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nelle, qui a reçu la plainte portée au criminel contre ces prêteurs pour avoir exigé jufqu'à 12, 15 ou plus par 100 d'intérêt ou d'efcompte & qui ordonnoit en conféquence de la dite plainte, aux juges de Coignac de faire une information de témoins. Le parlement fonde fes remontrances en partie fur ce que, par les précédens arrêts du confeil, il étoit defendu aux juges d'Angoulême de pourfuivre cette affaire, fous peine d'interdiction.

comme

On dénonça aux chambres affemblées, le 4 de ce mois, un ouvrage imprimé, ayant pour titre le Monarque accompli; il fut condamné à être brûlé par la main du bourreau féditieux, tendant à la révolte, & à foulever les efprits contre toute autorité légitime, attentatoire à la fouveraineté des rois, & deftructif de toute fubordination, en cherchant à anéantir s'il étoit poffible, dans le cœur des peuples, les fentimens d'obéiffance, d'amour & de refpect qu'ils doivent à leurs fouverains. Cet arrêt fut exécuté le 6. Le réquifitoire de M. Séguier, qui le précede, analyfe cette brochure, & met le complément au jufte tribut de louanges qu'on y trouve de l'empereur régnant; mais fous fon titre impofant, il prouve que l'auteur, plus que téméraire, fe permet les écarts les plus dangereux; que cette doctrine meurtriere eft le produit de l'effervefcence de ces prédicans in- . fenfés & furieux qui fe féparent du refte des hommes pour s'élever au-deílus d'eux, fe faire fuivre & les égarer, & qui ofent fe permettre de détruire tous les gouvernemens, fous prétexte de les réformer; génies entreprenans qui ne refpirent que l'indépendance, qui voudroient porter dans la fociété, la même licence, la même liberté qu'ils répandent dans leurs écrits, qui ne confultent que leurs propres lumieres,

& veulent tout affervir au gré de leur caprice; novateurs dangereux, qui, fans avoir étudié la marche de l'efprit humain, penfent qu'ils font en état de le gouverner, & cherchent à lui faire adopter leurs fyftêmes féditieux. M. de Séguier fait voir que l'auteur, après avoir exalté avec raifon les prodiges de bonté, de fçavoir & de juftice de l'empereur, frere de notre augufte reine, oubliant que le monarque ne peut fubfifter fans fujets, appelle les peuples à la révolte, en exagérant leur mifere. Peuples malheus'écrie cet auteur, pour qui l'on forge des fers d'une trempe fi finguliere, fachez au befoin exterminer vos tyrans; que ce foit là déformais votre devife: les rois trembleront devant vous, & vous ne tremblerez devant perfonne, &c.

reux,

Le grand-confeil a rendu, le 25 du mois dernier, trois arrêts qui déclarent nuls ceux des trois parlemens de Rouen, de Dijon & de Nancy des 31 Août 1775, 3 Février & 27 Mars 1776, en ce qu'ils enjoignent aux fieges de leur reffort de n'avoir aucun égard à fes arrêts. Il obferve que le droit exclufif que les parlemens voudroient s'attribuer à l'enregistrement de tous édits, déclarations & lettres-patentes, feroit contraire aux vrais principes de la monarchie, fuivant lefquels la plénitude de l'autorité réfide dans la main du roi feul, qui la départit aux cours fouveraines, fuivant les regles que fa fageffe & fon amour pour fes peuples lui prefcrivent; que fi le confeil n'a de territoire ni de reffort que relativement aux matieres de fa compétence, les loix les plus précises, depuis l'édit du mois d'Août 1497, lui donnent la même autorité dans tout le royaume que les autres cours fouveraines ont dans leur reffort & leurs limites.

Le 13 de ce mois, l'académie françoise a élu,

avec l'agrément du roi, M. de La-Harpe pour remplir la place vacante par la mort de M. Colardeau.

M. le duc & Mme, la ducheffe de Chartres arriverent, le 22 du mois dernier, à Toulon, & furent reçus à la porte par le corps de la marine, ayant à fa tête le marquis de St. Aignan. Le prince defcendit de voiture; & fuivi de ce brillant cortege, il fe rendit au milieu des troupes qui bordoient la haie, à l'hôtel qui lui étoit deftiné. Pendant le féjour de L. A. S. en cette ville, les fêtes fe font fuccédées; mais les pluies continuelles ont empêché qu'elles euffent tout le fuccès que promettoient les préparatifs. Plus de 70 dames préfentées à la princeffe, ont eu l'honneur de fouper avec elle. Le prince a vifité les arfenaux, les vaiffeaux, la rade, les ifles voisines, & tout ce qui a quelque rapport a la marine; les détails dans lefquels S. A. S. eft entrée, font l'éloge de les connoiffances dans cette partie. M. le duc de Chartres s'embarqua le 30 pour aller rejoindre l'efcadre d'évolutions & Mine. la ducheffe partit le même jour pour Antibes, où elle s'eft embarquée le 4 de ce mois pour paffer à Genes, & aller delà chez le duc de Modene, fon ayeul.

Il feroit difficile de rendre les témoignages de joie qu'on a fait éclater dans tous les lieux où L. A. S. ont paffé. Les portes étoient ornées de guirlandes de fleurs, décorées de leurs armes, les rues tendues de tapifferies, & partout où elles ont couché, il y a eu des illuminations. A leur arrivée à Langon, elles trouverent fur le port une députation de 9 membres de la loge des francs-maçons de cette ville, qui eut l'honneur de complimenter le prince comme grand maitre des loges de France, & de lui préfenter un tablier, qu'il daigna accepter, & für lequel

on voyoit l'écuffon de fes armes, uni aux attributs de la fociété. Madame la ducheffe reçut auffi avec bonté un bouquet qui lui fut offert par la même députation. L. A. S. pafferent enTuite la Garonne, au bruit du canon.

C'eft le calme, qui eft quelquefois auffi dangereux que la tempête, qui a fait échouer la frégate la Renommée, dont on a parlé; en fortant de la rade de Breft, elle fut entraînée par un courant rapide, fur des rochers, fans que toutes les reffources de l'art aient pu la fouftraire à ce danger. La juftice que tous les marins rendent à M. de Monteil, qui commandoit ce bâtiment, doit adoucir le chagrin que lui a caufé cet événement. On apprend d'ailleurs, qu'on eft parvenu à réparer ce vaiffeau, qui a mis à la voile pour rejoindre l'efcadre d'évolutions.

Les deux jumens angloifes qui avoient été enlevées à M. le duc de Chartres, font parties de Reims, le 3 de ce mois, avec le poulain, pour fe rendre au petit pas, en 4 jours à Villers-Cotteretz fous la conduite d'un des gens de la maifon d'Orléans.

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Les bénédictins de Champagne, imitant leurs confreres de l'Artois, fe propofent de préfenter au miniftere un mémoire, tendant à prendre également à leur charge l'entretien & la reconf 'truction des ponts & chauffées de la province; ils demandent uniquement de n'être plus en commende, & d'avoir à leur tête des prieurs pour les gouverner. Cet acte de patriotifme fait reconnoitre dans ces religieux, l'efprit de ces anciens bénédictins qui ont défriché la Champagne, & à qui l'on eft redevable de la plus grande partie des vignes & des terres à bled. C'eft avec plaifir qu'on fe rappelle auffi, qu'en 1688, ils on nourri plus de 30 mille malheureux, que la famine qui régnoit alors, auroit enlevés à l'état. Juin, ze. quing 1776. C

Il feroit bien glorieux pour les bénédictins de nos jours, d'affranchir des provinces entieres d'un impôt, néceffité par la fuppreffion des corvées qui défoloient nos campagnes.

On doit fe rappeller que l'intendant de la mé me province a établi, depuis 3 à 4 ans, pour le bien de l'humanité, des cours publics d'accouchemens, tenus à l'aide de la machine inventée par la dame du Coudray. Parmi les éleves formées dans la fubdélégation de Ste. Menehoult, par le Sr. Chemery, maitre en chirurgie, il en eft une furtout qui s'eft diftinguée par des traits de force, de zele & de capacité qui font autant d'honneur au démonftrateur qu'à l'écoliere, font dignes d'être publiés. Anne la Forgue, femme de Pierre Chanroy, tifferand du village de Brieul fur Meufe, laquelle a fuivi le cours des accouchemens de 1764 à 1775, s'eft accouchée elle-même le 15 Janvier dernier

&

à II h.

on

& demie du foir : à minuit du même jour, conduifit chez elle une femme qui n'avoit encore eu que des couches fâcheufes, & après 15 heures de travail, elle parvint à la délivrer heureufement. Le 16, pendant le plus grand froid, cette éleve s'eft fait porter pendant la nuit pour aller accoucher une autre femme dans l'endroit. Le 17, Anne la Forgue s'eft encore fait transporter à l'extrémité du village qui eft trèsétendu, a délivré en peu de momens une femme déjà avancée en âge, & qui, depuis 8 ans, n'avoit pas eu d'enfans. Enfin, le 7me. jour de fon accouchement, cette éleve a été à pied accoucher une autre femme aux environs de fon habitation; & ce qu'il y a de plus remarquable, c'est que, malgré les fatigues & le froid auxquels Anne la Forgue s'eft courageufement expofée, elle a été plutôt rétablie de cette derniere couche, que des 7 précédentes. Ces faits conftatés

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