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Bonnet, trésorière de sainte Marie-Egyptienne. Ces deux œuvres, également intéressantes, sont destinées pour des filles égarées qui demandent leur admission dans ces retraites, et qui y sont visitées par des dames charitables. Le travail en linge et en broderie est un des principaux moyens pour soutenir ces établissemens, et on aura obligation aux personnes qui voudroient bien procurer de l'ouvrage.

- Il y aura, la semaine de la Passion, des retraites dans la plupart des paroisses de la capitale, pour préparer à la Pâque. Chaque jour il y aura des sermons. A la Madeleine, les prédicateurs seront MM. Duthozet, Landrieux, Longin,

Bonnet et Bonnevie.

Nous avons été obligé d'interrompre les citations de mandemens que nous avions commencé à donner dans ce journal. Nous le regrettons d'autant plus, que ces citations faisoient bien connoître l'esprit qui anime le corps épiscopal, et étoient une réponse victorieuse à ses détracteurs. Un zèle toujours dirigé par la sagesse, des réflexions et des conseils applicables aux circonstances, souvent des sujets importans traités avec étendue, la religion vengée des injures de ses ennemis, le clergé défendu contre des attaques passionnées, c'est ce qu'on a pu remarquer dans ces mandemens, et ce qui nous fait supporter avec plus de peine de n'avoir pu continuer nos extraits. Il nous a été impossible même jusqu'ici d'insérer un passage du mandement de M. l'évêque de Belley, que nous avions promis, et qui renferme une excellente apologie du clergé, et une réponse très-solide aux déclamations dont on est rebattu. Le passage est un peu long, mais il est si bien frappé, si judicieux et si bien approprié aux circonstances, que nous nous reprocherions de ne pas le faire connoître un peu plus tôt ou un peu plus tard.

On a jugé, le 31 mars, au tribunal correctionnel de Chartres, l'affaire de la femme Dubuard, veuve Pierre, appelant du jugement rendu contre elle à Nogent-le-Rotrou. Nous avons rendu compte de ce jugement no 1510; elle avoit été condamnée à deux ans de prison, maximum de la peine. On se rappelle quel tableau pathétique un avocat disert fit des sinistres effets des missions, et quel vif intérêt excita ce pauvre M. Filleul, qui n'avoit pù se mettre en garde contre les coups d'une veuve. On a commencé à Chartres par

interroger la veuve Pierre et par entendre les témoins; les dépositions n'ont rien appris de nouveau. Les avocats ont pris ensuite la parole. Celui de la femme Dubuard a luimême parlé contre les missions, et a formé le vœu qu'une loi les interdit. Celui du sieur Filleul a encore moins ménagé les missions et les missionnaires, et a peint d'une manière effrayante les résultats de leurs prédications. Le ministère public même n'a pas été en reste avec les avocats; il a reproché aux missionnaires d'avoir excité la fureur du peuple; Filleul n'étoit coupable que d'imprudence, les missionnaires, au contraire, ont exalté les têtes, et le magistrat déplore les effets de leur zèle. Il semble que tout le monde s'étoit donné le mot pour tenir le même langage dans cette circonstance, et pour payer le tribut au délire qui égare les têtes. On a cité M. Isambert et M, B, Constant, ces grandes autorités du moment, pour savoir ce qu'il falloit penser d'exercices salutaires qui ont fait du bien en tant de villes, ont fait cesser tant de désordres, ont ramené des populations entières à la pratique de la religion. Toutefois M. le procureur du Roi de Chartres a dit que le jugement de Nogent-le-Rotrou, contre une femme qui est dans l'indigence, étoit fort sévère, et il a exprimé le veu que les nouveaux juges modifiassent la peine et les dommages-intérêts. En effet, le tribunal a réduit l'emprisonnement à trois mois, l'amende à 20 fr., et les dommages-intérêts à 100 fr. Filleul a été condamné aux dépens tant de première instance que d'appel, sauf son recours contre la veuve Pierre. Ainsi a fini cette cause, qui avoit attiré à l'audience une affluence extraordinaire. On avoit cru l'occasion favorable pour porter un grand coup aux missions, et on a profité amplement de cette bonne fortune.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Les journaux de la révolution ont trouvé, la semaine dernière, dans leur correspondance, de petites nouvelles dont ils se sont fort amusés. On leur apprenoit que dans les provinces où le peuple ne lit point le Constitutionnel, le Courrier français et le Journal des débats, les pauvres conscrits, aux approches du tirage au sort, ont encore la simplicité de reourir à la prière et même aux pélerinages pour demander au ciel de leur

être propice. C'est une chose qui étonne bien nos écrivains libéraux, et ils ont peine à comprendre que les travaux de l'impiété ne soient pas plus avancés. Mais ce qu'ils voient là n'est qu'une foible indication de ce qu'ils verront plus tard, quand des afflictions bien autrement sérieuses que les petits chagrins des conscrits pleuvront de toutes parts sur le royaume. Ce qui est ici à remarquer, c'est que l'ombre d'une tribulation suffit pour ramener les pensées des hommes vers la source des consolations. Puisqu'il ne nous manque que des adversités et des coups du ciel pour revenir à la religion, n'en doutez pas, nous y reviendrons.

Dimanche dernier, à la réception, le Roi a demandé, avec le plus grand intérêt, des nouvelles de la santé de M. de Bully à M. de Lardemelle, son collègue à la chambre des députés.

Le Roi, pour récompenser encore les services de M. le vice-amiral de Rigny, vient de le nommer comte.

M. le Dauphin, président de la société royale des prisons, vient d'accorder sur les fonds de la société, pour l'amélioration du régime intérieur des prisons, une somme de 82,000 fr., qui doit être répartie entre 41 départemens.

- M. le duc de Bordeaux et MADEMOISELLE ont visité, mercredi dernier, les puits artésiens de la gare de Saint-Ouen. M. Héricart de Thury leur a expliqué les différentes manœuvres que les entrepreneurs ont fait exécuter en leur présence. En se retirant, le jeune prince a laissé 200 fr. pour les ouvriers.

-Le décès de M. Auger ayant laissé une place vacante à l'Académie française, M. Etienne a été réintégré dans son ancien fauteuil.

Le ministre de l'intérieur a, dit-on, autorisé les réfugiés portugais qui sont débarqués à Brest à venir habiter Fougères et Laval. A cet effet, des casernes seront mises dans les deux villes à leur disposition.

Plusieurs bâtimens viennent encore de partir de Portsmouth, ayant à bord 400 réfugiés portugais tant pour Tercère que pour Rio-Janeiro. Il ne restera plus, dans ce port anglais, que 400 autres de ces réfugiés.

-

M. le duc de Mortemart, ambassadeur de France en Russie, a été nommé par l'empereur Nicolas chevalier de l'ordre de Saint-André.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 31 mars, la chambre a d'abord prononcé l'admission de M. le marquis de Brézé, dont les titres avoient été préalablement vérifiés.

M. le garde-des-sceaux a présenté un projet de loi sur la contrainte par corps.

Trois commissions ont été nommées pour l'examen des projets de loi présentés dans la dernière séance sur des intérêts locaux, et une autre pour la loi relative à la prorogation du monopole du tabac. Celle-ci a été composée de MM. les marquis de Castellane, de Lancosme, de Talhouet, le comte de Sussy et les barons de Barante et Mounier.

M. le comte d'Ambrugeac a fait ensuite le rapport du Code pénal militaire. La chambre s'est ajournée à samedi prochain.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 31 mars, on continue la discussion générale sur le projet de loi relatif à l'organisation des conseils d'arrondissement et de département.

M. Devaux soutient que le principe de l'élection n'est pas une concession, mais bien un droit et une justice. L'orateur cherche à établir que la représentation des intérêts locaux, comme celle des intérêts généraux, doit être élective. Il ne sauroit pardonner au ministère de restreindre à trente mille, dans la loi en question, les quatre-vingts mille électeurs de la France.

M. de Sallaberry regarde le projet de loi comme révolutionnaire, puisqu'il introduit l'élection populaire et la souveraineté du peuple. Ce sera une constitution nouvelle, car elle détruit la Charte en brisant sa disposition la plus salutaire, l'article 14, qui laisse au Roi le pouvoir de nommer à tous les emplois d'administration publique. Quoi qu'en disent nos adversaires, dit-il, nous ne pouvons nous empêcher de voir la révolution partout nous la voyons en personne dans les comités-directeurs avoués même à cette tribune; nous la voyons dans cette irruption de mauvais livres, dans ces manifestes des journaux de parti, dans ces cours où l'on défigure philosophie et l'histoire, dans ces souscriptions ouvertes pour faire payer au public les amendes encourues par des coupables.... L'honorable membre s'élève avec la plus grande énergie contre les projets des libéraux, et montre quelles seroient les suites désastreuses des deux lois arrachées au ministère.

la

M. Cunin-Gridaine fait l'apologie des amendemens de la commission, et s'étonne que le ministère ne veuille point y donner son adhésion. M. Daunou ne voit de garantie pour les intérêts locaux que dans les comités librement élus par le peuple. M. de Gouve de Nuncques reproduit les argumens de ses amis sur la nécessité du nouveau système et la sécurité qu'on doit en avoir. Il assure que plus on étendra les droits des Français plus on sera sur de leur fidélité. M. Petou repousse de toutes ses forces le projet de loi ministériel comme une œuvre de déception, et comme ne pouvant satisfaire les libertés publiques et les besoins de la nation. M. Thil prend la défense des électeurs, précisément parce qu'ils font aujourd'hui les choix les plus constitutionnels et les plus opposés au jésuitisme.

M. de Pina fait observer que c'est à tort qu'on reproche aux royalistes d'être partisans du gouvernement absolu et de l'arbitraire; ce n'est pas dans leurs rangs que se rencontrent tous les anciens flatteurs du régime impérial. L'orateur vote contre le projet de loi, qui ne seroit qu'une charte départementale en opposition avec la charte royale. Des départemens, il est vrai, ont demandé une part plus large pour les autorités locales; mais c'est seulement des modifications à la centralisation absolue, qui est un reste du gouvernement impérial. Ils ne peuvent vouloir des administrations nommées à la pluralité des voix, ni voir sans crainte se multiplier les réunions electorales, dont ils connoissent déjà les facheux effets.

M. Jars se prononce, comme les autres orateurs de son opinion, exclusivement pour les amendemens de la commission, et se plaint amèrement de la défiance que semble montrer le ministère pour les élections populaires. Le 1er avril, on continue la discussion de la loi départementale.

M. Syrieys de Mayrinhac n'entend pas accuser les ministres de vouloir exposer la France à de nouveaux orages, il rend justice à leur intention; mais quand les gouvernemens sont entrés dans une mauvaise voie, ils ne peuvent guère rétrograder. Il ne dit pas que la loi proposée soit mauvaise dans toutes ses parties; mais le principe d'élection qui la vicie le force de la repousser. On s'élève contre l'aristocratie, et l'on ne voit pas qu'il se forme une aristocratie nouvelle, qui jette les fondemens de sa puissance dans les collèges électoraux et les comités directeurs, et qui, à l'aide de l'organisation qu'on veut établir, enlaceroit dans sa chaîne la population entière, circonviendroit le trône et usurperoit le pouvoir.

M. le ministre de l'intérieur ne recule pas devant les difficultés que présente l'adoption d'une législation aussi délicate. Il s'attendoit aux reproches d'insuffisance d'un côté, et d'envahissement de la prérogative royale de l'autre ; mais, selon lui, le ministère ne devoit pas priver plus long temps la France d'un bienfait qu'elle attend de son Roi, d'une organisation qui n'a cessé d'être réclamée. M. de Martignac s'attache donc à réfuter les objections des deux partis; il soutient que sa loi ne viole pas la Charte, attendu qu'on ne doit pas considérer les fonctions de membres des conseils locaux comme emplois d'administration publique; il convient cependant qu'il étoit très-légal que le Roi continuat d'y nommer. Il croit que ces conseils ne présenteront aucun danger, puisque le Roi pourra les dissoudre ; mais il avoue que le contact d'opposition et d'hostilité qu'ils auront avec les préfets sera violent, et il ne se tranquillise à cet égard que sur la sagesse des choix qu'il espère des électeurs.

M. de Martignac combat surtout la suppression totale des conseils d'arrondissement, demandée par la commission et par le côté gauche, qui voudroient que les conseils de département fussent nommés par les comítés cantonnaux. Il déclare que le gouvernement ne peut consentir à cette énorme concession, qui rapporteroit une loi de l'Etat exécutée sans contestation depuis trente ans, et qui rendroit enfin trop démocratique le système du projet de loi. Il ne peut adhérer non plus à cette extension des facultés pour élire, telles que dès l'age de vingt-cinq aus, cet appel de tous les électeurs actuels sans exception. Ces dispositions présenteroient es inconvé niens les plus graves et renverseroient tout notre système constitutionnel. Il importe encore plus que les conseils-généraux soient absolument étrangers à la politique. Il fait remarquer que la commission a renversé toute la loi et en a proposé une toute nouvelle. Est-ce là respecter la prérogative royale?

M. de Sainte-Marie soutient que s'il y avoit quelques modifications à apporter aux conseils tels qu'ils existent aujourd'hui, ce ne devoit être que dans la fixation des attributions, mais qu'on ne devoit toucher en rien au mode de nomination, et que jamais on n'auroit dù penser à le confier à l'élection. Il ne compte pas sur le droit de dissolution; le cas échéant, le ministère reculeroit devant ces mesures comme pour des coups d'Etat. Deplacer le pouvoir, c'est commencer une révolution. On doit éviter des innovations quand elles présentent des dangers. (In dubio abstine.)

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