Le 1er. de ce mois, les communes reprirent la difcuf fion des affaires de l'Amérique, & l'examen des traités de fubfide. M. Luttrel propofa qu'on remit à la chambre tous les avis qu'on a reçus depuis huit jours, de l'amiral & du commandant en chef des vaiffeaux du roi à Chatham, à Plymouth & à Portsmouth, ainfi que ceux qui font venus pendant le même efpace de tems touchant l'état où fe trouvent tous les vaiffeaux de guerre actuellement employés dans la Manche & fur les côtes de la GrandeBretagne & d'Irlande. Mais cette propofition fut rejettée à la pluralité de 93 voix contre 44. Le but de cette réquifition étoit de fçavoir au jufte l'état de la marine qui referoit dans le royaume après les envois faits pour l'A mérique & autres pays. M. Luttrel foutint qu'il y auroit tout au plus affez de monde pour équiper 14 vaiffeaux de ligne, & que nous pourrions être expofés aux infultes des puiffances qui voudroient nous attaquer. Quelques membres de la chambre, commiffaires de l'amirauté, lui répondirent, en faifant voir l'état floriffant de la marine, qu'après les envois faits pour l'Amérique, nous aurions ici en peu de femaines une flotte de 40 vaiffeaux de ligne en état de voguer, & 60 dans l'efpace d'un mois, s'il étoit néceffaire. Un comité de la même chambre prit enfuite, au fujer du fubfide les réfolutions fuivantes: 1°. qu'on accordesoit 381887 liv. fterl. pour fubvenir à la dépenfe de 12394 hommes des troupes heffoifes, compris le fubfide au landgrave pendant l'année 1776; 2o. la fomme de 121 475 liv fterl, pour la dépenfe de 4300 hommes de troupes du duc de Brunfwick, avec le fubfide, pour la même an née; 3°. celle de 19007 liv. fterl. pour la dépenfe du régiment d'infanterie de Hanau, de 668 hommes, du prince héréditaire de Heffe - Caffel, avec le fubfide, depuis le 6 Mars jufqu'au 24 Décembre 1776, &c. Le, la chambre des pairs entama la difcuffion des nouveaux traités de fubfide. Le duc de Richmond y ouvrit l'avis de préfenter au roi une humble adreffe pour témoigner à S. M. que l'on voit avec la plus vive douleur les traités qu'elle a conclus à l'inftigation de fes minîfires, avec L. A. S. le landgrave de Heffe-Caffel, le duc de Brunswick & le comte de Hanau, & qu'elle a fait remettre à cette chambre, pour lui représenter humblement le fentiment du danger dont un arrangement auffi incon fidéré doit être une fuite, &c., & enfin, pour fupplier S.-M. de faire inceffamment arrêter la marche des trour pes de Heffe, de Brunfwick & de Hanau, & fufpendre les hoftilités en Amérique, afin de jetter les fondemens d'une réconciliation prompte & durable entre les grandes parties contendantes de cet empire agité. Ce feigneur accompagna cette propofition d'un difcours de deux heures, dans lequel il s'étendit fur les conditions mercenaires des traités, & fur les fuites funeftes de cette démarche indépendamment de la dépense annuelle d'un million & demi de liv. fterl., que 18 mille hommes doivent coûter à la nation avec les bâtimens de tranfport, provifions, &c. Il condamna les autres me fures adoptées par rapport aux colonies, & il fit obferver que la nation refteroit fans défense en cas de néceflité, &c. Tous les membres du même parti s'étendirent fur les conditions exorbitantes des traités, fur le danger de laiffer à des étrangers le commandement d'un corps de troupes destiné à coopérer avec les nôtres; fur le bombardement de Norfolk dans la Virginie; fur le défaut d'une force fuffifante pour défendre le royaume; fur la direction mal entendue & le mauvais fuccès de la guerre contre les Américains. Les miniftres & leurs partisans juftifierent fortement les arrangemens qui ont été pris. Ils fo tinrent qu'ils s'agiffoit de foumettre les colonies, ou d'y renoncer pour toujours; que les mefures adoptées étoient reconnues pour être les plus praticables; que, nonobftant ces difpofitions militaires, les colonies avoient le champ libre à la réconciliation; que tous nos vaiffeaux de lione à l'exception de trois, fe trouvoient dans le royaume pour fa protection; qu'iis feroient prêts à mettre en mer en 8 jours de tems, & que, l'intérieur feroit gardé par ce quireitoit encore de troupes réglées, & par la milice nationale, &c. Enfin, après des débats qui durerent jufqu'à minuit, la propofition du duc de Richmond fut rejettée par une pluralité de 100 voix contre 32. Pendant ces dé bats, le duc de Cumberland parla avec ménagement des mefures prifes par le miniftre; mais S. A. R. déclara qu'elle voyoit avec regret arriver le jour où les Brunfwickois, dont la principale gloire confiftoit jadis à maintenir les hbertés conftitutionnaires des Bretons, alloient être les premiers à fouler aux pieds ces mêmes liber&c. τές, Le 6, un comité de la chambre des communes réfolut qu'il feroit pourvu à la folde & aux uniformes de la milice & à fon entretien, tandis qu'elle feroit éloignée de fes foyers pour l'exercice annuel de 1776. Le 8, les communes en comité fur les moyens de lever le fubfide réfolurent que la dépenfe pour la folde & les uniformes de la milice fera prélevée fur les deniers provenans de la taille des terres, pendant l'année 1776. Le lord Barrington miniftre de la guerre, ayant notifié que, le 11, on y prendroit en confidération l'affaire de l'extraordinaire des guerres, dont le montant va à plus de 850, 000 liv. fterl., depuis le 6 Mars 1775 jufqu'au 9 Janvier 1776, le colonel Barré propofa » qu'il feroit présenté à la chambre les copies des réquifitions faites au gouvernement par les commandans du roi en Amérique pour des remifes à titre d'extraordinaire pour les troupes de S. M. dans ce pays-là, ainsi qu'une note de l'application qui en a été faite. Le lord North & d'autres membres du miniftere confentirent à cette propofition; & en conféquence, il en fera remis un état détaillé. M. Barré fit obferver que « fi une armée de 6 mille hommes à Bofton demandoit une fomme fi énorme à titre d'extraordinaire celle d'une armée de 40 mille devroit monter à 4 millions de livres fterl., dépenfe inévitable lorfque le théatre de la guerre eft auffi éloigné du pays qui doit la fupporter, depenfe qu'aucucune nation ne pourroit longtems foutenir fans fe ruiner, &c. Le 11, les communes approuverent la réfolution du 8, concernant la milice, & ordonnerent un bill à ce fujet. La chambre en comité fur le fubfide réfolut d'accorder la fomme de livres fcil. 137, 448. 7, pour fubvenir à la dépenfe de 6 régimens d'infanterie envoyés d'Irlande en Amérique, ainfi que de plufieurs augmentations dans les troupes du roi, depuis diverfes époques jufqu'au 24 Décembre 1776. Enfuite il fut propofé d'accorder liv. 845, 165 14.. 8 & un quart pour ful venir aux dépenfes extraor dinaires de l'armée, depuis le 9 Mars 1775 jufqu'au 31 Janvier 16, auxquelles il n'avoit point été pourvu. Il y eut là-deffurs de vifs débats ; enfin, la propofition paffa à la pluralité de 180 voix contre 57. Il y a eu de grandes conteftations dans la chambre des communes du parlement d'Irlande, au fujet de deux proclamations du roi, qui défendent l'exportation des provifions falées, & du grain. M. Ogle, l'un des membres de cette chambre, y déclara le 17 du mois dernier, qu'il s'engageoit envers la chambre & envers fa patrie, à charger dès le lendemain, du bœuf falé à bord d'un vaiffeau pour la France; qu'il vouloit en courir tous les rifques, & éprouver fi l'on oferoit foutenir la légalité des fet défenfes faites fans la participation du parlement; en ef- Les propriétaires d'Irlande, & furtout ceux qui habi. On continue avec toute la diligence poffible les préparatifs pour le départ des troupes & des vaiffeaux de guerre destinés pour l'Amerique. Le bataillon des gardes à pied de 1000 hommes & les autres troupes nationales vont occuper un camp près de Portfmouth, où les troupes auxiliaires camperont auffi pour paffer toutes en revue de- / vant le roi, qui s'y trouvera à cet effer, dès qu'elles y feront toutes rendues. On croit que S. M. fera auffi la revue de la flotte deftinée pour l'Amérique. Un bâtiment arrivé de la Nouvelle-Yorck en 28 jours de trajet, a apporté à la cour, de la part de M. Tryon, gouverneur de cette province, la relation publiée, par ordre du congrès général à Philadelphie, de la défaite du général Montgomery devant la ville de Quebec, qu'il avoit Tenté de prendre d'affaut le 31 Décembre, au matin. Il y eft dit que ce général a été tué dans cette attaque avec plufieurs autres officiers & 60 foldats; qu'environ 300 autres ont été faits prifonniers; & qu'après cette défaite, le refte des Américains s'étoient retirés à trois milles de la place, où ils s'étoient poftés avantageulement pour en continuer le blocus, en attendant l'arrivée des renforts qui étoient en marche pour venir le joindre. Le détail de cette affaire revient à peu près à ce qui en a été déjà dit, & la cour n'a encore reçu dire&tement aucune nou velle du général Carleton. Les gazettes américaines confirment elles-mêmes la défaite du général Mongommery & du colonel Arnold, dans la vue d'exciter les provinciaux à envoyer des fecours à leurs freres, avant que la garnifon de la ville en puiffe recevoir de la Grande-Bretagne. La petite armée affiégeante a fait plufieurs lieues à travers les neiges. A l'aide de raquettes attachées fous les pieds, elle a franchi des retranchemens & même des murs cachés fous la neige affermie par le froid. Si le dégel arrive avant qu'elle ne faffe une feconde attaque il est probable qu'elle éprouvera beaucoup de difficultés pour fe préfen ter de nouveau. La flotte qui avoit fait voile de Cork pour l'Amérique, le 12 Février, fous les ordres du chevalier Pierre Parker, a effuyé une violente tempête. La bombarde, la Carcaffe, qui faifoit partie de cette flotte a été obligée de revenir à Portsmouth, pour fe faire radouber. Lorfqu'elle fur féparée, le 18, de l'amiral, de 42 navires, qu'il avoit eu avec lui à fon départ de Cork, il ne s'en trouvoit que 25 réunis fous fon pavilion. L'Aurore, & le Souverain, bâtimens de tranfport, qui l'avoient de même quitté dans la tourmente, rentrerent, le 17, à Cork, fort endommagés. Les vents orageux, fuivant une lettre de Belfast, onc auffi fait périr un navire, qui avoit à bord des recrues pour l'Ecoffe. D'un autre côté, l'on a appris que le major Campbell a heureufement débarqué à Bofton avec le 55e. régiment. Il vient d'arriver de Bofton & d'Yorck plufieurs båti mens de tranfport qui ont donné l'avis que le général Lée avoit été détaché de l'armée américaine près de Bofton, avec trois mille hommes, & que ce corps avoit occupé la ville d'Yorck, 4 jours avant le départ d'un de ces bas timens, & que, vers le même tems, le général Clinton avoit été détaché de l'armée du roi à Bofton avec un corps pour aller renforcer le lord Dunmore à la Virginie. On apprend auffi que les villes de Norfolk & de Portfmouth en Virginie ont été réduites en cendres, la pre |