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la ledure de toutes les dépêches du général Howe & de l'amiral Shuldam, envoyées depuis le 2 Mars dernier.

Cette motion fut foutenue par le marquis de Rockingham, les lords Effigham & Shelburne. Les deux premiers employerent à peu près les mêmes moyens di duc de Manchefter, & le dernier appuya davantage fur la guerre d'Amérique en général, à laquelle il donna toutes les qualifications qu'a fi fouvent employé contr'elle le parti de l'oppofition.

Les deux fecrétaires d'état Suffolk & Weymouth s'oppoferent à la motion, & furtout à la demande de foumettre à l'examen de la chambre les dépêches du général Howe, remplies d'une foule d'objets étrangers à l'évacuation de Bolton, & contenant le plan des opérations futures, dont la divulgation empêcheroit l'effet. Ils ajouterent tous deux que la retraite du général Howe avoit été depuis longtems projettée dans un moment convenu.

« Je defirerois, dit le lord Suffolck, qu'il fût poffible de mettre fous les yeux des pairs les dépêches en question. On verroit combien le public eft redevable aux talens militaires & à l'habileté du général, dont on ne sçauroit trop louer la fçavante manoeuvre quant au compromis ou convention dont le duc de Manchefter a parlé d'après des lettres particulieres, l'honneur a défendu à ce général d'écouter, de la part des rebelles, de pareilles propofitions: &, quoique l'on puiffe dire, il eft certain qu'il a tranfporté avec lui toutes les provifions militaires ».. Il convint cependant d'une espece de bombardement de Bofton par les rebelles ; mais il avança que tout s'étoit borné à un petit nombre de maifons un peu endommagées, & à fix hommes qui avoient été bleflés, & qu'enfin, les troupes angloifes s'étoient embarquées dans le meilleur ordre poffible.

Il réfuta auffi ce qu'on avoit dit de la mauvaise volonté des Heffois, qui s'étoient embarqués, dès-que l'intention de S. M. leur avoit été notifiée, & defquels on devoit attendre autant de foumiffion que des autres troupes.

Le lord Ravenfworth fe leva; & pour appuyer la mo tion du duc de Manchester, il cita plufieurs circonftances où, du tems du Sr. Pitt dans la derniere guerre, on avoit imprimé dans des gazettes extraordinaires les événemens les plus importans, à mesure qu'ils arrivoient, & il propofa d'inférer dans la motion actuellement agitée la claufe que l'on préfenteroit à la chambre

toutes les dépêches qui n'auroient aucun rapport avec les opérations futures de la campagne.

Le duc de Bolton fut de l'avis du lord Ravensworth, &fe plaignit de la négligence avec laquelle on avoit tranfporté des bombes en Amérique dans un vaisseau défarmé qui a été enlevé par les colons, & qui leur a fourni celles qu'ils ont jettées fur Boston.

Le lord Sandwich repliqua que ce vaiffeau étoit parti fous le convoi de la frégate le Cerbere, & qu'il en avoit été féparé par un inauvais tems, ainfi que d'autres vaif feaux de guerre; enfin, ces débats fe terminerent pour aller aux voix, & la motion du duc de Manchefter fut rejettée la majorité de 74 voix contre 2′′.

Les 17 & 18, la chambre des pairs paffa plufieurs bills auxquels des commiffaires du roi donnerent le 21, la sanction de S. M.

A

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Le 22, le général Conway propofa dans la chambre des communes, qu'on préfentât une requête au roi pour le fupplier de communiquer à cette chambre les inftructions données au ford Howe & au général Howe, commiffaires de S. M., touchant les conditions auxquelles on fe propofe de faire la paix avec les colonies, ou de recevoir la foumiffion des fujets du roi foulevés en Amérique. Ce fénateur accompagna fa motion d'un difcours tendant à prouver l'utili té & même la néceffité de cette communication & fut fecondé par M. Burk, qui cenfura vivement la conduite des miniftres relativement aux opérations militaires contre les colonies. Le colonel Barré, M. Fox, le lord Cavendish & autres membres de l'oppofition appuyerent cette demande; mais le lord North réfuta leurs raifonnemens, & fut foutenu d'un grand nombre de partifans du gouvernement; la propofition mife aux voix fut rejettée à la pluralité de 171 contre 85.

Le 23, le roi s'étant rendu à la chambre des pairs, Sa Maj. termina la féance du parlement par un difcours dont voici la traduction.

Mylords & Meffieurs,

Comme les affaires publiques font terminées, & que la faifon s'avance, il eft tems que vous preniez du repos; mais je ne puis faire la clôture de cette feffion fans vous affurer que j'ai reçu avec une grande fatisfaction les dernieres preuves de votre attachement pour moi, & de cette conflante & folide attention aux vrais intérêts de votre pays, que vous avez montrée dans le cours de vos importantes délibérations.

Aucun changement notable n'eft furvenu dans les affaires du dehors depuis que vous êtes affemblés, & c'eft avec un grand plaifir que je vous informe que d'après les affurances que j'ai reçues des difpofitions des états les plus confidérables de l'Europe nous pouvons nous promettre que rien ne troublera la tranquillité générale.

Meffieurs de la chambre des communes,

Ce n'a été qu'avec beaucoup de regret que je me fuis trouvé dans la néceffité de demander à mes fideles communes des fubfides extraordinaires : je vous remer cie du zele empreffé avec lequel ils ont été accordés ; ce qui m'a été d'autant plus agréable , que vous avez montré dans la maniere de les lever, une égale attention à l'exigence du fervice & aux intérêts de mon peu ple vous pouvez être affurés que j'uferai avec l'écono mie convenable des facultés que vous me donnez avec tant de confiance, & qu'on ne les appliquera qu'aux feuls objets de leur deftination.

Mylords & Meffieurs,

La grande caufe nationale dans laquelle nous fom、 mes engagés, entraînera néceffairement beaucoup de difficultés & de dépenfes; mais en confidérant que les droits effentiels de l'empire font étroitement liés à l'iffue de cette affaire, & qu'il n'y a de fûreté & de fa Jut pour l'état que dans la fubordination conftitutionnelle pour laquelle nous combattons, je fuis convaincu que des objets d'une fi haute importance ne vous paroitront jamais être achetés à un trop grand prix.

Je veux toujours me flatter que mes fujets rebelles reconnoîtront enfin leurs erreurs, & que, par un retour volontaire à leur devoir qui comblera mes vœux, ils juf tifieront l'efpérance que j'ai de voir renaître l'harmonie, le rétabliffement de l'ordre, & le bonheur de toutes les parties de mon domaine; mais, fi de tels motifs n'ope rent point de leur côté une foumission convenable, j'ef

pere, avec le fecours de la providence, employer efficacement contr'eux les grandes forces que vous m'avez confiées.

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Le roi ayant prononcé ces difcours le lord chancelier, du commandement de S. M., dit :

Mylords & Meffieurs,

S. M. veut & ordonne que le parlement foit prorogé au jeudi, premier jour du mois d'Août prochain.

5

Les fubfides accordés pour le fervice de cette année montent à 9 millions 670 mille 248 liv. fterl., 12 chelins, 8 fous & huitiemes, & les moyens pour les remplir vont à 10 millions 154 mille 230 liv. fterl. 4 ch. 4 f. & 3 quarts; de forte qu'ils excedent les fubfides de 483 mille 981 liv. fterl. II ch. 8 f. & I huitieme.

L'efcadre de l'amiral Parker, qui étoit partie de Cork le 12 Février, au nombre de 42 voiles, & fur laquelle le gouvernement fondoit de grandes efpérances, a été difperfée par une tempête des plus affreufes on en a rencontré une partie a cent lieues de la côte du Bréfil, une autre fur la route de Sainte-Héiene en Afrique ; quelques autres vaiffeaux de cette efcadre ont fait naufrage aux Bermudes, & quelques-uns ont été pouffés vers différentes ifles de l'Amérique, où ils font arrivés dans l'état le plus déplorable. Depuis cette difperfion, on n'a reçu aucune nouvelle de cette efcadre; on eft également incertain fur le fort de la flotte de l'amiral Shuldham, qui a à bord l'armée qui a évacué Boston. On dit l'avoir vue le 3 Avril, faifant route au midi de Bofton, d'où l'on infere qu'après avoir pourvu à la fureté de Halifax, le général Howe tentera une defcente en Virginie, pour se jetter avec le renfort du comte de Cornwallis, fur la Penfylvanie, & forcer le congrès-général à fe foumettre aux conditions preferites par le gouvernement.

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On n'a aucun détail circonftancié de ce qui fe paffe dans l'Amérique feptentrionale. Il n'est pas poffible de préfenter les nouvelles de ces contrées avec autant d'ordre qu'on le defireroit parce qu'on ne les apprend que par le rapport de quelques patrons de bâtimens ou par des lettres particulieres, dont nous allons extraire la fubftance.

La Géorgie, qui avoit jufqu'ici gardé le parti de la neutralité, s'eft unie à la confédération des autres colonies. Dès qu'on y eut appris la nouvelle du bill de prohibition, les habitans, extrêmement animés, réfolurent de ne pas laiffer partir les vaiffeaux richement chargés pour l'An- '; gleterre. Ils étoient dans ces difpofitions, lorfque des vaiffeaux du roi qui étoient en rade, tirerent du vaiffeau le Chriftian, du riz & d'autres provifions pour les troupes du général Howe; alors la populace ameutée brûla un de ces vaiffeaux, qui, en fe laiffant échouer, communiqua le feu à 6 autres. La cargaifon de chaque vaiffeau étoit évaluée à 15 mille liv. fterl. Le major Grant & le capitaine Maytland, qui, avec un détachement des troupes du roi, s'étoient emparés de plufieurs bâtimens de la province fur la siviere de Savanah, fe font retirés avec la plus grande -précipitation. Les capitaines des autres bâtimens ont jetté leurs cargaifons à la mer, pour se sauver de l'embrafement, & M. Wright, gouverneur de la province, s'eft retiré à bord du vaiffeau le Scarborough, qui à heureufement évité l'in

cendie.

Sur l'avis que les troupes du roi qui ont quitté Bofton, devoient fe porter dans cette province, les Géorgiens ont fait couler à fond plus de 20 vaiffeaux à l'entrée du port, tant pour empêcher la fortie des bâtimens qui y étoient enco re, que pour le rendre inacceffible aux vaiffeaux

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