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Le comte Vendettini, officier furnuméraire du régiment des fufiliers rouges, a été arrêté par ordre du pape, & conduit au château St. Ange. Les motifs de fa détention ne font pas con

nus.

On vient d'imprimer le jugement rendu par la rote facrée, dans la caufe de l'abbé Franzi, exjéfuite, & noble patricien de Rimini, qui, après l'extinétion de la fociété, demandoit à rentrer dans les biens de fa famille. Il appert évidemment que ce tribunal, en rejettant la demande, n'a point voulu examiner fi le vœu de pauvreté subsistoit ou non après l'extinction d'un corps religieux, & encore moins réfoudre une queftion auffi embarraffante, comme l'ont fait plufieurs papiers publics, en prononçant que fa réintégration auroit été contraire à fon vou indélébile de pauvreté. La rote, plus fage dans fes décifions s'eft bornée à ces mots du parag. II: Ratio decidenditota ftetit fuper tabulis renunciationis ac fuper jure, quod illius vigore fuerat in tertios boná fide tranflatum, radicatumque.

On s'étoit flatté jufqu'à préfent, que le cardi nal Coni toucheroit la penfion annuelle des cidevant jéfuites portugais qui font à la charge du pape dans l'état eccléfiaftique; mais les derniers avis de Portugal portent que la cour de Lisbonne a fermement réfolu de ne leur donner aucun fecours. Les jéfuites expulfés de la monarchie efpagnole font mieux traités : la cour de Madrid a envoyé ici pour leur entretien un million & 40 mille écus.

Le pape a accordé des gratifications aux officiers criminels du tribunal de la chambre apofto, lique, pour les récompenfer des foins qu'ils fe font donnés, à l'occafion du procès des jéfuites détenus au château St. Ange.

NAPLES ( le 31 Mars. ) Le roi a difpofé du riche archevêché de Palerme en faveur du prélat San-Séverino, neveu de fon contefleur, & ci-devant évêque de Pie di-Monte. On fait que cette place étoit vacante par la nomination de M. Filingheri à l'archevêché de cette capitale, dont cé prélat vient de prendre poffeffion.

Le prélat Vincentini, nouveau nonce du St. fiege en cette cour, a eu fa premiere audience de L. M., & de la famille royale.

Le roi ayant donné, fuivant l'utage, les premieres places de fa table aux cardinaux Orfini & Banditi, tous les miniftres étrangers invités au dîner, prétendant avoir la préféance fur ces deux princes de l'églife, s'accorderent pour fe retirer dans une galerie voifine de la falle du banquet;. il n'y eut que le réident de Venise qui resta fa place. L. M. ont paru défapprouver cette conduite; cependant, après quelques explications, les cardinaux ont pris le parti de fortir de cette capitale, pour éviter une pareille difficulté.

L'affaire des francs-maçons fait ici le fujet de toutes les converfations. Comme on s'eft saisi des membres de la loge au moment où ils pro cédoient à la réception d'un novice, on s'atten doit à découvrir leur fecret dans les papiers & régiftres dont on s'eft emparé. Mais ces précautions feront toujours vaines pour dévoiler un myftere impénétrable, & qui d'ailleurs ne s'écrit jamais. La même exécution n'a pas eu plus de fuccès à Vienne. On y furprit, en 1743, une loge entiere, dont tous les membres furent ar rêtés, & l'on n'en fut pas mieux inftruit. Quoi qu'en dife l'auteur d'une feuille publique, qui prétend que ces francs-maçons fubiront bientôt la peine due à leur crime, il eft certain qu'ils font déjà moins refferrés; depuis qu'ils ont fubi leur interrogatoire, & qu'ils ne font

plus au fecret, où ils avoient été mis d'abord. Ce n'eft point dans ces affemblées, où les fautes les plus légeres font punies, que l'on peut commettre des crimes; & fi tous les membres de cette fociété fe conformoient strictement à leur inftitut, les princes n'auroient jamais de fujets plus fideles, & la patrie de citoyens plus attachés à leurs devoirs. Au refte, on ne peut nier que les francs-maçons italiens ne fe foient rendus coupables. Quels que foient les motifs de la cour, ils devoient refpecter les ordres du gouvernement, qui leur avoit défendu, il y a environ 3 mois, de former aucune espece d'affemblée.

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MILAN (le Avril. ) Le gouvernement a porté fon attention fur l'ufage pernicieux & barbare d'enterrer les morts dans les églifes. Par ordre du cardinal Pozzobonelli, notre archevêque, il a été imprimé & envoyé à chaque curé de cette ville & du diocefe, une lettre circulaire, portant « que S. Em. defire, avec raison, qu'on exécute les décrets rendus tant de fois dans ce diocefe, pour le rétabliffement des cime tieres, ordonné par les anciennes loix eccléfiaftiques, recommandé avec tant de zele par le glorieux archevêque St. Charles Borromée, & nouvellement dans les congrégations des vicaires, tenues les années 1748 & 1772, où il eft dit : Qu'on rétabliffe autant qu'il fe pourra l'ancien ufage d'enterrer les morts dans les cimetieres, vy que c'eft un réglement fait avec beaucoup de fageffe,& une coûtume très-louable pour la falubrité de l'air,& la fplendeur des églifes. En conféquence, S. Em. charge les curés d'animer leurs paroiffiens par dé vives exhortations à remplir unç loi fi conforme à l'ancienne difcipline eccléfiaftique, à la décence du fanduaire, & au bien-être

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de la fociété civile; de déraciner, autant qu'ils pourront, de l'efprit des perfonnes malheureufement prévenues, certaines opinions mal-fondées, qui ne font d'aucun avantage pour les morts, & font directement oppofées aux réglemens de l'églife; S. Em. fe flattant que le peuple, excité par leurs follicitations, fecondera les bonnes intentions du gouverneur-général, qui n'a en vue que le bonheur des citoyens, &c. ».

On écrit de Rome, que la confultation des cardinaux & prélats, à laquelle le pape avoit confié l'examen des différends avec la république de Vcnife, a donné fon avis à S. S.: il tend à lui confeiller les ménagemens & les voies de douceur; & le cardinal Caftelli, chef de cette congréga tion, a particulierement obfervé qu'il ne convenoit point de laiffer fi longtems les peuples des états de Venife fans chef fpirituel. On avoit déjà précédemment remarqué que les cardinaux Rezzonico & Torreggiani, & le nombreux parti qui leur eft attaché, n'agréoient point la fé vérité du pontife en cette affaire.

FLORENCE (le 3 Avril.) Plus un fouverain fait de bien, plus le bien lui devient facile à fai re. A mefure qu'il s'avance dans cette illuftre carriere, le chemin lui en devient de jour en jour plus doux, & plus aïfé. O tems heureux, s'écrié Pline au sujet du regne de Trajan, dans lequel on peut dire librement ce qu'on pense, dans lequel on voit tous les cours voler au-devant du prince, dans lequel fa vue feule eft un bienfait ! C'est ce que la Tofcane voit & admire à préfent. Toujours de nouveaux bienfaits, de nouvelles immunités, de nouvelles libertés, de nou veaux encouragemens au commerce, à l'induf trie & à l'agriculture, de nouveaux droits réu¬

nis à la propriété. C'eft ce que prouve encore un édit rendu par le grand-duc notce fouverain. S. A. R., par cette nouvelle lui, déclare qu'elle veut délivrer les habitans & les poffeffeurs de biens du comté & de montagnes de Pistoie des liens & des entraves qui prejudicient a l'indutrie, ou bleffent les droits de la propriété; en conféquence elle abolit les taxes, bannalités, & revenus appartenans à fa chambre des domaines de Piftoie. Cet édit, daté du II Mars, contient en 6 articles, la fpécification des différentes taxes que la bonté du fouverain fupprime a jamais : une des fervitudes abolies, qui n'étɔit pas la moins onéreufe, c'est le droit de faire paître les bef→ traux, après la premiere fenaifon, fur les fonds des propriétaires.

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GENES (le 31 Mars.) Le 12 de ce mois, on fit la cérémonie de placer dans la falié du grand confeil la ftatue de marbre du feu doge JeanBaptifte Cambiafo. Ce monument, qui eft l'ouvrage du fculpteur Bocciardi, directeur de l'académie de fculpture de cette ville, a été fait aux frais de la république, & érigé comme une marque authentique de la fatisfaction publique, à Foccafion du chemin que la famille. Cambiafo a fait conftruire à fes dépens pour la communication de cette capitale avec la Lombardie ; on v voit à côté, le dieu Terme, divinité qui préfidoit aux chemins, avec cette infcription: Bono publico are proprio cette ftatue tient en main un fcep→ tre qui repofe fur la tête de Janus.

Les peres du Mont Olivet, qui avoient été interdits de leurs fonctions dans la paroiile de St. Etienne, viennent d'y être rétablis par le gouvernement, qui a obligé ces religieux de donner fatisfaction aux paroiffiens.

-On écrit d'Espagne que la nouvelle répandue,

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