Page images
PDF
EPUB

drale d'Yorck, en Angleterre. C'est un fou nommé Martin, qui, par suite d'un rêve, s'étoit imaginé qu'il devoit commettre cet acte de frénésie. Il a été arrêté, et doit être jugé prochainement.

-D'après l'exemple donné par le Dauphin de France, le prince royal de Prusse vient de se charger du protectorat des prisons.

La Russie a fait faire à la Porte ottomane, pour l'échange des prisonniers, une proposition qui n'a été accueillie qu'à la condition que JussufPacha seroit livré avec ses adhérens.

- Le 29 janvier, don Miguel, qui est maintenant totalement rétabli des suites de son accident, s'est rendu, avec les infantes ses sœurs, à l'église de Sainte-Marie, pour y entendre une messe et un Te Deum solennels. Il alla en même temps faire ses prières à la belle chapelle du Saint-Sacrement, et à l'autel où se trouve exposée à la vénération publique l'image miraculeuse de Notre-Dame da Rocha. De là le prince alla dîner au palais de Neussidades, et ne retourna que le soir au palais de Queluz.

- Il est probable que c'est le général Jackson qui sera le président des Etats-Unis en remplacement de M. Adams. Presque tous les Etats ont déjà voté. Le Courrier de New-Yorck publie le résultat des suffrages de chacune de ces provinces. Au total, sur 1,134,984 votans, le géneral Jackson a 627,762 voix, et M. Adams 508,705 : majorité en faveur du général, 119,057.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 14, MM. le comte Abrial et le marquis de Lauriston, dont l'admission avoit été précédemment prononcée, ont été reçus conformément aux usages de la chambre.

M. le maréchal marquis de Gouvion-Saint-Cyr a prononcé l'éloge funèbre de M. le comte Dessoles.

M. le garde-des-sceaux a présenté un projet de loi sur le duel, et M. le ministre de la guerre le projet de code de justice militaire, divisé en deux projets de loi, le premier relatif à la juridiction, et le second à la pénalité.

La chambre se réunira, le jeudi 19, pour l'examen de ces lois, dans les bureaux, et ensuite en assemblée générale.

Le projet de loi sur le duel contient, dit-on, trois articles. Les combattans seroient, dans tous les cas, interrogés ou arrêtés, et traduits devant la chambre d'accusation, qui renverra l'affaire devant la cour d'assises, lors même qu'il ne s'agiroit que de blessures qui n'auroient occasionné aucune maladie ni incapacité de travail. Si la réponse du jury est affirmative, la cour prononcera, en cas d'homicide, l'interdiction des droits civiques, civils et de famille pendant cinq à dix ans, ou seulement de trois à cinq ans, s'il n'est résulté que des blessures du combat.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 13, MM. les députés se sont réunis, à midi, dans leurs bureaux respectifs, pour l'examen préparatoire des divers projets de loi présentés par le gouvernement, et la nomination des commissaires qui doivent en faire Fexamen définitif. Ce travail n'a pu se terminer dans la séance.

Le 14, MM. les députés se sont réunis de nouveau dans les bureaux. Ils ont nommé la commission du projet de loi relatif à la dotation de la chambre des pairs. Voici sa composition:

MM. les vicomte de Laguette de Mornay et de Cormenin, le baron Lepelletier d'Aulnay, le marquis de Bizemont, Cassaignolles, le comte de Saint-Georges, Raudot de Ricard, Calmant.

Le même jour, MM. le président, les vice-présidens, les secrétaires et les questeurs se sont réunis pour désigner les candidats dont ils ont à soumettre les noms à la chambre en remplacement de M. Aimé-Martin, qui a donné sa démission de secrétaire-rédacteur des procès-verbaux. Beaucoup de personnes s'étoient mises sur les rangs. Les onze membres du bureau de la chambre ont procédé à un choix entre ces candidats par la voie du scrutin. M. R. D. Lagarde a obtenu 10 suffrages, M. Delalonde 6, et M. Guillemot 6, après un ballotage où M. Letellier a eu 5 voix.

Le discours du roi d'Angleterre pour l'ouverture du parlement est un événement bien remarquable dans l'histoire de la Grande-Bretagne ; c'est la première fois que le prince appelle l'attention du parlement sur l'ensemble des lois qui frappent les catholiques. On ne doute pas que ces lois ne soient révoquées, si l'influence du ministère se joint sincèrement à une opinion déjà fortement prononcée. Ceux qui ont proposé l'adresse dans l'une et l'autre chambre ont fait l'éloge de la détermination du duc de Vellington. Plusieurs journaux anglais s'indignent de ce système de concession qui blesse leurs vieilles idées protestantes; d'autres applaudissent à ce qu'ils regardent comme un acte juste et honorable. Le Standard assure que les catholiques seront admissibles à toutes les places, excepté à celles de lord chancelier d'Angleterre et de vice-roi d'Irlande. Suivant le même journal, les modifications ou garanties qu'on exigeroit seroient la nomination des évêques catholiques par le roi et l'augmentation du cens électoral, qui seroit porté de quarante shellings à vingt livres ster. ou cinq cents fr. par an. Il faut espérer que le parlement se montrera entièrement généreux, et qu'il n'imposera pas des garanties que les catholiques ne pourroient pas accepter sans compromettre les droits ou les intérêts de leur religion.

Déjà un commencement de discussion a eu lieu dans les deux chambres du parlement sur la question catholique. Dans la chambre des pairs, le comte de Winchelsea, lord Eldon, le due de Newcastle, lord Farnham se

sont prononcés dans la séance du 5 février contre les concessions que l'on se propose de faire aux catholiques. Au contraire, le marquis de Salisbury, le comte de Wicklow, le marquis de Devonshire ont arplaudi à la mesure. Le même jour, dans la chambre des communes, lord Clive, lord Corry, sir Joseph Yorke, lord Milton, M. Maurice Fitzgerald, M. Brownlow, M. Brougham, sir James Mackintosh, sir Francis Burdett, se sont montrés favorables à l'émancipation; M. Bankes, sir R. Inglis, le marquis de Chandos, M. Moore, M. Pelham, le général Gascoyne, ont parlé dans un sens opposé. Le & février, l'adresse fut adoptée dans la chambre des communes après des discours de sir Thomas Lethbridge, M. Leslie Forster, M. Huskisson, et sir John Newport, en faveur du projet des ministres.

Le 10 février, la même question est revenue sur le tapis dans la chambre des pairs à l'occasion de pétitions contre les catholiques. Le duc de Rutland ne veut pas encore se prononcer sur la mesure avant de connoître le bill. L'archevêque de Cantorbéry, l'évêque de Londres et lord Redesdale, sont toujours opposés à l'émancipation; lord Lansdown et lord Clifden y applaudissent de tout leur cœur. Dans la chambre des communes, M. Peel a développé sa motion pour interdire les réunions de l'association catholique d'Irlande. On sait que ce ministre a changé d'avis sur la question de l'emancipation; il a expliqué les motifs qui l'ont dirige. Son discours a été fort applaudi. La première lecture du bill contre l'association a eu lieu après une discussion dans laquelle lord Althorp, M. William Stuart, M. Stanley, M. Huskisson et lord Palmerston ont parlé en faveur du projet. La seconde lecture fut fixée au jeudi suivant.

Le 11 février, il y a encore eu des discussions dans les deux chambres à l'occasion de pétitions sur l'émancipation. Dans la chambre des communes, M. William Peel, frère du secrétaire d'Etat, et M. Sugden, ont annoncé qu'ils voteroient pour le bill. Lord John Russell a présenté une pétition en faveur des catholiques de la part de ministres presbytériens, indépendans et anabaptistes de Londres. Sur quatre-vingt-trois ministres, soixante-huit avoient signé la pétition.

Le jeudi 12, on a fait la seconde lecture du bill. I autorise le lordlieutenant à supprimer les réunions de l'association, et porte trois mois de prison, un an pour la récidive, et une amende de 100 liv. sterl. contre ceux qui refuseroient de se soumettre.

Les membres les plus influens du parlement ont écrit à Dublin pour engager à dissoudre l'association. Les évêques catholiques d'Irlande se trouvoient réunis dans cette ville lorsque les lettres sont arrivées. Ils ont adopté une résolution pour remercier le roi, et pour inviter l'association à cesser ses réunions ; ils déclarent qu'ils sont pleins de confiance dans la promesse des ministres d'émanciper les catholiques. M. Shiel a été mandé par eux pour porter leurs vœux à l'association: il a rempli sa commission le ro fevrier. Tout le monde a été d'avis de se dissoudre; seulement on a résolu d'écrire à M. O'Connel, qui vient d'arriver à Londres. Cette démarche n'est qu'une politesse qu'on a voulu lui faire; l'association se regarde comme dissoute.

Le Gérant, ADRIEN LE CLERE.

[graphic]

SAMEDI 21 FÉVRIER 1829.

(N° 1517.)

Du nouvel ouvrage de M. de La Mennais.

M. de La Mennais, qui gardoit le silence depuis assez long-temps, vient enfin de le rompre par un écrit qui étoit annoncé depuis plusieurs mois, et qui excite vivement la curiosité. La réputation de l'auteur, son génie observateur, son talent comme écrivain, ses opinions connues, tout inspiroit le désir de voir comment il jugeroit la crise actuelle. On vouloit même croire qu'un homme aussi habile ne se contenteroit pas de sonder nos plaies, et qu'il y appliqueroit un remède efficace. On a donc dévoré son livre avec avidité, des milliers d'exemplaires ont eu peine à satisfaire l'empressement du public. L'effet général de l'ouvrage at-il répondu à ce mouvement de curiosité? C'est ce que nous n'oserions décider. On a reconnu sans peine la touche brillante et vigoureuse de l'auteur, on a admiré des pages empreintes d'un rare talent; mais beaucoup de gens sont tout étonnés d'assertions et de principes qui leur paroissent fort extraordinaires. Nous nous permettrons d'en signaler quelques-unes, nous exposerons nos doutes; le lecteur jugera si nos observations ont quelque fondement, et si ce livre peut être compté parmi les services que l'auteur a rendus à la religion.

Le titre seul du livre, des Progrès de la révolution et de la guerre contre l'Eglise, indique assez la pensée de l'auteur; il la développe dans une suite de chapitres, où il caractérise l'époque actuelle, et examine les doctrines des partis, leurs conséquences, les mesures qu'on a obtenues, et ce que nous avons à craindre pour l'avenir. Il voit la société politique livrée à l'action de deux doctrines également fausses et également opposées à l'ordre social; c'est le libéralisme et le gallicanisme, dont il trace tour à tour le portrait.

Qu'on ne l'accuse point de passion ou de violence dans son jugement sur le libéralisme; il parle même avec estime de ce mouvement qui entraîne tant de gens à combattre obstiné

Tome LIX. L'Ami de la Religion et du Roi.

C

[graphic]

ment pour la cause libérale : Nous le disons sans détour, ce mouvement est trop général, trop constant pour que l'erreur et les passions en soient l'unique principe. Dégagé de ses fausses théories et de leurs conséquences, le libéralisme est le sentiment qui, partout où règne la religion du Christ, soulève une partie du peuple au nom de la liberté ; ce n'est autre chose que l'impuissance où toute nation chrétienne est de supporter un pouvoir purement humain, qui ne relève que de lui-même, et n'a de règle que sa volonté. Bien des libéraux ne se doutoient vraisemblablement pas que le système qu'ils suivent eût une si belle origine, et, partit d'un principe si respectable. M. de La Mennais applaudit même à leurs vœux: Quand le libéralisme demande la liberté, il demande l'ordre; il demande ce que nul n'a le droit de refuser aux hommes, ce que Dieu lui-même leur commande de vouloir et d'aimer. L'auteur va jusqu'à dire que les libéraux ont raison contre leurs adversaires sur le fond des choses; voici textuellement sa phrase: Le parti opposé aux intérêts du tróne a d'ailleurs, sur le fond des choses disputées entre lui et le pouvoir, un immense avantage de raison, et ceci c'est beaucoup, c'est tout à la longue. Les feuilles libérales ne devoient-elles pas des remerciemens à l'auteur pour ces étonnantes concessions? Et immédiatement après: Que demandent les libéraux? L'exécution franche et loyale de la Charte jurée par le prince; il n'y a rien à répondre à cela. Que demandent-ils encore? Des lois complémentaires en harmonie avec la Charte, lois également promises par le prince, et dont la nécessité est admise de part et d'autre; il n'y a rien non plus à répondre à cela. Je ne sais cependant si quelques-uns de ces royalistes incorrigibles, comme il y en a encore, ne pourroient pas trouver qu'on fait ici bien de l'honneur aux libéraux; ils prétendent que ces gens-là ne sont pas bien francs dans leur attachement pour la Charte, et que leurs vœux vont un peu plus loin que M. de La Mennais ne le suppose. Ils disent que la Charte a été franchement exécutée, mais qu'il y a deux manières de l'entendre, et qu'il seroit trop dangereux de laisser à un parti le droit de l'interpréter, de l'expliquer et de l'étendre à son gré. Enfin, ils veulent que ce soit à celui qui a donné la Charte qu'il appartienne d'en fixer le

sens.

Les libéraux sauront encoré quelque gré à M. de La Mennais de son jugement sur Louis XIV, car il ne traite pas fa

« PreviousContinue »