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a; que dans la nuit du 16, avant le jour, les vents les ayant pouffés près de cette plage, ils s'étoient mis à la cape, & que pendant que tout l'équipage dormoit, lui dépofant, fe promenant fur le pont, à la vue des ifles de Fremiti, il avoit entendu du bruit, & s'étoit vu toutà-coup affailli lui-même par les deux matelots italiens,qui l'avoient frappé ; qu'il étoit tombé fous leurs coups pref que fans vie près du grand mât, auquel étoit attachée une des deux chaloupes du navire... ; que dans la journée du 17, étant revenu du long affoibliffement où l'avoit plongé la perte de fon fang, il s'étoit trouvé feul fur le bâ timent; qu'il avoit auguré que les deux mâtelets italiens avoient affaffiné le marchand Charles Carne, le capitaine Thomas Web & Jofeph Deves dans leur fommeil; qu'ils avoient jetté leurs cadavres dans la mer, volé tout l'argent, & que leur crine avoit été d'autant plus facile à commettre, que le capitaine avoit la négligence de ne jamais fermer fa porte pendant la nuit; que lui Robert Danels, reprenant par degrés quelques forces, s'étoit apperçu que le bâtiment étoit prêt à périr; qu'enfin, le 18 il s'étoit trouvé dans cette rade, où ayant apperçu quelques perfonnes, il avoit fait un fignal de fecours, & avoit été heureufement amené à terre.

On s'eft affuré de tout ce qui pouvoit vérifier l'affreufe dépofition de ce mâtelot, en faifant une vifite exacte de la pinque: on eft entré dans la chambre du capitaine, qui étoit remplie de fang, & où l'on a trouvé quelques morceaux de crâne humain. Dans un des coffres qui étoient brifés, on trouva la patente de fanté de lá députation de Venife, le contrat de nolifement, & une lettre d'un marchand vénitien adreffée à fon correfpondant à Gallipoli, par laquelle il lui demandoit de faire charger la pinque d'huile, comme l'avoit dit le mâtelot bleffé.

Le bruit fe répand que toutes nos forces maritimes doivent être employées au fervice d'Efpa-. gne.

FLORENCE (le 20 Mars.) Mad. la grande ducheffe, notre fouveraine, accoucha heureufement, le 9 de ce mois, d'un prince, qui fut

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ténu le 10, fur les fonts de baptême par la marquife d'Albizzi, repréfentant l'infante MarieJofephine d'Espagne, & reçut les noms de Jofeph-Antoine-Jean-Baptifte-Jean-NepomuceneFrançois. On a fait pendant 3 jours les réjouiffances ufitées en pareille circonftance.

L'archiducheffe Chrifine & le duc Albert de Saxe Tefchen, fon époux, font partis de cette capitale, le 16, à la pointe du jour, pour le rendre à Rome & à Naples ; L. A. R. fe propofent de paffer 2 mois dans chacune de ces villes.

LIVOURNE ( le 19 Mars.) On a reçu ici la dépofition qu'un de nos citoyens a faite au gouverneur d'Oran, le 23 Janvier dernier ; elle contient ce qui fuit.

«Je m'appelle Jacques Ivifti, natif de Livourne, & je fuis membre d'une fociété commerçante de cette même ville. Ayant freté, au nom de mes affociés, MM. Monzeles & Martini, pour Alexandrie, un brigantin anglois, nommé la Bethinie, conftruit à la Nouvelle-Angleterre, & expédié de Boston depuis 14 mois avec un autre bâtiment livournois, je m'embarquai, le 2 de ce mois, amenant avec moi un enfant de 10 ans, que je devois remettre à ses parens à Alexandrie. Après 17 jours de navigation, le vent étant à l'eft & la mer fort agitée, le capitaine, nommé Jean Efman, Anglois, ainfi que le refle de l'équipage, s'écrierent, dans le fort de la tourmente, que nous allions faire naufra→ ge fur les côtes de Palerme, & l'on mit auffitôt le canot à la mer, dans ce péril, je courus à ma chambre prendre l'argent que j'avois dans mon coffre, lorfque tout-a-coup je me vis affailli par le capitaine, qui, le piftolet à la main, me menaça de mort, fi je ne m'embarquois fur le champ dans le canot pour aller chercher un pilote. Au

même inftant on fe faifit de moi, & je fus mis dans le canot avec ce jeune enfant & un mâtelot livournois. On nous donna feulement quelques biscuits, 4 flacons de vin, & à chacun une couverture, & nous fumes abandonnés aux flots. Cependant, contre toute espérance, nous fommes arrivés à terre, à l'aide de nos couvertures', qui nous ont fervide voiles, & le hazard de bouffole. Enfin, nous n'avons rencontré perfonne depuis le lieu où nous avons débarqué jusques à Mazalquivir ».

L'infortuné Ivisti avoit fur lui l'état de sa cargaifon, qui fe monte à 100 mille liv.

ESPAGNE.

MADRID (le 19 Mars.) Le roi a nommé gouverneur du château du Cap de Gate Don Marios Efpelius y du Frefne, capitaine au régiment d'Espagne, infanterie. S. M. a auffi accordé au marquis de Malefpine, commiffaire-ordonnateur, le miniftere principal de la guerre dans la place de Ceuta. Elle a de même donné le grade & les appointemens d'intendant de l'armée à Don Juan de Torres, intendant de la province de Guadalvare, & chargé de la direction des fabriques royales des étoffes de laine de la ville de Brihuega.

CARTAGENE ( le 28 Février.) Les quatre chebecs de S. M. Cath., dont l'armement fubfiftoit depuis quelque tems dans ce port, fous les ordres du Sr. de Tejada, capitaine de frégate, ont fait voile, le 22 de ce mois, pour Malaga, où ils vont relever une pareille division de chebecs de ce département, commandée par M. de Barcelo, brigadier de marine, qui doit revenir ici pour y caréner. Ces chebecs font employés

au fervice de la place de Mélille, où ils tranfportent de Malaga tout ce qui eft néceffaire à ce préfide, & écartent d'ailleurs les corfaires barbarefques, qui pourroient s'emparer des bâtimens marchands espagnols allant à Mélille pour leur commerce.

FRANCE.

VERSAILLES (le 5 Avril.) Le roi ayant jugé à propos de créer, dans l'académie royale d'architecture, une claffe d'honoraires, affociés libres, S. M. a nommé pour la remplir, MM. de Trudaine, confeiller d'état, ordinaire au confeil royal, au confeil royal de commerce, & intendant des finances; Watelet, de l'académie françoife, amateur honoraire de celle de peinture, & receveur-général des finances; Pierre premier peintre de S. M.; le comte d'Affry colonel du régiment des Gardes-Suiffes; de Fontanieu, intendant & contrôleur-général des meubles de la couronne, & l'abbé Boffut, de l'académie des fciences. Ceux de ces nouveaux académiciens qui fe trouvoient à Paris > ont été conduits & inftallés, le 18 du mois dernier, à l'académie d'architecture, par le comte de la Billarderie d'Angiviller, directeur & ordonnateur-général des bâtimens, jardins, arts, académies & manufactures royales.

L'abbaye d'Avenay, dans l'archévêché de Reims, étant vacante par la démiffion de la dame de Boufflers, S. M. en a difpofé en faveur de la dame d'Efpiès.

Le roi a accordé les entrées de fa chambre au comte de Braflac, premier-écuyer en furvivance de Mme. Victoire de France.

Le 17 du mois dernier, le marquis de la Valette, prêta ferment entre les mains du roi pour Avril. ae. quinz. 1976.

B

fa lieutenance-générale de la province de Bourgogne. Le même jour, la vicomteffe d'Houdetot eut l'honneur d'être préfentée à L. M., & à la famille royale par la comteffe de St. Séverin.

Le 20, Mgr. le comte d'Artois & Mme. la. comteffe d'Artois tinrent fur les fonts de baptême le fils de M. Duparc, écuyer, gentilhomme fervant du roi. Le prince fut représenté pár le comte de Maillé, premier-gentilhomme de fa chambre, & la princeffe, par la ducheffe -de Lorges, fa dame d'honneur.

Mme. la comteffe d'Artois, qui avance heureufement dans fa groffeffe, a été faignée le 23, étant à peu près à mi-terme.

Le 31, après la grand'meffe à laquelle L. M. & la famille royale avoient affifté, une députa tion du grand confeil eut l'honneur de remettre au roi les remontrances de leur compagnie, que S. M. avoit permis qu'on lui apportât.

Le 2 de ce mois, le margrave d'Anspach Bareuth, fous le nom de comte de Sayn, prit con gé de I. M. & de la famille royale.

Le même jour, le baron de Grandpré, maréchal de camp, revenant de la cour d'Espagne, près de laquelle il a rempli la commiffion dont il étoit chargé de la part de S. M., fut préfenté au roi, & à la famille royale par le comte de Vergen nes, miniftre & fecrétaire d'état, ayant le dé Fartement des affaires étrangeres..

Le chevalier de Beaurain, géographe-ordinaire & penfionnaire du roi, a eu l'honneur de préfenter à S. M., à Monfieur & à Mgr. le comte d'Artois, la carte maritime des havre & port de Bofton & des côtes adjacentes, avec les retranchemens occupés, tant par les Anglois que par les Américains: cette carte a été copiée fur un plan levé par ordre du gouvernement d'Ans gleterre.

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