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Nous aurions encore à faire l'examen de plusieurs compo sitions du recueil que nous analysons, et dont celle sur l’Éloquence de la chaire, considérée dans les premiers orateurs, écrite avec un goût pur et une discussion ingénieuse, prouve des connaissances fort variées en littérature, et se recommande par un mérite distinct qui la rendrait digne d'une analyse spéciale.

Nous aurions à rendre compte aussi de nombreuses notes en forme d'articles, dont l'auteur a éclairé ses ouvrages, et dont la plupart sont autant de dissertations complètes; mais, M. Lacretelle nous ayant honoré dans l'une de ces notes mêmes du témoignage public de son affection, nous craindrions de faire regarder comme un remercîment, à une trop généreuse amitié, ce qui n'appartient qu'à la justice et à la vérité, et cette considération nous force d'abréger la revue et en même tems l'éloge de sa collection, pour en résumer le plan et en fixer le but.

reau,

Le caractère principal de toutes les compositions qu'elle contient est l'alliance nouvelle et intime de la philosophie à la jurisprudence, du talent littéraire aux oracles du droit. Leur effet constant est d'indiquer les ressources philosophiques et littéraires que peuvent offrir les moindres causes du baret surtout les grandes, dont l'intérêt les détache des ouvrages ordinaires des jurisconsultes, pour les placer dans la bonne littérature: c' c'est de prouver par des exemples, autant que par des principes, que les choses judiciaires ont souvent un contact utile avec les vues politiques, et que la jurisprudence ou l'étude pratique des lois doit être considérée comme une partie de la science sociale, et non comme une rubrique du Palais. Il suffit de lire le morceau intitulé : Principes élémentaires des conventions, pour se convaincre que la jurisprudence est une science dans la plus grave acception du terme.

M. Lacretelle ne perd aucune occasion, non plus, de relever tout ce qu'il y a de beau et de généreux dans la profession de l'avocat. Il faut qu'il se donne tout entier à la défense d'un opprimé; mais aussi il lui est accordé de le protéger contre toutes les puissances de la société, de le relever de cette abjection qui naît souvent d'un grand malheur, et quelquefois d'immortaliser sou malheur même, en en faisant sortir un exemple salutaire.

M. Lacretelle sera, comme Servan, l'un des modèles d'un nouveau système de discussions judiciaires, et il en aura été de plus l'un des professeurs par sa propre mission. Chef de l'école de notre barreau moderne, où la jeunesse porte aujourd'hui une émulation toujours plus féconde, une sorte d'affection paternelle et désintéressée le fait se complaire dans les succès de ses disciples, et regarder comme destinés à le surpasser, ceux de nos jeunes orateurs qui, comme MM. Dupin ainé, Mauguin, Barthe, Mérilhou, Hennequin, Berville et tant d'autres, sont appelés à exceller dans leur profession, parce qu'ils savent la rallier à tout ce qui l'éclaire et la perfectionne.

Si la collection des ouvrages de M. Lacretelle, sur l'Eloquence judiciaire et la Philosophie législative, offre une lecture utile à ceux mêmes qui sont étrangers à la jurisprudence et aux exercices du barreau, il faut reconnaître que c'est particulièrement aux élèves de nos écoles de droit qu'il en fait le présent. Le vœu le plus cher de l'auteur a été de mériter leur attention studieuse, de les appeler à l'examen des principes qu'il leur propose, et dont leur jeune raison sera peut-être le meilleur juge; de leur rendre la profession où ils vont entrer encore plus noble et plus chère; de les y retenir, lors même les succès littéraires viendraient les tenter par une gloire plus éclatante, et de leur faire sentir qu'ils n'ont pas besoin de

que

changer de carrière pour trouver un digne emploi des meilleurs et des plus beaux talens.

M. Lacretelle devant publier, au nombre de ses œuvres, une collection consacrée à la littérature et à la critique litté– raire, nous nous réservons d'appliquer à cette collection même l'appréciation des formes de son style et nos observations philologiques sur ses divers ouvrages. PARENT-REAL.

GR

LOIS DES COMMUNES, ouvrage dédié à S. A. S. Man le duc d'Orléans, premier prince du sang; par Me DÚPIN, avocat (1).

La Collection des lois par ordre de matières, que M. Dupin, avocat, s'est chargé de publier, en exécution de l'avis du conseil-d'état, du 7 janvier 1823, se poursuit avec l'activité et le soin qu'on devait attendre d'un jurisconsulte aussi laborieux et aussi profondément versé dans la connaissance du droit.

Dans l'espace de quatre années, il a publié successivement les lois sur l'organisation judiciaire, les lois civiles, les lois commerciales, les lois de procédure, les lois criminelles, les lois concernant les droits des tiers, les lois forestières, auxquelles il faut joindre le Code du commerce des bois et

charbons.

Nous annonçons aujourd'hui les Lois des communes. Cette importante partie de notre législation, qui touche de si près aux intérêts de tous les citoyens, a été traitée avec une exactitude qui assure à ce recueil une supériorité incontestable sur tous les ouvrages publiés jusqu'ici sur le même sujet.

(1) Paris, 1823. Deux vol. in-8° d'environ 1500 pag. Guillaume, libraire, rue Hautefeuille, no 14; prix, 16 fr.

Nous allons donner une idée du travail de l'auteur.

L'ouvrage comprend, d'abord, sous le titre de Lois des communes, le texte pur et très-soigneusement vérifié, des lois, décrets, ordonnances et avis du conseil-d'état, concernant le régime municipal, et l'administration communale.

Ces textes sont accompagnés de notes qui contiennent une conférence suivie des lois entre elles, et la solution des difficultés que peuvent présenter leur intelligence et leur appli

cation.

A la suite, se trouve une table des matières, très-ample, très-développée, par ordre alphabétique, et où l'auteur a tellement multiplié les indications, qu'il est impossible de ne pas trouver à l'instant les dispositions dont on peut avoir besoin.

Mais, comme les lois n'ont pas prévu toutes les difficultés, et qu'elles ont seulement posé les principes généraux, un recueil des lois des communes n'eût pas présenté toute l'utilité dont il était susceptible, si l'on eût négligé d'y joindre l'indication des monumens de la jurisprudence qui sont venus compléter l'œuvre du législateur, en décidant les questions particulières qu'il n'avait pas résolues.

M. Dupin a donné à son recueil ce complément nécessaire, en réunissant à la fin, sous le titre d'appendice, l'analyse des décisions ministérielles, des arrêts du conseil, et des arrêts de cassation concernant les communes, et en y joignant l'opinion des auteurs les plus accrédités, qui ont écrit sur le même sujet. Cette partie contient la solution d'environ six cents questions.

Enfin, dans une introduction qui, à elle seule, peut être considérée comme faisant un ouvrage à part, l'auteur a résumé les principes généraux, et traité ex professo tout ce qui concerne le régime municipal.

Cette introduction est divisée en quatre parties principales, qui forment autant de chapitres.

Dans le premier, l'auteur traite des communes en général; il définit ce qu'on doit entendre par commune, section de commune ; il montre que le principe de l'association communale repose moins sur l'agrégation matérielle des individus, que sur la liaison morale établie entre eux par la communauté d'intérêt. Les communes sont des êtres collectifs, qui different des individus dont elles sont composées : Universitas distat à singulis. L'auteur déduit d'importantes conséquences de cet axiome.

Il examine, ensuite, quelles sont les conditions nécessaires pour être membre d'une commune? Cette question amène des développemens curieux sur le droit de cité en général; comment s'acquiert la qualité de citoyen français, comment elle se perd, comment l'exercice en est suspendu: de la jouissance et de la privation des droits civils: des caractères du domicile et de l'incolat : — du droit de bourgeoisie : - des prérogatives et des obligations attachées à ces diverses qualités. L'auteur parle ensuite des armoiries des villes et communes ; des bonnes villes; des extinctions et réunions de communes. Dans cette dernière section, il rapporte un exemple notable des entraves que l'intrigue et le crédit apportent quelquefois aux réunions les plus désirées dans l'intérêt géné– ral des habitans.

Dans le chapitre II, M. Dupin traite du pouvoir municipal, de son caractère propre, de son étendue, de ses limites, de ses rapports avec l'administration supérieure, et jusqu'à quel point il devrait en être indépendant.

Le chapitre III est, sans contredit, un des plus piquans de l'ouvrage. L'auteur résume, dans une première section, toute l'histoire des communes : il montre leur état dans l'ancienne Gaule; leur abrutissement sous le régime féodal; leur

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