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sont convoquées par les préfets et présidées par les maires. Les attributions des maires et des conseils, les dépenses et revenus des communes, sont déterminés, ainsi que ce qui regarde les emprunts, contributions, réparations, legs, actions judiciaires, et la réunion ou création d'une commune. Les conseils municipaux se réunissent annuellement sur la convocation du préfet. Toute délibération hors de cette réunion légale est nulle, illicite et punissable. Le Roi peut d'ailleurs prononcer la dissolution des conseils municipaux.

Un autre commissaire du Roi lit le second projet de loi, qui concerne les conseils d'arrondissement et de département. Les premiers sont composés d'autant de membres qu'il y a de cantons. Ces membres sont élus dans des assemblées de canton que convoque le Roi. Les conseils-généraux de département auront seize, vingt, vingt-quatre ou trente membres, choisis par les conseils d'arrondissement. Les uns et les autres sont convoqués annuellement par S. M., qui peut les dissoudre. Il y aura aussi des fistes de citoyens les plus imposés pour ces différens conseils, et elles seront pareil· lement sujettes à réclamations. Le dernier article de ces deux projets de loi porte qu'il sera statué ultérieurement, à l'égard de la ville de Paris, par une loi spéciale.

M. le président donne acte de la présentation de ces projets, dont la lecture ne se termine qu'à six heures et demie, et produit beaucoup de sen

sation.

Le 10, la chambre admet MM. Lachèse et de Saint-Aignan. Une lettre de M. Partouneaux annonce qu'il ne peut se rendre encore aux séances. L'ordre du jour indique de nouvelles communications du gouverne

ment.

M. le ministre de l'intérieur annonce que, dans certains départemens, quelques divisions en arrondissemens ont été faites de manière à nuire aux intérêts des particuliers et aux communications de l'autorité. Pour y apporter les modifications nécessaires, S. Exc. présente vingt - six projets de loi relatifs à autant de départemens.

M. le ministre des finances présente un projet de loi tendant à proroger pendant six ans les droits existans sur la vente du tabac. Il fait observer que cet impôt, qui produit 45 millions par an, ou 2 fr. par livre, semble devoir être le dernier à dégrever.

M. Roy annonce ensuite que S. M. l'a chargé de présenter le projet de loi sur la pêche fluviale, déjà adopté l'année dernière par la chambre des pairs. M. Favard de Langlade lit l'exposé des motifs et le texte de cette loi.

M. le président propose à la chambre de délibérer sur ces différens projets dans l'ordre qu'ils ont été présentés, c'est-à-dire, de commencer par celui de la dotation de la chambre des pairs, ensuite les projets de loi municipaux.

M. Pelet de la Lozère demande que l'on renvoie à la même commission le projet de loi sur les communes, et celui sur les conseils d'arrondissement et de département. Il s'étonne d'ailleurs que, différemment de ce qui a eu lieu en 1789 et en l'an 8, on ait divisé cette matière en deux lois.

M. Lepelletier d'Aulnay combat cette proposition; il voit deux parties bien distinctes dans cet objet, et trouve qu'il est préférable de les examiner séparément. I demande donc que, conformément au règlement, elles soient renvoyées à deux commissions.

M. le président met aux voix la proposition de M. Pelet de la Lozère. L'extrême droite et l'extrême gauche se lèvent pour son adoption ; les deux centres votent contre. Il y a doute. A la contre-épreuve, la proposition est rejetée.

Comme il faut quelques jours pour l'impression des différens projets de loi, et de leur exposé des motifs, la chambre ne se réunira dans ses bureaux pour leur examen préalable que le vendredi 13.

On ne nous laisse rien ignorer des démarches de M. Dumonteil et de celles de ses amis en sa faveur. Aujourd'hui, c'est M. Isambert qui se remue pour lui. Cet avocat a écrit, à M. le maire du huitième arrondissement, une lettre très-pressante pour l'engager à délivrer à Dumonteil un certificat d'indigence. La lettredu 4 février, montre tout l'intérêt que l'avocat prend à son client. Le maire, dans sa réponse du 6 février, déclare que, pénétré de ses devoirs, il ne doit à personne compte des sentimens de sa conscience, et que, n'étant pas personnellement convaincu, il ne peut certifier contre sa conviction. Les libéraux espèrent que la nouvelle loi municipale les débarrassera d'un maire aussi scrupuleux que M. Mouffle.

Les journaux des Pays-Bas ont publié un document important; c'est un rapport fait au Roi par le ministre de l'intérieur, Van Gobbelschroy, sur les pétitions qui circulent dans le royaume pour demander la liberté de l'enseignement. Ce rapport, daté du 30 janvier, a pour but de justifier le système adopté par le gouvernement sur l'instruction publique ; mais les raisons données par le minisire n'ont pu convaincre les Belges. Catholiques et libéraux s'élèvent également contre le rapport et contre la conclusion que tire le ministre, qu'il n'y a rien à changer en ce moment à la marche du gouvernement. Ce qui touchera le plus les catholiques dans ce rapport, c'est ce qui concerne le collège philosophique. Le ministre, après avoir vanté cette institution, continue en ces termes :

« V. M., par cet esprit de conciliation qui lui faisoit désirer de háter le moment où les différends existans sur les matières religieuses seront aplanies, a daigné consentir à modifier le principe du collège philosophique de commun accord avec l'autorité ecclésiastique. Ainsi, relativement à cet objet encore, il n'y a dans ce moment aucune mesure à prendre. Toutefois, Sire, le temps où ce point pourra être réglé est prochain, puisque, comme j'ai eu l'honneur d'en rendre compte à V. M., les conférences sur cette par tie de l'exécution du concordat qui concerne la nomination des évêques aux sièges vacans, sont aujourd'hui si avancées, que V. M. peut avoir la certitude de les voir incessamment terminées à la satisfaction commune. Cette époque, désirée par les catholiques non moins que par V. M. ellemême, sera, je l'espère, une époque de réconciliation et de concorde....

» Alors aussi V. M. pourra peut-être sans inconvénient révoquer celles des mesures prohibitives de 1825 qui ne seroient pas en harmonie avec l'état des choses à établir. »>

Le Gérant, ADRIEN LE CLERE.

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Les amateurs de journaux auront de quoi choisir; en voici une demi-douzaine qui s'élèvent en ce moment sur l'horizon, et qui jettent plus ou moins d'éclat. Je ne parle point de l'Universel, journal tout consacré aux lettres et aux sciences, et qui paroit vouloir rester étranger à la politique; sa rédaction, savante et soignée, le distingue des feuilles éphémères qu'une même année verra naître et mourir. Je ne parle point du Peuple, que beaucoup de libéraux même trouvent exagéré, et qui semble destiné à échauffer encore les passions de la multitude. Nous avons ou nous allons avoir d'autres journaux conçus dans un esprit différent, et qui s'annoncent pour combattre les mauvaises doctrines. L'Observateur hebdomadaire se publie tous les jeudis depuis le premier janvier; il doit offrir le résumé de tous les journaux, ce qui nous paroît une fort grande entreprise dans un moment où il y en a tant d'anciens et de nouveaux. Loin de nous cependant l'idée de vouloir inspirer quelques préventions contre un recueil qui a parlé de l'Ami de la religion avec bienveillance, et qui, dans le peu de numéros qui ont vu le jour, a signalé les erreurs et les faussetés des journaux révolutionnaires. De plus, on nous promet pour tous les mardis, à dáter du 17 février, le Correspondant catholique, journal consacré à la religion et à la philosophie, à la politique et à la littérature, aux sciences et aux arts; la matière est vaste, comme on voit; le Prospectus, qui est écrit d'une manière neuve et brillante, semble indiquer dans ce journal un auxiliaire du Mémorial. Un autre journal a pour titre le Journal ecclésiastique, ou Défenseur de la religion et de ses ministres, par une société de pretres; celui-ci a commencé le 31 janvier, et paroîtra quatre fois par mois. Quelques-uns doutent que ce soit réellement une société de prétres qui dirige cette entreprise; du moins n'en nomme-t-on aucun. Ce journal pa

Tome LIX. L'Ami de la Religion et du Roi.

B

Poissoit à Toulouse depuis 1820, et on vient de le transporter à Paris. Nous ne connoissions point ce journal, mais l'on vient de nous gratifier des deux premiers numéros. Nous ne dirons rien de la rédaction, et nous laissons les lecteurs en apprécier le mérite. A ce journal vient de s'en réunir un autre qui paroissoit à Paris depuis 1822, sous le titre de Tablettes du clergé; ce dernier recueil, qui avoit eu un moment de vogue, en étoit venu, dit-on, à n'avoir pas plus d'abonnés que de rédacteurs. Sa chute et celle de la France chrétienne, qu'on avoit essayé trois fois de faire revivre, et qui trois fois, est morte de langueur, prouvent qu'en ce genre il est plus aisé de commencer que de se soutenir. On fait de belles promesses dans un Prospectus brillant, on en impose à quelques lecteurs qui veulent essayer du nouveau venu, et qui sont tout étonnés ensuite que la rédaction ne réponde pas aux magnifiques annonces du Prospectus.

Outre les journaux ci-dessus nommés, il paroît tous les mois, depuis quelque temps, une livraison d'un recueil intitulé Chronique édifiante. Il y en a déjà six livraisons. Ce recueil est fort singulier, et il est bon de prévenir que le clergé y est tout-à-fait étranger, L'auteur n'est point prêtre, et est formellement désavoué par l'autorité ecclésiastique. Il remplit sa chronique de menaces effrayantes, d'exhortations à la pénitence, d'anecdotes fort suspectes, de reflexions où l'on trouve presque toujours quelque exagération. L'auteur donne des conseils aux évêques, et même au Pape. Dans sa quatrième livraison, il dit : « Il est donc nécessaire, il est urgent que le Pape ordonne des pénitences publiques dans toute l'Eglise... Il est pressant que le souverain pontife ordonne une prédication générale de la pénitence; il faut que le saint Père, que les cardinaux, les évêques, les prêtres, les religieux prêchent partout la pénitence et d'exemple et de parole. Il faut que tous les religieux et les religieuses, qui sont les anges tutélaires des empires, les colonnes de l'Eglise, les favoris du Seigneur, les victimes volontaires de la félicité publique, élèvent leurs bras vers le ciel pour implorer miséricorde. » Il me semble qu'il y a un peu d'arrogance à tracer ainsi au Pape ce qu'il a à faire. C'est très-bien fait sans doute de pratiquer la pénitence et de s'imposer des austérités; mais l'auteur n'a

point mission pour prêcher à cet égard les premiers pasteurs. C'est d'eux qu'il doit recevoir des conseils et des leçons, et ce n'est point à lui à leur rappeler leurs obligations avec le ton du commandement, il faut. De plus, les religieux ne sont point les colonnes de l'Eglise; ce sont les évêques qui mériteroient plutôt ce titre. Ailleurs, il est dit que les communautés religieuses sont le fondement de l'Eglise; ce qui n'est point vrai.

Dans cette même livraison, il y a un article ridicule sur Satan et sa grande armée. L'auteur voit les démons répandus dans l'air, et les démons reviennent souvent dans son recueil, et jouent un grand rôle dans sa Chronique. Il croit que le magnétisme animal est une opération diabolique, et notez qu'il le dit d'une manière générale et absolue. Il se moque de la prudence humaine, qui est une prudence fausse et réprouvée de Dieu; mais s'il y a une prudence fausse et réprouvée de Dieu, il y a aussi une prudence chrétienne, qui est même la première des vertus cardinales, et que l'auteur feroit bien de pratiquer un peu. Cette prudence est recommandée très - fréquemment dans l'Ecriture. Soyez prudens comme les serpens, disoit Notre-Seigneur à ses apôtres. Saint Paul vouloit que les vieillards fussent prudens, et que les femmes âgées donnassent des leçons de prudence aux jeunes filles. Saint Pierre exhortoit aussi les fidèles à la prudence. Nous voyons que l'Ecriture loue la prudence d'Abraham, de Jacob, de Joseph, de Moïse, de Josué, de David, de Salomon, d'Ezéchias, etc. Notre-Seigneur nous a donné l'exemple de cette vertu lorsqu'à l'âge de 12 ans, il étoit dans le temple au milieu des docteurs qui admiroient, dit l'écrivain sacré, sa prudence et ses réponses. Saint Paul dit bien qu'il y a une prudence de la chair qui est la mort de l'ame, mais il ajoute qu'il y a une prudence de l'esprit qui en est la vie et la paix. Nous lisons dans les Proverbes que celui qui pèse ses discours est docte et prudent. L'anonyme pourroit ne pas dédaigner de suivre de tels conseils et de tels exemples. Une vertu qu'il trouve si souvent recommandée dans les livres saints lui apprendroit à consulter quelquefois au lieu de faire le docteur, à ne pas se mêler de theologie qu'il ne connoît pas, à ne pas raconter des faits apocryphes ou des miracles douteux, à ne pas publier des livres qui peuvent produire plus de mal que de bien. Je crois qu'il

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