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JOURNAL

POLITIQUE,

OU

GAZETTE

DES GAZETTE S.

MA I.

Seconde Quinzaine.

TURQUI E.

CONSTANTINOPLE (le 18 Mars.)

R. de Stachief, envoyé extraordinaire de

M'impératrice de Ruflie, eut, le 11 de ce

mois, fa premiere audience du grand vifir, qui

lui fit remettre une peliffe de Samour." L'envoyé d'Alger, qui étoit ici depuis le mois de Décembre dernier, eft parti pour retourner dans fa patrie. On ignore s'il a obtenu les munitions de guerre qu'il étoit chargé de demander

à la Pórte.

On eft informé que le roi de Pologne nommera bientô: un miniftre dont la miffion aura pour objet le renouvellement de l'ancienne amitié qui fubfiftoit avant la derniere guerre entre les deux nations.

Le fecond écuyer du grand-feigneur vient de fe mettre en route pour aller recueillir la fucceffion d'Omer pacha, ci-devant gouverneur de Bagdad, qui a été décapité.

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Il eft furvenu de nouvelles difficultés fur la démarcation des frontieres de la Moldavie; mais on préfume qu'elles font de nature à être applanies, puifque les commiffaires du grand-feigneur font reftés fur les lieux. La cour de Vien-ne voudroit, dit-on, englober tous les diftricts-occupés par fes troupes, & la commiffion turque veut s'en tenir strictement à la convention faite antérieurement entre la Porte & la maison d'Autriche.

RUSSI E.

PETERSBOURG (le 5 Avril.) L'impératrice fit, le 21 du mois dernier, la cérémonie de revêtir le comte de Potemkin, fon aide-de-camp général, des marques de l'ordre de l'Eléphant, qui lui ont été envoyées par le roi de Danemarck. Quelques jours après, ce général, qui jouit, à jufte titre, de la plus haute faveur, reçut le diplôme de prince de l'empire; on croit que le prince Henri de Pruffe lui apportera auffi les marques de l'ordre de l'Aigle-Noir.

Par un ukafe daté du ro Janvier dernier

l'impératrice érige en villes quelques bourgs de fon empire, entr'autres Wefgokonski & Kraf→ nei-Cholm. Ces nouvelles villes auront, chacune, un gouverneur particulier, qui dépendra du gouverneur de la province. Un autre ukafe, du 22 Février, foumet à la nouvelle forme de gou-vernement les 12 cercles qui compofent celui de Smolensko. On ne fait aucun changement à l'administration des anciennes villes, telles que Smolensko, Dorgobnefch & Jaroflaw.

Vues tendant à diminuer la mifere humaine. Tel eft le titre d'un ouvrage imprimé en allemand à Dantzig, & dont le nouveau code de légiflation de cet empire a donné l'idée. Entre les queftions que l'impératrice a foumifes aux lumieres des jurifconfultes, l'auteur anonyme de ce mémoire politique a choifi celles qui intéreflent le plus l'humanité. Dans le chapitre concernant l'origine des peines corporelles, il prouve que celle de mort eft en pure perte pour la réforme des mœurs & la diminution des crimes, & que l'esclavage, joint au travail & à d'autres peines, eft plus propre à effrayer les fcélérats; on a beaucoup parlé de l'injuftice & des effets de la torture; il n'y a plus qu'une voix fur cet objet. C'eft une efpece de torture, felon l'anonyme, que ces indices que les juges ne tirent que trop fouvent de la contenance des accufés , puifque ces indices ne menent que trop fréquemment à de fauffes conféquences; il eft certain que l'homme le plus innocent peut pâlir, trembler & fe déconcerter en présence des juges, comme le feroit l'homme le plus coupable. Les queflions infidieufes, les propos rudes & infultans, les reproches peu ménagés dont fe fervent quelques juges, paroiffent auffi une espece de torture que l'auteur voudroit fupprimer. Il veut des preuves Qu. un aven volontaire pour conftater le délit.

La proportion dans laquelle doit être punie chaque efpece de crime, offre des obfervations auffi bien vues. Voici un trait qui tient à la politique de tous les états du nord, en tant que la liberté de confcience y regne plus ou moins, mais qui préfente une idée finguliere. « Celui qui feroit affez injufte ou affez ennemi de l'humanité pour vouloir priver les autres de la liberté naturelle de penfer, d'après fes propres opinions, commet la plus grande des injuftices. On devroit, ajoute-t-il, corriger ces hommes injuftes en leur donnant des apôtres auffi opiniâtres qu'eux auxquels on donneroit le droit de les convertir par force, à une religion oppofée à la leur. Ils fentiroient alors combien cette efpece de contrainte répugne à la juftice & au droit naturel, & il pourroient rentrer en eux-mêmes, jufqu'á reconnoître de bonne foi que c'est une action tout-à-fait-contraire à la loi naturelle, que de faire à autrui ce que nous ne voudrions pas qu'on nous fit ». Quant aux hôpitaux, l'anonyme voudroit qu'on les fupprimât, & qu'on en employât les revenus à entretenir les pauvres dans le fein de leurs familles.

Copie d'une lettre écrite par l'impératrice, à M. Betzkoy, confeiller d'état, directeur de l'inf titut des cadets, & de celui des Demoiselles nobles.

Monfieur Betzkoy, l'approche du terme fixé pour la fortie des Demoifelles nobles qui auront achevé leur éducation dans la communauté où vos foins & vos travaux feront à jamais l'éloge de votre amour pour la patrie, nous engage d'une part à vous marquer notre fatisfaction à cet égard; & de l'autre, à donner à ces Demoiselles une preu ve de notre tendreffe maternelle, tendant à leur

affurer le meilleur fort poffible pour le refte de leurs jours. Dans cette vue & après avoir réfléchi fur l'état des orphelines dont les parens ou les proches manquent de moyens pour leur fournir un entretien convenable, nous vous affignons fur la caiffe de notre cabinet la forme de cent mille roubles, defirant que de cette fomme vous confiituier un fonds qui ferve à entretenir & à doter celles de ces Demoifelles qui, attendu l'indigence de leurs parens, pourroient, après leur fortie de la communauté, & furtout lorfqu'elles feroient dans le cas de fe marier, manquer abfolument de fecours. Nous fouhaitons que le plan des arrangemens que vous prendrez à cette fin, nous foit préfenté pour recevoir notre approbation, & comptons que la répartition que vous ferez, & même la dot de chaque Demoiselle feront en raison du mérite & des talens, qu'elles auront acquis durant le cours de leur éducation, afin d'exciter par-là d'autant plus l'émulation des autres éleves qui les fuivront dans la même carriere. Au refie, nous vous affurons de notre bienveillance impériale. Signée, CATHERINE.

SUED E.

STOCKHOLM ( le 16 Avril.) Depuis quelques jours, L. M. font au château d'Ulrichfthal, où elles fe proposent de refter jufqu'à la fin de ce mois. Pendant le carême, le roi a diné tous les mercredis chez quelques fénateurs du royaume, qui ont cherché à fe furpaffer les uns les autres par l'abondance & la délicateffe des mets. Cet exemple n'a point été imité par grand gouverneur de cette capitale, qui s'eft borné à faire fervir 8 plats. Ce repas analogue aux vues économiques du roi, a fait le plus grand plaifir à S. M., qui en a marqué publi

le

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