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Quelques papiers publics, après avoir annonce le fupplice de 8 vieilles femmes condamnées comme forcieres dans la Grande-Pologne, toient retractés, de forte qu'on doutoit de cette exécution. Ce doute a paru injurieux à quelque Polonois zélé, qui a écrit, à cette occafion, une lettre très-finguliere, dont voici la traduc

tion.

On ne fçauroit trop s'étonner que quelques prétendus efprits-forts aient ofé révoquer en doute le fupplice de huit femmes brûlées fous nos yeux, pour crime de forcellerie. Le doute qu'on a voulu jetter fur cette histoire, eft l'effet de la malice & de la calomnie avec laquelle les foi-difans philofophes ofent attaquer les opinions reçues. Le village où s'eft fait cette exécution, fe nomme Dcruchow, diftant de Kalifch de 4 milles, fur le chemin de Wieruszow, dans la ftaroftie de Grabow. Le nom du poffeffeur de ce village eft Korzewshi; c'eft la justice de Grabow qui a prononcé cette fentence mémorable, qui a été exécutée après le grand carême. Les forcieres ont eu l'audace, étant déja fur le bucher, de protefter de leur innocence devant le clergé & la juftice; elles ont expiré dans les flammes, & cela doit un peu confondre les incrédules & les autres ennemis de la religion.

Une autre lettre de Kalisch, écrite d'un ftyle bien différent, confirme cette abomination en ces

termes :

L'exécution de huit malheureufes vidimes innocentes du fanatisme, a mis le fceau à la barbarie la plus atroce. Quelques perfonnes puiffantes en ont eu honte, & ont fait retirer du greffe les pieces de ce procès abominable; mais pour la honte de l'humanité, la fentence a été prononcée, & les vidimes ont été immolées par la cruauté & Pignorance, qui marchent toujours enfemble.

Tandis que les ténebres couvrent encore une

partie de la Pologne, des traits de lumiere percent de toutes parts dans le vafte empire de Ruffie. Le nouveau code de loix y eft promulgué, & ce monument de fageffe & d'humanité fournit à un jeune ruffe les réflexions fuivantes, dans une lettre adreffée au recteur du nouveau college de Kiow. Dans le nouveau code de loix, on remarque que Cathérine II a employé les talens & le jugement de tous fes fujets, nobles & payfans. Les uns, comme les autres,participeront à leur adminiftration, & cette efpece de démocratie favorable à la puiffance fouveraine, attachera tous les états à la confervation de l'empire, dont les moindres fujets fe regarderont comme membres effentiels; les diftrids des jurifdictions ont peu d'étendue, & ces petits corps ne feront jamais ombrage; parce qu'affez puissans pour faire exécuter les loix, il ne le feront pas affez pour résister à l'autorité.

BERLIN (le 20 Mars) Le roi a nommé miniftre actuel du confeil privé d'état le comte de Scholenbourg, & S. M. a élevé en même tems au rang de comte le baron Antoine-François de Wedel, fon chambellan, & confeiller intime de guerre.

Des lettres-patentes du roi, datées du 9 du mois dernier, portent prolongation jufqu'au Ier. Janvier 1796, de l'octroi accordé à la compagnie de commerce maritime, établie en 1772.

Le départ du prince Henri de Pruffe pour Pétersbourg eft décidé, & paroit fixé au 20 de ce mois: ce voyage donne matiere à bien des conjectures. S. A. R., qui dirigera fa route par te couvent d'Oliva & Koenigsberg, fera accompa gnée du lieutenant-général comte de Hordt, à qui elle vient de faire préfent d'une épée à poignée d'or.

Avril, e. quinz. 1976.

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Les reftes de la fociété des jéfuites qui s'étoient confervés dons les états de S. M., y ont enfin fubi le même fort que dans les autres pays foumis au St. fiege. Voici comme on rapporte les circonftances de leur fuppreffion dans le duché de Siléfie.

Le fuffragant de Breslau avoir envoyé au prieur de Sprottau des lettres commifforiales, pour exécuter cette fuppreffion; & le prieur du couvent des auguftins lui avoit été donné pour adjoint dans cette committion: ils fe rendirent, en conféquence, le 19 du mois dernier, à 8 heures du matin, à l'églife des jéfuites, fuivis de tous les membres de la fociété éteinte. Après la meife, le prieur de Sprottau fit un discours dans lequel il expofa tous les avantages que la compagnie avoit procurés jufqu'à-préfent à la religion; cependant, il conclut cet Eloge funebre par déclarer que, malgré tous fes mérites, il alloit procéder à fon entiere extinction: pour en faire foi, il fit la lecture des lettres commifforiales de l'évêque de Breslau, qui portoient abolition pleniere de l'inftitur, enjoignant à fes membres de ne fe confidérer dorénavant que comme prêtres feculiers; entin, après avor exhorté les ex-religieux à obéir au roi & à l'évêque, il finit fa commiffion par leur ôter la jurisdiction fpirituelle, & les pouvoirs de prêcher, d'entendre la confeffion, & d'adminiftrer les facremens. Infrait de fou fort & de celui de fes compagnons, le pere recteur remit au commiffaire les clefs de l'églife; mais elles lui furent rendues fur le champ : la cérémonie fe termina rar la promeffe ufitée qu'il fit d'obédience à l'ordinaire: l'après-midi, le prieur fe fit rendre compte de l'adminiration de la maifun.

Le matin fuvant, à 8 heures, il y eut une feconde aflemblée, à laquelle les ex-jéfuites parurent déjà dans T'habit féculier: cette affemblée n'avoit pour objet que de les rétablir dans la jurifdiction fpirituelle, qui leur fut effectivement rendue. Quelques jours après, il arriva de Glogau à Sagan un confeiller du roi, accompagné; de deux autres officiers, chargés de fe faifir de tous les -biens qui y avoient appartenu à la fociété, & d'en dresfer inventaire ; ils fe rendirent pour cet effet au colle. ge, où le pere redeur les reçut. Après avoir pris des notes exactes de toutes les poffeffions de l'inftitut, ils formerent un projet pour affurer à chaque individu du cidevant ordre une penfion convenable fur les revenus de

ees biens. La chambre des guerres & des domaines de Glogau leur avoit déjà fait connoitre les intentions de 5. M. à ce fujet, dans le refcrit qu'elle leur avoit adreffé touchant leur fuppreffion: on les y affure de la protection du roi, quant à leurs affaires fpirituelles; mais, pour ce qui eft du temporel, on les avertit qu'on prendra poffefhon de leurs biens, de la part de S. M., pour mieux pour voir à leur entretien.

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On évalue les poffeffions immeubles des jéfuites du duché de Siléfie à 600 mille dahlers, fur lefquels il faut déduire les dettes, qui ne font pas confidérables. Le nombre de ces fex-religieux dans toute cette province eft de 122, y comprenant ceux qui n'ont pas fait de vœux, & qui peuvent rentrer dans le monde. Leur uniforme actuel eft un habit noir avec revers & collets blancs, tel que les aumôniers des troupes du roi ont coûtume de le porter. Toutes les lettres de Siléfie s'accordent à dire qu'ils ont fubi leur fuppreffion avec la plus grande réfigna

tion.

Suivant les calculs du célebre Bufching, la ferme du tabac rapporte aujourd'hui autant que toute la province d'Ukermark. On n'a pas encore calculé combien elle détruifoit de revenus pour former celui-là. l'hiftoire curieufe de la fortune du tabac eft, pour la finance, un grand trait de lumiere, qui lui démontre le penchant du peuple à fuppofer dans les chofes l'importance qu'on paroit y attacher, & l'existence d'un talent fupérieur pour l'engager dans des habitudes, & l'affervir à des befoins. Il ne feroit point étonnant que, fi dans quelqu'état on mettoit l'ellébore en ferme, l'Europe entiere devint en un demi-fiecle paffionnée pour l'ellébore.

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DRESDE (le Mars.) L'électeur, notre fouverain, vient de faire publier une amniftie géné

rale, datée du 22 du mois dernier, en faveur des dfforteurs de fes troupes qui auront rejoint leurs corps refpeclifs avant la fin de cette année. Ceux qui déferteroient actuellement, ne jouiroient point de cette grace, quand bien même ils feroient rentrés dans l'électorat avant l'expiration du terme fixé. Cette ordonnance prononce la confifcation des biens des foldats qui ne reviendront pas dans leur patrie pour y fervir, & les déclare déchus de tout héritage.

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Le comte de Bethufi étant mort, le 1er. Juillet dernier, à fa terre de Sée, fa veuve, fon fils & le colonel de Chavannes, fon coufin germain, foupçonnés de l'avoir empoisonné, furent conduits dans les prifons de Budiffin, ville de cet électorat. La veuve ayant recouru à la protection de l'électeur, en proteftant de fon innocence & de celle de fes co-accufés; il ordonna qu'on les fit jouir, dans leur détention, de toutes les douceurs dont une prifon eft fufceptible; qu'on fuivit la procédure fans aucun délai, que M. de Villas, frere de la comteffe, & M. de Vieuffeux, fon oncle, qui étoient accourus en Saxeę à la premiere nouvelle de cet événement, euffent la permiffion de les voir & de les entretenir en préfénce d'un actuaire juré, auffi fouvent qu'ils le defireroient, & de leur donner un défenfeur. Celui-ci recourut encore à l'autorité de S. A. S. E., pour que le prétendu arfenic, trouvé dans l'eftomac du défunt, fût éprouvé par le college électoral de fanté de Drefde, & que les actes concernant la maladie, les circonftances de la mort, les deux ouvertures du cadavre, fuffent examinés, pour déterminer fi le défunt étoit mort de poifon ou de mort naturelle. L'électeur l'accorda, & le college ayant prononcé que la poudre en queftion n'étoit point de l'arfenic ni aucune autre forte de poifon, & qu'il étoit

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