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celle du grand-vifir. Pendant cette derniere audience, un des officiers du prince fe dépouilla de fon uniforme, & l'ayant jetté à terre avec fon chapeau, il demanda le turban en déclarant qu'il étoit vrai & fidele mufulman. Indigné de cette adion, l'ambaffadeur lui en témoigna fon relientiment en langue ruffe, & le réclama. En effet, le grand-vifir le lui ht rendre après l'audience; mais il n'en a pas été de même à l'égard d'une vingtaine d'autres Ruffes qui ont embrafié le mahométifme.

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Le 16, le colonel Péterfon eft parti d'ici, &fut fuivi le 17, par les équipages du prince de Repnin, qui camperont à un mille du faubourg de Pera, en attendant le départ de ce miniftre, qui refte toujours fixé au 21

La fanté du capitan pacha fe trouvant entierement rétablie, cet amiral fe difpofe à retourner dans les mers du levant.

La Porte a remis aux députés des Tartares de Crimée un firman pour la confirmation de Dew let Gueray dans la dignité de kan. Il n'y a rien dans cette difpofition qui ne foit conforme aux ftipulations du dernier traité de paix avec la

Ruflie.

Le reis-effendi, ou miniftre des affaires étrangeres, fe trouvant retenu depuis quelques jours par une maladie qui, fans être dangereufe, l'empêche néanmoins de remplir les fonctions de fa place, le grand-feigneur a confié ce département à Munib-effendi, ci-devant reis-effendi à l'armée, & miniftre plénipotentiaire aux conférences a Kainardgik,

Suivant les nouvelles de l'Yrac-Arabi, les Perfans ont donné, le 21 Septembre, un nouvel aflaut à Baffora; ils avoient d'abord pénétré dans quelques quartiers de la ville; mais la garnifon s'étant portée en force vers les points d'at

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taque, ils ont été repouffés avec perte de plus de 1,200 hommes; Sąder kan, frere de Kerim kan, a été dangereufement bleflé dans cette action, & fon fils y a perdu la vie.

SALONIQUE (le 8 Mars. ) Un Salakor (écu yer du grand-feigneur ), expédié au pacha de cette ville pour lui annoncer la naiffance d'une princeffe ottomane, arriva ici le 10 du mois dernier; cet officier étoit chargé d'un commandement de fa hauteffe, portant ordre de faire, pendant fept jours consécutifs, des réjouiffances publiques; elles commencerent le 15; le palais du gouverneur, l'hôtel de fon Kiaya (lieute nant) furent décorés & illuminés, & le pacha donna des fêtes au peuple dans un grand enclos de fon ferrail. Toutes les maifons des perfonnes conftituées en dignité, celles des agas du pays, les bezeftans & les boutiques étoient pareillement décorés & illuminés. Pendant les fept jours que ces fêtes ont duré, tous les corps de métiers fe promenerent dans la ville, précédés de muficiens & de danfeurs, auxquels on faifoit des préfens en drap & en argent à chaque hotel où ils s'arrêtoient pour faire entendre leurs con

certs.

Les nations étrangeres établies en cette échelle ont auffi pris part à la joie publique par des décorations & des illuminations; le conful de France a reçu la vifite du pacha, qui fe rendit à la maifon confulaire incognito, eicorté d'une foule de fes officiers, qui le faifoient reconnoitre par le profond relpect qu'ils avoient pour lui: ce vifir y prit une tafle de café; ce qui eft un honneur qu'il n'a fait à aucun autre conful. Le pacha a terminé ces réjouiffances par un feu d'artifice qu'il a fait tirer hors de la ville.

SALE (le 6 Avril.) On apprend de Tanger qu'un brigantin françois, chargé à Salo, en Ča~ talogne, d'eau-de-vie qu'il devoit, dit-on porter au Havre, s'eft brifé entre Tanger & Ceua. On auroit pu fauver quelques tonneaux de cette liqueur, qui étoient fur la plage; mais le gouverneur de Tanger, dans la crainte de contribuer à la profanation de fon culte, les a fair vuider dans la mer. Par les rapports vagues que l'on a de ce naufrage, on doit fuppofer que ce navire avoit été abandonné à l'entrée du détroit; en n'a aucune nouvelle de fon équipage.

Un autre navire françois, expédié de Nantes pour la côte du fud, & commandé par le capitaine Dupuis, a fait naufrage au mois de Janvier dernier, fur le Cap Bajadoz, entre le 26e. & le 27e. degré de latitude. Le capitaine & 19 hommes de l'équipage fe font fauvés, & fe trou vent à préfent dans le pays d'Aguadir d'Homa, qui eft de la dépendance & à l'extrémité de l'empire de Maroc. Sur les avis que M. Chenier chargé des affaires du roi de France, a reçus de ce naufrage, il a expédié un courier au prince maure pour lui demander la sûreté de ces François, auxquels il a fait paffer quelques fe

cours.

Comme le bled & tous les autres grains continuent d'être rares dans cette partie de l'Afrique, le roi de Maroc a fait infinuer aux négocians des nations étrangeres, que l'importation du bled dans fes états jouiroit de toute liberté & de l'exemption des droits; cependant la récolte donne de grandes efpérances; & celle de l'orge, qui eft prochaine, fera de quelque foulagement à la mifere du peuple. Ce fouverain a fait paffer un détachement de fes troupes du côté du fud pour contraindre quelques provinces à payer le tribut, qu'elles font toujours attendre;

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un autre détachement a été envoyé dans une province du nord pour le même objet.

RUSSIE.

PETERSBOURG ( le 10 Mai. ) La joie qu'a voit caufé la groffeffe de Mad. la grande ducheffe, s'eft terminée par un deuil général ; & S. A. I. a fuccombé aux douleurs d'un enfantement laborieux, qui a duré 4 jours. L'impératrice a fait annoncer ce funefte événement, le 27 du mois dernier, par le manifefte fuivant.

Il a plu au tout-puiffant, dont les décrets font impénétrables, de fixer l'heure où l'on attendoit les heureufes couches de S. A. I. la grande-prin ceffe Natalie-Alexiewna, pour la fin de fes jours, ainfi que de ceux de l'enfant, qui eft mort avant que de voir le jour; cet événement a été, pour notre famille imp., une fource amere d'affliations. Dans une circonftance auffi fâcheufe, où tous les remedes étant épuifés, ne laiffoient plus aucune efpérance de falut, S. A. I. s'étant chrétiennement préparée au paffage de l'éternité par la cone feffion, la communion & l'extrême-onation, eft morte ici hier, à 5 heures après-midi, entre nos bras, avec une parfaite réfignation, & une préfence d'efprit admirable. Notre caur maternel, ainfi que celui de fon époux, notre cher fils, le GrandDuc, pénétrés de tendreffe & d'eftime pour fes rares vertus, ont été plongés dans la plus vive douleur.

En notifiant à nos fidèles fujets ce coup frappant, qui part de la main du fouverain arbitre de nos jours, & en leur recommandant de prier pour le repós de l'ame de la chere défunte, nous ne doutons pas que chacun d'eux ne s'empresse de lui rendre ces devoirs, en adreffant fes prieres pour elle au tout-puiffant. Nous l'attendons encore plus

du clergé de notre empire, perfuadés qu'il ne manquera pas de s'acquitter de ce que lui prefcrit la religion en de pareilles circonftances.

Dès que la grande ducheffe eut les yeux fermés, l'impératrice fe rendit à Czarsko-Zelo, où elle fut fuivie par le prince Henri de Pruffe qui continue d'avoir des conférences avec S. M. I.

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Le corps de la grande prince.Te dont la Ruffie déplore la perte, fut tranfporté au couvent de St. Alexandre Newsky, & placé fur un lit de parade dans une falle tendue en noir; il refta expofé aux regards du public, & gardé par la nobleffe de la 2e., 3e., & 4e. claffe, qui se relevoit alternativement, jufqu'au 7 de ce mois qu'il fut dépofé dans le caveau de la maifon impériale. L'impératrice étoit revenue de Czars. ko-Zelo pour affifter à cette funebre cérémonie.

Il paroit un réglement qui prefcrit la maniere dont les premieres claffes de l'empire porteront le deuil pendant 3 mois. Il eft permis néanmoins à toute autre perfonne de porter des habits noirs, à l'exception des militaires qui ne font point des premieres claffes.

Le comte Branicki, grand-général de la couronne de Pologne, eft parti d'ici le 8, après avoir pris congé de S. M. I. à Czarsko-Želo.

La débacle de la Neva commença le 25 du mois dernier, & continua toute la nuit fuivante de forte que depuis le 26, la navigation eft en tierement libre dans cette capitale.

SUED E.

STOCKHOLM (le 27 Mai. 】 Dans le chapitre tenu par le roi, le 29 du mois dernier, S. M. après avoir nommé chevaliers de l'ordre de l'é pée divers officiers qui avoient obtenu leur re

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