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qui l'ont visité. Attaché à l'armée anglaise, en Espagne et en Portugal, l'auteur des Souvenirs de la Péninsule a recueilli une foule d'observations et de faits intéressans. Il peint surtout avec une grande vérité : son livre est un tableau pittoresque et animé des sites de l'Espagne, des camps et des champs de bataille. Doué d'une imagination vive, à laquelle il joint un grand talent d'observation, il fait partager ses sensations au lecteur. Le mérite de faire sentir et voir ce qu'on raconte, plus commun peut-être en Angleterre qu'en France, tient en partie à la quantité et à la variété d'expressions pittoresques que possède la langue anglaise. Louise Sw. BELLOG.

234.-Travels in Ireland in the year 1822, exhibiting brief sketches of the moral, physical, and political state of the country.-Voyage en Irlande, avec des détails sur l'état physique, moral et politique de ce pays, suivi de réflexions sur les mesures à prendre pour améliorer sa situation; par Thomas REID. Londres, 1823; Longman. Un vol. in-8° de 375 pages; prix, 12 schell.

235. - Views of Ireland, moral, political, and religious. Réflexions morales, politiques et religieuses sur l'Irlande; par John O'DRISCOL; Longman, 1823. Deux vol. in-8°.

Nous ne pouvons ici donner une idée de l'abondance et de la variété de matières que renferment ces deux ouvrages. Nous les indiquons seulement à nos lecteurs, et surtout le premier, comme la source la plus authentique de renseignemens nouveaux sur l'Irlande. Tout ce qui se rapporte à l'état de ce malheureux pays doit vivement intéresser. L'ouvrage de M. Reid n'est point consacré à des détails sur les mœurs des classes aisées, ni sur les beaux-arts. Il a visité les chaumières plus souvent que les musées. Il décrit les prisons, les hôpitaux, les infirmeries, les maisons de refuge, les établissemens en faveur des aliénés. Il donne quelques détails vraiment incroyables sur la misère de plusieurs districts de l'Irlande. Près de Cloghen et de Termoy, il a vu des laboureurs travaillant à la terre, et couverts uniquement d'un morceau de toile attaché autour des reins. Il a consigné, dans son livre, des détails statistiques d'un grand intérêt. En voici quelques-uns. Population entière, 7,855,606 habitans. Catholiques, 6,871,919; autres religions, 983,687. L'ouvrage de M. O'Driscol est écrit avec chaleur et avec élégance; mais il a plus soigné la forme que le fond, et son livre renferme beaucoup plus de phrases que de faits. C. C.

236. A Letter to the Rev. T. R. Malthus, etc.-Lettre au révérend T. R. Malthus, en réponse à ses critiques de l'ouvrage de M. Godwin sur la population, insérées dans le 70° cahier de la Revue d'Édimbourg,

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à laquelle est annexé un examen des recensemens de la Grande-Bretagne et de l'Irlande; par David BOOTH. Londres, 1823; Longman. In-So.

Il y a plus d'irritation et de personnalité que de justice dans cette lettre, où M. Booth et M. Godwin semblent faire cause commune contre M. Malthus. Cependant, en faisant abstraction des motifs de plainte que peut avoir l'auteur, on trouve un exposé clair et succinct de plusieurs faits d'une haute importance pour ce qui concerne la population. L'auteur relève quelques erreurs dans lesquelles est tombé M. Malthus. Un des passages les plus intéressans est celui où il expose l'inexactitude des rapports de Barton et de Seybert sur la population des États-Unis, rapports qui ont été adoptés par M. Malthus, et qui ont pu donner à son système une base fausse, d'où dérivent naturellement des conclusions également erronées. M. Booth a fait de profondes recherches, pour pouvoir, à son tour, critiquer M. Malthus, comme ce dernier avait critiqué M. Godwin. Il est présumable, du reste, que cette lutte dissipera quelques erreurs, et éclaircira des questions très-importantes sur l'étendue, la force, la diminution de la population, et sur d'autres questions d'économie politique.

237. Royal naval Biography, etc. Biographie navale de l'Angleterre, ou Mémoires de tous les officiers-généraux, capitaines, amiraux, etc., dont les noms ont paru sur la liste publiée par l'amirauté, au commencement de 1823; par le lieutenant de vaisseau Jean MARSHALL. Londres, 1823; Longman. Un vol. in-8° divisé en 2 parties (883 pages).

Ce livre est un hommage rendu à la marine d'Angleterre par un de ses membres. Aussi, ne faut-il y chercher ni impartialité, ni franchise. En élevant très-haut les exploits des marins anglais, l'auteur fait leurs adversaires si peu redoutables, qu'il détruit, sans s'en apercevoir, l'opinion qu'il veut nous donner de la bravoure anglaise. Sans partager ses préventions, nous conviendrons avec lui que la marine anglaise s'est toujours distinguée, et qu'elle n'a jamais cédé sans opposer une longue résistance. La Biographie navale contient des notices et des mémoires intéressans sur plus de deux cents amiraux vivans, ou morls depuis peu de tems. Le duc de Clarence est placé au premier rang ; viennent ensuite lord Exmouth, l'amiral Williams (aujourd'hui Freeman), sir Sydney Smith, dont la carrière a été aussi brillante qu'aventureuse, et dont le nom se lie à quelques époques critiques dans la destinée des nations, et à plusieurs faits d'armes qui ont eu une très-grande influence politique en Europe. Il était impossible à un Anglais de parler de la gloire de sa nation, sans rappeler Nelson, qui en fut un des plus

fermes appuis. Aussi, quoiqu'il ne pût figurer dans cette biographie des marins vivans, l'auteur a trouvé le moyen d'en parler plusieurs fois, en rattachant son souvenir aux affaires auxquelles il avait pris part avec ceux de ses compagnons d'armes qui lui ont survécu. Sa loyauté, sa valeur et sa brusque franchise rappellent souvent notre Jean Bart. M. Marschall a mis de côté toute prétention littéraire en écrivant cet ou vrage; son style, clair et assez facile, est loin d'être élégant; on pourrait même lui reprocher des expressions communes et des mots énergiques, auxquels l'habitude de vivre sur mer, au milieu des matelots, a pu accoutumer ses oreilles. Il ne faut donc voir, dans son livre, qu'une espèce de dictionnaire qui donne une idée un peu exagérée de ce qu'est aujourd'hui la marine anglaise. Plus d'impartialité et moins de forfanterie auraient rendu son travail plus utile, et surtout plus recommandable. L. S. B.

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238 (*).—A second series of the curiosities of litterature, consisting of researches in literary, biographical, and political history, of critical, and philosophical enquiries, and of secret history. — Seconde série des curiosités de la littérature, ou Recherches sur l'histoire de la littérature, de la biographie et de la politique, avec des remarques critiques et philosophiques, et des détails de l'histoire secrète; par J.D. ISRAELI. Londres, 1823; Murray. Trois vol. in-8°; prix, 40 schell.

Ce titre assez long donne une juste idée de la variété de matières contenues dans l'ouvrage de M. Israeli. Son livre est une véritable mosaïque. Il a rassemblé avec le plus grand soin une foule de détails anecdotiques sur les personnages les plus célèbres; ce qui forme la partie la plus intéressante de son travail. Les amateurs de bibliographie y trouveront des alimens à leur curiosité. Ainsi, l'auteur commence par des remarques sur Bayle, auquel il attribue un roman à peu près inconnu aujourd'hui, l'Histoire des Sévarambiens. Vient ensuite un mémoire très-curieux sur l'Art de citer, sur l'Origine de l'enfer du Dante, dont il attribue la première idée à un poème français, appelé La Vision de Charles-leChauve, sur les Parodies, sur les Anecdotes de la famille Fairfax, sur les Proverbes allemands. J'ai remaqué, dans ce mélange de tant de sujets divers, un mémoire sur la vie secrète de Walter Raleigh, qui contient des détails curieux sur son bel ouvrage (Histoire universelle), auquel, d'après M. Israeli, Ben Johnson aurait beaucoup travaillé. Je citerai encore une dissertation singulière, que l'auteur nomme Death bed memorials, sur les dernières paroles prononcées par des personnages illustres en présence de la mort, et, à ce sujet, des remarques trèsfines sur la manière dont Shakespeare fait mourir ses personnages. M.

Israeli croit avoir prouvé que Hume, dans son Histoire, a înventé des débats parlementaires qui n'ont jamais eu lieu. On aura de la peine à admettre que ce grave historien se soit rendu coupable d'une telle fraude. En résumé, cet ouvrage est neuf, original; il renferme des indications très-importantes et peu connues sur divers points obscurs d'histoire et de littérature. C. C.

239 (*). — Illustrations, historical, biographical and miscellaneous. -Éclaircissemens historiques, biographiques et mélangés des romans de l'auteur de Waverley; par le révérend R. Warner. Londres, 1823; Longman et compe. Un vol. in-12, 349 pages.

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Cet ouvrage se rattache, par son titre et par son but, à ceux de l'auteur de Waverley, qui n'est autre que Walter Scott, malgré le mystère dont il aime à s'envelopper. M. Warner donne d'abord un essai général et préliminaire sur les romans écossais, dans lesquels il blâme l'abus des paroles tirées de la sainte Écriture. Il reproche aussi à leur auteur d'avoir exagéré le caractère hardi et fanatique des ligueurs presbytériens. Prenant ensuite Ivanhoe pour sujet, comme le premier en date, commence un cours d'éclaircisseniens, tirés de divers ouvrages anciens, sur l'histoire, les antiquités, la littérature, etc. La peinture de la société, à l'époque des événemens retracés dans Ivanhoe, offrait un vaste champ à l'antiquaire et à l'observateur. M. Warner a su glaner encore, après le romancier qu'il commente. Ses recherches et ses remarques sur l'état de la Grande-Bretagne sous le règne de Guillaume, surnommé Rufus (le troisième fils du Conquérant), sur l'esprit chevaleresque de ce tems, etc., sont d'un grand intérêt. Il ne trace pas moins habilement le portrait de Richard, dont il rappelle la réponse à un Français qui lui disait qu'il (Richard) avait trois filles dont il devait se défaire, l'orgueil, l'avarice et la volupté. «Eh bien, répondit le roi, je donne mon orgueil aux Templiers, mon avarice aux Carmélites, et au clergé ma volupté.» Ayant fait un évêque prisonnier dans une escarmouche, et l'ayant fait mettre aux fers, les prélats s'en plaignirent au pape, qui enjoignit à Richard de ne point retenir en prison son cher fils en Dieu. Le roi envoya au pape l'armure avec laquelle l'évêque avait été pris, et le message suivant : « Nous l'avons trouvé dans cet habit; voyez si c'est celui de votre fils, ou non. Le pontife ne voulut point rester en arrière de plaisanteric avec Richard; il lui fit répondre: «Non, cet habit n'est point celui de mon fils, mais bien celui de quelque enfant de Mars, qui le délivrera, si bon lui semble. Pour moi, je n'intercéderai plus en sa faveur. La passion de Richard pour la poésie est bien connue; quoique ses productions ne pussent supporter de nos jours un examen sé

vère, elles ne sont point au-dessous de celles du même tems. M. Warner donne en entier un sirvente que le roi composa, en Allemagne, pendant sa captivité, et dans lequel il se plaint de l'abandon où le laissent ses barons anglais, normands, gascons et poitevins. Le seul autre poème qui soit connu de lui est un sirvente contre le dauphin d'Auvergne et son cousin, qui avaient refusé de s'unir à Richard contre le roi de France. Les mélanges comprennent les ordres de chevalerie, les tournois, les combats, les croisades, et les autres traits distinctifs de ce siècle, que Walter Scott a su faire renaître d'une manière si étonnante. En parcourant l'ouvrage de M. Warner, on est surtout frappé de la singulière fidélité avec laquelle le romancier écossais a peint les mœurs et les usages de l'époque où il place ses personnages. L. Sw. BELLOC. 240. A description of the antiquities and other curiosities of Rome. Description des antiquités et autres curiosités de Rome; par Edward BARTON. Londres, 1823; Longman. Un vol. in-8°, 590 pages.

On peut regarder ce livre comme une description assez complète de tout ce que Rome renferme de plus intéressant. L'auteur ne se laisse pas éblouir par des souvenirs de grandeur, que les rues étroites et sales de Rome moderne détruisent bientôt; il s'est contenté de décrire ce qu'il a vu. C'est ainsi qu'il ne fait pas grâce au lecteur d'une seule des cent cinquante églises qui existent à Rome. Il admet, avec Gibbon, qué la population de Rome, sous Théodose, était de 1,200,000 âmes, et le nombre des maisons de 48,000. Au xive siècle, ce nombre était réduit à 35,000; décroissement énorme. Sous Léon X, Rome contenait déjà 85,000 habitans; en 1709, 138,000; en 1765, 160,000; et en 1819, d'a près M. Buxton, Rome pouvait avoir 120,000 habitans, dont un dixième composé d'ecclésiastiques. Nous avons remarqué dans ce volume une fort belle description du Colisée, sur lequel il semblait fort difficile de rien dire de nouveau. M. Buxton fait observer combien il est surprenant qu'un édifice que les tremblemens de terre ont ébranlé, que les barbares ont ravagé, dont les parties ont tant souffert par l'action du tems, du feu et du marteau, dont on calcine une grande partie pour faire du ciment, puisse exciter encore aujourd'hui l'admiration du monde. Contre l'opinion commune, et d'après ses propres calculs, il pense que le Colisée n'a jamais pu contenir plus de 50,000 personnes. On pourra con sulter cet ouvrage avec fruit, pour tout ce qui regarde les antiquités de Rome et son état moderne.

C. C.

241.-Practical hints on decorative printing, with illustrations engraved on wood, and printed in colours, etc.—Avis pratiques sur l'impression de luxe, avec des dessins gravés sur bois et imprimés en cou>

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