cette triste nouvelle voudra bien nous mettre en état de payer notre tribut à la mémoire d'un si digne évêque.

- Le mardi 26, M. l'archevêque a présidé la réunion pour l'œuvre des petits séminaires. Cette réunion s'est tenue dans la chapelle St-Hyacinthe, attenante à l'église de l'Assomption. M. l'abbé Lacordère, aumônier du collège de Henri IV, a fait le discours, où il a parlé principalement des bienfaits du sacerdoce, et de ce ministère de paix et de charité auquel la société ne doit pas moins que la religion. On a fait le rapport sur l'état de l'œuvre, qui, malgré quelque diminution dans le résultat des recettes, se soutient encore au milieu de la dificulté des circonstances. M. l'archevêque, en louant le zèle des dames, les a encouragées, en leur rendant un témoignage favorable de l'état de son petit séminaire, des progrès des élèves, et de leurs heureuses dispositions pour l'état ecclésiastique.

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La retraite annuelle des hommes a commencé, suivant l'usage, à Notre-Dame, le lendemain de l'Ascension. Il y aura un exercice chaque soir à 6 heures et demie. M. l'abbé Desplaces prononcera un discours; cet ecclésiastique est le même qui prêcha avec beaucoup de succès à St-Sulpice, il y a quelques années.

-Les 1, 2 et 3 juin, les religieuses Annonciades de StDenis célébreront une solennité pour la béatification de Victoire Fornari - Strata, fondatrice de leur ordre. Nous avons vu, no 1484, que cette béatification avoit été prononcée par Léon XII le 21 septembre 1828, et célébrée à St-Pierre avec beaucoup de pompe. Les religieuses Annon

ciades de St-Denis auront, à cette occasion, trois jours de fête; la messe sera dite le premier jour par M. l'archevêque de Paris, le second jour par M. le nonce, et le 3 jour par M. l'archevêque de Bourges. Chaque jour, il y aura un discours; le lundi par M. l'abbé Jalabert, grand-vicaire du diocèse, le mardi par M. l'abbé Lacoste, vicaire de l'Abbayeaux-Bois, et le mercredi par M. l'abbé Olivier, curé de StEtienne-du-Mont. Le couvent des Annonciades de St-Denis est la seule maison de cet ordre qui existe aujourd'hui en France.

-On a publié récemment l'analyse des votes des conseilsgénéraux en 1828; nous pourrons, comme nous l'avons déjà fait quelquefois, donner un extrait de ces votes pour ce qui regarde la religion, le clergé et les établissemens de charité. Quoique cette espèce de votes nous ait paru, au premier coup-d'œil, moins nombreuse et moins remarquable peutêtre que les années précédentes, nous voyons cependant que plusieurs conseils-généraux ont lutté avec honneur contre la direction nouvelle que l'on cherche à donner à l'opinion. Les conseils-généraux de l'Aveyron, des Bouches-du-Rhône, d'Ille-et-Vilaine, de la Somme, sont au nombre de ceux qui se sont distingués par la sagesse et le courage de leurs délibérations. Aussi ont-ils été insultés dans le Constitu tionnel; ce journal les accuse d'être en révolte ouverte contre l'opinion publique; il auroit dû dire, contre son opinion à lui, et contre celle qu'il veut faire prévaloir. Il s'indigne que quelques-uns de ces conseils aient osé exprimer quelques regrets des ordonnances du mois de juin; effectivement, cela est bien audacieux et bien revoltant aux yeux de journalistes qui sont si modérés dans leur langage et si respectueux pour l'autorité. Jamais, on le sait, ils ne se permettent de censurer ses actes, jamais ils n'injurient ses agens, et ils ont bien acquis le droit de redresser ceux qui s'oublient à cet égard. Ils reprochent aux conseils-généraux de ne s'occuper que des besoins du haut clergé, et de ne pas allouer un centíme aux vieux prêtres et aux vieilles religieuses; ils citent en preuve les votes des Ardennes, d'Eureet-Loir, de la Charente, de l'Allier, de la Marne, de la Meuse, etc. Il nous seroit aisé de justifier les votes des conseils-généraux de ces départemens, et nous l'essaierons peut-être un jour. En attendant, nous ferons mention d'une.

réclamation de M. le comte de Pinieux, député d'Eure-etLoir, et membre du conseil-général de ce département, contre ce même article du Constitutionnel. Il étoit dit, dans cet article, que le conseil-général d'Eure-et-Loir avoit voté 73,450 fr. pour indemnité au clergé, et 33,476 fr. pour les routes, et on vouloit apparemment faire ressortir le ridicule de cette prodigalité pour le haut clergé, et de cette parcimonie pour l'entretien des routes; mais M. de Pinieux, dans une lettre du 19 mai, fait voir l'inexactitude de cet exposé. Sur 74,000 fr. votés pour le clergé, dit ce député, 60,000 sont alloués aux desservans, et viennent à la décharge des communes, qui, dès-lors, n'ont aucun supplément de traitement à leur accorder; cette mesure, particulière au département d'Eure-et-Loir, n'est pas, comme on le voit, dans l'intérêt du haut clergé, mais bien dans celui des petits contribuables. De plus, le montant des allocations pour les routes n'est pas de 33,476 fr., mais réellement de 126,500 fr., sans y comprendre 12,000 fr. consacrés aux ateliers de charité, et qui ont encore la même destination. Malgré cette reclamation, le journaliste persiste dans son dire; il est probable, en effet, qu'il connoît bien mieux ce qui a été voté par le conseil-général d'Eure-etLoir qu'un membre mème de ce conseil. Le préfet d'Eureet-Loir a confirmé les assertions de M. de Pinieux. Mais voici venir M. Isambert, qui se plaint que, sur les 74,000 fr. cités plus haut, il y ait un supplément de 5000 fr. pour M. l'évêque de Chartres, et 9000 fr. pour le séminaire. M. Isambert trouve très-mauvais que les protestans soient tenus de payer pour les supplémens aux desservans; c'est un excès de pouvoir qui le révolte. Mais est-ce que les catholiques ne paient pas aussi des impôts qui servent ensuite à donner un traitement aux ministres protestans? N'y a-t-il pas ici réciprocité? Enfin M. Isambert a découvert que M. l'évêque de Chartres loue un petit local attenant à l'évêché, et pour remédier à cet abus intolérable, il propose que l'Etat s'empare du local. On voit que M. Isambert est expéditif dans sa bienveillance pour le clergé; don Quichotte ne faisoit pas avec plus d'ardeur la guerre à tous les abus. -Depuis quelque temps, le nombre des églises catholiques s'est multiplié dans le nord des Etats-Unis. Le zèle des fidèles s'est éveillé, et on a senti la nécessité de bâtir des

édifices consacrés uniquement aux pratiques et aux instructions religieuses. A Utica, ville de l'Etat de New-Yorck, une église de 60 pieds sur 45 a été construite en 1819, par les efforts du petit nombre de catholiques qui y résident, et à l'aide des dons des protestans mêmes. Cette congrégation a augmenté depuis ; il y a un prêtre résidant, M. Berry, et une école pour les enfans. Il y a maintenant dans l'Etat de New-Yorck 12 églises, et d'autres sont sur le point d'être construites. M. Dubois, évêque de New-Yorck, est parvenu à se procurer des ecclésiastiques capables pour diriger les congrégations. En 1828, une nouvelle chapelle catholique a été ouverte dans le village de Dover, Etat de New-Hampshire; cette église, qui a 50 pieds sur 3o, est due au zèle d'un assez petit nombre de catholiques répandus dans les environs, et qui sont, pour la plupart, d'honnêtes et pauvres Irlandais. Ils ont été aidés par les soins efficaces d'un vertueux ecclésiastique, M. Ffrench, par les catholiques de Boston et par des protestans de Dover; mais cette chapelle auroit encore besoin de travaux intérieurs, et on sollicite à ce sujet les dons de la charité. Dans l'état de Rhode-Island, M. David Wilkinson, de Pawtucket, a donné un lot de terre de 125 pieds carrés pour y bâtir une église catholique ; on espère que quelques hommes riches de la ville de Providence encourageront l'entreprise. Le 3 octobre 1828, M. Benoît Fenwick, évêque de Boston, posa la première pierre d'une église à Charles-Town, dans l'Etat de Massachu sett. Cette nouvelle église est d'autant plus nécessaire, que les catholiques étoient jusqu'ici fort resserrés dans leur église de la rue de Franklin. Cette église est la sixième qui se soit élevée par les soins de M. Fenwick, depuis qu'il conduit ce diocèse; elle sera fort utile pour les catholiques assez nombreux de Cragie's-Point et de Charles-Town. M. l'évèque n'a borné son zèle aux environs de Boston, pas visité ce qui reste des tribus indiennes à Penobscott et à Passamaquoddy; il a amélioré leurs écoles, et a obtenu d'eux quelques changemens dans leurs vêtemens et leur manière de vivre. Il paroît que, dans la Nouvelle-Angleterre, on fait de grands efforts pour élever des églises nouvelles ; en 1827, on en a construit une à Eastport, une à Orona sur la rivière Penobscot, une à Portland, dans l'Etat du Maine. Une autre a été achetée à Newport, dans l'Etat de Rlrode

il a

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