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M. l'évêque de Tulle n'a que de trop justes raisons d'appliquer aux circonstances actuelles ce que saint Paul dit des derniers temps :

<< Ne semble-t-il pas que nous touchions à ces jours funestes que suivra le second avènement du Fils de Dieu, et qui seront particulièrement marqués par l'affoiblissement de la foi, où elle sera comme éteinte, où l'iniquité régnera davantage, où la charité de plusieurs se refroidira; à ces derniers temps annoncés dans les écrits apostoliques, où paroîtront des hommes pleins de l'amour d'eux-mêmes, dévorés de cupidité, superbes, impies, dénaturés, ennemis de la paix, calomniateurs, livrés à l'incontinence, inhumains, souillés de trahisons, de perfidies, déguisant avec une détestable hypocrisie leurs doctrines mensongères, infernales, ayant la conscience gangrénée, noircie de crimes?

>> Ces traits, N. T. C. F., ne caractérisent-ils pas de faux philosophes de ce siècle, qu'ils appellent siècle de lumières, mais que leurs égaremens signalent comme un siècle de ténèbres et de dépravation? N'osent-ils pas proposer, soutenir les plus monstrueuses erreurs, enseigner dans les écoles, où ne devroient être entendues que les leçons de la vérité et du bien, d’inouis systèmes d'impiété, de licence, qui provoquent autant la pitié que l'horreur, et d'une absurdité si révoltante, qu'il est superflu de les réfuter; travestir l'ordre public en une confusion, un chaos où n'existe aucune autorité, où sont rompus les liens de l'unité catholique, sapées les bases de la puissance civile, où les plus énormes attentats, les plus atroces forfaits, celui même qui se commit en accablant d'outrages, de tourmens, en immolant sur la croix le Rédempteur du genre humain, seroient autorisés; en un mot, favoriser les vices, les passions, y ouvrir un champ libre. »

M. de Mailhet se félicite ensuite du succès des missions dans trois principales villes de son diocèse, et à cette occasion, il venge les missions en général des reproches qu'on leur fait. Les missions mettent fin à beaucoup d'abus et de désordres, et ne peuvent déplaire qu'aux esprits chagrins ou pervertis, que la vue de la piété fatigue, ou qui se jouent de notre foi. A la fin de son Mandement, M. l'évêque annonce la mort du pape, et ordonne un service pour lui dans toutes les églises du diocèse.

MM. les grands-vicaires du Mans, délégués par M. de la Myre pour administrer le diocèse en attendant que sa démission soit acceptée par le pape, annoncent, dans leur Mandement du carême, le départ de ce prélat, qui s'est retiré à Paris pour ne s'y occuper que de son salut. C'est en son nom qu'ils s'adressent encore aux fidèles pour les exhorter à la pénitence et leur donner les autres avis convenables au commencemeut du carême. Ce Mandement est signé de MM. Bouvier, Marie, Gravelle, Bureau, Bourmault, Dubois et Menochet.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le 21 février, 8 jour des obséques du souverain

pontife, la messe fut célébrée par M. le cardinal Pedicini, et les absoutes furent faites par les cardinaux Odescalchi, Dandini, Falzacappa, de Gregorio, et par le célébrant. Dans la congrégation qui suivit, les ambassadeurs de Naples et de Russie, et le ministre de Prusse, vinrent complimenter le sacré Collège. Le 23, le cardinal Odescalchi officia, et le prélat Mai prononça l'éloge du feu pape en latin. Les absoutes furent faites par les cardinaux Gazzola, Bussi, Zurla, Pedicini, et par le célébrant. Le roi de Bavière assistoit à la cérémonie, ainsi que le corps diplomatique. Dans la congrégation qui se tint ensuite, les cardinaux diacres, qui ne sont point dans les ordres sacrés, produisirent le bref pontifical qui leur accorde voix active et passive dans le conclave. On reçut l'envoyé de Bavière, qui complimenta le sacré Collège. Les autres chargés d'affaires près le saint Siège témoignèrent au cardinal doyen combien ils prenoient part à la douleur

commune.

:

Le 23, au matin, tous les cardinaux se rendirent à la chapelle du chœur de l'église St-Pierre, où M. le cardinal della Somaglia chanta une messe solennelle du St-Esprit. Le prélat Testa y prononça un discours latin sur l'élection du nouveau pontife. Le 22, vers les quatre heures, les cardinaux se réunirent dans l'église de Saint-Sylvestre, au Quirinal. On entonna le Veni Creator, et les cardinaux sortirent de l'église, traversèrent la place, qui étoit garnie de troupes, et entrèrent au palais pontifical, où le conclave étoit préparé. Ils étoient accompagnés de leurs conclavistes, et se trouvoient au nombre de 32, savoir de l'ordre des évèques, les cardinaux della Somaglia, Pacca, Galeffi, Castiglioni et Bertazzoli; de l'ordre des prêtres, les cardinaux Fesch, Oppizzoni, Testaferrata, de Gregorio, Doria, Falzacappa, Pallotta, Pedicini, Dandini, Odescalchi, Zurla, Bussi, Gazzola, Micara, Cappellari, Caprano, Giustiniani, Fransoni, Barberini, Benvenuti, Nasalli et Gamberini, et de l'ordre des diacres, Cacciapiatti, Frosini, Riario, Gristaldi et Marco y Catalan. Les cardinaux Naro, Vidoni, Rivarola, Guerrieri et Bernetti étoient entrés au conclave, et attendoient leurs éminences à la porte. Plusieurs prélats leur faisoient aussi cortège. Les cardinaux étant entrés dans la chapelle Pauline au nombre de 37, on y acheva le Veni Creator, et M. le cardinal doyen prononça un discours pour

exhorter le sacré Collège à pourvoir l'église d'un nouveau chef. On lut de nouveau les bulles apostoliques pour l'élec tion, et tous les cardinaux jurèrent de les observer. Le même serment fut prêté par les prélats, par M. del Drago, gouverneur du conclave, par le prince Chigi, maréchal de la sainte Eglise, et gardien du conclave, par les conservateurs

du peuple et par les commandans des troupes. LL. EEmm.

étant passées dans leurs cellules, y recurent les hommages du corps diplomatique, de la prélature et de la noblesse. Enfin, à trois heures de nuit, on donna avec la cloche le signal accoutumé, tous les étrangers sortirent, et le conclave fut fermé.

PARIS. Quelques journaux ont parlé d'un mouvement populaire qui auroit eu lieu à Rome. Il paroît qu'on en a beaucoup exagéré l'importance, et que tout se réduit à l'arrestation de quelques réfugiés napolitains, qui avoient cherché à exciter du trouble. Ainsi, Rome est tranquille, et le conclave continue paisiblement ses opérations. Le Constitutionnel ne peut souffrir qu'on soupçonne à ce sujet les carbonari, qui sont les meilleurs gens du monde, et qui n'ont jamais fait de révolution; le vrai coupable est M. de Metternich. Cela ne rappelle-t-il pas exactement ces beaux temps de révolution, où on avoit toujours à la bouche les noms de Pitt et de Cobourg, et où on accusoit perpétuellement ces deux personnages des désordres, des malheurs et des crimes auxquels la France étoit alors en proie?

Nous avons omis d'anoncer dans notre dernier numéro l'assemblée de charité qui a eu lieu le jeudi 9 mars à Saint-Sulpice, pour la maison du Refuge, rue SaintEtienne-des-Gres. C'est M. l'archevèque de Bordeaux qui a prononcé le discours. La quête a été faite par mesdames Portalis et Arilles. Nous avons parlé plusieurs fois de cet établissement si digne d'exciter l'intérêt des amis de la religion et de l'humanité. Il renferme ordinairement 40 enfans, et depuis 1817, on en a arraché plus de 200 à la perversité des prisons. Ceux qui voudroient prendre part à la bonne œuvre sont priés d'envoyer leur offrande à mesdames les quèteuses ou à quelqu'un des administrateurs parmi lesquels est M. Agasse, notaire.

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La société charitable des écoles chrétiennes et gratuites du dixième arrondissement fera célébrer le jeudi

12 mars, dans l'église de Saint-Thomas-d'Aquin, une messe solennelle en l'honneur de saint Vincent de Paul, patron de ces écoles. La messe commencera à midi et demi, et sera suivie du sermon par M. l'abbé de Bonnevie, chanoine de Lyon. Après le discours, M. l'ancien évèque de Tulle donnera la bénédiction du saint sacrement. La quête sera faite par mesdames les comtesses de Beaurepaire et d'Auteuil.

Plusieurs évêques ont publié des mandemens sur la mort du pape. Ils paient à l'envi un tribut d'éloges à la mémoire de cet illustre et vertueux pontife dont le règue a été trop court, et qui doit être particulièrement cher à la France par l'affection et la bienveillance qu'il témoignoit pour notre nation. M. l'archevêque de Tours s'est empressé entr'autres de rendre hommage aux vertus de Léon XII. Le prélat espère que la France restera toujours attachée au saint Siège; il s'honore de partager les sentimens exprimés par Bossuet dans ce beau passage du discours sur l'unité de l'Eglise Sainte Eglise romaine, etc. Puis le prélat continue ainsi :

« Mais en protestant de notre attachement à cette Eglise principale, mère de toutes les églises, pourrions-nous ne pas condamner ceux qui ne craignent pas de calomnier l'église de France, cette fille aînée de l'Eglise romaine, qui mérita et qui reçut tant de fois les éloges des souverains pontifes; qui osent imprimer la note d'hérésie sur ce front auguste que n'ont jamais déshonoré les taches ni les rides, et qui, sans mission, tranchent de leur autorité privée des questions sur lesquelles le saint Siège lui-même s'abstient de prononcer. écrivains téméraires qui rendent la religion snspecte aux puissances établies de Dieu même, qui fortifient toutes les préventions de l'hérésie contre le catholicisme, et qui appellent sur l'Eglise le mépris et la haine des peuples, en lui supposant des prétentions exagérées qu'elle repousse. >>

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le Constitutionnel déclare qu'il est toujours content du ministre de l'instruction publique, mais il trouve que l'on ne seconde pas assez ses excellentes vues; que l'enseignement mutuel languit, et que les fonctionnaires chargés de le pousser y mettent de la mauvaise grace. Il paroît, d'après le dire du Constitutionnel, qu'il y a quelque chose qui

ne va pas comme il faut entre le ministre et le conseil royal de l'université, et que celui-ci auroit la prétention de n'être pas tout –à – fajt sous le pouvoir de Son Excellence. Non nostrum inter vos.

- M. le duc de Maillé remplace M. le duc Ch. de Damas dans les fonctions de premier gentilhomme de la chambre du Roi.

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Le college du deuxième arrondissement électoral de la Meuse est convoqué à Verdun pour le 20 avril, à l'effet d'élire un député en remplacement de M. de Saint-Aulaire, appelé à la pairie par le décès de son père.

C'est M. le général Sébastiani qui est nommé rapporteur de la loi départementale.

- Le Bulletin des lois vient de publier des ordonnances royales qui accordent d'une part une pension de 6000 fr. à Mme la marquise Dessolles, et une de 1000 fr. à Mme Regnaud de Saint-Jean-d'Angely, comme veuve d'un ancien donataire dépossédé, autorisé ensuite à ren trer en France; et de l'autre, des pensions de 6000 fr. à M. Fauchet, ancien préfet; de 3333 fr. à MM. Musnier de la Converserie et de Limairac, anciens préfets de Lot-et-Garonne et de Vaucluse; de 3000 fr. à M. de Montureux, ancien préfet de l'Ardèche, et de 500 fr. à M. Stefanini, ex-sous-préfet de Bastia.

- Le tribunal de première instance a rendu dernièrement, sous la présidence de M. Moreau, son jugement dans l'affaire relative aux scellés apposés sur les papiers de l'ex-directeur Barras. Après le réquisitoire de M. l'avocat du Roi Bernard, le tribunal, conformément à ses conclusions, a ordonné qu'il seroit procédé à la levée des scellés en présence de la veuve Barras et du préfet de la Seine; que ceux des papiers qui seroient jugés appartenir à l'État seront remis au préfet, et qu'en cas de difficulté sur ce point, il en seroit référé au tribunal.

M. Legonidec, ancien député du côté droit, qui habite sa maison de campagne auprès de la Carneille, écrit de Mortain à la Quotidienne que, loin d'avoir produit de la consternation dans le pays, l'action énergique de M. le procureur du Roi Girardville y a été généralement applaudie et a produit le meilleur effet. C'est au nom des habitans de l'arrondissement de Domfront, qu'il a représentés pendant sept ans à la chambre, et du bon esprit desquels il rend témoignage, que M. Legonidec s'empresse de réclamer contre les assertions de M. Lemercier.

Une ordonnance royale du 1er mars établit un nouveau tarif de la poste aux chevaux pour les voyageurs.

- Tous les dimanches de ce carême, on fait à 2 heures et demie, dans l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, un sermon en allemand.

Le journal ministériel du soir dément le bruit avancé par une feuille que le roi de Sardaigne étoit dangereusement malade; au départ du dernier courrier, ce prince continuoit à jouir de la meilleurs santé.

Après plus de huit jours de grands débats sur la discussion entamée à la seconde chambre des Pays-Bas, à propos des 150 pétitions pour l'exécution franche du concordat, la liberté de la presse et de l'instruction, la responsabilité ministérielle, etc., et malgré la vive opposition des ministres, la motion de M. Lehon, tendante à ce qu'on fit de ces petitions l'objet d'une communication officielle au gouvernement, a été adoptée à la majorité de 56 voix contre 43.

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