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(et remarquez cela, dans le même numéro) de deux affaires de vols qui ont eu une issue toute différente. La première affaire étoit pour un vol dans une église, et la seconde un vol chez un particulier; le premier accusé a été acquitté, mais les auteurs du second vol ont été condamnés. Et on trouve cela tout simple! et des gens qui poursuivroient sans pitié des voleurs domestiques, même pour la moindre valeur, veulent qu'on ait de l'indulgence pour les voleurs et les profanateurs dans les églises! Il y a là un fond d'équité et d'impartialité qui fait honneur à l'esprit de notre siècle. On va voir cependant si la première affaire présentoit des circonstances atténuantes qui méritassent l'indulgence. Frédéric Pollet, âgé de 17 ans, fils de la loueuse de chaises de l'église de Gravelines, fut trouvé, le 22 décembre dernier, près du tronc des aumônes; son trouble donna des soupçons, il s'enfuit précipitamment, mais on l'arrêta. Il fut reconnu que le tronc avoit été forcé; l'accusé s'étoit servi pour cela des clefs mêmes de l'église, que sa mère lui avoit confiées pour aller ranger les chaises. Pollet a nié les faits, et déclaré non coupable, il a été mis en liberté. Ce premier succès pourra enhardir cet intéressant jeune homme à tenter de nouveaux essais, et voilà le service que lui rendra à lui et à la société l'indulgence dont on a use envers lui. La seconde affaire étoit bien plus grave; deux femmes étoient accusées d'avoir pris une cuiller d'argent chez un particulier, et ce qui aggravoit le délit, chez un avocat libéral, M. Odilon-Barrot. On ne les a point épargnées, et elles ont été condamnées à deux ans d'emprisonnement. Si ce système continue, les voleurs finiront par comprendre qu'il n'y a de sûreté pour eux qu'en s'occupant à dépouiller les églises, et alors nous verrons un redoublement de vols sacrilèges et de profanations, dont on aura obligation à la philanthropie des jurés, et à leur répugnance pour faire exécuter les lois.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. M. l'abbé de Pradt a choisi le Courrier français pour l'éditeur de ses sermons, et il lui en envoie habituellement trois ou quatre la semaine. Le dernier est consacré à la chambre des pairs : l'auteur s'y montre dans

toute la plénitude de son verbiage, comme si M. Dupin n'y avoit pas déjà passé. Deux griefs principaux l'animent violemment contre la pairie; savoir, l'affaire de la dotation, et la non-résidence des évêques pairs dans leurs diocèses. Il nous semble que l'ancien prélat abuse étrangement de l'avantage qu'il a d'être doté par les Pays-Bas et par la Colombie, pour reprocher aux autres d'être pensionnés par la France. Quant à la non-résidence des évêques pairs, il devroit également montrer plus d'indulgence: il n'étoit, lui, ni pair, ni sénateur sous le gouvernement impérial, et il sait combien sa pauvre petite fonction d'aumônier du dicu Mars lui a servi à se faire dispenser de cette même résidence qu'il impose si sévèrement aux évêques pairs. Qu'il se rappelle seulement combien il étoit malheureux quand son auguste maître l'envoyoit en pénitence à Malines; et que ce souvenir lui apprenne à devenir plus charitable envers ceux que de hauts devoirs retiennent à la chambre des pairs. Mais non, sa rancune n'est point de celles qui se passent; et il nous apprend lui-même qu'elle est fondée sur ce que le banc des évêques est toujours du parti de la cour. Nous y voilà! ce n'est plus la résidence; c'est le maudit banc qui fait tout à l'affaire!

- Vous connoissez indubitablement un bon nombre de gens qui ne savent que dire quand vous leur demandez la cause de leur aversion pour les Jésuites: eh bien, ils n'ont qu'à faire comme l'honorable M. Viennet, et s'en tenir à l'argument qu'il vient de leur fournir dans son Journal de Paris. Depuis qu'il y a des Jésuites, dit-il, dix-neuf papes se sont accordés à les aimer: il ne m'en faut pas davantage pour les hair. Or, voilà qui est bien simple et bien facile à retenir. Ce raisonnement est d'autant meilleur, qu'en le remaniant soi-même avec un peu d'intelligence, on trouvera moyen de lui donner de l'extension. Ainsi, par exemple, il n'y aura rien à changer à la logique de M. Viennet pour dire ensuite: Les Jésuites ont toujours aimé les papes: il ne m'en faut pas davantage pour prendre ces derniers en aversion. Puis, les papes et les Jésuites sont fort épris de la religion catholique : il ne m'en faut pas davantage pour la détester. Voilà où conduiroient la méthode et la logique de M. Viennet.

- Dans la nuit du 3 au 4 décembre dernier, un incendie éclata dans la paroisse de Grivennes, arrondissement de Montdidier. Il y eut 14 habitations brulées; et si le reste du village a été épargné, on le doit au courage du curé, qui monta à plusieurs reprises sur un toît en chaume pour arracher de la paille en feu. La famille royale est venue généreusement au secours des incendiés : le Roi a donné 800 fr., M. le Dauphin 500, Mme la Dauphine 300, MADAME 150, M. le duc d'Orléans 300', et M. le duc de Bourbon 200.

-Par ordonnance du 14 de ce mois, M. Portalis, garde-des-sceaux, est nommé ministre des affaires étrangères; et M. Bourdeau, sous-secrétaire d'Etat au département de la justice, est nommé garde-des-sceaux. Les quatre Chinois sont allés, mardi, à la Bibliothèque royale. Ils étoient accompagnés de deux Lazaristes.

M. le duc d'Avaray est mort le 25 avril dans sa terre d'Avaray, près Beaugency. Claude-Antoine de Béziade, marquis, puis duc d'Avaray, étoit d'une famille originaire du Béarn. Il étoit, avant la révolution, grandbailli d'épée d'Orléans, fut député aux Etats-généraux, et y signa les protestations du côté droit. Pendant la révolution, il se retira en Allemagne, Son fils, le comte d'Avaray, accompagna toujours Louis XVIII dans l'exil,

reçut le titre de duc d'Avaray, et mourut d'une maladie de poitrine à Madère en 1811. En 1814, le Roi, en mémoire des services du fils, nomma le marquis d'Avaray maître de la garde-robe, puis pair de France, puis duc. M. d'Avaray étoit arrivé à un age fort avancé. Il étoit fidèle aux pratiques de la religion, et contribuoit généreusement pour les différentes bonnes œuvres qui se font dans la capitale. Il perdit sa femme il y a quelques années. Il s'étoit rendu à sa terre d'Avaray pour y passer la belle saison, lorsqu'un rhume dégénéré en catarrhe pulmonaire l'a enlevé en peu de jours. a reçu tous les secours de l'Eglise. Sa pairie passe à son second fils, qui a le grade de maréchal de camp.

---M. de Gascq, maître des comptes, est nommé président de la cour des comptes, en remplacement de M. de Guilhermy, décédé. Il a pour successeur M. Bessières, député du Lot.

-Le ministère a communiqué aux différentes cours royales un projet de loi sur les conseillers et juges-auditeurs. La cour royale de París a déjà nommé une commission, qui est composée de MM. Seguier, président; Girod (de l'Ain), Henry, S. de Chanteloup, Jacquinot-Godard et Ferey.

-Le prix proposé par la société royale des bonnes lettres pour 1829, et qui avoit pour objet un discours sur le caractère politique et moral de Louis XIV, a été décerné, mercredi dernier, à M. Anatole Roux-Laborie, agé de 24 ans, qui avoit remporté, en 1827, le prix de concours pour l'éloge du duc d'Enghien.

- Le tribunal correctionnel a prononcé, jeudi dernier, son jugement dans le procès de diffamation intenté à la Quotidienne par le Constitutionnel. M. Laurentie, directeur-gérant de la Quotidienne, a été condamné à 50 fr. d'amende et aux frais du procès pour tous dommages-intérêts.

-Mardi dernier, M. le duc de Bordeaux, accompagné de son gouverneur, est allé visiter, à Sèvres, la manufacture royale de porcelaine.

Dix grosses voitures à six chevaux viennent d'amener, d'Anvers à Paris, la fameuse baleine qui a échoué l'année dernière sur les côtes des Pays-Bas. Le public pourra voir sous peu cet énorme animal, qui a 95 pieds de long et 18 de haut.

Le prix du pain de quatre livres est porté à 21 sous à partir de ce jour. La ville, pour rendre cette cherté insensible aux malheureux, va augmenter encore le nombre des personnes qui reçoivent des cartes de pain à 16 sous; ce nombre s'élève actuellement à plus de 150,000 individus.

-Le Moniteur avoit porté Dieppe et Lille au nombre des villes où quelques désordres s'étoient manifestes pour la cherté des grains. Les maires de ces deux vi'les ont réclamé contre l'inexactitude de cette nouvelle, en annonçant que le meilleur esprit y régnoit, et qu'il n'y avoit jamais eu aucune fermentation populaire; on avoit imprimé Lille au lieu de Sille (Sarthe). M. le maire de Nevers assure qua les troubles qui ont eu lieu dans. cette ville et à la Charité au commencement du mois n'ont point été aussi graves qu'on l'avoit annoncé, et qu'ils n'avoient certainement rien de politique. Il ajoute qu'il est faux que le mouvement ait été simultané et préparé dans ces deux villes, et qu'on y ait remarqué des hommes excitant les éditieux et distribuant de l'argent dans les groupes.

- Le tribunal correctionnel de Chateauroux à jugé, le 7 de ce mois, les

sept individus arrêtés dans les émeutes populaires qui avoient eu lieu dans cette ville à l'occasion de la cherté des grains. Ils ont été déclarés coupables, et le tribunal leur a fait l'application de la loi du 21 prairial an 5, dont l'article 2 est ainsi conçu : « Toute personne convaincue d'avoir porté atteinte à la libre circulation des grains sera condamnée, outre la restitution, à une amende de la moitié de la valeur des grains arrêtés, pour le paiement de laquelle il sera donné caution; faute de quoi la peine de six mois d'emprisonnement sera prononcée. »

Le 3 de ce mois, la statue de Henri IV, donnée à la ville de Nérac par M. le comte de Digeon, et dont le feu Roi avoit composé l'inscription latine, a été inaugurée dans la grande cour du château avec la plus grande pompe, et aux acclamations d'environ vingt mille spectateurs accourus sur

lieux.

- Des troubles ont éclaté à Manchester et dans d'autres villes d'Angleterre, par suite de la misère et du défaut d'ouvrage des ouvriers. Les boutiques de plusieurs boulangers ont été pillées.

-La brigade qui reste en Morée se compose de 5400 hommes. Elle est sous les ordres du général Schneider.

-Les Grecs ont occupé les Thermopyles, et se sont emparé le 27 mars, par capitulation, du chateau connu sous le nom de Lepante. La ville et la citadelle étoient sur le point de se rendre. La Gazette de Florence assure que Prévésa et toute la côte de Missolonghi sont bloqués par les Grecs.

Hussein-Pacha, qui avoit réuni quatre mille hommes d'infanterie et quinze cents cavaliers, a attaqué vigoureusement, le 9 avril, la redoute établie sur la montagne voisine de Sizeboli, et qu'occupoit le major russe Lebedeff avec un seul bataillon. L'affaire a été terrible; le commandant russe, quoique résistant avec un courage et une habileté extraordinaires, étoit sur le point de succomber, lorsque la garnison de Sizeboli vint à son secours les Turcs, assaillis par ces troupes, par le feu de la redoute et par celui des chaloupes canonières, furent entièrement culbutés et perdirent beaucoup de monde.

-Le roi d'Espagne vient d'ordonner la confection d'un nouveau code criminel.

- Par un rescrit du 17 avril, l'empereur Nicolas a déclaré qu'il avoit résolu de se faire couronner roi de Pologne avec son épouse, et que cette cérémonie auroit lieu à Varsovie le 24 mai. Tous les fonctionnaires sont invités à se rendre dans cette capitale pour cette époque.

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Une nouvelle expédition scientifique se prépare en ce moment à Toulon. La corvette la Caroline, qui sera mise à la mer à la fin de ce mois, a été destinée pour un voyage autour du monde. Le commandement en sera confié à M. de Laplace, capitaine de frégate.

-Le général Barradas vient de s'embarquer à la hâte à Cadix pour la Havane. Il est chargé, par le gouvernement espagnol, d'une mission importante qui se rapporte, dit-on, à une expédition prochaine sur les côtes du Yucatan.

- Un traité de commerce et de navigation a été conclu entre l'empereur lu Brésil et le roi des Pays-Bas,

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 12, M. le comte Siméon a été entendu sur l'ensemble du projet de loi relatif à la contrainte par corps.

Les articles 1 et 2 du projet ont été adoptés, après une discussion à laquelle ont pris part MM. les ducs Decazes, de Broglie, le marquis de Lally, les comtes Desèze, de Tournon, de Saint-Roman, de Kergariou, les barons Portal, de Barante, Pasquier, le comte de Bastard, rapporteur, et M. Jacquinot-Pampelune, commissaire du Roi.

Le 13, des commissions ont été nommées pour les projets de loi relatifs à la refonte des anciennes monnoies, au service des postes, et à la concession de la Bourse à la ville de Paris.

La délibération a ensuite été reprise sur le projet de loi concernant la contrainte par corps. L'article 3, et deux amendemens proposés à cet article par MM. le comte Siméon et le duc de Broglie, ont été renvoyés à la commission après quelque discussion.

Le 14, l'article 13, qui avoit été renvoyé à la commission, a été adopté dans les termes du projet, après avoir entendu MM. le comte de Bastard, rapporteur, le comte de Tournon, le vicomte Lainé, le duc de Broglie, ministres du commerce et de la justice.

les

Les articles 4 et 5 ont été renvoyés à la commission à la suite d'une autre discussion.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 14, MM. de Lugat et de Champis obtiennent un congé. L'ordre du jour amène la discussion du projet de loi qui a pour objet de confirmer sept échanges entre le domaine de la couronne et des particuliers; et le bail emphyteotique de l'ancien garde-meuble de la couronne, sailles, au profit du département de Seine-et-Oise.

à Ver

L'article 1er, relatif à l'échange de 58 hectares de la forêt de Bondy contre le domaine de Saint-Pierre, enclavé dans la forêt de Compiègne, est combattu par MM. Pelet et Marchall, et soutenu par MM. de la Boulaye, Favart de Langlade et le ministre des finances. Son adoption est prononcée par une majorité formée des deux sections de la droite et d'une grande partie du centre gauche.

La commission a proposé de rejeter l'article 2, tendant à confirmer l'échange, avec le sieur Barmont, d'une autre partie de la forêt de Bondy contre le domaine de la Madeleine, enclavé dans la forêt de Fontainebleau.

M. le ministre des finances fait observer que, s'il y a inégalité dans ces deux biens, la liste civile a déjà payé une soulte de 80,000 fr.

M. Demetz, rapporteur, M. Pataille, et surtout M. Dupin aîné, insistent pour le rejet de l'article. L'échange est défendu avec force par MM. Chardel, Favard de Langlade et Pardessus; mais il est rejeté, suivant les con

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