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lord Jean Murray, de 1168 hommes; & le régi ment de cavalerie légere de Burgoyne, de 490 hommes. Le corps auxiliaire de Brunfwick & les troupes nationales deftinées pour l'Amérique pafferont du côté de la Virginie, & des autres colonies méridionales. Elles feront fecondées par les vaiffeaux de guerre, qui, avec les autres bâ ümens armés, feront au nombre de plus de 100.

La cour paroit invariablement réfolue de fui yre fon plan d'opérations contre les colonies Cependant, avant de commencer les hoftilités en forme, les amiraux & les généraux font chargés de publier au nom du roi, dans toutes les provinces,un pardon genéral pour tous ceux qui met tront bas les armes, en les affurant qu'on les protégera dans ce qui concerne leurs droits & leurs privileges, & en déclarant que tous ceux qui perfifteront dans leur défobéiffance, feront traités comme traîtres & rebelles. Dans cette circonftance vraiment déplorable, les agens des colonies ont prefque difcontinué leurs conféren→ ces avec les miniftres d'état.

S'il eft vrai, comme on l'affure, que le miniftere fe foit engagé à donner une certaine fomme pour chaque foldat étranger qui, reftant en Amérique, ne rejoindra point fa troupe; chacun d'eux, y compris fa paie, les provifions & les frais de tranfport, coûtera au gouvernement plus de 40 liv. fterl. par an; ce qui conftitueroit en des frais immenfes, fi la défertion étoit un peu confidérable, comme beaucoup de perfonnes l'ont redouté: c'est pour cela que les mercenaires étrangers feront employés de préférence dans la nord & au fud des provinces américaines.

On écrit de Briftol qu'un bâtiment, nommé -Le Dikenfón, de Philadelphie, avec un chargement de farine, de cire, de merrain & autres productions de l'Amérique, expédié par ordre

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du congrès-général, & adreffé à M. M. de Montaudoyn & compagnie à Nantes, avec ordre d'y prendre en retour une certaine quantité d'armes & de munitions de guerre, y a été amené par l'équipage même, qui, ayant été forcé au service, réfolut de naviguer au premier port d'Angleterre. On a envoyé tous fes papiers au miniftere dont on attend la décision fur le fort de će bâtiment, de fa cargaifon & de fɔn monde! On croit qu'il fera jugé de bonne prife, conformé ment à l'acte de cette féance; mais que l'équi page fera remis en liberté, en confidération de la conduite qu'il a tenue en cette occafion. Di

vers autres bâtimens ont fait voile en même tems de Philadelphie, pour différens ports étrangers; & fur cet avis, quelques frégates du roi font allées croifer pour les intercepter.

Le congrès-général a fait partir à la mi-Février une efcadre deftinée à une expédition fecrette, aux ordres du Sr. Hopkins, commandant en chef. Cette efcadre étoit compofée de l'Alfred & du Colomb, chacun de 32 canons & de 300 hommes; du Doria, de 16 canons & de 200 hommes; du Sebaftien, de 14 canons & de 200 hommes; de la Providence, de 12 canons, & de 150 hommes d'équipage. Il y avoit dans le port de Philadelphie 13 galeres armées, & le congrès avoit ordonné la conftru&tion de 13 autres, chacune de 26 canons, ainfi que de plufieurs radeaux & batteries flottantes, & fait tarrer le port de Philadelphie pour le rendre inacceffible aux vaiffeaux anglois.

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Ces difpofitions & bien d'autres, fans doute, qu'on ignore, prouvent que les Américains font fermement déterminés à ne point fe foumettre à l'Angleterre aux conditions qu'on voudroit leur preferire, mais à fe défendre vigoureusement dans la préfente conteftation. Cependant, on affure que

les miniftres ont reçu depuis peu de la part des colonies, de nouvelles propofitions de paix ; mais que ce feront les dernieres qu'elles feront pour prévenir l'effufion du fang de leurs confreres. On dit même qu'elles font de nature à exciter l'attention des miniftres.

La cour a reçu un exprès de la Virginie de la part du lord Dunmore. Ses lettres font datées du 2 Mars, & portent entre autres, que le gé néral Clinton y étoit arrivé de Boston avec un renfort de troupes; que tout le conté dé Norfolk étoit abandonné & ruiné par les Américains, qui s'en font retirés à 9 milles, après avoir détruit tout ce qu'ils ne pouvoient emporter avec eux. L'exprès à auffi donné avis que les Amé ricains ont un corps de réferve de 9000 hommes à 30 milles de Cambridge, qui eft deftiné à couvrir la retraite de l'armée du général Wafington, au cas que fes lignes foient forcées, & fon armée battue par les troupes du roi. On prétend qu'un grand nombre d'habitans de la province de la Nouvelle-York a pris les armes & s'eft déclaré pour le gouvernement, & qu'un fecrétaire du congrès-général ayant été reconnu coupable de correfpondance avec les partifans du gouvernement, on s'attendoit qu'il feroit puni de mort.

Il paroît ici une brochure, qui a circulé dans les colonies de l'Amérique, ayant pour titre : le Tens commun. Le Sr. Adams, l'un des délégués au congrès, paffe pour en être l'auteur. Cette piece femble écarter toute idée de réconciliation & excre les colonies à l'indépendance. Il y eft dit entr'autres : « que l'Europe eft partagée en trop de royaumes pour refter longtems en paix, & que, quand il furvient une guerre entre l'Angleterre & quelqu'autre puifiance, le commerce de l'Amérique eft ruiné. Une autre guerre ne

fera peut-être pas auffi heureufe que la derniere; & dans ce cas, ceux qui opinent pour une réconciliation, regretteront alors de ne s'être pas féparés, parce que la neutralité nous fera un plus für garant de nos effets qu'un convoi de vaiffeaux de guerre. Ainfi la juftice & la raifon doivent nous faire préférer une féparation... Il ne peut nous revenir d'une réconciliation aucun avantage... Nos productions auront un pareil débouché dans tous les ports de l'Europe, puif que les importations font fujettes à des droits, de quelqu'endroit qu'elles arrivent... Tout doit nous porter à renoncer à l'alliance avec l'Angleterre, parce que toute relation avec elle tend directement à plonger ce continent dans les guer res & querelles de l'Europe; & comme l'Europe eft le pays où nous devons trafiquer, nous devons éviter toute liaifon politique avec aucune de fes parties. Il eft contraire à la raison, à l'ordre établi des chofes, à tous les exemples du fiecle paffé de fuppofer que ce continent puiffe longtems demeurer fujet à quelque puiffance étrangere; l'Angleterre même n'y compte nullement. Toute la force de la fageffe humaine De fçauroit imaginer un plan autre que celui d'une féparation qui puiile affurer à ce contiment une année de fécurité ».

« Quant aux objets de gouvernement, il n'eft pas au pouvoir de l'Angleterre de rendre juftice à ce continent. Les affaires y feront en peu trop multipliées pour pouvoir être dirigées comme il convient, par une puiffance qui en eft fi éloignée, & qui nous méconnoit; car fi elle ne peut nous vaincre elle ne peut nous gouverner. Un gouvernement entre nous-mêmes eft du droit natu rel; & fi l'on pense sérieusement au cours précaire des affaires humaines, l'on conviendra qu'il eft plus fage & plus für de nous former, d'une

maniere tranquille & bien réfléchie, une conftitution, tandis que la chofe eft en notre pouvoir, que de remettre au tems & au hafard l'accompliffement d'un événement fi intéreffant ».

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Extrait d'une lettre du bâtiment de transport le Bute devant Portland, en date du 18 Mars.

Ayant quitté Portsmouth, le 16 Mars, fous le convoi du vaiffeau de guerre le Triton, la nuit fuivante nous avons vu notre bátiment munitionnaire le Swift tout en feu. Le vaiffeau de guerre & quelques autres mirent auffi - tôt à la mer leurs chaloupes, qui fauverent quelques foldats, & quelques mátelots. L'embrafement a commencé par l'endroit où étoient les paniers de pain; il a gagné enfuite le rum, & il n'a plus été poffible de l'arrêter. Cinq foldats ont été noyés, & l'on craint beaucoup que deux officiers n'aient eu le même fort.

PAYS-BAS.

BRUXELLES (le 21 Avril.) Il paroit un ofroi de l'im -pératrice-reine; en date du 18 Mars, pour un emprunt de 2 millions de florins, qui fera ouvert le premier Mai prochain, en cette ville, chez la veuve de Nettine & nils, banquiers de la cour. Il fera compofé de 2 milJe obligations de mille florins de change chacune, qui pourront néanmoins, pour la facilité des actionnaires, être divifées en obligations de 500 fl. Elles porteront un intérêt de 3 pour cent, qui fera payé pendant les 6 premieres années, le rer. paiement à commencer le rer. Mai 1777, & le fixieme & dernier au même mois 1782. Après ce terme, on en fera le remboursement pendant

ans confécutifs, chaque année le quart; c'est-à-dire, -500 florins, fuivant que le fort décidera, avec les in-térêts en proportion du capital reftant, pour parvenir fuecellivement au parfait rembourfement des 2 millions de florius de change.

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