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De ce que le général Maison vient d'être nommé maréchal de France, beaucoup de gens seront probablement tentés de conclure que l'expédi tion de la Grèce n'est rien moins que finie. Nous sommes du nombre de ces gens-là; car si le retour du général devoit être prochain, comme on le prétendoit, il nous semble que rien n'eût été plus convenable que de lui réserver son baton de maréchal pour sa bien-venue. Ce qui se fut alors présenté naturellement à l'esprit comme la pensée d'une récompense, s'y présente maintenant comme la pensée d'un encouragement.

M. Eusèbe Salverte, dans son malencontreux discours de jeudi dernier, à l'appui de sa proposition pour reprendre l'accusation des ministres, a avancé que l'ex-garde-des-sceaux avoit prolongé pendant vingt mois la détention des déportés de la Martinique, en retenant volontairement les pièces de leur pourvoi en cassation: M. le comte de Peyronnet a écrit à l'honorable député pour démentir ce fait, qui est entièrement contraire à la vérité. Il suffit, dit M. de Peyronnet, de recourir aux documens de cette affaire pour voir que ni les condamnés, ni leur procédure n'ont été à la disposition du ministère de la justice; que les pièces nécessaires au pourvoi n'étoient pas même arrivées en France au commencement de 1826; qu'enfin l'arrivée de ces pièces n'a jamais pu dépendre de la volonté du ministre inculpé, et qu'il n'a ni prescrit, ni permis aux employés de son administration de retenir aucune d'elles.

-Par ordonnances du 22 février, le Roi a élevé à la dignité de maréchal de France M. le lieutenant-général marquis Maison, commandant l'expédition de Morée; au grade de lieutenant-général, M. le baron Durrieu, chef d'état-major de cette expédition; à celui de maréchal-de-camp MM. Trezel, de Cubières, le marquis de Faudoas, le vicomte de la Hitte; et à celui de colonels, MM. Sanfourche et de Vaudreuil, également attachés à la même expédition. MM. les maréchaux-de-camp vicomte Tiburce Sébastiani et Hygonet sont nommés commandeurs de l'ordre de SaintLouis; M. le maréchal-de-camp Schneider est nommé grand-officier de lar Légion-d'Honneur; et MM. les colonels de la Serre, Rullière et Audry, commandeurs du même ordre.

-M. le capitaine d'artillerie Duhamel, qui a été blessé gravement à la tête, dans une des affaires de la Moree, est de retour à Paris. Le Roi a récompensé les services de cet officier en le nommant chef de bataillon.

- Mad. la Dauphine, informée par M. Duport-Chevalier, maire de la commune de Chivres, près Soissons, qu'une cotisation volontaire venoit d'avoir lieu entre les habitans de ladite commune pour fournir aux frais de réparations de l'église et de l'école, a bien voulu y participer pour une somme de 300 fr.

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- Les trois commissions de la chambre des pairs nommées par M. le chancelier ont choisi pour président, savoir, la première chargée d'examiner la loi sur le duel, M. le maréchal Molitor; la seconde relative à la juri– diction militaire, M. le maréchal Gouvion de Saint-Cyr, et la troisième chargée de la discussion du code pénal militaire, M. le maréchal duc de Raguse.

-La commission chargée de l'examen du projet de loi sur les conseils d'arrondissement et de département a nommé pour président M. Dupont (de l'Eure), et pour secrétaire M. de Rambuteau. La commission de la loi communale a nommé pour président M. de Lastours, et pour secrétaire M. Humblot-Conté.

M. Queyrel fils, libraire à Gap, s'étant élancé dans la Durance pour sauver, au péril de sa vie, celle d'un malheureux voiturier entraîné par le courant, M. le ministre de l'intérieur, à la demande de M. le préfet des Hautes-Alpes et de M. Colomb, député de ce département, s'est empressé de décerner, une médaille d'or en récompense à ce courageux jeune homme.

Encore un criminel acquitté par le jury. La cour d'assises de Pau avoit à juger dernièrement un nommé Marcadet, convaincu d'avoir volé des poules, et ce vol étoit aggravé des circonstances d'avoir été commis de nuit dans une maison habitée, et à l'aide d'effraction et d'escalade. Le fait étoit constant; l'accusé avoit été arrêté au moment où il franchissoit les murs, emportant la volaille dont il s'étoit emparé. Néanmoins le jury, mu, nous dit-on, par un beau sentiment d'humanité, a déclaré Marcadet non coupable.

- D'après les états officiels de la population du royaume des PaysBas arrêtés au 1er janvier 1829, on compte dans ce royaume 6,166,854

habitans.

Les pétitions continuent de se multiplier dans les Pays-Bas. De toutes parts, on demande avec instance l'exécution franche et définitive du concordat, la suppression du monopole de l'instruction publique et de l'impôt de mouture, la liberté de la presse, le rapport de Tarrete, la loi de 1815, le rétablissemeut du jury; etc. Le roi des Pays-Bas, cedant aux vœux exprimés de toutes parts, vient de nommer une commision composée de membres de la seconde chambre, pour revoir promptement les dispositions actuellement existantes sur l'instruction moyenne, et examiner de quels changemens ou modifications elles sont susceptibles. -Il vient d'être présenté aux chambres des Pays-Bas un projet de loi sur l'organisation du pouvoir judiciaire et l'administration de la justice. Cette loi rapporteroit celle du 18 avril 1827.

Une nouvelle révolution, mais plus sanglante que les précédentes, rient d'avoir lieu dans la capitale du Mexique. Pendant la nuit du 30 novembre, comme Santaanna et Guerrero approchoient de la ville, 3 mille miliciens et gens sans aveu de Mexico s'emparèrent d'une caserne qui renfermoit le parc d'artillerie, et des principaux points de la ville dont ils convoitoient le pillage. Les soldats du gouverneur essayèrent en vain de les en débusquer: après deux jours de combats, les révoltés parvinrent à chasser leurs adversaires de la ville; ils se mirent alors à pilfer toutes les maisons, massacrèrent 800 habitans, presque tous Espagnols, et maltraitèrent les Français et les Américains. Bientôt les soldats de Guerrero et de Santaanna arrivèrent, et achevèrent, avec la populace, de piller toute la ville. On évalue le dommage à 8 ou 10 millions de dollars. Pendant ce dé→ sordre, le congrès et les ministres prirent la fuite ainsi que les consuls étran

gers, excepté celui des Etats-Unis, M. Poinsett, l'un des chefs du parti révolutionnaire. Le général Guerrero s'est mis à la tête du gouvernement, et a publié une proclamation dans laquelle il annonce que les étrangers seront protégés. Mexico et la Vera-Cruz étoient toujours en son pouvoir le 30 décembre. Voilà les douceurs de la liberté pour le Mexique.

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Un décret de Bolivar du 18 novembre dernier, levant la prohibition expresse qui existoit, porte que les produits naturels, les effets et les marchandises de l'Espagne et de ses colonies seront dès-lors admis dans les ports de la Colombie, pourvu que l'importation soit faite par des vaisseaux neutres, n'ayant aucun Espagnol à leur bord.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 20, M. le président lit une lettre de M. le comte de Saint-Aulaire, par laquelle ce député de Verdun annonce que son père étant mort, il succède à sa pairie, et ne pourra plus prendre part aux travaux de la chambre des députés. M. Royer-Collard invite le quatrième bureau à désigner un autre commissaire pour la loi départementale.

M. Jacques Lefevre développe sa proposition, portant qu'après la clôture des discussions générales, nul discours écrit ne sera prononcé, si ce n'est pour développer un amendement imprimé et distribué.

M. de Corcelles ne trouve pas que cette mesure épargneroit beaucoup de temps d'ailleurs, n'a-t-on pas la ressource de ne pas écouter les orateurs trop longs et trop ennuyeux ?(Rire. Tous les regards se portent sur M. Salverte, qui avoit lu la veille un si énorme discours pour l'accusation des ministres.)

La proposition, appuyée encore par M. Félix de Leyval, et combattue par M. Al. Delaborde, est mise aux voix et rejetée à une grande majorité.

On ouvre un scrutin pour la nomination d'un secrétaire-rédacteur des procès-verbaux, en remplacement de M. Aimé Martin, démissionnaire. Il y a 338 votans, majorité absolue, 170. Les suffrages se partagent ainsi entre les trois candidats présentés par le bureau: MM. Lagarde, 171; Delalonde, 159; Guillemot, 9.

M. Lagarde, ayant obtenu exactement la majorité nécessaire, est proclamé secrétaire-rédacteur. M. de Silans, autre secrétaire-rédacteur, nommé en 1827, conserve toujours ses fonctions.

Le 21, MM. Humblot-Conté et Viennet font un rapport de pétitions.

Des marchands demandent des restrictions au colportage, et se plaignent de ce que les commissaires-priseurs font des ventes de marchandises à l'encan. Ordre du jour pour ce qui concerne le colportage, et renvoi de la séconde partie de la pétition au garde-des-sceaux.

Le sieur Legrand de Jequthare demande l'exécution des lois pour placer les enfans de familles nombreuses dans les collèges ou dans les écoles des arts

et métiers. M. le ministre de l'instruction publique fuit observer que la loi de l'an 10, qui a créé 6400 bourses, ne sauroit être exécutée à raison du peu de fonds accordés pour cela par le budget, puisqu'il ne sera possible de donner cette année que 82 demi-bourses. M. de Conny pense que les bourses devroient être données aux enfans dont les parens ont rendu des services à l'Etat, et que pour savoir si ce but a été atteint, on devroit chaque année publier la liste des élèves qui ont obtenu des bourses. La pétition est renvoyée au ministre.

Le sieur Brefort, propriétaire à Meulan, demande que les faux électeurs soient poursuivis, et que si les lois sont insuffisantes, la chambre prenne les mesures qu'elle jugera convenables pour obtenir leur prompt chatiment. M. Marschall appuie cette pétition, et prie M. le ministre de l'intérieur de donner des renseignemens sur ce qui a été fait. M. de Martignac rappelle comment la chambre a procédé l'année dernière sur les pétitions relatives aux élections, et qu'elle a cru devoir écarter la pénalité. M. le ministre de la justice, continue-t-il, a nommé une commission d'enquète, les pétitions ont été examinées avec le plus grand soin; mais toutes les plaintes ont été trouvées exagérées, et la plupart des préfets ont été jugés irréprochables. M. de Martignac alors a rendu compte au Roi et a pris ses ordres, qu'il a exécutés avec exactitude et loyauté. La chambre prononce l'ordre du jour, suivant les conclusions de la commission.

Des pétitions pour obtenir des pensions aux veuves des officiers morts avant 1814, et faire supprimer les retenues qu'on exerce sur les pensions des militaires en retraite au profit des invalides, sont renvoyées aux ministres compétens.

La chambre passe à l'ordre du jour sur une pétition contre les compagnonages d'ouvriers. M, Ch. Dupin entre à ce sujet dans de grands détails sur les sociétés d'ouvriers.

Le sieur Clavet, à Lyon, demande que l'on fasse cesser l'abus des titres et des surnoms que prennent illégalement quelques personnes; il prétend qu'il y a à Lyon 188 personnes indument titrées. M. de Lacroux-Laval, maire de cette ville, repousse ces assertions avec d'autant plus d'assurance qu'il connoit la plupart des personnes citées, et qu'il sait qu'elles ont hérité de leurs noms. L'honorable membre explique que lui-même, dont il est question dans la pétition, tient son nom d'un père qui a péri pour la légitimité en 1793. La chambre adopte l'ordre du jour.

Au moment où l'on appeloit la pétition d'un sieur Chirmer, employe destitué, sollicitant la mise en accusation de M. Roy, ministre des finances, de M. de Villèle son prédécesseur et de leurs chefs de bureaux, la chambre se lève spontanément.

Commission du projet de loi communale : MM. Humblot-Conté, Duvergier de Hauranne, Brillet de Villemorge, Chauvelin, de Lastours, Dupin aîné, Pelet, Dumarallach, Moyne.

Commission du projet de loi des conseils d'arrondissement et de département MM. Rouille de Fontaine, Dupont (de l'Eure), de Villebrune, Aug. Perrier, Méchin, Sébastiani, Gautier, Dumeylet, de Rambuteau.

Le 23, M. J. Lefèvre fait le rapport de la commission qui a examiné la proposition de M. Marschall, tendant à introduire dans le règlement de la chambre que les propositions de loi qui ont pour objet des intérêts purement locaux seront votés par assis et levé, à moins que le scrutin secret ne

soit réclamé par cinq députés au moins. La commission propose l'adoption de cet article réglementaire. La discussion en est remise à mercredi.

M. de Villeneuve propose, au nom d'une autre commission, l'adoption des vingt-six projets de foi tendant à modifier les circonscriptions de divers cantons et arrondissemens. Ces projets seront discutés immédiatement après la proposition de M. Marschall.

La séance publique est levée; la chambre se forme en comité secret. On assure que M. Sébastiani a développé alors sa proposition, tendant à supplier le Roi de proposer une loi portant qu'il ne seroit plus fait à l'avenir de retenue sur les pensions militaires de 900 fr. et au-dessous, et qu'à cet effet l'augmentation de fonds nécessaires pour la dotation des invalides de terre et de mer seroit portée au budget.

La société catholique des bons livres a, le 10 du courant, distribué, sous la présidence de M. le baron de Damas, gouverneur de S. A. R. M. le duc de Bordeaux, les prix proposés en 1827.

Le prix de philosophie, consistant en une médaille d'or de 2000 fr., a été accordé à M. Riambourg, président à la cour royale de Dijon, auteur d'un ouvrage intitulé l'Ecole d'Athènes.

Une mention honorable a été accordée à M. Derode, professeur de mathématiques, membre de la société des sciences de Lille, qui avoit présenté un manuscrit portant pour titre Histoire abrégée de la philosophie.

Les noms de MM. Blaud, médecin en chef de l'hôpital de Beaucaire ; Gintrac, professeur à l'école secondaire de médecine de Bordeaux, et Bravais, membre de la société des bonnes études, à Paris, ont été mentionnés avec éloge. Ces trois concu' rens avoient envoyé à la société catholique trois ouvrages physiologiques viiment remarquables.

La société catholique propose, pour 1830, divers sujets sur lesquels elle entend laisser toute liberté x auteurs, En histoire, la question de la certitude historique, de l'héré té française, toutes les autres questions qui peuvent montrer la popularité des anciennes institutions monarchiques, l'état de l'Eglise dans l'ancienne France, l'histoire de la réforme, ou la réfutation des erreurs historiques qui auroient déshonoré les publications modernes, etc. etc. En philosu hie: l'examen du principe de l'éclectisme, qui n'est, sous un autre nom, que le principe du doute, ou le scepticisme ou l'absence de toute philosop. ie, parce qu'il est la ruine de toute certitude. En mathématiques: la statistique morale et religieuse de la France. Recommandation expresse est lite aux concurrens de citer les sources où ils auront puisé les données numériques dont ils feront usage.

Les fonds des prix pour 1 meilleurs ouvrages qui seront présentés sur ces matières ainsi qu'en physiologie, seront faits par l'association pour la défense de la religion catholique.

Le Gérant, ADRIEN LE CLERE.

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