Page images
PDF
EPUB

roitre pendant le cours des fuffrages, particulierement à M. le duc de la Rochefoucault, qui, tant à cette occafion que dans les féances du parlement relatives aux difcuffions économiques, à donné des preuves de fa fagacité & de fon amour pour le vrai; mais, d'un autre côté, une partie du public eft étonnée de la contrariété qui, dans une affaire de fait, examinée & difcutée fi longtems & fi profondément, a partagé les opinions; car il paffe pour certain, qu'avant l'avis qui a prévalu, & qui laiffe le tems d'affoupir le procès, on en a longtems débattu deux autres entierement oppofés entr'eux; l'un, du premier rapporteur, « de déclarer M. le

maréchal non recevable en fes demandes d'infcription de faux; de le condamner à de gros doinmages-intérêts; & cependant, faifant droit fur les conclufions du procureur-général, de déclarer les billets nuls, comme étant fans caufe »; l'autre avis, du fecond rapporteur, attendu qu'il s'agiffoit d'un pair, « de déclarer les douze billets en queftion, & même les 22 lettres que Mme. de St. Vincent produit à l'appui de ces billets, faux & fauffement attribués à M. le maréchal ». Ce feigneur s'eft déterminé très-difficilement à lever l'arrêt, par lequel il femble ne gagner que du tems, & dont le coût s'évalue à plus de 12 mille liv., tant en épices des rapporteurs qu'autres frais, le tout à fa charge, comme accufateur.

On croit qu'il n'y aura point d'arrêt définitif dans cette affaire, & qu'on la terminera en payant les billets efcomptés par le caiffier Defpoudres, & le fripier Rubit. Il y a eu des fcenes attendriffantes dans l'audition des témoins. M. de Vedel, major, a représenté que, dans fon état, l'honneur lui étant plus cher que la vie, il demandoit d'être jugé en toute rigueur; que

s'il étoit coupable, il étoit prêt à porter fa tête fur l'échaffaud; mais que s'il étoit innocent, il fupplioit fes juges de le déclarer tel, & de ne point le mettre hors de cour.

Quant à Mme. de St. Vincent, fa célébrité a fait imaginer de faire graver fon portrait : on dit qu'elle a demandé à l'archevêque la permission de fe retirer au Val-de-Grace.

Lors de leur proceffion du jubilé, les écoliers du college d'Harcourt ont délivré, à leurs frais, 13 prifonniers qui étoient détenus pour dettes au grand châtelet. Ces jeunes éleves font accoutumés à fe diftinguer dans les occafions importantes; on fe rappelle avec quelle fenfibilité ils ont contribué au foulagement des pauvres mala des dans l'incendie de l'hôtel-dieu.

Suivant les lettres de Saint-Jean-de-Luz, on a pourvu au défaftre caufé à la digue qui couvre cette ville (voyez la Ire. quinz. d'Avril page. 58). En conféquence des ordres de M. de Clugny, intendant de la généralité de Bordeaux, plus de 80 ouvriers ont été employés, jour & nuit, pendant près d'un mois, fur la brêche, pour profiter des inflans où les eaux abaiffées permettoient de travailler. Après avoir barré les iffuës par où elles pouvoient s'écouler on eft parvenu à établir une file de pieux devant la brêche, & l'on efpere que la ville fera déformais à l'abri du péril preffant qui la menacoit.

[ocr errors]

Les habitans de Franche-Comté, encouragés par des gratifications, ont détruit, depuis le mois d'Avril de l'année derniere jufqu'à préfent, 62 louves, 70 vieux loups, & 138 louveteaux; ce qui fait en tout 270 loups. Il eft aifé de concevoir l'avantage confidérable qui réfulte d'une pareille deftruction pour l'agriculture, & pour la tran quillité des campagnes. Les gratifications font

de 24 liv. pour une vieille louve, de 18 pour un vieux loup, de 12 pour un loup ou louve de l'année, & de 6 pour chaque louveteau. On a grande attention de faire couper les oreilles à chaque tête d'animal offerte, pour qu'elle ne puifle pas être préfentée une feconde fois.

On affure que le parlement de Grenoble, fe conformant aux intentions du roi, ouvre chaque jour les audiences; mais que depuis la réception de M. de Moydieu, les avocats ni les procureurs ne s'y préfentoient pas pour plaider.

Un Anglois prétend avoir trouvé le fecret de faire 12 pintes d'eau-de-vie avec environ 20 boiffeaux de carottes, par un procédé affez fimple. Ces racines étant bien lavées & enfuite échaudées dans un grand vafe, font foumifes à une preffure commune. Après avoir fait beuillir modérément le jus qu'elles ont rendu, & l'avoir mis en fermentation quelque tems, on le diftille, & l'eau-de-vie fe trouvé faite.

Extrait des affiches du Mans, N°. 14.

« Le 2 Septembre 1773 on a trouvé fur le grand chemin de Péronne par Compiegne, proche Séchelles, un jeune enfant fourd & muet, âgé d'eviron 12 à 13 ans. On l'a conduit à Paris, & mis à l'hôpital-général, avec l'indication cideffus: il a été mené enfuite à l'Hôtel-Dieu pour caufe de maladie, & il y eft refté pour fervir, felon fes forces, dans une des filles. Etant parvenu maintenant à l'âge de 15 ans ou environ, il s'exprime par fignes, d'une maniere affez senfible pour faire entendre: 1°. qu'il cft d'une famille honnête & aifée. 2. Que fon pere, qui étoit boiteux, eft mort. 3o. Que fa mere eft reftée veuve avec quatre enfans, fçavoir trois filles & lui. 4°. Que fa mere portoit des rubans, avoit une montre, de beaux habits, une mailon vafte,

& des domestiques pour la fervir, & que luimême y avoit toujours été fervi. 5o. Qu'il y avoit un grand jardin, un jardinier pour le cultiver, & que ce jardin rapportoit beaucoup de fruits: il explique ce que l'on faifoit pour les conferver pendant l'hiver. 6o. Qu'en un certain jour on l'a fait monter fur un cheval avec un cavalier. 7o. Qu'on lui a mis un mafque, afin qu'il ne vît pas où on le menoit. 8°. Qu'après l'avoir mené bien loin, le cavalier l'avoit abandonné. Il s'agit de faire rendre à ce miférable enfant fon nom, fon état & fes biens >>.

«Monfeigneur le comte de St. Germain, fecrétaire d'état, ayant le département de la guerre, ordonne à toutes les brigades de maréchauffée du royaume de faire les informations & recherches les plus exactes pour découvrir, s'il eft poffible, le lieu de la naiffance du jeune homme dont il s'agit, ainfi que les noms & qualités de fes parens, & de lui en donner avis fur te champ. Le zele de la brigade qui parviendra à faire cette découverte intéreffante, fera récompensé par une gratification ».

Le tirage de la loterie de l'Ecole-Royale-Militaire s'eft fait le 6 de ce mois. Les numéros fortis de la roue de fortune, font 53, 73, 52, ́ 74, 70.

A

Suite du lit de juffice tenu à Versailles le za

Mars.

L'édit portant abolition des corvées ayant été enregistré, on fit la lecture d'une déclaration donnée à Verfailles le 5 Février dernier, laquelle fupprime tous les droits établis dans la ville de Paris fur les bleds, méteils, feigles, farines, pois, feves, lentilles & riz, & modere les droits qui fubfiftent fur les autres graines & grenailles. Dans le préambule de cette declaration, le roi expofe

d'abord, qu'un des premiers foins qu'il a cru devoir au bonheur de fes peuples, a été de rendre leur fubfiflance plus affurée, en rappellant par l'arrêt de fon confeil du 15 Septembre 1774, la légiflation du commerce des grains à fes vrais principes. S. M. a eu la fatisfaction de voir les me fures qu'elle avoit prifes, juftitiées par l'expérience, puifqu'au milieu même des préjugés po.pulaires,.. des dégats commis par une populace ignorante ou féduite, après une récolte dont l'infuffifance a été prouvée par la quantité de grains nouveaux qui ont approvifionné les marchés; malgré les dérangemens & le rallent.Tement apportés dans les fpéculations des négocians par le renouvellement des réglemens contrai res à la liberté, &c., la denrée n'a point manqué, & les prix, quoique plus hauts que S. M. ne l'auroit fouhaité, n'ont cependant point été auffi exceffifs qu'on les a vus fous le régime prohibitif... Une meilleure récolte ayant ramené l'abondance, S. M. fe hate de lever les obftacles qui peuvent encore rallentir les progrès & l'activité du commerce. ... En conféquence, elle s'eft fait représenter les ordonnances, & les réglemens intervent fur cet objet, & elle a reconnu qu'à des ordonnances d'un tems éloigné, où les principes du commerce étoient ignorés, fe font joints depuis des réglemens de police pour former le corps d'une législation équivalente à une prohibition d'apporter des grains à Paris... Que des of ficiers créés en différens tems à la halle & fur les ports étoient autorifés à percevoir des droits dont la vente des grains demeure grévée que depuis peu de tems il a été mis un impôt fur ce commerce pour la conftruction d'une halle & d'une gare..... Qu'enfin, le prix excellif des grains à Paris, dans toutes les époques, a été dé. terminé, non par leur quantité effective, mais par l'avidité du petit nombre de marchands auxquels ce commerce étoit livré fous un régime qui ne permettoit ni commerce, ni circulation ni concurrence &c. &c. A ces caufes, &c. Le roi dit, déclare, veut & lui plait ce qui fuit.

[ocr errors]

ART. I. S. M. veut qu'il soit libre à toutes personnes de faire apporter & de tenir en grenier ou magasin, tant dans Paris que dans l'arrondiffement de dix lieues de cette ville & ailleurs, des grains & des farines & de les vendre en tels lieux que bon leur femblera, même hors des bateaux ou de la halle. ART. II. Permis même aux boulangers de Paris d'acheter des grains & farines à telles heures, en telle quantité & en tels lieux,

« PreviousContinue »