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« Toutes les sciences sont les rameaux d'une même tige. >>

BACON.

« L'art n'est autre chose que le contrôle et le registre des meilleures productions. . . . . A contrôler les productions (et les actions) d'un chacun, il s'engendre envie des bonnes et mépris des mauvaises. >>

MONTAIGNE.

« Les belles-lettres et les sciences bien étudiées et bien comprises sont des instrumens universels de raison, de vertu, de bonheur. >>

BODI

વાધ

ENCYCLOPÉDIQUE,

OU

ANALYSES ET ANNONCES RAISONNÉES

DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES

DANS LA LITTÉRATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS.

I. MÉMOIRES, NOTICES,

LETTRES ET MÉLANGES.

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GÉOLOGIE.

RAPPORT fait à l'Académie des Sciences, le 5 mai 1823, sur un Mémoire de M. BEQUEREL, intitulé: De l'Argile plastique d'Auteuil et des substances qui l'accompagnent; par M. BRONGNIART (MM. BROCHAnt de VILLIERS, et BRONGNIART, commissaires.)

Depuis environ 13 ans, la structure du sol sur lequel Paris est situé, est devenue l'objet d'études et d'observations qui joignent à l'intérêt résultant des nouveaux détails ajoutés à l'histoire d'un des terrains les plus classiques de la terre, celui de présenter de la manière la plus claire, l'ordre que les diverses parties de ce terrain ont suivi dans leur formation successive, et de fournir ainsi des preuves frappantes de la constance des phénomènes

géologiques, de leur succession et de leur association. Cette contrée, habitée et fréquentée par un grand nombre de naturalistes, offre aux géologues, et surtout aux jeunes gens qui veulent s'exercer à l'observation, un des types principaux de la structure de la dernière écorce du globe. Aussi, les géologues français et étrangers qui l'ont étudiée, ont-ils ajouté des faits nouveaux, nombreux et intéressans à ceux qui ont été rassemblés en un corps de doctrine, et publiés en 1810.

Ces faits sont tous venus se ranger dans l'ordre de succession des phénomènes qu'on avait dès-lors présentés comme généraux; ils ont augmenté le nombre des phénomènes particuliers, propres à chaque formation; mais ils n'en ont point infirmé la généralité, ou, si quelquefois ils ont semblé le faire, on a vu bientôt que ces contradictions n'étaient qu'apparentes; que quelquesuns de ces faits pouvaient bien affaiblir la netteté des contours qui limitent les diverses sortes de terrains, mais qu'ils ne les détruisaient point complétement, et qu'ils ne les transportaient jamais. Le Mémoire que M. Bequerel a lu à l'Académie, en novembre 1821, offre plusieurs observations du genre de celles que nous venons d'indiquer, comme propres à confirmer les règles observées, à enrichir de nouveaux faits l'histoire géologique du bassin de Paris, et celle d'un des terrains qui le composent.

On sait qu'on extrait depuis long-tems au sud de Paris, principalement dans la vallée de Gentilly et dans la plaine de Vaugirard, une argile grise ou rougeâtre trèstenace, presque infusible, et employée par les sculpteurs et par les faïenciers sous le nom de terre glaise.

On n'avait pas attaché une grande importance à la position géologique de cette argile, parce qu'en général on s'était accoutumé à regarder ces sortes de roches toujours humides et molles, comme des dépôts limoneux très-nouveaux; mais, en 1810, à l'époque de la publication de la Description géologique des environs de Paris, on a établi que cette argile était d'une formation trèsancienne, en comparaison des autres roches et terrains qui composent notre sol, qu'elle était immédiatement supérieure à la craie, ce qui ne suffisait pas pour indiquer son âge relatif, mais qu'elle était constamment inférieure à cette masse puissante de terrains et de roches diverses, composée de notre pierre calcaire à bâtir, de notre gypse ou pierre à plâtre, des couches épaisses de marne et de sable qui le recouvrent et des bancs de pierre meulière qui surmontent le tout.

Cette argile est donc beaucoup plus ancienne que les dernières roches de notre sol; des phénomènes nombreux et surtout très-divers se sont donc passés à sa surface, depuis qu'elle a été déposée sur la craie. Parmi ces phénomènes, un des plus remarquables est la présence de deux terrains marins reconnaissables par des caractères évidens, notamment par les myriades de dépouilles d'animaux marins qu'ils nous offrent déposés successivement et à de grands intervalles, puisqu'ils sont séparés par un sol formé sous des eaux douces. Il y a donc eu une longue suite de phénomènes géologiques depuis la formation de l'argile plastique (l'un des noms scientifiques de cette terre glaise), jusqu'à celles des dépôts d'eau douce qui ont recouvert la dernière formation marine; il doit donc y avoir aussi, suivant les règles de la zoologie,

des différences considérables entre les roches, les minéraux et les débris organiques qu'on trouve dans cette argile, et ceux que présentent les dernières formations des

terrains.

Les observations de M. Bequerel non-seulement confirment les faits déjà connus qui avaient conduit à ces résultats, mais ils en ajoutent de nouveaux.

L'argile plastique du sud de Paris, que nous avons citée au commencement de ce rapport, est généralement assez pure, et on connaissait les corps qui accompagnent cette roche, plutôt par les observations faites dans les lieux éloignés, que par les observations rares faites dans le bassin de Paris. Ainsi, on savait qu'elle était fréquemment accompagnée de lignite ou bois bitumineux, qui y forme quelquefois des lits assez puissans pour être l'objet d'une exploitation lucrative; mais on n'avait trouvé ce combustible fossile qu'en indice dans la plupart des points où l'on exploite l'argile près de Paris. M. Bequerel l'a reconnu en assez grande quantité dans l'argile d'Auteuil. Il l'a trouvé, comme cela arrive toujours, pénétré de pyrites. L'un de nous vient tout nouvellement de le reconnaître en lits épais de quelques décimètres, pareillement pénétré de pyrites, dans un banc d'argile plastique mis à découvert au Val sous Meudon, dans la position géologique où il doit être, c'est-à-dire, immédiatement au-dessus de la craie, qui, comme on le sait, est exploitée au pied de cette colline, et au-dessous du calcaire grossier à grains verts qui la surmonte. On savait que le lignite, ou bois bitumineux de la formation de l'argile plastique, renfermait, non pas seulement du succin, mais peut-être tout le vrai succin connu

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