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Telle est l'analyse de cette conférence, qui a été remarquable par la clarté, la précision et la solidité de la discussion, et qui nous a paru mériter d'autant plus d'attention de notre part, qu'elle répond aux attaques du moment, et à des attaques que nous n'avions pas eu occasion de caractériser dans ce journal.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Les cardinaux commencent à quitter cette capitale pour retourner à leur résidence accoutumée. Le 27 avril, M. le cardinal Ruffo-Scilla, archevêque de Naples, est parti pour cette ville; M. le cardinal Testaferrata, pour Sinigaglia, dont il est évêque, et M. le cardinal de La Fare, , pour France.

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M. le comte Shrewsbury, pair catholique anglais, est parti pour retourner dans sa patrie, et prendre séance dans la chambre des lords, suivant le nouveau bill.

PARIS. Le vendredi 8, le Roi s'est rendu de Saint-Cloud au Calvaire pour prendre part aux prières qui se sont faites pendant la neuvaine. S. M. étoit accompagnée de M. le Dauphin et de Mme la Dauphine. Elle est arrivée par la nouvelle route, et a été reçue par M. l'évêque de Nanci et par M. l'abbé Rauzan, supérieur des missionnaires. Après avoir entendu la messe dans la chapelle intérieure, le Roi a suivi les stations, à chacune desquelles M. l'évêque de Nanci portoit la parole. A la dernière station, au pied de la grande croix, le prélat a invité les fidèles à appeler les bénédictions du ciel sur le prince; c'est prier pour la France entière, a-t-il dit, que de prier pour un Roi qui ne veut que son bonheur. Le Roi s'est entretenu avec M. l'évêque et avec M. Rauzan, a examiné les travaux de la nouvelle route, et est descendu à pied jusqu'à Surêne. Mme la Dauphine étoit allée faire les stations dès le commencement de la neuvaine.

MM. les évêques nommés à Autun, au Mans et à Fréjus, sont arrivés à Paris pour faire les informations d'usage. On dit que M. l'évêque nommé de Nevers, qui avoit refusé,

paroît disposé à céder à de nouvelles instances qui lui ont été faites. On doit le désirer dans l'intérêt du diocèse de Nevers, qui souffriroit d'une longue vacance, et qui s'étoit félicité du choix d'un ecclésiastique aussi recommandable que M. l'abbé d'Auzers.

-La paroisse de Francastel, arrondissement de Clermont (Oise), paroisse composée d'environ 1500 habitans, étoit depuis assez long-temps privée de curé, et le dernier qu'elle avoit eu avoit été forcé de se retirer, faute de trouver un logement. Cet état de choses affligeoit un noble personnage qui a des propriétés dans cette paroisse, et qui honore un grand nom par une piété vraie. Pour déterminer les habitans à faire l'acquisition d'un presbytère, il offrit d'entrer pour moitié dans la dépense. Les choses n'étoient pas encore terminées à cet égard, lorsque M. l'évêque nomma à la cure de Francastel M. l'abbé Macéon, ecclésiastique irlandais, précédemment attaché à la paroisse de Ste-Valère à Paris. Le nouveau curé fut installé le 4 février dernier, et reçu par les habitans avec de grandes demonstrations de joie. On crut l'occasion favorable pour donner à cette paroisse une retraite qui pourroit exciter un heureux mouvement dans les esprits. Cette retraite commença le dimanche de la Passion, et dura jusqu'au lundi saint. Chaque jour, M. l'abbé Leclerc, chanoine de Beauvais, faisoit une instruction après la messe; cette instruction étoit précédée de la prière, et beaucoup de fidèles se trouvoient à ce premier exercice. Le soir, à 7 heures, une seconde instruction étoit précédée de la prière, et suivie de la bénédiction du saint ciboire. L'église étoit toujours remplie, malgré le mauvais temps et l'éloignement d'une partie des habitans. Le dimanche des Rameaux, le missionnaire prêcha la Passion, au milieu d'une grande affluence. On a vu avec plaisir que beaucoup de gens, qui avoient négligé les pratiques de religion, ont mis à profit ces instructions, et se sont préparés à la Pâque. Le curé et le missionnaire ont entendu les confessions, qui ont continué le reste de la quinzaine. Quant à l'acquisition du presbytère, toutes les mesures sont prises pour que la paroisse en jouisse bientôt. Provisoirement, le curé loge chez un de ses paroissiens, qui a également reçu le missionnaire. Non contens d'avoir voté 3000 fr. pour le presbytère, les habitans ont voulu encore concourir

aux réparations de leur église, et ont donné une somme de 500 fr. pour l'acquisition d'ornemens. Touché de leur zèle, M. le M. de M. a doublé les sommes qu'ils avoient fournies. Le vendredi de la compassion de la sainte Vierge, une messe a été célébrée pour les nobles bienfaiteurs; les habitans y ont assisté, et les autorités sont venues remercier le missionnaire de ses instructions et de ses soins pour la paroisse.

- On nous adresse quelques réflexions sur des désordres arrivés à Aubusson (Creuse) pendant la dernière mission. Des artisans de troubles ont attaqué de nuit la maison qu'occupoient les missionnaires, ont lancé des pierres dans leurs croisées et ont brisé des vitres. Ainsi, ce n'est point assez de calomnier les missionnaires, de tâcher de paralyser leurs efforts, de détourner les fidèles de leurs exercices, de se moquer de ceux qui y assistent; il est bon de prendre au besoin des moyens plus efficaces, et d'effrayer à la fois les missionnaires et le peuple par des voies de fait et des rassemblemens. Les habitans d'Aubusson ont été d'autant plus étonnés de ces violences, qu'il n'y a pas de peuple plus tranquille et plus éloigné de prendre part à des scènes tumultueuses, et d'insulter des prêtres respectables par leur zèle. L'Album de la Creuse, qui se publie à Aubusson, a parlé de ces voies de fait avec une apparente modération, sous laquelle on croit voir quelque perfidie. Il condamne ces violences; ce n'est pas avec des armes semblables, dit-il, qu'il faut combattre ce qu'on croit dangereux au bien de la société, mais avec les armes de la raison, qui, un peu plus tôt ou un peu plus tard, finit toujours par triompher. Il est clair que le rédacteur de l'Album ne fait pas l'honneur aux missionnaires d'approuver leur zèle; il espère apparemment que la raison triomphera de leurs prédications, et qu'on finira par se dégoûter des exercices de piété et des instructions de religion. Ainsi, c'est par le mépris que cet écrivain attaque les missionnaires, et s'il blâme des attaques nocturnes et des vitres cassées, c'est parce qu'il se flatte qu'on arrivera au même but par une autre voie, et que le progrès des lumières mettra fin aux missions. Il ajoute : Nous ne dirons rien des bruits singuliers qui circulent sur les auteurs de ces méfaits; voudroit-on faire de nouveaux prosélytes avec de nouveaux martyrs? Que signifient ces insinuations entoftillées? Vou droit-on persuader que ce sont les missionnaires eux-mêmes

qui ont jeté des pierres dans leurs croisées pour se rendre intéressans? De quelles absurdités l'esprit de parti n'est-il pas capable! Au surplus, la malice, la mauvaise foi et la bêtise sont ici tellement réunies, qu'on est dispensé de répondre à l'Album. Un écrivain qui peut débiter de telles pauvretés est jugé à tout jamais.

-La cour royale de Colmar a rendu, le 14 avril, son arrêt dans l'affaire de la succession de l'abbé Beck, dont nous avons parlé plusieurs fois. Cette affaire, qui duroit depuis longtemps, est terminée, comme on pouvoit le prévoir, tout à l'avantage des héritiers. L'arrêt, qui remplit trois grandes colonnes in-folio en petit caractère, est tout-à-fait dans la couleur qui convient à l'année 1829. On y parle de beaucoup de choses étrangères au procès, des Jésuites de robe courte, d'une lettre de M. Schneider pour demander un bon prédicateur en Alsace, d'une autre lettre annonçant le départ de Maccarthy, du vif désir qu'avoient Schneider et ses amis de voir un établissement de Jésuites en Alsace, des réunions qui se tenoient chez lui, etc. Tout cela est grave sans doute, et de tels délits méritoient bien un châtiment exemplaire. Le testament est déclaré nul, et Schneider, outre ce qui est compris dans l'inventaire, remettra aux héritiers une somme de douze mille francs, à laquelle, par des présomptions habilement combinées, on estime la succession de l'abbé Beck. On saurace qu'il en coûte pour être ami des Jésuites, et pour accepter un testament d'un ami des Jésuites. Cet arrêt pourra faire le pendant de ceux du même genre à peu près, qui furent rendus à Paris et ailleurs en 1760, 1761 et 1762, où il n'y avoit pas la - moindre trace des passions du moment, et dont en conséquence la postérité équitable a gardé un si doux souvenir.

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- M. Rey, évêque de Pignerol, dont nos provinces du midi n'ont point oublié le zèle et les services, et dont les mandemens offrent toujours cette onction pénétrante, cette abondance de pieux sentimens, et ce style plein, ferme et nourri de l'Ecriture, qu'on admiroit autrefois dans ses discours, M. l'évêque de Pignerol a publié successivement deux mandemens dont nous aimerions à entretenir nos lecteurs plus longuement que nous ne pouvons le faire. Dans le premier, qui est sur le carême, le prelat donne, avec cette heureuse fécondité qui lui est propre, des conseils pleins de sagesse à son troupeau. Il se félicite du bien qui

se fait dans son diocèse, et s'afflige des abus et des scandales que sa sollicitude y découvre. Il presse de la manière la plus affectueuse les pécheurs de revenir à Dieu, et sur la fin, il s'adresse, suivant son usage, aux Vaudois. « De temps en temps, dit-il, nous voyons revenir des déserts de l'erreur quelques brebis égarées, et cette consolation n'a jàmais été aussi fréquente que cette année; un certain nombre de nos frères séparés sont venus, sans autre impulsion que celle de la grâce, demander à être reçus dans le bercail de l'Eglise catholique. » Le pieux prélat propose cet exemple aux Vaudois; il leur rappelle les prérogatives de Pierre, la perpétuité de l'Eglise romaine, et la protection de Dieu sur elle dans ces derniers temps. Eux au contraire, d'où leurs pasteurs tirent-ils leur mission? Le second mandement de M. l'évêque de Pignerol est du 9 avril, et est relatif à l'élection du pape. Le prélat applaudit à un si heureux choix, et retrace rapidement les vertus des papes du nom de Pie. Il relève l'autorité du saint Siège en des termes pleins de respect et de dévoûment. Nous regrettons de ne pouvoir transcrire ce passage, qui est fort beau, mais qui est un peu long. Enfin il s'adresse encore aux Vaudois, et prend occasion de la nouvelle élection pour leur donner de salutaires conseils a

«Que vous êtes à plaindre, chers Vaudois, nos malheureux frères séparés, que vous êtes à plaindre de rester étrangers à la joie dont tous les cœurs vraiment chrétiens sont remplis en saluant de leurs acclamations le nouveau vicaire de Jésus-Christ! Eh! oui, nos pauvres enfans, voilà encore un pape à la suite de tant d'autres qui se sont constamment succédes depuis saint Pierre le premier de tous! Voilà un nouvel anneau à cette chaîne vénérable des pontifes par laquelle nous tenons au berceau de l'Eglise, à la personne de saint Pierre, à Jésus-Christ lui-même! Pourriez-vous nous montrer ainsi La succession de vos pasteurs? Vous savez assez que cela est impossible. Et d'où viennent donc ceux qui vous conduisent? A qui succèdent-ils? De qui ont-ils reçu mission; car enfin il est écrit: Comment précheront-ils, s'ils ne sont pas envoyés ? Les apôtres ont été envoyés par JésusChrist, allez et enseignez ; les apôtres en ont envoyé d'autres. Les envoyés de saint Pierre surtout ont converti les Gaules et l'Italie, et tant d'autres contrées qui toutes prouvent par les monumens les plus authentiques cette honorable descendance, et la succession incontestable des pasteurs catholiques qui les ont gouvernés depuis cette première époque.

» Avez-vous rien de semblable dans votre secte? N'y a-t-il pas entre vous et les apôtres une lacune de plus de douze siècles pendant lesquels il n'est question de vous nulle part, et dans aucune histoire? Où étiez-vous donc alors? Et si votre secte a commencé si tard, si votre doctrine est si nouvelle,

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