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alors c'est au ministère public à intervenir; et s'il ne poursuit pas, les cours royales peuvent réclamer les poursuites; mais la chambre, ni le garde-des-sceaux n'ont pas le droit de leur en intimer l'ordre.

La discussion est ensuite fermée. L'amendement, mis aux voix, est rejeté par une majorité formée des deux sections de la droite et d'une partie du centre gauche. bag tá

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On procède au scrutin sur l'ensemble de la loi, et elle passe à la majorité de 223 contre 73.

Nous sommes forcé de renvoyer au numéro prochain la séance du 21.

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Le Combut spirituel, par le Père Scupoli; traduit par le Père Brignon (1).

On a beaucoup disputé sur le véritable auteur du Combat spirituel; mais l'opinion la plus vraisemblable, et généralement reçue aujourd'hui, est que ce livre est dû à un religieux Théatin, Laurent Scupoli, mort à Naples le 28 novembre 1610. On en a fait un grand nombre de traductions, entre autres en latin et en français. Celle du Père Brignon a été fort souvent réimprimée depuis 1688.

Ce seroit une peine superflue que de recommander un livre qui occupe un rang distingué parmi nos livres de piété, un livre dont saint Francois de Sales faisoit le plus grand cas, et qui est regardé généralement comme offrant les conseils les plus sages sur la manière de vaincre ses passions et d'acquérir les vertus chrétiennes.

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On a joint à la fin le traité de la Paix de l'ame, et celui de l'Ame péntente. Le premier est encore du Père Scupoli. Le second est sur le modèle du Pensez-y bien."

Nous annoncerons par la même occasion deux petits volumes publiés par les mêmes libraires, et qui font partie d'une collection portative de livres de piété. L'un est l'Office de la sainte Vierge (2) en latin et en français; l'autre est une Instruction sur le chemin de la croix, avec les pratiques de cette dévotion (3). Ce dernier volume est accompagné de gravures' sur les stations; il offre des méditations, des prières, un tableau des indulgences, le tout relatif au même sujet. Voyez no 1372.

› Ces livres sont bien exécutés, et la commodité du format leur donnera peut-être un nouveau prix.

In-12, avec quatre grav., prix, 2 fr. 25 cent. et 3 fr. franc de port.
Prix, 45 cent.; papier fin, 60 cent.

(3) Prix, 70 cent.; papier fin, go cent.

Ces ouvrages se trouvent à Lyon, chez Périsse, et à Paris, place SaintAndré-des-Arts, et au bureau de ce journal.

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MERCRED! 27 MAI 1829.

(No 1544

Mémoires d'une femme de qualité sur Louis XV sa cour et son règne. (1er et 2o vol.)

Voici encore un de ces mérites précieux devant la révolution, qui viennent s'offrir d'eux-mêmes au siècle des lumières, pour l'honorer et le servir. Tout est bon, sans doute, aux yeux des recruteurs de la faction libérale, et les moindres corruptions ne leur paroissent pas à dédaigner. Mais une comtesse, mais une femme de qualité, qui abjure toutes les convenances que lui imposoient son nom, son rang, son sexe, et les bienfaits d'un auguste personnage, qui abjure tout cela, dis-je, pour apporter à ses ennemis naturels une grosse provision de scandale et de mauvais principes; voilà qui est digne d'être compté en première ligne parmi toutes les autres preuves du délire de notre temps. Nos lecteurs, du reste, sauront bien juger euxmèmes du prix que la révolution doit attacher à de pareilles conquêtes.

Dans une lettre qui tient lieu de préface, madame la comtesse Du..... (*) commence par tancer vigoureusement son éditeur, parce qu'il s'est permis de retrancher ou d'adoucir

(*) Depuis que cet article est rédigé, il a paru dans tous les journaux la lettre suivante :

«L'ouvrage intitulé: Memoires d'une femme de qualité, dont la préface est signée des lettres initiales: O. comtesse du....., m'ayant été attribué par plusieurs personnes dont je n'ai pas l'honneur d'être connue, je déclare y être complètement étrangère.

T. comtesse DU CAYLA. »

Ce désaveu, qui ôte toute autorité aux Mémoires d'une femme de qualité, ne leur ôte pas néanmoins ce qu'ils ont d'insultant pour une foule de personnes, et de dangereux pour l'histoire, et c'est ce qui nous a engagé à laisser subsister notre article. Il est bon de protester publiquement contre un livre qui, mêlant souvent le vrai et le faux, le vraisemblable et l'absurde, pourroit tromper également les contemporains et la postérité.

Tome LX. L'Ami de la Religion et du Roi.

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des scandales que son dessein, à elle, étoit d'exposer au grand jour dans toute leur nudité. Après en avoir demandé pardon au public, elle promet de veiller à ce que cet abus ne se renouvelle pas dans les livraisons suivantes, et elle entend que ses lecteurs soient dédommagés convenablement du tort qu'on leur a fait contre son gre; cependant il faudroit qu'ils fussent bien difficiles pour avoir lieu de se plaindre.

La femme de qualité est née, pour ainsi dire, dans l'émigration; elle n'avoit que trois ou quatre ans quand la révolution la chassa de France avec sa famille, par conséquent, elle a grandi au milieu des scènes les plus touchantes, au milieu d'un tableau d'afflictions et de souffrances imméritées. Elle a vu le courage, la vertu et la fidélité aux prises avec les plus grandes infortunes; elle a vu tout ce qui peut exalter les esprits nobles, et ouvrir l'ame aux impressions généreuses. D'après cela, vous imaginez tout naturellement qu'elle a rapporté de l'exil quelque sentiment de compassion, ou de l'estime du moins pour les glorieuses victimes dont elle a partagé les misères : vous vous trompez; elle n'est revenue en France que pour se moquer de leurs vieilles idées, que pour les signaler comme des sots qui n'ont pas su entrer dans l'esprit du grand siècle; elle va même jusqu'à plaisanter sur les châteaux brûlés au commencement de la révolution, et par trouver tout cela conforme aux progrès des lumières. En un mot, elle parle de l'émigration sur le mème ton que M. l'abbé de Pradt; comme lui, elle ne voit là qu'une vieille génération qui tombe en radotant, et qui ne veut rien comprendre au beau idéal de l'heureux temps où nous vivons.

Au moins, direz-vous, madame la comtesse Du..... rend probablement plus de justice à ce digne clergé de France, qui fut jeté, comme elle, sur la terre d'exil par la tempête révolutionnaire. Sans doute, elle aura partagé l'admiration des étrangers pour des prélats illustres, pour de vénérables vieillards, pour tant de prêtres fidèles, dont la patience, les vertus et la piété ont laisse des souvenirs si glorieux chez les peuples qui les ont recueillis. Vous vous trompez encore; ils ont édifié tout le monde, excepté elle. Les pays protestans eux-mêmes les ont admirés, secourus, consolés : quant à elle, non-seulement elle a perdu la mémoire de tant de résignation et de mérites sanctifiés par la souffrance, mais

en toute occasion, elle éprouve un certain plaisir à leur lancer quelque trait de sa malveillance; non qu'elle trouve aucun reproche à leur faire, mais parce qu'elle éprouve à leur égard quelque chose d'antipathique qu'elle ne sait pas définir, ni moi non plus. Toujours est-il qu'elle ne les aime point, qu'elle les croit ambitieux, avides de pouvoir et de portefeuilles ministériels, et décidément contraires à la

marche du siècle.

Dire que les Jésuites ne trouvent pas non plus leur compte avec elle, c'est bien la moindre chose qu'on puisse supposer. Oui, certainement, ils lui sont fort suspects, et elle les voit d'un bien mauvais œil; si vous en doutez, lisez ce qu'elle rapporte d'un certain complot qu'ils éventèrent en 1815, et que l'un d'eux découvrit à Louis XVIII, par une lettre de bon et loyal sujet. Le Roi y fit grande attention, et donna secrètement des ordres pour que le fait fût éclairci; il le fut, et se trouva vrai de point en point. Mais madame la comtesse Du....., tout en convenant de l'importance et de la realité du service rendu par les Jésuites, a grand soin d'observer qu'ils n'en sont pas plus aimables, et qu'ils n'avoient probablement en vue que de se faire un mérite de ce trait de fidélité. Voyez donc la scélératesse des révérends Pères; vouloir se faire un mérite plutôt qu'un crime d'une chose comme celle-là! Vraiment, il faut être bien pervers!

Ainsi, ui émigrés, ni prêtres déportés, ni Jésuites, s'il vous plaît, pour la femme de qualité; elle n'en veut à aucun prix. Mais parlez-lui d'abbés philosophes, de prélats qui aient abandonné leur état, de prêtres assermentés ou non,

qui aient profité du siècle des lumières pour se mettre à

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l'aise voilà ses hommes; c'est avec eux qu'elle a des rapports et qu'elle dîne avec plaisir. Elle les connoît tous, et tous lui paroissent des gens de mérite. Je me trompe; il en est un qui lui déplaît par exception : c'est M. l'abbé de Pradt; celui-là, elle ne l'aime guère plus que les bons pretres, et voici pourquoi : Il a, dit-elle, la sotte prétention d'avoir replacé les Bourbons, à lui tout seul, sur le trône de leurs ancêtres; tandis que c'est elle, comtesse Du..... qui prétend les avoir ramenés en France. Or, voilà une contestation dont nous n'avons point à nous mêler, et que d'ailleurs M. l'abbé de Pradt n'est pas homme à laisser tomber dans le domaine public. Certainement, il nous fera

savoir, par le Courrier français, ce que nous devons en penser; mais en attendant, retenons toujours bien que ce n'est pas comme bon prêtre qu'il a le malheur de déplaire souverainement à la femme de qualité.

Que si, à présent, on nous demande notre opinion sur les Mémoires de madame la comtesse Du....., nous dirons, sans hésiter, qu'ils sont du nombre de ceux qui contribueront le plus à fausser et à pervertir l'histoire de notre temps. Tout se réunit, en effet, pour leur donner une sorte de crédit et d'importance. Dans cinquante ans d'ici, on n'ira pas examiner si c'est un auteur qui aura consenti à s'afficher et à se barbouiller de scandale pour se consoler de quelque chagrin de cour; on se contentera de dire : Voilà une femine de bonne maison, une comtesse, une grande dame, qui, en telle et telle année, entroit aussi facilement aux Tuileries que dans son salon; elle causoit familièrement avec un rọi, elle connoissoit tout le personnel de sa cour, elle voyoit et entendoit à peu près tout ce qui s'y passoit. Ecoutons-la donc.

Pour nous, qui sommes en méfiance contre ses Mémoires, nous nous garderons bien d'y chercher ce que d'autres croiront peut-être y trouver plus tard. Nous l'avouerons avec franchise, si nous osions mettre quelque foi dans son témoignage, nous serions presque tenté de regretter aujourd'hui le peu d'attention que nous fimes, dans le temps, à ce paysan, nommé Martin, qui vint apporter à Louis XVIII des révélations dont le public s'occupa, et qui parurent singulières. La femme de qualité raconte en détail une conversation que le paysan de Gallardon eut avec le Roi; nous copions son récit, sans nous en rendre garans (*) :

« Martin Méfiez-vous de ceux qui vous servent; la paix intérieure ne sera rendue à la France qu'en 1840. Jusque-là, les conspirations mineront le trône. Une main aiguise un poignard.

>>> Le Roi tressaillit, et moi-même, dit l'auteur des Mémoires, je tremblai à ce mot, qui sembloit une menace contre le sein du Roi.

>> Une main aiguise un poignard, continue Martin. Hátez-vous de mul

(*) Pour expliquer ce qui suit, on prétend que la comtesse Du..... avoit coutume de se retirer dans un cabinet voisin du fauteuil du Roi, dans toutes les occasions où il ne convenoit pas qu'elle parût présente aux audiences que S. M. pouvoit donner en particulier.

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