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Lorsqu'on eut arrêté dans le premier, que l'on accorderoit au roi une partie des troupes natio males pour les faire paffer en Amérique, fix pairs de ce royaume firent la proteftation fuivante. Nous fommes d'avis différent :

Parce que nous penfons que toute l'armée qui eft fur pied dans ce royaume, eft néceffaire pour fa défense dans la fituation critique des affaires en Europe, dans un tems où chaque circonftance femble nous menacer d'une guerre générale furtout, vu que, par l'envoi des troupes en Amérique, l'Angleterre fe mettra hors d'état de.... nous foutenir en cas d'invafion. ou de quelqu'autre évé-ment inattendu. Et nous nous croyons d'autant plus particulierement fondés dans nos idées, que nous concevons que S. M. elle-même a été manifeftement du même avis dans fon meffage, pour demander l'augmentation de nɔtre armée, de façon qu'il reftât toujours 12 mille hommes en Irlande demande faite dans le tems que l'on jouiffoit d'une tranquillité publique, & d'une fûreté générale. Parce qu'ayant été jugé & déterminé,qu'il refieroit toujours 12 mille hommes dans ce royaume pour fa défenfe, excepté en cas de rébellion ou d'invafion dans la Grande-Bretagne, nous ne voyons aucune raifon de changer d'opinion, ou de ftatuer un exemple pour diminuer ce nombre, lorfqu'il n'y a point d'invafion ou de rebellion manifefte dans la Grande-Bretagne, & lorsque le danger d'une invafion dans ce pays-ci augmente, aulieu de diminuer...

Parce que nous avons lieu de croire qu'il s'en faut beaucoup que notre armée ne foit complette, & qu'il n'y a actuellement dans ce royaume, pas au-delà de 10 mille hommes effectifs; ainfi, nous jugeons qu'on ne fçauroit admettre une réfolution qui réduiroit notre défenfe à 6 mille hommes, nombre inférieur de la moitié à celui, qui, en tems de parfaite tranquillité, a été cen-.. fé néceflaire à notre fûreté par les trois branches de la légiflation..

Parce que, quoiqu'il ne foit pas fait expreffément : mention de l'Amérique dans le meffage de S. M., ni dans la réfolution prife en conféquence, nous conce-vons que, comme la Grande-Bretagne n'eft actuellement a engagée dans aucune guerre étrangere, les troupes que l'on requiert, ne peuvent avoir pour objec que la con-teftation américaine; fervice auquel nous ne voudrions s Pas engager notre pays pour les raifons, fuivantes ::

Que, fans information parlementaire, nous ne croyons pas qu'il convienne à la d.gn.té ni à la juftice de cette chambre, de fe décider abfolument fur la conteftation entre la Grande-Bretagne & fes colonies.

Que, fauf le refpec le plus profond pour les droits de la couronne, & l'attachement le plus fincere pour la perfonne de notre fouverain, il nous eft defendu, par les principes fur lefquels eft fondée la glorieufe ré volution, de declarer rebellion la réfistance à l'autor.té royale dans tous les cas poffibles : & comme dans le cas préfent, nous n'avons pas été informés, de la maniere ufitée en parlement, de l'origine & des progrès de cette malheureufe conteftation, nous nous croiriens injuftes & téméraires, fi nous condamnions ainfi uniformément les Américains à la pointe de l'épée.

Que fi nous pouvions nous décider fur ce que nous avons entendu & lu hors du parlement, nous ne verrions jufqu'ici rien qui juftiae la conduite de l'adminiftration dans le commencement, ou le progrès de la guerre américaine; mais nous devrions en condamner l'objet, & en déplorer la durée.

• Que jufqu'à préfent, nous devons penfer que l'objet de cette guerre eft l'établiffement du pouvoir du parle'ment britannique de taxer l'Amérique ; pouvoir que nous fçavons n'être pas inhérent à la conftitution générale de l'empire br.tannique; & jufqu'ici nous n'avons vu aucune charte ou confentement écrit, qui rende ce pouvoir la conftitution particuliere de l'Amérique.

Que, confidérant les octrois & les fubfides comme le lien le plus puiffant d'affection entre le prince & le peuple; que l'affection nationale n eft uniquement rendue abondante & pleine de dignité que par la fpontané té des offres d'un peuple libre; que la levée arbitraire de deniers eft contraire à toute liberté, & particulierement à toutes les idées que s'en font les Anglois; nous ne fommes pas furpris d'apprendre qu'une nation originaire de la Grande-Bretagne, animée par fes principes, inftruite par fon exemple, ait réfifté à une telle entreprise.

Comme nous ne pouvons approuver le motif fur lequel on a commencé cette guerre, nous ne voudrions pas non plus contribuer à fa continuation. La difiipation des forces britann ¿ques, les fouffrances du commerce, & l'accroiflement des calamités d'une guerre civile, font, dans notre efprit, des argumens audi forts que douloureux soutre la perfévérance dans une conteftation denaturée,

& dont, jufqu'à ce moment l'objet ne nous a paru ħi jufte, ni capable de produire rien de bon & d'avanta geux.

Dans l'état où fe trouve à préfent cette conteftation, nous croyons une conciliation néceffaire & praticable; & nous ne voudrions pas la rendre difficile & défefpérée par la perfévérance dans les mesures que cette guerre a occafionnées, & par une effufion ultérieure de fang; & comme nous ne voyons dans de nouveaux embarquemens aucune démarche vers la conciliation que nous fouhaitons fi ardemment; fondés fur les principes les plus fains de paix & de liberté, nous proteftons contre de tels arrangemens, qui, en nourriffant l'aigreur d'une guerre civile, pourroient rendre la brêche irréparable, & multiplier les calamités, non-feulement à l'égard des colonies, mais auffi envers la mere-patrie. Quoique nous puiflions être inftruits à fouffrir quelques incommodités en envoyant une partie des forces qui nous font néceffaires, pour faciliter l'acceptation de telles propofitions raifonnables & conformes à la conftitution qui pourroient mettre an a la préfente guerre ruineufe & dénaturée; nous fommes cependant d'opinion, qu'il y auroit de l'imprudence à renforcer les mains de la préfente adminiftration, avant que nous foyons certains en quelque façon, qu'un pareil plan de conciliation foit adopté. (Signé) Leinfter, Meath, Charlemont, Powerfcourth, Wandesford Irnham.

Le congrès provincial de la Caroline feptentrionale a écrit aux habitans de la Grande-Bre tagne une lettre dont voici la traduction.

Amis & concitoyens,

La fanglante conteftation qui regne actuellement entre les colonies américaines & les miniftres qui gouvernent aujourd'hui l'Angleterre, fera une des époques les plus importantes qui puiffent être confignées dans les annales de la Grande-Bretagne. Les nations étrangeres en attendent le résultat avec une curiofité inquiete, & voient avec étonnement la politique aveugle & obftinée avec laquelle l'adminiftration actuelle pourfuit le plan qu'elle a formé de fubjuguer ces colonies, & de les faire paffer de l'état de fujets fideles & utiles, à celui d'une dépendance abfolue, & à l'esclavage le plus abject; comme fi les defcendans de ces grands hommes qui ont verfé des fleuves de fang & prodigué tant de tréfors pour éle

ver l'édifice de la conftitution britannique fur une bafe folide & durable, voyoient d'un œil d'envie l'état paifible & heureux de cette région, & s'efforçoient d'ex terminer des vertus qui brilloient avec un éclat qui déjà égaloit & paroiffoit devoir bientôt éclipfer la mere-patrie. Jouir des fruits de notre honnête induftrie, pouvoir appeller notre bien ce que nous procure le travail de nos mains, & que nous acquérons à la fueur de notre front, avoir le droit de régler notre police intérieure, à la quelle nous avons un intérêt qu'ils n'ont pas; voilà les graces que nous demandons. Les noms de Traitres, de Rebelles, & mille épithetes injurieufes que la haine feule peut dicter, ou qu'exprime la violence du langage; voilà toute la réponse que l'on daigne faire à nos requêtes les plus modérées, & à nos vives fupplications. On nous reproche que nous afpirons à l'indépendance; que nous cherchons à brifer tous les liens qui nous at tachent à la mere-patrie. Accufation cruelle ! Toutes nos paroles, toutes nos actions ne prouvent-elles pas unifor mément le contraire ?

Nous déclarous de nouveau, & nous en prenons à témoin l'être tout-puiffant qui fonde les replis les plus cachés du cœur humain, & qui connoit nos intentions les plus fecrettes, nous le prenons à témoin, que tous nos vœux, toutes nos prieres ne tendent qu'à nous voir rétablir avec les autres colonies-unies, dans l'état où nous nous trouvions, elles & nous, avant l'époque de 1763;. difpofés d'ailleurs à paffer par-deffus tous les autres réglemens que la Grande-Bretagne a faits avant ce tems, quelque injurieux & oppreffs qu'ils nous paroiffent, dans l'efpérance qu'un jour, elle s'intéreflera avec bonté. pour fes colonies, & qu'elle éloignera de nous tout sujet de plainte.

Toutes les fois que l'on s'eft écarté à notre égard des principes de la conflitution établie, notre propre fûreté & la confervation de nous-mêmes nous ont preferit ces moyens de défense; & fi, à quelques égards, nous nous fommes arrogé des pouvoirs que la loi a placés entre les mains du fouverain ou de fes représentans, nous ne l'avons fait que pour défendre nos perfonnes, nos propriétés, & ces droits inalienables que Dieu & la conftitution nous ont donnés; autôt que les juftes motifs de nos craintes & de nos allarmes n'exifteront plus, nous verrons retourner avec joie ces pouvoirs à leur fource. légitime; & ces confédérations, formées par la feule neceflité, cefferont avec la caufe qui leur a donné naiffance..

Ces proteftations font le fruit d'une affection, ou plutôt. d'un dévouement prefque fans bornes à la fucceffion de là maifon d'Hanovre, telle qu'elle a été établie par la loi, & conformément au van de fujets qui regardent cette loi comme un monument qui honore la nature humaine, comme un monument propre à apprendre aux rcis, combien il eft glorieux de régner fur un peuple libre: elles font l'effufion de nos cœurs, & font voir en nous des fujets qui voudroient répandre jufqu'à la derniere goutte de leur fang & facrifier toute leur fortune dès-qu'ils feront appellés légalement à défendre la fucceffion de S. M. George III, fa couronne & fa dignité; des hommes qui fouhaitent avec ardeur de tranfmettre fon regne aux fiecles futurs, comme l'époque de la félicité com mane & parfaite de tout fon peuple. Puffent ces fentiniens parvenir jufqu'à foa trône! Certainement notre fouverain empêcheroit que les horreurs de la guerre. & une défolation univerfelle ne pénétraffent dans cette contrée, jadis paifible & fortunée : il arrêteroit ce déluge.. de fang humain qui menace aujourd'hui d'inonder cette colonie; fang trop précieux pour être verfé autrement que pour la défenfe de la chofe commune contre les ennemis de la Grande-Bretagne & de fes enfans.

Que cette déclaration foit regardée comme un témoignage authentique de notre fidélité à notre fouverain & de notre affection envers la mere-patrie, comme un gage certain de nos intentions préfentes & futures. Nous efpérons qu'elle fervira à effacer les impreffions données au préjudice de cette colonie, par des gens corrompus. & pervers, qui tâchent de rendre fufpecte la fincérité de nos deffeins, & de répandre la fédition, l'anarchie & la confufion dans toute cette fidelle province.

Nous nous fommes acquittés de notre devoir envers le monde, envers nous-mêmes & la poftérité. Que dieu tout-puiffant daigne couronner d'un fuccès heureux les moyens que nous emplayons, & qui n'ont pour but que des objets juftes, légitimes & bons, tels que le falut & le bonheur de tout l'empire britannique.

Articles divers d'économie domeftique ou rurale & autres objets intéreffans.

R. le chevalier de la Porte, actuellement à
Avignon, vient de publier la recette suivan

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