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hélas! vous n'appartenez ni à Jésus-Christ ni à ses apôtres, vous êtes incontestablement hors du bercail, et il n'y a qu'une affreuse illusion qui puisse vous retenir dans cette séparation fatale. Ah! il ne suffit pas de ramasser une Bible au hasard, de l'expliquer à sa fantaisie, et de se dire ensuite disciple de Jésus-Christ! non sans doute, l'adorable législateur des chrétiens n'a pas jeté ainsi son Evangile à la voirie des passions humaines ou du jugement particulier; mais il a établi une Eglise qu'il a fondée sur Pierre, son premier chef, et sur tous ceux qui lui succédent, quel que soit le nom qu'ils portent; quiconque n'appartient pas à cette Eglise une et unique n'a rien de commun avec Jésus-Christ, et n'aura jamais aucune part avec lui dans

son royaume. >>

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On a fait connoître il y a plus d'un an, dans ce journal, no 1392, la conversion d'un homme que le délire de la révolution avoit jeté hors de son état, François Biondi, autrefois curé de Claro et Montenegrino, diocèse de Milan. Après s'être marié, avoir servi dans les armées, et avoir rempli des emplois tout-à-fait étrangers à son caractère, il fut ramené à la religion par les soins, la prudence et la charité d'un ami véritable, M. l'abbé Canevesi, de Milan. Biondi fit une déclaration publique, se retira chez les Somasques, et y vécut dans les pratiques de la piété et de la pénitence. Il venoit de terminer sa 74° année le 31 janvier dernier, lorsqu'il fut atteint, le jour de la fête de la Présentation, d'une maladie qui l'enleva le 5 février suivant. Sa piété, sa résignation, sa confiance en Dieu, ont édifié les bons religieux, chez lesquels il étoit retiré, et un d'eux, le Père Meraviglia Mantegazza, a rendu le compte le plus favorable de ses dispositions chrétiennes, dans une lettre adressée à M. l'abbé Canevesi, et insérée dans les Mémoires de religion, de Modène. On y trouve aussi une autre lettre adressée par Biondi lui-même à l'abbé Canevesi, en date du 19 septembre 1827; elle est pleine de sentimens de pénitence et de regrets du passé. Il renouvelle ses déclarations et rétractations, et se montre résolu à marcher jusqu'à la fin dans la route où Dieu lui a fait la grâce d'entrer. Les Somasques regrettent en lui un ami reconnoissant, et un commensal d'un commerce agréable. Au milieu même de ses désordres, il avoit montré des qualités estimables, un désintéressement et une obligeance qui avoient été utiles aux habitans de divers pays; et la religion, à laquelle il avoit fait honneur autrefois par ses talens et ses travaux, l'en avoit récompensé, en le rappelant à la connoissance et à la pratique de ses devoirs.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Nous sommes décidément dans le siècle de l'incrédulité : voilà que nos journaux révolutionnaires se mettent aussi à nier l'existence des quatre jeunes Chinois arrivés dernièrement à Paris; ils veulent absolument qu'ils soient Picards. On a beau leur faire observer qu'ils ont des cheveux de quinze à vingt ans de longueur : non, ce sont des cheveux que les Lazaristes ont fait pousser tout exprès depuis deux mois, pour se faire allouer quelque chose sur le budget des missions étrangères. On a bieu raison de dire qu'il n'est qu'heur et malheur; car le monde révolutionnaire a commencé par avoir de la foi. Il en avoit beaucoup à l'époque où cette fameuse députation du genre humain vint de tous les coins de la terre complimenter l'assemblée constituante sur ses immortels travaux. On y remarquoit, entr'autres, quatre grands Chinois de la halle au blé de Paris, qui n'avoient pas les cheveux aussi longs que les quatre néophytes de la rue de Sèvres : mais ceux-là étoient de vrais Chinois, dont l'origine étoit incontestable; et malheur à ceux qui en auroient douté!.....

Samedi dernier, le Roi, après avoir entendu la messe, est venu à Paris avec M. le Dauphin et Mme la Dauphine, et s'est rendu directement au Musée du Louvre pour y voir le tableau du sacre que vient de terminer M. Gérard. S. M. en a témoigné sa haute satisfaction à l'artiste. Le Roi est retourné à Saint-Cloud, après être resté quelque temps au château des Tuileries.

-Sur la demande de M. le vicomte de Charet-Boisfoucaud, écuyercavalcadour du Roi, maire de Sainte-Pazanne, Mme la Dauphine a bien voulu envoyer un secours de 300 fr. pour l'école de jeunes filles établie dans cette commune sous la direction des Sœurs de la doctrine chrétienne de Pont-Chateau.

MADAME, duchesse de Berri, s'est rendue, le 2 de ce mois, à l'hôtel du Petit-Luxembourg, où elle a daigné examiner avec la plus grande attention les ingénieux produits de l'établissement des Dames du travail pour les pauvres. Une quantité d'objets divers étoient exposés en vente par les soins et dans les appartemens de Mme la vicomtesse d'Ambray, dont on connoît le zėle charitable. La princesse, auguste protectrice de plusieurs institutions, avoit fait précéder sa visite d'un riche envoi de broderies et de fleurs artificielles dues à ses loisirs et à son goût exquis. S. A. R., qui vouloit participer doublement à une œuvre aussi méritoire, a fait de nombreux achats chez Mme d'Ambray.

Dimanche dernier, M. le duc d'Orléans et M. le duc de Chartres ont pris congé du Roi, et sont partis le soir pour l'Angleterre.

- M. le duc de Laval a refusé le portefeuille des affaires étrangères ; cependant on dit qu'on lui a fait de nouvelles instances pour accepter le

ministère.

- Le collège départemental de la Moselle et le collège électoral de Niort sont convoqués pour le 20 juin prochain, à l'effet d'élire chacun un député, en remplacement de MM. Durand et Tonnet-Hersent, démissionnaires.

-La cour royale a confirmé le jugement qui a maintenu les scellés sur les papiers de l'ex-directeur Barras, et ordonné la suppression d'un passage du Mémoire distribué par le sieur Coffinières, avocat de la veuve Barras. - Les quatre jeunes Chinois ont été conduits à l'imprimeric royale. M. Abel Remusat et d'autres savans les attendoient dans la salle où l'on conserve le poinçon de toutes les langues connues. Ils se sont entretenus en chinois et en latin avec ces étrangers.

- La cherté du pain a servi ces jours derniers, à Saint-Germain-enLaye, de prétexte à quelques troubles qui ont été promptement réprimes. Une bande d'hommes, échauffés par le vin, ont apporté dans la ville, en faisant entendre les cris de Vive Napoleon! un arbre qu'ils avoient coupé dans la forêt, et qu'ils se proposoient de planter sur la place publique. Ces insensés ont été arrêtés au nombre de dix.

La tranquillité est parfaitement rétablie à Châteauroux, où avoient éclaté tant de désordres pour la cherté des grains. Les blés achetés à Limoges, et dont l'envoi avoit été suspendu, commencent à arriver en abondance, et tout fait espérer que les marchés seront fortement approvisionnés. Le marché de Nevers est maintenant calme et bien pourvu.

Des tentatives d'insurrection ont été faites au sein de la Vendée. Un drapeau tricolore a, dit-on, été planté sur la place de Cholet, il y a quelques jours. Le procureur du Roi est à la recherche des coupables.

Un navire anglais vient de débarquer à Ostende 254 réfugiés portugais. -Le nouveau grand-visir est enfin arrivé à Schoumla. De grandes opérations militaires vont commencer entre les Russes et les Turcs; un combat sanglant a déjà cu lieu, le 5 avril, dans les environs de Crajova; les Turcsont été repoussés de Sezopolis, qu'ils avoient attaquée.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 8, M. le vicomte de Castelbajac a prononcé l'éloge funèbre de M. le inarquis d'Herbouville,

M. le ministre de la guerre a communiqué à la chambre une ordonnance du Roi qui, conformément au vœu de la commission, divise en trois pro jets differens le code de juridiction militaire.

La commission du projet de code penal militaire en a ensuite présenté la rédaction définitive, et ce code a été adopté au scrutin à la majorité de 158 contre 7.

Leg, M. le ministre des finances a présenté quatre projets de loi déjà adoptés par l'autre chambre, et relatifs à la concession des terrains de la Bourse à la ville de Paris, à la refonte des anciennes monnoies, au service des postes et à la dotation de l'ancien sénat et de la pairie.

M. le vicomte Dode a fait le rapport du projet de loi relatif à la compétence des tribunaux militaires.

Le surplus de la seance a été occupé par divers rapports faits au nom de la commission des pétitions par MM. le comte de Chabrol et les ducs de Choiseuil et de Crillon.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 8, M. le ministre de l'interieur presente trois projets de loi qui ont pour objet l'agrandissement du port de Granville, la concession à une compagnie du Havre de Courseulles, et le tarif du canal d'Aire à la Bassée.

On reprend la délibération sur les crédits supplémentaires de 1828. It en est demandé un de 831,290 fr. par le ministère des finances, pour dépenses extraordinaires du service des postes et frais supplémentaires de l'indemnité des émigrés et des anciens colons de Saint-Domingue. MM. Fleury et Marchall s'élèvent contre ces derniers frais; ils voudroient que ces sortes de dépenses se prissent sur le capital accordé. M. le ministre des finances fait observer que la chambre a alloué ces frais les années dernières, et que la question qu'on vient de soulever pourra être présentée lors de la liquidation finale. M. Marchall insiste. M. Lepelletier d'Aulnay, rapporteur, appuie les observations du ministre, et persiste dans l'allocation. M. Marchall revient encore à la tribune. On s'écrie de la droite qu'un orateur ne peut être entendu trois fois sur le même objet. Il déclare alors ajourner sa motion, suivant les observations de M. Roy.

Le crédit en discussion est ensuite adopté au scrutin, à la majorité de 237 contre 28.

Le 9, l'ordre du jour appelle le rapport des pétitions.

M. le général Gérard rend compte de cinquante-six réclamations de membres de la Légion d'Honneur pour le paiement de l'arriéré de leur traitement. Il s'efforce de combattre toutes les objections qu'on a faites jusqu'ici contre ces réclamations, et notamment les raisons puissantes qu'a données dernièrement M. le ministre des finances pour repousser la proposition de M. le colonel Laguette-Mornay. I soutient que la loi de 1820 n'a pu être, comme l'a montré S. Exc., une sorte de transaction avec les légionnaires. Il propose un moyen de les payer par une création de rentes, et conclut au renvoi au ministre des finances.

M. Mestadier fait observer que ce paiement exigeroit plus de 45 millions, dont 23 millions pour les dignitaires de l'ordre, qui n'en ont pas besoin. II y a des légionnaires qui réclament jusqu'à 130,000 f. d'arrière: où trouver de quoi payer tout cela, lorsqu'on parle tant d'économie? L'orateur rappelle que la loi de 1820, en assurant l'avenir des légionnaires, a été adoptée en déclarant qu'on ne paieroit point l'arriére, et la commission qui'a proposé cela comptoit parmi ses membres les généraux Foy, Sebastiani et Brun de Villeret. Il vote donc pour l'ordre du jour. Si l'on peut faire quelque chose pour ceux des réclainans qui ne sont pas aisés, c'est au Roi qu'il faut en laisser le soin.

M. le général Lamarque appuie les conclusions du rapporteur. Il se plaint ensuite du mécontentement qu'excite le retrait des lois communale et départementale, et la conservation de l'ancien système en tant de choses. Ne voit-on pas, dit-il, à quoi on s'expose en livrant au désespoir des milliers de Français, dans un moment où l'Europe est dans une espèce de conflagration?

M. le ministre de l'intérieur témoigne son étonnement d'un tel langage, qui n'est pas celui d'un Français. Pourquoi se servir de la tribune pour exciter à la désunion et en quelque sorte au soulèvement? Pour ce qui est des deux lois, continue M. de Martignac, le Roi a usé de son droit en les retirant; et puisqu'on les force à s'expliquer, les ministres ont cru de leur devoir de conseiller cette mesure, lorsqu'ils ont vu qu'on vouloit changer le système de ces lois, qu'on avoit à dessein donné la priorité à la seconde, et qu'il alloit du salut de la couronne de ne plus les laisser subsister telles qu'on les avoit refaites, lorsqu'une partie notable de la chambre enfin refusoit de prendre part à la délibération. Ce n'est point par un sentiment de colère ni de vanité blessée que le ministère en à agi ainsi, mais bien par l'ordre de sa conscience.

M. Lamarque répond quelques mots. M. Sebastiani soutient que le ministère s'est mis, par le fatal retrait, dans un embarras dont il ne pourra guère sortir. Il cherche à justifier la conduite des deux commissions des lois en question, et se plaint de ce que M. de Martignac, qui auroit du chercher l'intérêt du pays, n'ait point voulu consentir à leurs vœux. Il ne pardonne pas au ministre d'avoir dit que, comme ces lois étoient une pure concession du Roi, on devoit se soumettre aux conditions proposées dans le projet du gouvernement.

M. de Cacqueray oppose à la réclamation des légionnaires les principes immuables et positifs de la loi de 1820; il pense que, si on leur accordoit les arrérages qu'ils réclament, les émigrés auroient aussi le droit de revenir sur la loi d'indemnité, qui ne leur accorde qu'une foible compensation du capital de leurs propriétés, et les a privés à jamais de leurs revenus arriéres pendant longues années.

La clôture est prononcée, et le renvoi au ministre des finances est ordonné à la majorité.

M. de Schonen, autre rapporteur, propose l'ordre du jour, comme question de propriété privée, sur une pétition des habitans d'Aigremont (Yonne), qui se plaignent d'être obligés de quitter les terres qu'ils ont défrichées, le hameau se trouvant dans le majorat donné par Buonaparte à M. Delamalle, qui veut le vendre. MM. Thenard, Raudot et Méchin appuient cette réclamation. L'ordre du jour est prononcé à la suite de quelques explications de

M. le ministre de l'intérieur.

Le 11, M. le ministre de la guerre présente le projet de loi déjà adopté par la chambre des pairs, et qui tend à modifier les peines prononcées par la loi de 1793 contre des vols commis par des militaires envers leurs cama

rades.

M. le ministre des finances présente trois projets de loi qui ont pour but, le premier d'autoriser la vente de l'étang de Capestran (Hérault), faisant partie de la dotation de la Légion-d'Honneur, et d'en employer le produit à l'achat de rentes au profit des légionnaires; le second, de fixer les taxes des lettres qui seront transportées de France en Amérique et en Angleterre au moyen de paquebots qui accéléreront le transport, et le troisième, d'ouvrir des crédits éventuels jusqu'à concurrence de 52 millions pour dépenses extraordinaires en 1829, telles que l'occupation de la Morée et l'intervention de la France dans les affaires d'Orient.

M. le ministre de l'intérieur présente à son tour deux projets de loi teu ·

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