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de la derniere probabilité que le défunt étoit mort d'une fievre inflammatoire, qui avoit été mal traitée, S. A. S. E. a ordonné l'élargiffement provifoire des accufés, & ils ont été en confé→ quence mis en liberté le 24 du mois dernier.

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DEUX-PONTS (le 12 Mars.) Madame la ducheffe des Deux-Ponts, notre fouveraine, accoucha, le 2 de ce mois, à 8 heures du foir d'un prince, qui a été baptifé fous les noms de Charles-Augufte-Fréderic. Il a eu pour parrein l'électeur palatin, représenté par le baron d'Obendorf, miniftre d'état & des conférences de S. A. S. E., & chevalier de l'ordre du lion palatin. Les cérémonies du baptême ont été faites par M. de Salabert, abbé commandataire de l'abbaye de Tholey, en préfence de toute la cour, de l'électrice douairiere de Saxe & de M. de Ste. Foy, miniftre-plénipotentiaire de France. On fe difpofe à célébrer par des fêtes cet heureux événement, qui comble les vœux des auguftes époux & de tous leurs fujets.

RATISBONNE ( le 6 Mars.) L'envoyé directorial d'Autriche ayant repliqué à la déclaration qui lui avoit été faite par l'envoyé électoral de Brandebourg de la part du corps évangélique, relativement à l'état de religion des colleges des comtes en Franconie & en Weftphalie, que cette affaire n'étoit pas un objet pour agir de corps à corps entre les états de l'empire, vu qu'elle n'intéreffoit que les comtes de ces deux colleges en particulier, la caufe de-, voit être décidée par S. M. I., felon la difpofition des loix de l'empire; on vient d'apprendre par des avis de Vienne, que les membres catholiques avoient déjà préfenté au confeil aulique une requête, accompagnée d'un mémoire pour

juftifier leur demande d'être mis alternativement avec les membres proteftans de ces colleges dans l'exercice de leur droit de fuffrage à la diete & aux députations de l'empire. Comme il y a apparence que le cenfeil aulique prononcera dans cette caule, il refte à fçavoir fi les états proteflans, furtout L. M. Britan, & Pruf., qui font mcmbres du college des comtes en Weftphalie, y donneront leur confentement.

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VIENNE (le 1 Mars.) On vient de publier aux prônes un édit de L. M. I. qui fait défenfes à qui que ce foit, & furtout aux perfonnes du fexe, de paraitre dans les églifes avec des parures affectées & indécentes au nombre defquelles on comprend les coëffures & frifures d'une coudée de hauteur, chargées de plumes, de rubans & de pompons, crnemens puériles & ridicules, & totalement oppofés à l'efprit de recueillement & de modeftie, & qui contribuent à diftraire les vrais chrétiens. Le même édit autorife ceux qui font chargés de maintenir le bon ordre dans les églifes, d'admonefter & de nommer hautement dans ces lieux faints, toutes les perfonnes qui y cauferont le moindre fcandale.

L'activité avec laquelle on travaille au grand pont du Danube, qui, comme on l'a dit, a été, en grande partie, emporté par les glaces, fait efpérer qu'il fera bientôt réparé. Ce rétabliffement eft d'autant plus intéreffant, que les communications for: interrompues entre cette captale, une partie de l'Autriche, de la Moravie & de la Bohême.

Suivant les derniers avis de Turquie, cet empire vient de faire une grande perte dans la perfonne de Haffan pacha, capitan pacha ou grand amiral. On affure qu'il a été empoisonné par les peuples qu'il eft parvenu à faire rentrer sous l'o

mœurs,

béiffance de la Porte ;; fa maladie offroit tous les fymptômes propres à confirmer ce foupçon, Il paroît ici chez le noble de Trattnern, libraire, un ouvrage intitulé: La liberté de penfer & d'écrire, dédié à S. M. l'impératrice-reine; il forme deux volumes in-8°. On a publié à ce fujet l'avis fuivant. L'auteur ne fe flatte point de n'avoir rien laiffé à defirer fur la liberté de penfer & d'écrire, matiere fi intéreffante pour les la religion & le gouvernement. Il prie fes lecteurs de vouloir bien lui communiquer, foit par la voie des journaux, foit à l'adreffe du Sr. Graffer, libraire à Vienne, leurs obfervations, & les raifons qu'ils croient pouvoir favorifer encore ces fyftemes abfurdes & deftructifs, le matérialisme & le déifme. L'auteur les recevra avec reconnoiffance, & les employera dans un fupplément ou une nouvelle édition. Il feroit bien à defirer que les vrais philofophes, que les fages, que les gens de lettres amis de l'humanité, voulussent réunir leurs lumieres les forces du génie pour décrier comme une fauffe monnoie, ces ouvrages modernes où l'on s'efforce de rechauffer ces malheureux fyfte

mes

, pour les proferire comme une denrée corrompue, qu'on expofe en vente au marché & qui répand parmi les citoyens les germes de la

mort.

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ITALIE.

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ROME (le Mars.) L'anniverfaire du couronnement du pape tombant cette année le mercredi des cendres, & l'ufage étant de distribucr la veille, de l'argent aux pauvres, on a anticipé cette diftribution, qui fe fit le 16 du mois dernier, à plufieurs milliers d'hommes, de femmes & d'enfans, qui ont reçu, chacun, 5 bajoques.

Le 23, l'ambaffadeur de Venife eut une audience particuliere du pape. On dit que ce mi

niftre a fait obferver à S. S. que le décret qui attribue le droit de patronat à des familles vénitiennes, n'a pas été promulgué, parce que le nombre des fuffrages n'étoit pas fuffifant pour en ordonner la publication.

Le comte Giraud, frere du cardinal, a acheté par ordre du pape, un grouppe de grand prix repréfentant Bacchus appuyé fur un faune. II fera placé dans le mufeum clémentin.

L'impératrice - reine, connoiffant le goût du cardinal Zelada, qui forme une collection de médailles antiques & modernes, lui a envoyé trois grandes médailles d'or, dont l'une représente cette augufte fouveraine, la 2e. François I, fon époux de glorieufe mémoire, & la 3e. l'empereur régnant: S. M. Imp. a accompagné ce préfent d'une lettre très-obligeante.

Le duc de Glocefter a fait baptifer dans fon palais le prince dont la ducheffe fon époufe eft accouchée. Cette cérémonie a été précédée d'un grand repas, auquel S. A. R. avoit invité toute la nobleffe angloife qui fe trouve ici.

Le vaiffeau du pape le St. Charles, comman→ dé par le chevalier Manciforte, doit fortir inceffamment du port de Civita-Vecchia pour aller en courfe contre les Barbarefques.

On fçait que S. M. pruffienne avoit fait des inftances auprès du St. fiege fur l'affaire des jéfuites; le pape avoit répondu qu'il ne pouvoit fe prêter à fes defirs. Le roi, en conféquence, a fait préfenter par fon agent ici, une replique dont voici la fubftance:

S. M. pruffienne entre d'abord dans les circonftances où fe trouve le St. pere. Mais comme elle ne peut abandonner les vues qu'elle s'eft propofées, elle croit à pro-* pos d'en faire voir la juftice, en s'expliquant mieux fur les rapports de la cour de Rome, fur le but de fa demande, & fur les moyens de l'accorder; ces détails montreront que ne voulant point renoncer à fes intérêts per

:

fonnels, elle veut encore les combiner avec ceux du pape. Le roi n'a jamais prétendu & ne prétend point rompre ni même porter atteinte aux rapports qui établissent l'harmonie entre les cours catholiques & celle de Rome; il reconnoit la juftice de ces rapports, & il les refpecte; & dans le cas où fa demande les léferoit, il fe flatte que le fouverain pontife lui indiquerales points précis qui s'oppofent à un arrangement qu'il ne veut accepter qu'autant qu'il fatisfera tois les partis. Ce feroit ici l'occafion de venir à une difcuffion paifible, dans laquelle S. M. mettroit de fon côté toute la déférence & la délicateffe poffibles; mais elle efpere qu'une expofition plus claire de fa demande, quant au but, & quant aux moyens, rendra cette difcuffion inutile. Que le St. pere fçache donc & fo.tauré que S. M., dans l'exiftence des jéfuites dans fes états, de la maniere qu'elle l'entend, ne fe propose point l'exiftence de la fociété, mais des fins dont elle e veut point fe départir. L'objet le plas férieux & le plus important d'un fouverain a toujours été, & fera toujours l'éducation publique, qui prépare feule, les efprits à l'obfervation des loix dans un état tel que la Pruffe, où il y a tant de fectes & de religions différentes, l'éducation doit être variée. Ce n'eft pas un objet peu important que la direction d'un million & demi & plus de fujets catholiques qui fe trouvent dans les états prulliens. Cela pofé, la fociété n'exiftant plus, S. M. ne veut pas que les fonctions qu'elle rempliffoit, n'exiftent plus. Ces fonations confiftoient à élever la jeuneffe dans la religion & les fciences, à maintenir l'étude de la théologie catholique; ce font les feules fonctions que S. M. vent qu'il continuent à remplir; il eft tellement vrai qu'elle ne fe propofe rien autre chofe; qu'elle a déjà déclaré qu'elle étoit très-indifférente fur le jéfuitifme; qu'on en change en conféquence, comme on voudra, le nom, l'habit, les vœux, les regles intérieures ; mais qu'on en laisse fubfifter les fonctions; tel eft le but, tels font les moyens. De cette maniere on évite l'obje&ion par laquelle on ne veut point que les jéfuites exiftent en corps. S. M. vonlant établir fur des fondemens folides l'éducation publique, a fenti la néceffité de pourvoir facilement à remplacer les inflituteurs; le moyen le plus für eft d'avoir un féminaire d'hommes deftinés à inftruire; en étudiant les fciences, on apprend à les enfeigner. Il ne feroit pas aifé de remplacer dans le moment un homme habile, en en choififant un parmi des citoyens qu'on enleveroit sout-à-coup à la vie civile, où il a contraé des habitudes

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