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geftion des biens des jéfuites, qui ont été démembrés, afin de les raffembler & de les employer à leur unique deftination, qui eft l'établiffement & la réforme des écoles. Il est à peine croyable qu'on n'ait pu rien tirer des grands feigneurs qui ont affermé ces biens, & que ce ne foit qu'à force de menaces que les fous-adminiftrateurs aient remis quelques-àcomptes, par la feule crainte d'être dépouillés de leurs emplois.

Le comte Oginski, grand-général de Lithua nie, qui, à la réquifition du comte de Stackelberg, avoit été mandé par le confeil permanent, eft arrivé en cette capitale le 7 de ce mois, & fe rendit peu après au palais, où il eut une audience du roi, qui ne dura pas un quartd'heure. Depuis ce jour, il a paru très-rarement à la cour, & il fe difpofe déjà à retourner dans fes terres. On prétend qu'il avoit écrit au confeil permanent une lettre conçue en termes trèsforts & même impérieux, à l'occafion du départ des gardes lithuaniennes, & qu'elle a fait tant de fenfation, que les miniftres étrangers en ont envoyé des copies à leurs cours refpectives. Cette démarche du comte Oginski ne peut qu'affermir la cour de Ruffie dans la réfolution de mettre des bornes à l'autorité des grands-généraux, qui s'élevoient au-deffus de la puiffance royale.

On avoit auffi conçu quelques foupçons fur les projets du comte Oginski, dont il pouvoit réfulter des troubles en Lithuanie; mais jufqu'à préfent l'événement juftifie le contraire. On vient d'apprendre que l'ouverture du tribunal de ce grand duché s'eft faite à Grodno, avec une tranquillité dont il y a peu d'exemples, & qui donne des efpérances flatteufes pour l'avenir. L'élection du maréchal ou préfident, qui occafionnoit prefque toujours des débats &

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tiême des voies de fait, s'eft effectuée avec une harmonie extraordinaire; toutes les voix fe font réunies en faveur de M. Lopacinski, grand-notaire de Lithuanie, qui avoit été élu député du diftrict d'Upita.

Quant au comte de Branicki, les uns difent qu'il arrivera inceffamment ici; les autres, qu'il n'y reviendra qu'après la féparation de la diete. On s'accorde généralement fur un point: c'eft qu'il n'a pas eu à la cour de Ruffie tout l'agrément dont il y avoit joùi dans fon premier voya ge. On a même remarqué qu'il n'a pas été invité à la fète donnée à Pétersbourg par le prin ce Henri, quelques jours avant la mort de la grande - ducheffe. Il eft certain auffi que les 30 mille armes promises à la république par l'impératrice de Ruffie, ne feront point remises à ce grand-général, quoiqu'il ait été chargé de les aller recevoir, & qu'elles ne foient dues qu'à fes follicitations: la république va nommer des officiers qui exécuteront cette commiffion.

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Le tribunal de la cour préfidé par M. de Borch, vice-chancelier de Pologne, vient de -rendre un décret définitif dans l'affaire entre les Juifs du faubourg Cafimir de Cracovie, & le corps des marchands de la même ville. Cette fentence confifte en cinq points différens. Par le premier, il eft décidé qu'il n'est pas néceffaire de renvoyer au tribunal de Relation cette affaire, qui a déjà duré tant de tems, & fait tant d'éclat. Le fecond caffe tous les droits, privileges & refcrits fur lefquels fe fondoient les Juifs, comme contraires aux droits, privi leges, ordonnances, & referits accordés en faveur de la ville de Cracovie. Par le troifieme article, il eft ordonné aux Juifs de porter toutes les marchandifes à leur domicile, & défendu den laier aucune, fous quelque prétexte que

ce foit, dans l'enceinte de la ville, ainfi que d'y exercer aucun métier, fous peine de faifie de leurs effets: &, au cas que le faubourg de Cafimir rentre un jour fous la domination de la république, les Juifs ne pourront y commercer ni exercer leur trafic que conformément à l'accord fait en 1485, entre eux & la ville de Cracovie. Le quatrieme point declare nulles & de nulle valeur les prétentions que les Juifs formoient à la charge de la dite ville. Enfin, par le cin.quieme article, ils font condamnés à payer les dépens, qui feront déclarés par la ville, à la fecrétairerie ou grod de Cracovie; faute de quoi tous les effets qui leur, appartiennent, feront faifis & mis en décret. L'iffue de cette caufe célebre ne pouvoit pas être plus fâcheuse pour les malheureux Ifraëlites. Cependant ceux de cette réfidence refpirent depuis le tour favorable que prennent les affaires de leur protecteur, dont ils efperent que le credit dans la conjoneture actuelle, les,mettra à l'abri des poursuites du grand-maréchal.

Les réformés & les luthériens, avoient réfolu de bâtir un temple à frais communs; mais ceuxayant changé d'avis, les premiers vont feuls procéder à cette conftruction, pour laquelle ils fe font affurés d'un emplacement convenable.

Le miniftre de Pruffe continue d'avoir des conférences avec le gouvernement pour régler la démarcation des frontieres.

Le régiment d'infanterie du prince François Sulkowski eft arrivé ici pour y remplacer les gardes lithuaniennes; il avoit fes quartiers dans la Grande-Pologne.

DANTZIG (le 17 Mai.) Les bieds qui defcendent la Viftule pour fe rendre ici , payant différens droits aux douanes établies fur cette riviere il étoit furvenu des difcuffions entre

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les commis & les propriétaires, que les premiers accufoient d'avoir fait une fauffe déclaration & en conféquence ils avoient retenu les bâtimens & leurs chargemens. Les négocians, se repofant fur la promelle formelle du roi de Pruffe, de rendre juftice toutes les fois qu'on lui prouvera que fes officiers ont commis des abus, fe font adreffés directement à S. M. Pruff. Ils ont prouvé en effet, que leur prétendue fraude venoit de ce que les douaniers vouloient fe fervir des méfures de Pruffe, au lieu de celles de Pologne, qui feules devoient fervir à la vérification de leurs chargemens, fuivant la déclaration qu'ils en avoient faite. Les commis pruffiens ont eu ordre de relâcher les bâtimens, & ont été vivement reprimandés d'avoir injuflement gêné le

commerce.

Dans toute autre circonftance, les douaniers n'en auroient peut-être pas été quittes pour une réprimande, & ils auroient pu payer leur mauvaife foi par la perte de leurs emplois, ou être au moins condamnés à des dommages-intérêts envers les négocians; mais dans les conjonctures actuelles, c'est tout ce qu'on pouvoit eípérer de la cour de Berlin. On doit fe rappeller que notre magiftrat fit publier, l'année derniere, un édit portant défenfes aux Dantzikois, fous les peines les plus rigoureufes, de fe trouver à la foire établie par le roi de Pruffe dans le faubourg du Vieux-Schotland. Cet édit avoit offente le monarque pruffien, furtout par les termes peu ménagés dans lefquels il étoit conçu, & il devoit naturellement provoquer des rigueurs réciproques. Les miniftres & commiffaires étrangers auprès de cette régence l'ont engagée à révoquer une loi qui caufoit tant de préjudice au commerce, & enfin leurs repréfentations ont déterminé le magiftrat à faire publier

le ro de ce mois, un nouvel édit qui abolit fes difpofitions de l'ancien.

La ville ayant fait ainfi les premieres démarches vers la réconciliation, on a lieu de fe flatter que le roi de Pruffe fe prêtera à des égards réciproques, & qu'il adoucira la gêne qu'éprou ve le commerce. Cependant l'incertitude où l'on eft à cet égard, partage les opinions fur le choix d'un député auprès de la cour de Warfovie. Le magiftrat le croit néceffaire; mais l'ordre des bourgeois n'eft pas du même avis, & craint qu'on n'engage ce député à confentir à certai nes propofitions qui priveroient la ville de Dantzig de fes plus belles prérogatives.

ALLEMAGNE.

HAMBOURG (le 26 Mai. ) Le duc Ferdinand de Brunswick-Wolfenbuttel, & le prince Char les de Heffe-Caffel, qui étoient à Altona depuis quelques jours, allerent diner, le 19 de ce mois, chez M. de Saldern, confeiller de conférence de S. M. Danoise, au château de Wandsbeck, à peu de diftance de cette ville. Le même jour L. A. S. vinrent ici & honorerent de leur préfence les trois loges réunies des francs-maçons qui y font établies; elles fouperent chez le ba-ron de la Houze, miniftre de France auprès du cercle de la Baffe-Saxe, & retournerent à Altona pendant la nuit.

M. de Meftmacher, miniftre de la cour de Pépersbourg à celle d'Eutin, a entamé une négociation pour faire élire coadjuteur de l'évêché de Lubeck, le prince Pierre de Holstein - Gottorp, qui eft à préfent en Ruffie; il a déjà remis au chapitre là réfignation du coadjuteur actuel, & follicite des fuffrages en faveur du can didat auquel l'impératrice fa fouveraine s'inté

refle.

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