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trop le redire, le plus pressant devoir du clergé est de s'isoler complètement d'une société politique athée. S'isoler complètement de la société ne seroit peut-être pas le moyen d'y obtenir plus d'influence; cependant l'auteur insiste beaucoup sur ce conseil.

Nous nous sommes expliqué franchement sur ce livre, parce qu'on ne doit aucun ménagement à celui qui n'en observe aucun. Plus la réputation de M. de La Mennais est grande, plus il importe de signaler les tristes écarts dont il donne en ce moment le spectacle. Enfin, nous pouvions d'autant moins nous taire, que quelques journaux affectoient de voir dans cet écrivain l'organe du clergé, et dans son livre l'expression des sentimens du parti apostolique, comme ils l'appellent. Or, les, exagérations de M. de La Mennais, les douceurs qu'il adresse aux libéraux, sa doctrine sur les insurrections, ce qu'il dit de l'adhésion au premier article de 1682, son jugement sur les Jésuites et sur l'enseignement des séminaires, tout cela montre assez combien il est en opposition avec le corps épiscopal et avec le clergé.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le 13 février au soir, les entrailles du souverain pontife Léon XII furent déposées dans une urne, et portées, suivant l'ancienne coutume, à l'église des saints Vincent et Anastase, où elle furent reçues par les clercs mineurs. Le 12 au matin, le corps du saint Père, après avoir été embaumé et revêtu de la soutane blanche, fut exposé dans la chapelle de Sixte IV au Vatican. Les pénitenciers de Saint-Pierre y continuèrent les prières qu'ils avoient commencées dès l'instant de la mort. On permit au peuple d'entrer dans la chapelle, et d'offrir au pape défunt le tribut de ses respects et de sa piété. Le 13 au matin, les cardinaux se rassemblèrent au Vatican; on lut les constitutions des papes relatives au conclave, et chacun des cardinaux en jura l'observance. Le prélat Capelletti fut confirmé dans la place de gouverneur de Rome; le prélat Mai fut chargé

de faire l'oraison funèbre du pape, et le prélat Testa de prononcer le discours sur l'élection du pape futur. Dans la même congrégation, on nomma les cardinaux Galeffi, Falzacappa, et Rivarola pour préparer la tenue du conclave qui aura lien au palais Quirinal, comme le dernier. Les cardinaux se rendirent ensuite à la chapelle Sixtine, où le corps du pape étoit exposé. On fit l'absoute, et le corps, revêtu des habits pontificaux, fut porté processionnellement dans l'église Saint-Pierre. Le cercueil étoit porté par huit chapelains en tunique, et autant de chanoines tenoient les côtés du poele. Tout le clergé de l'église accompagnoit avec la croix et des torches, et étoit suivi des cardinaux et escorte par les gardes nobles et suisses. Le corps fut placé dans la grande nef de l'église sur un lit élevé, et M. della Porta, vice-gérent, fit l'absoute. Après la cérémonie, on transporta le corps dans la chapelle du Saint-Sacrement près la grille, afin que le peuple pût en approcher; et en effet, beaucoup de fidèles vinrent baiser les pieds du pontife. Le 14 au matin, on commença dans l'église la neuvaine ordinaire de services, et on fit, dans toutes les autres églises de la capitale, les prières accoutumées pour le repos de l'ame de Leon XII.

PARIS. En conformité du Mandement de M. l'archevêque de Paris du 21 de ce mois, il a été célébré, en l'église métropolitaine, le jeudi 26, un service solennel pour le repos de l'ame du pape Léon XII. M. le nonce y a officié, assiste de M. Boudot, archidiacre, de M. Abeil, archiprêtre, et de deux autres chanoines comme diacre et sous-diacre. MM. les archevêques de Paris, de Tours, de Bourges et d'Avignon, MM. les évèques d'Evreux, de Beauvais, l'ancien évêque de Tulle, d'Hermopolis, de Tempé et de Caryste étoient présens; on y voyoit aussi MM. les curés de Paris et de la banlieue, un grand nombre de prêtres du diocèse et les clercs des séminaires. A l'offertoire, M. l'archevêque de Paris a été porter les offrandes. Après la messe, les cinq absoutes d'usage ont été faites successivement par M. l'évêque de Caryste, MM. les archevêques de Bourges, d'Avignon, de Tours, et M. le nonce. M. l'archevêque de Paris et MM. les autres archevêques et évêques sont ensuite venus jeter l'eau bénite. Cette religieuse et funèbre cérémonie s'est terrainée à midi; elle avoit attiré un grand concours

de fidèles, qui se sont empressés de témoigner par leur affluence et par leur recueillement combien la mémoire de l'auguste chef de l'Eglise leur étoit vénérable et chère.

- M. le ministre des affaires ecclésiastiques a adressé la lettre suivante aux archevêques et évêques, pour leur annoncer la mort du pape:

« Le Roi, que des liens étroits attachoient au saint Père, et qui en avoit reçu des témoignages particuliers d'estime, de confiance et d'affection, a voulu qu'il fût, dans cette circonstance, dérogé à l'usage ordinaire, et m'a chargé, en vous notifiant la mort de Léon XII, de vous annoncer qu'il lui sera agréable que vous ordonniez des prières pour le repos de l'ame de Sa Sainteté.

» Vous jugerez sans doute convenable aussi d'exhorter les fidèles à réunir leurs vœux pour obtenir du ciel un digne successeur au pontife dont nous déplorons la perte. »

-

M. le cardinal de Croï est parti jeudi pour Rome. Les autres cardinaux étoient partis la veille et la surveille. C'est par erreur que nous avons annoncé, dans le dernier numéro, que M. l'abbé Trébuquet devoit partir avec M. le grand-aumônier,

Le samedi 31 janvier, M. le duc de Rohan, archevêque de Besançon, arriva au village de Saint-Ferjeux, près Besançon. Son dessein étoit de célébrer la messe le lendemain dans la chapelle souterraine où se trouve le tombeau des saints Ferreol et Ferjeux, apôtres du diocèse. Dans la soirée, les grands-vicaires, une députation du chapitre et des curés de la ville, le préfet, le maire allèrent saluer le prélat. L'entrée solennelle qu'on lui préparoit pour le lendemain ne put avoir lieu à cause du mauvais temps. M. l'archevêque avoit fait prendre possession par procureur le dimanche précédent. Le dimanche 1er février, le prélat vint vers les deux heures à l'archevêché, où un nombreux clergé alla le chercher en procession. M. Loye, premier grandvicaire, le complimenta, et Msr lui répondit avec autant de grâce que de bonté. Il fut conduit sous le dais à l'église, où l'on récita les prières d'usage. Le prélat s'étant assis sur son trône, le clergé alla ad osculum manús. Ensuite M. de Rohan adressa de l'autel un petit discours aux fidèles qui se pressoient autour de lui. La cérémonie finit par la bénédiction pontificale, et M. l'archevêque fut reconduit chez

lui par son clergé. Sa réputation de piété, qui l'avoit précédé à Besançon, paroît encore au-dessous de la réalité. Soit dans ses entretiens, soit dans ses exhortations publiques, on remarque un esprit de foi et en même temps une affabilité qui lui ont gagné les cœurs. On s'empresse pour l'entendre dans les églises et communautés qu'il visite successivement, et où il ne manque pas de faire quelques exhortations courtes et touchantes. Il médite des embellissemens pour son église métropolitaine. Ayant obtenu une indulgence plénière pour son premier office pontifical, il le fit annoncer pour le dimanchie 8 février, et beaucoup de personnes se préparèrent à profiter de cette grâce. La foule ne fut pas moindre à l'église le matin et le soir que le dimanche précédent. On se servit pour la première fois d'un bel ornement de drap d'or, que le prélat a obtenu de la libéralité du Roi. Il prononça un petit discours à l'office du soir, et adressa à son troupeau des paroles pleines des sentimens d'une charité persuasive.

-On a imprimé à Amiens une Pratique de piété de quarante jours en l'honneur de Notre-Dame des sept douleurs. Cette pratique doit commencer le 2 mars, et doit durer jusqu'au 10 avril. Elle a pour but d'attirer les grâces de Dieu sur la France. On doit vivre pendant ce temps dans un plus grand recueillement, faire une aumône et deux. communions pour la France, le Roi et la famille royale, et réciter chaque jour sept Ave en l'honneur des sept douleurs, la prière de saint Bernard Memorare, et des invocations au cœur de Jésus et à celui de Marie. M. l'abbé d'Auzers, grand-vicaire d'Amiens, a permis, le 14 février, d'imprimer cette pratique, qui se distribue dans le diocèse.

-Le journal officiel du soir annonçoit, il y a quelques jours, que les Capucins qui se trouvoient à Marseille avoient de nouveau reçu l'ordre de se disperser. Leur présence dans cette ville offusquoit apparemment les apôtres de la tolérance et les amis de la liberté. On a cru faire beaucoup en accordant quelque délai à quatre d'entr'eux qui sont Français et septuagénaires. Leur âge et leurs infirmités, dit le Messager, réclamoient des égards. Quant aux autres, on s'en est apparemment cru dispensé. Le Père gardien, qui étoit venu de Rome, y retourne; les Espagnols et les Italiens ont pris la route de Nice. Voilà une grande victoire remportée

par l'ordre légal, on a fait fuir quelques pauvres Capucins. Mais on n'en restera pas là; les libéraux, toujours plus entreprenans à mesure qu'on se montre plus foible, préparent un nouveau coup. Un avocat, célèbre par son zèle, a rédige une pétition contre des congrégations respectables. M. Isambert, à qui les affaires de ses cliens laissent. apparemment du loisir, et qui, plus occupé de politique que de procès, trouve le temps de faire des brochures contre les missionnaires, des lettres pour Dumonteil, et des dissertations sur les appels comme d'abus en réponse à M. de Cormenin; M. Isambert, dis-je, vient de dénoncer à la chambre des députés quelques réunions de prêtres qui se livrent, ou aux travaux des missions ou à la direction des séminaires. Ces réunions sont autorisées par des ordonnances spéciales ; mais on ne reconnoît au Roi que le droit de détruire, et non point celui de créer. On approuve les ordonnances qui renversent, et on ne veut point de celles qui rétablissent et protègent. Au fait, les libéraux n'ont pas plus de besoin de séminaires que de missions; ils ne veulent pas plus de prétres pour la France que pour aller prècher la foi chez les idolâtres, et si ou les laisse faire, ils provoqueront la destruction de tous les établissemens sur lesquels la religion repose, et sans lesquels elle ne sauroit subsister.

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Avant la mission donnée à Voutré, et dont nous avons parlé dans un dernier numéro, les mêmes missionnaires en avoient donné une autre à Brécé, aussi dans le diocèse du Mans. Cette paroisse, où l'on compte à peu près 3000 ames, en a ressenti les plus heureux effets. Il est à peine resté vingt personnes qui ne se soient pas approchées du tribunal de la pénitence. On se portoit en foule pour entendre les instructions des missionnaires, et on voyoit des hommes qui, au sortir de l'église, ne pouvoient retenir leurs larmes. Non-seulement les missionnaires n'ont éprouvé aucun désagrément, mais ils ont été entourés de marques d'estime et de respect. C'étoit à qui contribueroit à la plantation de la croix. Le nombre de ceux qui se sont approchés de la sainte table a été au moins de 1800. On a remarqué que, quoique la mission ait eu lieu peu après les ordonnances, on n'a entendu, de la part des missionnaires, ni plainte ni murmure pour la rigueur dont ils étoient l'objet.

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