nistre a fait observer à S. S. que le décret qui attribue le droit de patronat à des familles vénitiennes, n'a pas été promulgué, parce que le nombre des fuffrages n'étoit pas fuffifant pour en ordonner la publication. Le comte Giraud, frere du cardinal, a acheté par ordre du pape, un grouppe de grand prix, représentant Bacchus appuyé sur un faune. Il sera placé dans le museum clémentin. L'impératrice - reine, connoiffant le goût du cardinal Zelada, qui forme une collection de médailles antiques & modernes, lui a envoyé trois grandes médailles d'or, dont l'une représente cette auguste fouveraine, la 2e. François I, fon époux de glorieuse mémoire, & la 3e. l'empereur régnant: S. M. Imp. a accompagné ce préfent d'une lettre très-obligeante. Le duc de Glocefter a fait baptiser dans for palais le prince dont la duchesse son épouse est accouchée. Cette cérémonie a été précédée d'un grand repas, auquel S. A. R. avoit invité toute la nobleffe angloise qui se trouve ici. Le vaisseau du pape le St. Charles, commandé par le chevalier Manciforte, doit fortir incessamment du port de Civita-Vecchia pour aller en course contre les Barbaresques. On sçait que S. M. prufsienne avoit fait des inftances auprès du. St. siege sur l'affaire des jéfuites; le pape avoit répondu qu'il ne pouvoit se prêter à ses desirs. Le roi, en conféquence, a fait présenter par fon agent ici, une replique dont voici la substance : S. M. pruffienne entre d'abord dans les circonstances soù se trouve le St. pere. Mais comme elle ne peut abandonner les vues qu'elle s'est proposées, elle croit à propos d'en faire voir la juftice, en s'expliquant mieux fur les rapports de la cour de Rome, fur le but de sa demande, & fur les moyens de l'accorder; ces détails montreront que ne voulant point renoncer à ses intérêts perfonnels, elle veut encore les combiner avec ceux du pape. Le roi n'a jamais prétendu & ne prétend point rompre ni même porter atteinte aux rapports qui établissent T'harmonie entre les cours catholiques &c celle de Rome; il reconnoit la justice de ces rapports, & il les refpete; & dans le cas où la demande les léseroit, il se flatte que le fouverain pontife lui indiquera les points précis qui s'oppofent à un arrangement qu'il ne veut accepter qu'autant qu'il fatisfera tous les partis. Ce feront ici l'occasion de venir à une discussion paisible, dans laquelle S. M. mettroit de fon côté toute la déférence & la délicatesse poffibles; mais olle espere qu'une expofition plus claire de sa demande, quant au but, & quant aux moyens, rendra cette discussion inutile. Que le St. pere scache donc & fo.taifaré que S. M., dans l'existence des jésuites dans ses états, de la maniere qu'elle l'entend, ne se propofe point l'existence de la société, mais des fins dont elle ne veut point se départir. L'objet le plus férieux & le. plus important d'un fouverain a toujours été, & fera toujours l'éducation publique, qui prépare seule les efprits à l'obfervation des loix dans un état tel que la Pruffe, où il y a tant de sectes & de religions différentes, l'éducation doit être variée. Ce n'est pas un objet peu important que la direction d'un million & demi & plus de sujets catholiques qui se trouvent dans les états pruffiens. Cela posé, la société n'existant plus, S. M. ne veut pas que les fonctions qu'elle rempliffoit, n'exiftent plus. Ces fonctions confiftoient à élever la jeunesse dans la religion & les sciences, à maintenir l'étude de la théologie catholique; ce font les feules fonctions que S. M. veut qu'il continuent à remplir; il est tellement vrai qu'elle ne se propose rien autre chose; qu'elle a déjà déclaré qu'elle étoit très-indifférente sur le jefuitisme; qu'on en change en conféquence, comme on voudra, le nom, bit, les vœux, les regles intérieures; mais qu'on en laisse fubfifter les fonctions; tel est le but, tels font les moyens. De cette maniere on évite l'objetion par laquelle on ne veut point que les jéfuites existent en corps. S. M. voulant établir fur des fondemens folides l'éducation publique, a fenti la néceffité de pourvoir facilement à remplacer les inftituteurs; le moyen le plus für est d'avoir un féminaire d'hommes destinés à instruire; en écudiant les sciences, on apprend à les enfeigner. Il ne feroit pas aifé de remplacer dans le moment un homme habile, en en choisissant un parmi des citoyens qu'on enleveroit sout-à-coup à la vie civile, où il a cotraßé des habitudes tout à fait opposées. On fent que si l'éducation des citoyens est nécessaire, celle des infitateurs ne l'est pas moins. Il est d'ailleurs plus économe d'entretenir des hommes en corps, que des citoyens isolés. Le profeffeur: pris parmi ces derniers, coûte plus parce qu'il a plas de besoins. Il eft inutile d'obferver que les biens poífédés par les jésuites ne fuffirojene pas pour soudoyer autant de profeffeurs libres, & que les fonds qui passent de l'administration des particuliers dans l'administration du fouverain, rendent beaucoup moins. On pourroit propofer de fubfiituer d'autres religieux aux jéfuites; le roi répond qu'ils ne font pas en affez grand nombre dans fes états pour remplir à la fois leurs fonctions & celles des jéfuites; ils ne font pas d'ailleurs aussi propres à l'éducation que la société qui s'en occupe depuis deux fiecles & demi. S. M. n'a d'autre but que le bien de ses fujets, & le bon ordre dans ses états; l'expérience qu'on a faite de la maniere d'enseigner des jésuites, la certitude qu'on a de la rendre encore plus efficace par des réglemens particuliers, & la difficulté de trouver ailleurs ce qu'il faudroit pour les suppléer, la déterminent à cornserver ceux qui étoient chargés de ces fonctions pour les continuer. Elle defire de les conferver en corps sous le régime que le St. Pere jugera le plus convenable. Tout peut en conféquence se combiner avec l'honneur & les intérêts de la cour de Rome; fi le St. pere par une extrême délicatesse, ou en vertu de circonstances qui ne le permettroient pas, refusoit d'accorderune demande fi jufte, S. M. fe contentera, du moins pour le présent, que le pape donne aux évêques praffiens, l'av's tacite, nonfeulement de ne point troubler, mais d'approuver prudemment les fonctions ordinaires des jésuites. NAPLES ('le 29 Février.) L'avocat de la couronne a fait séquestrer les revenus de l'abbaye de St. Antoine, qui est vacante depuis la mort de notre archevêque. Il prétend que la nomination de ce bénéfice, dont le St. siege disposoit, appartient au roi. La plus forte partie de ces revenus, qui se montent à 2 mille ducats, vient de la bénédiction des chevaux qui se fait le jour de la fête du saint, près de l'église qui lui est dédiée, & de la vente des cochons d'offrande, dont on fait un grand commerce, & qu'on traite avec beaucoup d'égards en cette ville. On ne parle ici que d'un événement qui vient de s'y palfer, & dont voici les principales circonstances. Il y a quelque tems qu'il arriva chez lès cordeliers de cette ville un étranger qui prit l'habit. de St. François, sans avoir fait aucun vœu, & s'engagea a payer une forte pension au couvent. On ignore fon nom & fa patrie, quoiqu'à fon accent on foupçonne qu'il est S1cilien. Il fait des aumones très-considérables, & se fait appeller Frere Célestin. En pattant, , il il y a quelque tems, fur le foir, vers Poggio-Reale, il fut ataqué & `très-dangereusement bleffé. Se croyant proche de fa fin, il a fait son testament, & l'on a compté de sa part aux religieux du couvent 400 ducats, dans l'intention de leur faire dire après sa mort des messes pour le repos de fon ame. Frere Célestin s'est rétabli peu-a-peu; & après avoir repris fos forces, il a redemandé aux religieux ses 400 ducats, qu'ils refusent de lui rendre, en foutenant que les meties ont été célébrées pour demander son ret bliffement. Frere Célestin ayant infifté, les cordeliers ont renfermé leur bienfaiteur dans une cellule érci gnée, où on lui a fait éprouver toutes fortes de mauvais traitemens. La voix de la renommée a bientôt publié & exagéré ce qurvenit de te paijer. Dom Gennaro Pallante chef de la justice, s'est rendu au couvent, s'est fait ouvrir la cellule du prifonnier, & a voulu en sçavoir le noms il n'en a reçu d'autre réponte que celle Si j'ai fait quelque faute, on peut me punir fans avoir besoin d'apprendre qui je fuis. i je n'ai fait aucun mal, la juftive n'a que faire de joavoir mon nom; le monde est ma patrie, elle meft commune avec tous les hommes; je fuis Coj TRO polite, & n'ai rien a me reprocher. Cet homme B C1: fingulier poffede beaucoup d'effets précieux; il a des lettres de crédit pour des sommes à volonté; il paie richement sa pension; & depuis fon démêlé avec le voleur & les cordeliers, il reçoit tous les jours des visites des personnes les plus considérées de la ville. VENISE (le 28 Février.) L'église de l'abbaye de St. Grégoire vient d'être érigée par le sénat en paroiffe. Il a été afsigné 250 ducats au curé, 80 au vicaire, 60 au diacre, & 30 au sous-diacre. On croit que le différend qui s'est élevé entre cette république & la cour de Rome, n'aura point de fuites, & que le pape ne tardera pas à faire expédier les builes de notre patriarche; elles ne coment que 14 mille ducats. Depuis quelque tems la tranquillité publique eft troublée par des jeunes gens qui infultent les paffans, & furtout les femmes masquées. Une domeftique se voyant poursuivie, dans les derniers jours du carnaval, par ces vagabonds, se réfugia dans un café, où ils la suivirent. Comme le maitre & les garçons se trouvoient alors éloignés, cette fille n'espérant plus d'autre secours que fon courage, s'arma de fes ciseaux, & fit, au plus audacieux une blessure dont il est mort quelques jours après. GENES (le 28 Février.) Les fonds provenant de la vente des biens des ex-jéfuites de cette république, ne se trouvant pas fuffifans pour leur entretien, la députation chargée de leurs affaires, a diminué la pension des prêtres de 50 livres, & celle des freres coadjuteurs de 100 liv. par an. Le vice-amiral Mann, dont on a annoncé le départ, avant que de faire voile pour Mahon fait pendre le cuifinier de fon vaisseau, qui a |