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Il arriva à la Rochelle la veille de l'exécution, et passa presque toute la nuit avec M. l'abbé Jouslin, qui l'a assisté avec une extrême charité. A midi, Richard monta dans le chariot; le jeune ecclésiastique se plaça à côté de lui sur le banc, et lui adressa des exhortations. Le patient prioit à mi-voix, et regardoit à peine la foule. Devant chaque église, il se levoit, on lui ôtoit son chapeau, et il prioit plus haut. Il fit une dernière station devant l'église Notre-Dame, et pria avec ferveur. Arrivé au lieu du supplice, le vertueux prêtre embrassa Richard, qui monta les degrés avec fermeté, fit une dernière prière, et adressa à la multitude un petit discours, dans lequel il demanda pardon de ses crimes, et pria les assistans de le lui accorder. Le bourreau, lui voyant tant de résignation, ne l'attacha même pas.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Tous les organes de la révolution se récrient avec force sur ce que, dans le projet de loi pour l'organisation municipale, on paroît vouloir faisser un souffle de vie au clergé de France. C'est une concession qu'ils trouvent énorme et incompatible avec le désir qu'ils ont de sauver la patrie. Le Globe se demande avec effroi ce qu'on veut faire de cette légion de prêtres. A notre tour, nous demandons quel bien elle peut faire, et quel mal elle peut empêcher au milieu des légions révolutionnaires, qui vont plus que jamais gouverner l'Etat. Le clergé est donc réduit maintenant à concourir aux élections des conseils municipaux, et on trouve encore que c'est trop.

Le Constitutionnel connoît un impôt plus scandaleux, plus détes table, mille fois pire enfin que la ferme des jeux et la loterie royale; c'est celui que l'entreprise des inhumations de Paris lève sur les morts. Il se compose de deux parties, dont l'une est purement industrielle, et par conséquent à l'abri de tout reproche; mais l'autre est un revenu de fabrique, un profit d'église, et par conséquent une branche gourmande, qu'il faut couper au plus vite. A en juger par. la chaleur avec laquelle MM. du Constitutionnel insistent sur le prompt redressement de cet abus, on diroit qu'ils se croient menacés de mourir, et qu'ils sentent le moment approcher. S'il en est ainsi, que Dieu leur fasse miséricorde; mais que l'entreprise des inhumations ne leur fasse point de grace!

Dans son dernier ouvrage, M. de Bonald manifeste de vives inquiétudes au sujet des enfans trouvés et de la mendicité, qui commencent à écraser la France de leur double charge. Or voulez-vous savoir ce que le Journal des débats conclut des sages réflexions que l'auteur

publie là-dessus? Il en conclut que le noble pair a voué une haine immense aux temps et aux institutions modernes. Ainsi prenez-en votre parti, les enfans trouvés et la mendicité sont des bénéfices de notre temps qui font partie du beau idéal de nos institutions modernes.

-S. A. R. MADAME, duchesse de Berri, qui ne cesse de donner des marques de sa sollicitude à l'arrondissement de Dieppe, ayant eu connoissance, par M. le sous-préfet, du naufrage du batiment pêcheur l'Adolphe, qui a péri corps et biens dans la nuit du 4 janvier dernier, et informée que les neuf malheureux composant l'équipage laissoient plusieurs veuves et orphelins dans la misère, a daigné faire remettre à ce magistrat une somme de 500 fr. pour leur être distribuée.

M. le vicomte Harmand d'Abancourt, conseiller-maître à la cour des comptes, est nommé président en ladite cour à la place de M. le baron Brière de Surgy, décédé. M. Pernot, conseiller référendaire de première classe, remplace M. Harmand d'Abancourt dans sa place de conseiller

maître.

- Une ordonnance royale du 1er février porte que le traitement de réforme ne pourra être accordé qu'aux officiers qui auront complété leur huitième année de service.

- Par ordonnance royale du 18 janvier, les pensions aux frais du gouvernement, assignées à chaque collège royal à pensionnat, sont fixées à trente-deux, indépendamment de celles qui sont réservées pour les écoles préparatoires instituées par l'ordonnance du 9 mars 1826. Ces trente-deux pensions sont réparties ainsi : pensions entières, dix; trois-quarts de pension, douze; demi-pensions, vingt-six. La réduction dans le nombre des bourses entières, résultant de cette répartition, s'effectuera à mesure des

vacances.

Les collèges électoraux de Trévoux (Ain), Rhétel (Ardennes), Marseille et Mont-de-Marsan, sont convoqués pour le 26 mars prochain, à l'effet d'élire chacun un député, en remplacement de MM. de Cauna et Lefebvre-Gineau, décédés ; Straforello et Bouchet, démissionnaires.

→M. Labbey de Pompières a déposé à la chambre une pétition d'un sieur Quiclet, tendante à signaler le retard que M. le garde-des-sceaux a apporté à prendre une décision sur la plainte contre M. Amy, président de la cour royale, au sujet de l'inscription de ce magistrat sur la liste électorale de 1827.

-Le Moniteur publie un avis du ministre des finances pour rappeler les dispositions de la loi qui exige que toutes les pétitions adressées aux ministres, aux administrations, et à toutes les autorités, soient sur papier timbré. Sont seulement dispensées de cette formalité les pétitions adressées aux chambres, ou les demandes de secours. Toutes autres pétitions faites sur papier non timbré seront regardées comme nulles.

Avant de mourir, l'ancien directeur Barras a gratifié son valet de chambre d'une légère somme de cent trente mille francs. On peut conclure de là que la sévérité de nos Grecs modernes ne s'oppose point à ce qu'ils gagnent amplement leur vie au service de l'Etat. Il ne faut plus s'étonner

si tant de gens se présentent pour administrer les affaires publiques, et si, d'un autre côté, parmi les nouveaux seigneurs qui vont en carrosse, il se rencontre parfois des valets de chambre.

M. Louis Lefebvre-Gineau, membre de la chambre des députés, et ancien professeur de physique au collège de France, est mort le 3 février, à l'age de 75 ans. On se rappelle qu'il avoit été frappé d'apoplexie il y a une quinzaine de jours, ce qui l'empêcha de présider la chambre comme doyen d'age. Il étoit de l'Académie des sciences, et inspecteur-général des études. Il a eu beaucoup de part aux observations et aux calculs qui ont suivi et déterminé le nouveau système métrique. Il fut nommé membre du corps législatif par le département des Ardennes en 1807 et en 1813, envoyé à la chambre des représentans en 1815, et fut encore député aux dernières élections. Il siégoit au côté gauche.

M. Jean-Baptiste Gail, membre de l'Académie des inscriptions, professeur au collège de France, et l'un des conservateurs des manuscrits de la bibliothèque du Roi, est mort à Paris le 5 février. Il étoit né dans la même ville le 4 juillet 1755, et fut nommé en 1791 suppléant de Vauvilliers pour la chaire de grec au collège royal. Dans son ardeur pour l'étude de cette langue, il fit quelque temps un cours gratuit de grec. Lors des prix décennaux, il reclama très-vivement contre la décision du jury qui avoit donné le prix à M. Coray; ce fut le sujet de quelques écrits. Le système et les opinions de Gail, sur le grec et sur les antiquités, ont rencontré des contradicteurs. Il a traduit un grand nombre d'auteurs grecs, et la collec- tion de ses ouvrages sur le grec forme 33 vol in-4°, 28 in-8°, 13 in-18.§

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Il faut que nos journalistes de Paris n'aient jamais rien vu, pour faire autant de bruit qu'ils en font au sujet de la mise en vente de deux ou trois nègres qu'ils ont remarquée dans les petites affiches de la Guadeloupe. Ignorent-ils donc qu'aux Etats-Unis, où l'on jouit de la liberté telle que l'entend leur bon ami M. de la Fayette, ces sortes de transactions ne cessent d'avoir lieu, et que les gens de couleur s'y négocient comme des effets de commerce? Il est vrai que là on ne peut vendre un nègre que pour quatre-vingt-dix-neuf ans, et qu'à l'expiration de ce petit bail, il a le droit de se faire mettre en liberté par son juge de paix.

- M. le duc de Mortemart, ambassadeur de S. M. près la cour de Russie, est parti mercredi dernier pour Pétersbourg.

La cour royale, sous la présidence de M. Séguier, a, dans son audience de mardi dernier, confirmé purement et simplement le jugement du tribunal correctionnel qui a condamné le libraire Alex. Baudouin à six mois de prison et 500 fr. d'amende, comme éditeur des Chansons inédites de Béranger. Le prévenu étoit défendu par M. Persil; c'est M. l'avocat-général Bayeux qui portoit la parole dans cette affaire.

M. Bois-le-Comte, qui a été chargé dernièrement d'une mission à Constantinople, est arrivé à Paris lundi dernier, avec des dépêches diplomatiques.

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Les journaux publient le traité conclu à Madrid le 30 décembre der nier entre la France et l'Espagne pour la dette de cette dernière. Il est signé de MM. de Saint-Priest, ambassadeur de France, et Salmon, ministre es

pagnol des affaires étrangères. Les ratifications ont eu lieu peu de jours après. Le roi d'Espagne s'est engagé à faire inscrire sur son grand livre de la dette publique, au nom du trésor royal de France, un capital provisoire de 80 millions, portant intérêt de trois pour cent à partir du 1er janvier 1829, payables à Paris de six mois en six mois. Il sera payé en outre par semestre une somme de 1,600,000 fr. destinée à être amortie. Un an après les ratifications, les deux gouvernemens règleront définitivement leurs réclamations réciproques, et la créance de 80 millions sera augmentée ou diminuée s'il y a lieu.

- Mad. la maréchale princesse d'Eckmulh vient d'obtenir, sur le ministère de la guerre, une pension de 10,000 fr.

La princesse de Carignan, née de la Vauguyon, veuve du prince de Carignan, maréchal-de-camp, mort il y a quelques années, vient de périr, à l'age de quarante ans, de la manière la plus malheureuse. Cette dame, lisant le soir auprès de sa cheminée, le feu a pris à ses vêtemens. En se sauvant, le mouvement a augmenté l'incendie, et elle est morte à moitié

consumée.

- Un beau portrait du Roi vient d'être donné par le ministre de l'intérieur à la ville d'Auch. La ville d'Agen a reçu en même temps un portrait en pied de S. M.

- Un vol d'une hardiesse extraordinaire a été commis, le dimanche 8, à l'église paroissiale de Mont-de-Marsan. La messe de onze heures venoit de finir, la sacristie étoit fermée, et la clef avoit été posée dans une cachette de l'église. Le voleur, qui connoissoit bien, à ce qu'il paroit, les localités, s'est emparé de cette clef et a pénétré dans la sacristie. Là il a fait choix de celui des ornemens sacerdotaux qui avoit le plus de prix, et a disparu sans que personne l'ait aperçu. On n'a pu encore découvrir le coupable.

- Un violent incendie vient de réduire en cendres les habitations de quatre cultivateurs de la commune d'Haugard, canton de Mareuil (Somme). Les récoltes et les bestiaux ont été détruits. Une souscription a été ouverte à Paris pour les incendiés.

-On écrit de Toulon que le dey d'Alger, ayant consenti à traiter avec le consul français à Tunis, M. de Lesseps, celui-ci avoit en conséquence demandé les autorisations nécessaires. Son fils est chargé de lui porter la réponse du Roi; il est dans ce moment à Toulon, et va s'embarquer pour Tunis. On assure que les dépêches dont M. de Lesseps fils est porteur donnent à son père les autorisations nécessaires; mais on craint bien que le dey ne veuille seulement que gagner du temps.

-La peste s'étant manifestée à Calavrita et à Vrachura en Achaïe, le général Hygonet s'y étoit aussitôt rendu de Patras avec des troupes, et avoit formé un cordon sanitaire autour de deux bourgs infectés, ensuite les malades y ont été isolés; on a brulé tous les meubles, tous les effets, et même les maisons où les accidens ont eu lieu.

· Le 2 février, l'église cathédrale de Saint-Pierre à Yorck, en Angle terre, a été réduite en cendres. I paroît que ce temple protestant étoit éclairé par le gaz, et qu'une négligence de quelques gardiens a été la cause de cette catastrophe.

M. le président met aux voix la proposition de M. Pelet de la Lozère. L'extrême droite et l'extrême gauche se lèvent pour son adoption; les deux centres votent contre. Il y a doute. A la contre-épreuve, la proposition est rejetée.

Comme il faut quelques jours pour l'impression des différens projets de loi, et de leur exposé des motifs, la chambre ne se réunira dans ses bureaux pour leur examen préalable que le vendredi 13.

On ne nous laisse rien ignorer des démarches de M. Dumonteil et de celles de ses amis en sa faveur. Aujourd'hui, c'est M. Isambert qui se remue pour lui. Cet avocat a écrit, à M. le maire du huitième arrondissement, une lettre très-pressante pour l'engager à délivrer à Dumonteil un certificat d'indigence. La lettredu 4 février, montre tout l'intérêt que l'avocat prend à son client. Le maire, dans sa réponse du 6 février, déclare que, pénétré de ses devoirs, il ne doit à personne compte des sentimens de sa conscience, et que, n'étant pas personnellement convaincu, il ne peut certifier contre sa conviction. Les libéraux espèrent que la nouvelle loi municipale les débarrassera d'un maire aussi scrupuleux que M. Mouffle.

Les journaux des Pays-Bas ont publié un document important; c'est un rapport fait au Roi par le ministre de l'intérieur, Van Gobbelschroy, sur les pétitions qui circulent dans le royaume pour demander la liberté de l'enseignement. Ce rapport, daté du 30 janvier, a pour but de justifier le système adopté par le gouvernement sur l'instruction publique ; mais les raisons données par le minisire n'ont pu convaincre les Belges. Catholiques et libéraux s'élèvent également contre le rapport et contre la conclusion que tire le ministre, qu'il n'y a rien à changer en ce moment à la marche du gouvernement. Ce qui touchera le plus les catholiques dans ce rapport, c'est ce qui concerne le collège philosophique. Le ministre, après avoir vanté cette institution, continue en ces termes :

« V. M., par cet esprit de conciliation qui lui faisoit désirer de háter le moment où les différends existans sur les matières religieuses seront aplanies, a daigné consentir à modifier le principe du collège philosophique de commun accord avec l'autorité ecclésiastique. Ainsi, relativement à cet objet encore, il n'y a dans ce moment aucune mesure à prendre. Toutefois, Sire, le temps où ce point pourra être réglé est prochain, puisque, comme j'ai eu l'honneur d'en rendre compte à V. M., les conférences sur cette par tie de l'exécution du concordat qui concerne la nomination des évêques aux sièges vacans, sont aujourd'hui si avancées, que V. M. peut avoir la certitude de les voir incessamment terminées à la satisfaction commune. Cette époque, désirée par les catholiques non moins que par V. M. ellemême, sera, je l'espère, une époque de réconciliation et de concorde....

» Alors aussi V. M. pourra peut-être sans inconvénient révoquer celles des mesures prohibitives de 1825 qui ne seroient pas en harmonie avec l'état des choses à établir. »

Le Gérant, ADRIEN LE CLERE.

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