Saint-Albin à Rennes, dont nous avons rappor té, dans le tems, les actes de charité.

Entre plufieurs legs confignés dans le teftament d'un riche particulier mort en cette capitale, il y en a un de 24 mille livres ou de 12 cens liv. de rente, en faveur d'un des enfanstrouvés des plus anciens, au choix du premier préfident; avec cette claufe que fi le premier légataire meurt avant l'âge de majorité, ou fans s'être marié & fans, avoir d'enfans, le legs paffera à un autre enfant défigné par le même magiftrat. On préfume que cette donation eft l'effet du remords d'un pere qui n'a pu reconnoitre dans cet hôpital le fruit de fon incontinence, & qui a voulu tranquillifer fa conscience en appellant au hafard un des compagnons de fon enfant au partage de fa fortune. On dit que les héritiers attaquent cette difpofition.

Le chevalier de Willemontée, officier au régiment de Languedoc, dragons, le promenant à cheval, en redingotte, dans les environs de Bray-fur-Seine, 5 braconniers, qui le prirent, fans doute, pour un garde qui tâchoit de les reconnoitre, lui tirerent plufieurs coups de fufil, & cafferent l'épaule à fon cheval, qui tomba. L'officier, bleffé lui même en plufieurs endroits de quelques grains de plomb, & ne pouvant oppofer aucune réfiflance raifonnable à 5 perfonnes, chercha à fe fouftraire à leurs attentats. Les chaffeurs le pourfuivirent, & lui tirerent plufieurs coups à balle,qui ne porterent que dans Tes vêtemens. On apprend que fes bleflures ne font pas mortelles qu'un de fes affaffins eft arrêté, & qu'on fuit les autres à la trace.

L'archevêque de Touloufe avoit à Briel un fuperbe château, nouvellement conftruit, qui vient de s'écrouler de fond-en-comble. Le prélat avoit donné à diner à plufieurs perfonnes,

& venoit de fortir avec fes convives, au moment où cet accident eft arrivé.

On écrit d'Avefnes en Hainault, que l'abbaye de Lieffies, diocefe de Cambray, fe trouvant délivrée de la plus grande partie des pensions dont elle étoit furchargée fous le dernier regne, avoit réfolu de réparer, à fes frais, les chemins qui, paffant par le village de Lieffies, fervent de communication à Trelon & Sor-le-chateau, bourgs confidérables par le commerce & l'induftrie de leurs habitans. En conféquence les religieux de cette abbaye emploient journellement, & dans tous les tems, plus de cent ouvriers, qui travaillent à rendre ces chauffées folides & durables; elles étoient devenues impraticables, & le commerce de bois, des fers, des grains & autres denrées les plus néceffaires à la vie étoit interrompu, dans cette partie du Hainault, pendant les trois quarts de l'année. C'eft ainfi que des penfions, dont l'application eft fouvent inutile à l'état, ont fervi à procurer la fubfiftance à une cinquantaine de familles qui,. 'fans cette reffource, auroient manqué de pain, pendant le rigoureux hiver qu'on vient d'éprou

ver.

On mande de Flavigny, dans le duché de Rhetel, que le Sr. Nicolas Petit, âgé de 82 ans, & Catherine Lampfon, fon époufe, âgée de 84 ans, y ont renouvellé, depuis peu, la 60e. année de leur mariage. Après le dîner qui fuivit cette cérémonie, ces deux vieillards ont ouvert le bal par un menuet qu'ils ont danfé aux acclamations des convives, de leurs enfans & petits-enfans qui étoient très-nombreux.

Edit du roi, portant fuppreffion des jurandes & communautés de commerce, arts & métiers.

Louis, &c. Nous devons à tous nos fujets de leur af Mai. ae. quinz. 2776;

C

fter la jouiffance pleine & entiere de leurs droits; nous devons furtout cette protection à cette claife d'hommes qui ́n'ayant de propriété que leur travail & leur induftrie ent d'autant plus de befoin & de droit d'employer dans toute leur étendue les feules reffources qu'ils aient pour fubfifter.

Nous avons vu avec peine les atteintes multipliées qui ont éré données à ce droit naturel & commun,par des inftitutions, -anciennes, à la vérité, mais que ni le tems, ni l'opinion, ni les actes même émanés de l'autorité qui femble les avoit confacrées, n'ont pu légitimer.

Dans prefque toutes les villes de notre royaume l'exer cice des différens arts & métiers eft concentré dans lès mains d'un petit nombre de maitres réunis en communauté, qui peuvent feuls, à l'exclufion de tous les autres citoyens, fabriquer ou vendre les objets de commerce particulier, dont ils ont le privilege exclufif; enforte que ceux de nos fujets qui, par goût ou par néceffité, `fe deftinent à l'exercice des arts & métiers, ne peuvent y parvenir qu'en acquérant la maîtrife, à laquelle ils ne font reçus qu'après des épreuves aufli longues & auffi nuifibles que fuperflues, & après avoir fatisfait à des droits ou à des exactions multipliées, par lesquelles une partie des fonds dont ils auroient eu befoin pour leur atrelier, ou niême pour fubfifter, fe trouve confommée en pure perte.

Ceux dont la fortune ne peut fuffire à ces pertes, font réduits à n'avoir qu'une fubfiftance précaire tous l'empi re des maitres, à languir dans l'indigence, ou à porter hors de leur patrie une induftrie qu'ils auroient pu rendre utile à Pétat.

Toutes les claifes de citoyens font privées du droit de choifir les ouvriers qu'ils voudroient employer, & des avantages que leur donneroit la concurrence pour le bas prix & la perfection du travail. On ne peut fouvent exé cuter l'ouvrage le plus fimple, fans recourir à plusieurs Jouvriers de communautés différentes fans effuyer les demeurs, les infidélités, les exactions que néceffitent ou favorifent les prétentions de ces différentes communautés, & les caprices de leur regime arbitraire & intéreffé.

Ainfi les effets de ces établitfemens font, à l'égard de l'état, une diminution inappréciable de commerce & de travaux industrieux; à l'égard d'une nombreuse partie de nos fujets une perte de falaires & de moyens de fubGftance; à l'égard des habitans des villes en général,

Tafferviffement à des privileges exclufifs, dont l'effet eft abfolument analogue à celui d'un monopole effectif : monopole dont ceux qui l'exercent contre le public, en travaillant vendant, font eux-mêmes les victimes dans tous les momens où ils ont, à leur tour, befoin des marchandifes ou du travail d'une autre communauté.

Ces abus fe font introduits par degrés : ils font originairement l'ouvrage de l'intérêt des particuliers qui les ont établis contre le public; c'cft après un long intervalle de tems que l'autorité, tantôt furprife, tantôt féduite par une apparence d'utilité, leur a donné une forte "de fanction.

La fource du mal eft dans la facilité même,'accordée aux artifans d'un même métier, de s'affembler, & de fe réunir en un corps.

Il paroit que, lorfque les villes commencerent à s'affranchir de la fervitude féodale, & à fe former en communes, la facilité de claffer les citoyens, par le moyen de leur profeffion, introduifit cet ufage, inconnu jufqu'alors. Les différentes profeffions devinrent auffi comme autant de communautés particulieres, dont la communauté générale étoit compofée. Les confrairies religieufes, en refferrant encore les liens qui uniffent entr'elles les perfonnes d'une même profeffion, leur donnerent des occasions plus fréquentes de s'affembler, & de s'occuper, dans ces affemblées, de l'intérêt commun des membres de la fociété particuliere, qu'elles pourfuivirent avec une activité continue, au préjudice des intérêts de la fociété générale.

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Les communautés une fois formées, rédigerent des ftatuts, &, fous différens prétextes de bien public, les firent autorifer par la police.

La bafe de ces ftatuts eft d'abord d'exclure du droit d'exercer le métier quiconque n'eft pas membre de la communauté leur efprit général eft de reftreindre, le "plus qu'il eft poffible, le nombre des maitres, de rendre T'acquifition de la maîtrife d'une difficulté prefqu'infurmontable pour tout autre que pour les enfans des maitres actuels. C'eft à ce but que font dirigées la multiplicité des frais & des formalités de réception, les difficultés du chef-d'œuvre, toujours jugé arbitrairement, furtout la cherte & la longueur, inutile des apprentilages, & la fervitude prolongée du compagnonage; infitatious qui ont encore l'objet de faire jouir les maines gratuitément, pendant plufieurs années, du travail des afpirans. Les communautés s'occuperent, furtout, d'écarrer de

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leur territoire les marchandifes & les ouvrages des forains elles s'appuyerent fur le prétendu avantage de bannir du commerce des marchandifes qu'elles fuppofoient être mal fabriquées. Ce motif les conduifit à demander pour elles-mêmes des réglemens d'un nouveau genre, tendant à preferire la qualité des matieres premieres, leur emploi & leurs fabrications. Ces réglemens, dont l'exécutio: fut confiée aux officiers des communautés, donnerent à ceux-ci une autorité qui devînt un moyen, non-feulement d'écarter encore plus fûrement les forains, fous prétexte de contravention, mais encore d'affujettir les maitres même de la communauté à l'empire des chefs, & de les forcer, par la crainte d'être pourfuivis pour des contraventions fuppofées à ne jamais féparer leur intérêt de celui de l'affociation, &, par conféquent, à fe rendre complices de toutes les manœuvres infpirées par l'efprit de monopole aux principaux membres de la communauté.

Parmi les difpofitions déraifonnables, & diverfifiées à l'infini, de ces ftatuts, mais toujours dictées par le plus grand intérêt des maitres de chaque communauté, il en eft qui en excluent tous autres que les fils de maîtres, ou ceux qui époufent des veuves de maitres; d'autres rejettent tous ceux qu'ils appellent étrangers, c'eft-àdire, ceux qui font nés dans une autre ville.

Dans un grand nombre de communautés, il fuffit d'être marié pour être exclus de l'apprentillage, & par conféquent de la maitrife.

L'efprit de monopole, qui a préfidé à la confection de ces ftatuts, a été pouffé jufqu'à exclure les femmes des métiers les plus convenables à leur fexe tels que la broderie, qu'elles ne peuvent exercer pour leur pro

pre compte.

Nous ne fuivrons pas plus loin l'énumération des difpofitions-bizarres, tyranniques, contraires à l'humanité & aux bonnes mœurs, dont font remplies ces efpeces do codes obfcurs, rédigés par l'avidité, adoptés fans examen dans des tems d'ignorance, & auxquels il n'a manqué, pour être l'objet de l'indignation publique, que d'être

connus.

Ces communautés parvinrent cependant à faire autorifer dans toutes les villes principales leurs ftatuts & leurs privileges, quelquefois par des lettres de nos prédéceffeurs, obtenues fous différens prétextes, ou moyennant finance & dont on leur a fait acheter la confirmation dè regne en regne, fouvent par des arrêts de nos cours