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dant, l'un à autoriser un emprunt de 2,800,000 fr. pour l'achèvement du port du Havre, et l'autre, à l'interprétation des lois pénales sur le chargement des voitures publiques.

M. Saunac fait le rapport de la commission à laquelle a été soumis le projet de loi concernant le réglement définitif des comptes de 1827. Il trouve que les comptes sont établis avec régularité, mais il s'élève contre des frais de construction et d'ameublement à l'hôtel de M. de Peyronnet, contre 20,357 fr. de dépenses extraordinaires à l'imprimerie royale, attribuées aux impressions commandées par le précédent ministère pour les élections de 1827, et contre les 1,944,000 fr. de frais de police secrète, auxquels il suppose le même but. La commission fait des voeux pour que l'on puisse augmenter les secours donnés aux anciennes religieuses, ainsi que le traitement des desservans, et elle propose par article additionnel qu'il soit fait à la fin de chaque année un inventaire du mobilier fourni aux ministères ou aux divers fonctionnaires.

La discussion de cette loi est fixée à samedi. Le rapport des pétitions sera fait en conséquence vendredi.

M. Demetz fait le rapport du projet de loi relatif à des échanges de biens du domaine extraordinaire ou de la couronne avec des particuliers. Ces échanges ont été jugés utiles par la commission, à l'exception de celui de la forêt de Bondy; elle propose donc le rejet de celui-ci. La chambre décide qu'elle s'occupera en premier lieu de ces échanges, et qu'elle ne se réunira que jeudi.

M. Mauguin a déposé sur le bureau une proposition réglementaire sur les formes à suivre par la chambre dans le cas où l'on demanderoit la mise en accusation d'un ministre; elle sera communiquée dans la prochaine séance.

L'ordre légal de 1829 et les principes de 1792.

Les principes sont des ignorans auxquels rien ne profite. On a beau leur parler raison, et vouloir leur faire acquérir un peu d'expérience; c'est peine perdue. Ils restent niais et stationnaires en dépit de toutes les leçons. Voilà pourquoi vous ne les trouvez pas plus avancés en 1829 qu'ils ne l'étoient en 1792. C'est ainsi, par exemple, que, relativement à nos colonics, ils en sont encore au point où Brissot les avoit laissées il y a près de quarante ans. Les sages d'alors disoient : Périssent les colonies plutôt qu'un principe; les sages de l'ordre légal disent toujours la même chose. Rien ne leur coûte quand il y va de l'honneur d'un aphorisme révolutionnaire.

La Martinique et la Guadeloupe nous étoient restées comme par miracle. Nous espérions que la restauration de la monarchic ne leur seroit pas plus funeste que le règne de la Convention nationale. Mais nous avions malheureusement compte sur les principes, et les voilà qui se réveillent pour nous apprendre qu'ils sont toujours les mêmes, et qu'ils tiennent à leur première décision contre les colonies. Le Constitutionnel et M. l'abbé de Pradt sont tout étonnés que la Guadeloupe et la Martinique soient en→

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core debout, et qu'on ait pu tarder si long-temps à y mettre le feu. Ils en donnent pour raison que l'ordre légal ne permet point ces sortes d'anomalies, et qu'il faut que tout y passe. La civilisation, suivant eux, est un foyer commun, auquel tout le monde a droit de venir se chauffer, et l'on en verra bien d'autres, à ce qu'ils disent.

Cependant un de nos journaux les plus révolutionnaires, sans le vouloir ni sans s'en douter, vient de nous expliquer tout le mystère de la législation des colonies, et qui plus est, de la justifier. Il avoit à rendre compte d'une affaire dans laquelle un capitaine de navire étoit accusé d'avoir fait périr, à force de coups et de mauvais traitemens, un jeune novice de son équipage. Assurément ce n'est pas là le droit commun de nos colonies, et si les blancs s'arrogeoient quelque chose de pareil à l'égard des noirs et des gens de couleur, nous ne serions pas les derniers à nous écrier aussi : Périssent les colonies! Eh bien! nous trouverions pourtant une feuille ultralibérale qui viendroit établir en notre faveur les principes suivans, qui vont beaucoup au-delà de ce que nos colons ont jamais demandé :

« Un matelot est un être qui fait la plus complète abnégation de toute volonté personnelle, qui, sans répliquer et sans réfléchir, doit exécuter l'ordre de son supérieur; et s'il n'en étoit pas ainsi, que deviendroit l'autorité presque magique d'un capitaine de navire, souvent physiquement moins fort que le moindre de ses marins, et cependant souverain à son bord, ayant et devant avoir sur ses matelots une autorité despotique ? »

Nous le répétons, il nous paroitroit exhorbitant et horrible que ce summum jus fut accordé à la population blanche de nos colonies, à l'égard de la population noire et jaune. Mais on comprend néanmoins que, sous peine de périr écrasée sous la masse des forces physiques dont elle est entourée, elle a toujours du obtenir quelque chose de pareil à la discipline qui règne dans nos camps, dans toutes nos hiérarchies civiles ou militaires, et jusque dans nos simples ateliers. Un capitaine, un colonel, un maréchal de France, un roi enfin, sont aussi physiquement moins forts que toutes les masses passives et soumises qui leur obeissent sans raisonner, qui se taisent devant eux, sans se compter ni évaluer la force respective des bras. Eh bien! c'est là exactement le régime des colonies, régime sans lequel il y auroit encore moins de salut pour les blancs, que pour les capitaines d'un régiment où l'on viendroit prècher aux soldats ce que M. l'abbé de Pradt et le Constitutionnel prêchent dans ce moment aux gens de couleur de la Martinique et de la Guadeloupe.

Que les principes de l'ordre légal soient inflexibles comme les principes de la Convention nationale, c'est de quoi l'on ne sauroit douter mais prétendre les concilier avec la sûreté des personnes et des établissemens auxquels on veut en appliquer les conséquences et la rigueur, c'est une démence qui n'a pas de nom. Il y a certainement moins de perfidie et de noirceur dans le fait des brigands du Mexique, qui disent tout nettement aux gens Veteres migrate coloni. Nous vous donnons trois mois pour vous retirer d'entre nos mains; sinon...... Danger pour danger, j'aime mieux le sabre de Guerrero que la plume de M. l'abbé de Pradt.

B.

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Le Gérant, ADRIEN LE CLERE.

SAMEDI 16 MAI 1829.

(N° 1541.)

Sur l'état de l'Eglise catholique en Ecosse.

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Nous donnâmes, il y a dix ans, tome XXI, n° 534, une Notice abrégée sur l'histoire de l'Eglise catholique d'Ecosse pendant le 18 siècle. Sur la fin de l'année dernière, nous avons annoncé, n° 1483, le sacre de deux évêques pour ce pays. Nous trouvons dans le Laity's directory, qui s'imprime en Angleterre, quelques renseignemens sur cette mesure ainsi que sur le nombre des missionnaires et des chapelles catholiques en Ecosse. Ces renseignemens complèteront ce que nous avons dit dans les numéros cités, et feront connoître l'état actuel des choses, et les nouveaux arrangemens pris dans l'intérêt de la religion.

Jusqu'ici l'Ecosse étoit divisée en deux districts, qu'on appeloit de la Plaine et des Montagnes (Lowlands et Highlands), et qui avoient chacun à leur tête un évêque, vicaire apostolique; l'un résidoit à Edimbourg, et l'autre dans la partie du nord-ouest. Nous avons présenté, dans le n° 1483, la succession des évêques dans les deux districts. On vient, tout récemment, de changer la division du territoire. On a pensé que deux évêques ne suffisoient pas dans un pays qui offre une grande surface, qui est couvert de montagnes, et où les communications sont difficiles. On a donc divisé l'Ecosse en trois districts, celui de l'Est, celui de l'Ouest et celui du Nord. Les deux premiers continuent à être gouvernés par les anciens vicaires apostoliques, MM. Paterson et Macdonald. Le nouveau district du Nord est dirigé par M. Kyle, qui a été sacré à Aberdeen le 28 septembre dernier. Ces prélats résident, savoir, M. Alexandre Paterson à Edimbourg; M. Ronald Macdonald dans l'île de Lismore, comté d'Argyle, et M. Jacques Kyle à Aberdeen. De plus, M. Macdonald a un coadjuteur, M. André Scott, qui a été sacré évêque le 21 septembre dernier, et qui réside à Glasgow ; il paroît qu'il est chargé spécialement des catholiques de la partie du midi de ce district.

Tome LX. L'Ami de la Religion et du Roi,

B

Le district de l'Est renferme cinq comtés, savoir, ceux d'Edimbourg, d'Angus, de Dumfries, de Kircudbright et de Peeble. On n'y trouve mentionnées que 6 congregations catholiques, qui sont à Edimbourg, à Dundee, à Dumfries, à Dalbeatie, & New-Abbey et à Traquaire-House. Cependant un des missionnaires qui sont à Edimbourg va le dimanche dire la messe à Leith, dans le voisinage, et le prêtre qui réside à Dundee visite les catholiques qui se trouvent à Cupar et à Perth. Il y a trois missionnaires à Edimbourg, sans compter M. l'évêque de Cybistra, Paterson; ces missionnaires sont MM. Sharp, Machattie et Gillies. Cinq autres missionnaires occupent les résidences que nous avons nommées, savoir, M. Lee à Dundee, M. Reed à Dumfries, M. André Carruthers à Dalbeatie, M, Jacques Carruthers à New-Abbey, et M. Wallace à Traquaire-House. On voit que le nombre des missionnaires est bien peu considérable pour un district qui n'a pas beaucoup de largeur de l'est à l'ouest, mais qui, du nord au midi, s'étend depuis la frontière d'Angleterre jusques au-delà d'Edimbourg. De plus, les catholiques manquent entièrement de fonds pour ériger des églises et des écoles. A Edimbourg même, ils n'ont qu'une petite chapelle qui contient à peine 1500 personnes, quoique l'on compte en cette ville au moins 15,000 catholiques. Cette chapelle est en outre chargée de dettes, et bien qu'elle ne date que de 1803, elle menace ruine par défaut de construction. On sera forcé sous peu d'y faire des additions et réparations; mais où en trouver les moyens, les catholiques étant pour la plupart de pauvres émigrés d'Irlande, qui ne peuvent contribuer à la dépense?

Le district de l'Ouest, qui a conservé une partie du territoire de l'ancien district des Montagnes, renferme 7 comtés et une portion d'un huitième. Les comtés sont ceux d'Argyle, d'Ayr, de Bute, de Dumbarton, de Lanark, de Renfrew et de Wighton; ces derniers appartenoient autrefois au district d'Edimbourg. De plus, le comté d'Inverness est partagé en deux portions, l'une à l'ouest, qui est restée à ce district, l'autre au nord, qui a été donnée au district du Nord. Dans ces 8 comtés, il se trouve 27 congrégations, dont 3 dans le comté d'Argyle; elles sont desservies par le mème missionnaire, M. J. Catanach, qui visite aussi les catholiques de Rothsay, dans le comté de Bute. Le comté d'Ayr a

quatre congrégations desservies par le même missionnaire, M. Thomson, qui réside à Ayr, et qui vient d'y bâtir une chapelle. Cette chapelle, dans le genre gothique, fut commencée le 10 mai 1826, et a été ouverte le 10 juin 1827. Les catholiques du lieu, qui sont presque tous de pauvres Irlandais, n'étant pas en état de supporter cette dépense, le missionnaire a cù recours à la générosité des Anglais et des Irlandais, qui l'ont mis en état d'élever l'édifice; il invoque encore leur assistance pour payer ce qui reste dû pour la construction. La congrégation de Dumbarton est visitée une fois par mois par le missionnaire de Greenock, M. Gordon. Le grand nombre de catholiques irlandais qui affluent dans la partie sud-ouest de l'Ecosse a fait établir, dans ces dernières années, quelques congrégations, qui pourroient devenir florissantes, sí la pauvreté de ces étrangers leur permettoit de construire des chapelles. Déjà on s'en étoit occupé sous le feu docteur Cameron, vicaire apostolique d'Edimbourg. Encouragé par lui, M. Gordon, après avoir bâti une chapelle à Greenock, en a commencé une autre à Dumbarton; elle est fort avancée, mais les fonds sont épuisés. Le missionnaire sollicite de nouveau les secours des amis de la religion; M. l'évêque Macdonald et son coadjuteur ont promis d'envoyer à Dumbarton un missionnaire résident, dès que la chapelle sera finie. A Glasgow, dans le comte de Lanark, il y a maintenant deux chapelles desservies par le nouveau coadjuteur, M. Scott, et par deux autres missionnaires', MM. Murdock et Macdonald; un d'eux va visiter une fois par mois les catholiques d'Hamilton. Les congrégations de Greenock et de Paisley, dans le comté de Renfrew, sont dirigées par MM. Gordon et Stewart, et celle de Stanraer, comté de Wigton, par M. Richard Louvet, qui visite aussi les catholiques de Newton-Stewart, même comté. C'est dans le comté d'Inverness que le nombre des catholiques est plus considérable; la partie de l'ouest de ce comté a 13 congrégations desservies par 15 missionnaires, dont il y en a 10 du nom de Macdonald; les plus importantes de ces congrégations sont celles d'Arisaig, de Knoydort et de SouthWest, qui ont chacune deux missionnaires. Un missionnaire dessert les îles d'Egg et de Conna.

Le district du Nord, formé de démembremens des deux anciens districts, comprend les comtés d'Aberdeen, de Banff,

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