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tifier et non affoiblir le principe religieux, seule digue élevée contre ce torrent? Et cependant la religion voit tomber tous les jours quelqu'un des foibles appuis qui l'aidoient à se soutenir. Ils ne tiennent pas contre les menaces et les cris forcenés de son ennemie. Qui sait ce qu'elle médite encore pour augmenter, au moyen des fables et des prétextes les plus grossiers, les embarras et le trouble qu'elle a jetés dans le camp du Seigneur? Quel triste ascendant ne se donnent pas ses ardens sectateurs! Spectacle inoui jusqu'à nos jours les hommes les plus déclarés contre Dieu, qui aient peut-être jamais paru sous le ciel, s'entremettent publiquement et avec un air d'empire de toutes les affaires qui ont rapport au culte de Dieu. Ils prétendent s'en rendre maîtres absolus. L'atheisme surveille la foi, la contrôle, la cite tous les jours à son tribunal; il envoie de toutes parts des émissaires qui traversent son action sainte, qui ont charge de ramasser des calomnies, de grossir les torts les plus legers et les plus inévitables dans toutes les professions; il fait ensuite un corps de ces minuties et de ces faussetés. Il les publie à la face de la France avec un grand air de scandale, et donnant ainsi une fausse voie à l'indignation des peuples qu'il mérite si bien, il la fait retomber sur les objets naturels et sacrés de leur vénération et de leur confiance.

» Mais voici le grand ressort que ses agens mettent en œuvre. Ils ont créé cinq à six fantômes, très-futiles en eux-mêmes, mais qui, à force d'être reproduits, frappent vivement les imaginations, et prennent enfin quelque consistance. Ils désignent ces fantômes par les noms de parti-prêtre, de mysticisme, de théocratie, de domination, d'avarice du clergé, d'obscurantisme et d'ignorance. Or il est de mon devoir de vous faire connoître les réalités qu'ils cachent sous ces déguisemens. Sachezle donc, et retenez-le bien, N. T. C. F.

>> Tout ce qui n'est pas athée d'opinion ou de pratique, voilà leur parti - prêtre. Tout ce qui croit que les hommes ont une ame, et ne sont pas anéantis comme la brute, voilà leurs enthousiastes et leurs mystiques. Tout peuple qui a des prêtres, comme il a des guerriers, des magistrats, des laboureurs (ordre de choses qui a existé toujours et partout); voilà leur theocratie. Le zèle contre les vices et l'erreur que montrent les ecclésiastiques, lesquels au reste sont plus étrangers parmi nous à toute administration civile qu'ils ne l'ont été dans aucun temps ni dans aucun lieu; voilà la domination des prêtres. La persuasion où sont ceux-ci que la nation ne fait rien que de juste en leur fournissant le nécessaire, comme elle entretient tous ceux qui servent le public, et que de plus ce n'est pas sans titre qu'ils reçoivent le sixième des biens qui furent, il y a quarante ans, violemment enlevé à l'E glise; voilà la cupidité insatiable des ministres sacrés. Ecoutez encore N. T. C. F., les hommes qui, rejetant les folles idées de ces docteurs de mensonge, pensent comme les Bossuet, les Labruyère, les Corneille, les Fenelon et une foule d'autres génies supérieurs; voilà leurs ignorans et leurs esprits foibles. Des sophistes qui seront oubliés dans cinquante ans, et qui ne savent que reproduire et colorer avec quelque art les dogmes insensés ou atroces de la révolution; voilà leurs grands hommes...

>> Nous ne pouvons omettre ici un exemple des prétentions de l'impiété,

qui nous regarde personnellement. Au sujet des ordonnances du 16 juin, que nous avons discutées dans le temps, nous avons éprouvé des embarras que nos réflexions, rendues publiques, vous ont fait aisément présumer. Heureusement, les lois existantes nous ouvroient une voie où ces difficultés ne se montroient plus, et nous nous sommes empressé d'y entrer. En suivant leurs dispositions, nous avons pris un parti qui assure la continuité et la prospérité de l'éducation cléricafe dans notre diocèse. Quel moyen de blamer cette conduite? Et un Français, un homme public donne-t-il prise à la malignité même la plus aveugle, quand les lois et la Charte sont ses guides et son égide? Cependant un de ces journaux athées ou fauteurs d'athéisme, qui se rendent les inspecteurs arrogans et despotiques de nos fonctions, n'a pas craint de nous censurer avec le ton moqueur et outrageux familier à ces écrivains envers les ministres d'un Dieu qu'ils voudroient bannir de la société humaine. Vous jugez sans peine combien peu nous avons été touché de ces insultes. La pureté de nos motifs, que Dieu connoit, et dont nous savons que vous ne doutez pas vous-mêmes, nous élève au-dessus de semblables attaques. Pour vous, N. T. C. F., soutenez notre foiblesse par vos prières, et demandez à Dieu qu'il nous continue ses miséricordes et les bénédictions dont il a daigné accompagner jusqu'à ce jour les effets de notre sollicitude. »>

Le prélat termine son Instruction pastorale par un exposé précis et rapide des grandes preuves des points principaux de la religion. Ce morceau, utile pour affermir la foi des le sera surtout pour éclairer l'ignorance et pour dissiper les doutes des autres.

uns,

Dans le dispositif, M. Clausel de Montals renouvelle son Ordonnance du 25 décembre 1825, par laquelle il recommandoit aux fidèles de s'abstenir de la lecture de tout écrit contraire à la religion et à la morale. Il les exhorte à multiplier leurs prières et leurs bonnes œuvres pour réparer les outrages publics faits à Notre-Seigneur. A cette intention, les prêtres réciteront pendant trois mois, à la messe, les oraisons Pro reparatione injuriarum Christo illatarum. Les fidèles sont invités à prier d'une manière spéciale, et avec le plus grand zèle, pour l'affermissement de la religion en France, pour le Roi et la famille royale, et pour la tranquillité et la prospérité du royaume.

Cette Instruction pastorale du respectable évêque est un nouveau service rendu à la religion; solide, pleine de nerf, dictée par un sentiment profond de religion, elle est partout empreinte de cette chaleur de zèle qui sied si bien à un évêque à la vue des maux de l'Eglise.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. M. François-Marie Fenzi, patriarche de Jérusalem, est mort dans cette capitale le 9 janvier dernier. M. Fenzi étoit né à Zara, d'une famille noble, le 24 mars 1738. Il devint archevêque de Corfou, du rit latin, le 20 septembre 1779, donna sa démission en 1816, et fut créé patriarche de Jérusalem dans le consistoire du 23 septembre de la même année. Il étoit parvenu à l'âge de près de 91 ans, et étoit le doyen des évêques du monde catholique.

-Louis Fortis, général de la compagnie de Jésus, est mort le 27 janvier, d'une maladie de poitrine; il étoit âgé de 81 ans, et laisse après lui une grande réputation de sagesse et de piété. C'est lui qui défendit, il y a quelques années, d'enseigner sept propositions qui étoient comme la substance d'un système nouveau. On a nié le fait; mais il est notoire, dans toutes les maisons de la société, que la circulaire y a été envoyée, et il n'est aucun Jésuite qui n'en ait eu connoissance. Par une lettre en forme de codicile, le Père Fortis a nommé le vicaire qui doit le remplacer jusqu'à l'élection de son successeur, laquelle ne peut avoir lieu avant trois ou quatre mois, à cause de l'éloignement d'un grand nombre de membres. Ce vicaire-général est le le Père Vincent Pavani, déjà provincial de la société pour l'Italie, homme estimé pour ses vertus, ses lumières et sa capacité.

PARIS. Deux ordonnances du Roi, du 18 janvier, sont relatives aux écoles secondaires ecclésiastiques. L'une porte que les évêques dont les écoles ont été autorisées enverront annuellement l'état des élèves désignés par eux pour jouir des demi-bourses. Une autre ordonnance augmente pour 16 diocèses le nombre d'élèves fixé par l'ordonnance du 26 novembre dernier, les prélats ayant réclamé cette augmentation. Ainsi le contingent du diocèse d'Autun sera porté de 360 à 380, celui de Beauvais de 300 à 340, celui de Dijon de 230 à 250, celui de Langres de 200 à 220,

celui de Luçon de 240 à 260, celui de Nevers de 160 à 185, celui de Nîmes de 180 à 200, celui d'Orléans aussi de 180 à 200, celui de la Rochelle de 120 à 150, celui de Rodez de 100 à 164, celui de St-Flour de 150 à 200, celui de Strasbourg de 300 à 330, celui de Valence de 200 à 230, celui de Verdun de 160 à 210, et celui de Viviers de 130 à 210.

Les élèves du grand séminaire de Poitiers désiroient depuis long-temps de rendre un hommage solennel à la croix de Migné, et s'ils n'ont pas cru qu'il leur convînt de prendre l'initiative d'une telle démarche, ils ont jugé du moins qu'ils pouvoient faire leur offrande après le Mandement de leur évêque, et après les exemples donnes par les villes de Lille, de Beauvais et d'Avignon. Ils ont donc résolu d'offrir un ostensoir, comme un monument de leur dévotion pour la croix; sur le pied de cet ostensoir, qui est en argent, on voit en relief une croix de vermeil, et autour cette inscription: In cruce D. N. Jesu Christi divinitùs apparente anno 1826, gloriantes seminarii Pictaviensis alumni. Oblatum anno 1829. Une pieuse dame a voulu joindre à l'ostensoir une couronne enrichie de perles. La fête de la purification de la sainte Vierge a été choisie pour aller porter l'offrande. Le temps a favorisé cet édifiant pélerinage, auquel s'étoit joint un nombreux concours de fidèles. M. l'abbé Meschain, grand-vicaire et supérieur du séminaire, prononça un discours relatif à la cérémonie. On remarquà à la communion un général d'un nom cher à la Vendée, qui vint s'asseoir à la table sainte, et donna l'exemple de cette piété, qui s'allie si bien avec l'honneur et le courage. Les séminaristes arrivèrent à Migné vers les deux heures après midi; ils se prosternèrent au pied de la croix du jubilé, en chantant O Crux, ave. Le saint sacrement fut exposé dans l'ostensoir, on chauta un cantique à la croix, et M. l'abbé Samoyault, directeur du grand séminaire, adressa aux fidèles quelques paroles vives et touchantes. Immédiatement avant la béné diction, il prononça en chaire une amende honorable au saint sacrement, et un acte de consécration à la croix. Cette cérémonie a laissé dans tous les cœurs une forte impression de piété.

Nous avons parlé des poursuites dirigées contre l'Aviso de la Méditerranée, pour outrages envers un ministre de la religion de l'Etat. L'affaire a été portée le 26 janvier à l'au

dience du tribunal correctionnel de Toulon. M. Colle, avocat, a plaidé pour M. Marquézy, aussi jeune avocat, gérant de l'Aviso. C'est ce M. Marquézy qui paroît avoir créé ce petit journal, et qui y prêche le libéralisme avec toute la ferveur d'un jeune adepte. Le meilleur moyen de servir la cause est de tourner en ridicule la religion et ses ministres. M. Marquézy avoit assez bien commencé sous ce rapport, il s'étoit permís des plaisanteries sur le curé de la Crau. Pour les excuser, M. Colle en a fait de nouvelles, dont quelquesunes assez impertinentes. Dans un plaidoyer de deux heures et demie, il a répété de mauvais quolibets qui traînent depuis long-temps dans les Ana. M. de Gombert, procureur du Roi, qui a soutenu la prévention, a déploré la licence de la presse; il s'est plaint surtout des journaux des départemens, qui, fidèles auxiliaires des feuilles révolutionnaires de la capitale, non-seulement répandent des opinions politiques fort exagérées, mais cherchent à affoiblir parmi le peuple le respect pour la religion et les idées d'ordre et d'obéissance. Ces journaux, a ajouté le magistrat, sont parvenus à un tel degré de dévergondage, qu'il n'est presque plus possible d'en arrêter le cours, et leur influence s'étend chaque jour en raison de l'impunité. Venant aux faits de la cause, le magistrat a présenté le rédacteur de l'Aviso comme écrivant sous la dictée d'une faction impie. On a prétendu qu'il n'avoit fait que plaisanter; c'est avec ces plaisanteries qu'on a ébranlé, il y a quarante ans, la religion et la monarchie. D'ailleurs, la réflexion qui termine le premier des deux articles de l'Aviso est non-seulement diffamatoire, mais empreinte d'une gravité qu'on ne peut caractériser. Enfin le fait est faux, comme le prouve le certificat de l'adjoint de la Crau. Le gérant de l'Aviso n'a donc voulu que faire du scandale; il n'en vouloit pas seulement à M. Giraud, curé de la Crau, mais à tous les prêtres, et dans une lettre à M. de Lasalle sur cette affaire, il s'exprime avec une ironie et une arrogance qui aggravent ses torts. Ces sages réflexions de M. de Gombert ont échoué devant le tribunal, Marquézy a été acquitté, et pourra continuer son système de diffamation. Le procureur du Roi a appelé devant la cour royale d'Aix.

-Le 31 janvier, Jean Richard, condamné à mort pour assassinat, par la cour d'assises de Saintes, a été exécuté à la Rochelle. Il étoit né à Saumur, et étoit âgé de 40 ans.

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