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l'amiral Greaves, n'eft pas encore parti. On ar tribue ce retard à la demande qu'il a faite d'avoir des instructions claires & précises, à la rédaction defquelles on eft occupé.

Une ordonnance du roi augmente de 3 liv. fterl. les gratifications accordées aux mâtelots aguerris qui s'engageront avant le 30 Avril prochain pour fervir fur la flotte de S. M. L'augmentation pour les mâtelots ordinaires n'cft que de 2 liv. fterl. On ne recevra les uns & les autres que depuis l'âge de 18 ans jufqu'à 50.

Le 19? le roi fit à Wimbleton la revue de la trigade des gardes à pied, deftinée pour l'Amérique; elle eft compofé de 1053 hommes.

Dans la féance de la chambre des pairs, du 5 de ce mois, le duc de Richmond fit un difcours dont voici l'abrégé.

Ce dic, après avoir parle de lui-même, avec modeftie, regretta de ne pas voir dans l'affen blée les deux lords Chatham & Rockingham, dont le premier a fauvé la nation dans un moment où fa perte paroilloit inévitable, & a donné enfuite aux armes de l'Angleterre un éclat, & à fes confeil une vigueur & une fabilité inconnues jufqu'alors, & dont le fecond, dans un tems de confufion & de défordre, fut mis à la tête des confeils, & remplit cette place avec honneur, & à la fatisfaction du public......, Le duc, à leur défaut, infp:ré par fes devoirs, promet dans cette occafion de fe refireindre à ce qui regarde les nouveaux traités avec les princes d'Allemagne, & de n'examiner la condu.te de l'adminiftration que relativement à ce même objer.

Après avoir fait un détail hitorique des différens traités conclus avec les landgraves de Heffe depuis 17c2 jufqu'à celui de 1761, par lequel le landgrave alors régnant fut dédommagé des pertes qu'il avoit fouffertes dans la derniere guerre, ou fes états avoient prefque toujours été occupés par les armées, & après avoir obfervé que ces princes avoient fucceflivement obtenu de 'Angleterre des conditions de plus en plus favorables, il calcula que les différens articles de paie, d'enrôlement, de fubfides, de vivres, de vaiffeaux de transport monteroient à 1, 230, 000 liv., & qu'en y comprenant

les dépenses extraordinaires, le tout formeroɔit 1, 500, 000 liv. fterl., fomme excellive pour le fecours de 17 mille 300 hommes.

Il ne vit point dans ces traités de principes d'alliance & de foutien réciproques.. Et en fuppofant qu'ils aient été établis fur une vraie bafe d'alliance, qu'en doit-il réfulter, dit-il? Que fi quelqu'une de ces puiflances venoit à être attaquée, nous ferons obligés de lui donner tous les fecours qui feront en notre pouvoir pour celui de quelques milliers de mercenaires étrangers, qui nous coûte le double de ce qu'il vou!.

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Ce duc fit remarquer enfuite divers paffages des traités qui étoient fufceptibles de critique, entr'autres celui du traité heffois, où il eft dit, art. IX, que S. M. britannique pourra faire ufage de ce corps de troupes, par terre en Europe, lorfqu'elle le jugera à propos. cherche les opérations auxquelles on pourroit employer ces troupes, à moins que ce ne foit dans l'Angleterre même, en cas de révolte, malheur qu'aucun vrai citoyen ne prévoit.

L'inftabilité de l'adminiftration relative aux officiers de fervice de terre & de mer fut un fecond objet de fon difcours. On a trouvé, dit-il, que le général Gage & Pamiral Greaves avoient fait des fautes auxquelles on imputoit le peu de fuccès de nos armes; cependant il n'y a aucune charge, aucune pourfuite contr'eux. Ils font rappellés. Le général Gage eft d'abord reçu froidement; mais bientot il eft nommé commandant en chef, puis révoqué, & le général Howe eft nommé à ja place... L'amiral Shuldam eft défign! pour fuccéder à l'amiral Greaves; & avant qu'il ait le tems de prendre poffeffion de fon commandement, on le dit remplacé par le lord Ho&c. &c. Enfin, fans craindre de révéler à l'Europe le peu de moyens qui doivent refter à l'Angleterre pour fa défenfe & fa fareté, il fit un détail & un calcul par lefquels il conclut qu'après avoir employé 3000 hommes pour les garnifons de Plymouth, de Portfmouth & de Chatham, le refte des troupes en état de tenir la campagne, après avoir laiffé un détachement fuffifant pour garder Londres, fera au plus de 3000 hommes... Quelqu'effrayant que foit ce tableau, dit-il en finiffant, j'ai cru devoir l'efquifer devant la chambre, pour essayer de ramener l'adminiftration à des vues moins dangereufes que celles où elle femble s'étre fixée.

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Ce difcours échauffa les efprits; mais il n'empêcha pas que la propofition du duc de

Richmond ne fût rejettée, ainfi qu'on l'a deja

dit.

Le 12, on remit à la chambre des communes la copie des demandes faites au miniftere par les généraux Gage & Howe pendant leur féjour à Bofton, fçavoir, par le général Gage, 125co l. ft., le 7 Février 1775; 20000, le 17 Avril, même année; 10000, le 23 Mai; 20000, le Ier. Juin; 20000,le 22 Juillet; 40000 le 7 Août; & 100000, le 30 Septembre; & par le général Howe, rooooo liv. fterl., le 7 Novembre, & 100000 le 6 Janvier 1776; en tout, 431500 liv flerl.; ce qui forme une partie des extraordinaires de la guerre pour la feule ville de Bofon; les autres articles regardent les autres parties de l'Améfique, & les envois faits d'ici & d'Irlande pour ce pays-là.

Le 14, le lord Grafton propofa, dans la cham→ bre des pairs, de préfenter une adreffe au roi pour engager S. M.à publier une ordonnance par laquelle elle déclarera que fi les colonies préfentent aux commandans ou commiffaires une requête qui expofe clairement leurs griefs & leurs prétentions, S. M. confentira à une fufpenfion d'armes, pendant laquelle on travaillera à un accommodement. Cette propofition fut rejettée à la pluralité de 91 voix contre 31.

Dans cette féance, le même lord dit qu'il étoit informé que deux étrangers de confidération s'étoient rendus au camp des Américains à Cambridge, & avoient conféré longtems avec le genéral Wafington; qu'on ne fçavoit pas au jufle ce qu'ils exigeoient de lui; mais qu'il leur avoit répondu qu'il n'étoit pas autorilé à accepter ou refufer leur demande, & qu'ils de voient aller au congrès-général à Fhiladelphie, où ils fe rendirent, & ou ils eurent quelques entretiens avec les députés. Le duc ajouta qu'

auguroit de-là que c'étoient des François ou des Efpagnols qui vouloient propofer quelque alliance ou traité de commerce avec les Américains pour aider ceux-ci, & leur fournir des vivres, munitions, &c. Mais les partifans du minifte re combattirent avec force fon opinion, & l'affaire en demeura là.

Le même jour 14, il y eur, à Guidhall, confeil commun & cour des aldermans. M. Saxby expofa ce qu'il y avoit d'allarmant dans le fyftême actuel relativement aux affaires d'Amérique. Il infifta fur le déclin de notre commer ce, & fur la ruine que devoit inévitablement entraîner une plus longue guerre inteftine. Il fit enfuite les plus grands éloges de l'ouvrage nouveau de M. Price, docteur en théologie, & membre de la fociété royale, intitulé: Obferva tion fur la nature de la liberté, fur l'état ruineux de la nation, & fur la guerre précédente; & il conclut à ce que cet écrivain publicifte fu complimenté fur le plan raisonnable qu'il propofe dans cette brochure pour une heureuse réconciliation. Cette propofition fut appuyée par le Sr. Hurford, & approuvée par la cour des aldermans, à l'exception des députés Jones & Judd, qui furent les feuls oppofans. On paffà même les defirs de M. Saxby; & pour mieux témoigner combien on fçavoit gré au docteur Price de la fermeté avec laquelle il avoit ofé prendre la plume dans un moment fi critique, & de ce qu'il avoit convaincu l'administration des fuites fatales qui réfulteroient infailliblement pour le commerce fi elle perfiftoit dans les mêmes mefures, il fut réfolu que la cour des aldermans feroit préfenter, de la part, à ce docteur, le droit de bourgeoifie de Londres dans une boîte de la valeur de 50 liv. fterl.

M. Saxby propofa enfuite qu'on présentât an

roi une humble adreffe & pétition, par laquelle on prieroit S. M. de donner, avant le départ de l'armement préparé contre les colonies, une fpécification folomnelle, claire & diftincte des conditions auxquelles on prétendoit faire la paix avec elles. Il y eut fur cela un débat dans lequel on traça le tableau des malheurs de la nation. M. Sharp fit envifager la perte prochaine du crédit public, fi l'on ne détournoit pas bientôt l'orage qui le menaçoit. Un autre membre de l'affemblée fit remarquer qu'on voyoit déjà fur les quais les effets des troubles préfens avant lefquels on ne pouvoit traverfer cette voie publique fans y être heurté de tous les côtés,' tandis qu'aujourd'hui le commerce étoit tellement tombé qu'on tireroit,de Billingsgate dans la longueur du quai, une arme à feu fans toucher perfonne.

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Après qu'on fe fut féparé quelque tems le comité revint avec une adreffe qui fut généralement approuvée ; & les sheriffs ayant été chargés de fe présenter à la cour, pour fçavoir quand le roi voudroit la recevoir, S. M. leur indiqua le 22.

Le 19, les communes pafferent le bill qui ordonne que les fommes deftinées pour la folde & les uniformes de la milice en Angleterre feront prifes du produit de la taille fur les terres. Il fut enfuite réfolu qu'on demanderoit de remettre à la chambre divers mémoires relatifs à la dette de la marine jufqu'à la fin de l'année 1775, au fret & à l'approvifionnement des bâtimens de tranfport qui font actuellement au fervice du gouvernement ; & aux billets qui font en circulation pour ces différens objets jufqu'au 29 Février 1776, afin de conftater, autant qu'il fe pɔurra, le total de cette dépenfe, qui doit être énorme, puifqu'il y a plus de 500 bâtimens de

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