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nions. Il y a déjà longtems que cette société existe sous le nom de Confiftorium provinciale diffidentium utriufque confeffionis majoris Polonia. Ce qu'il y a de vrai, c'est que les autres communions qui different plus ou moins, se rapprochent insensiblement, & que le consistoire provincial les admet, sans exiger qu'ils changent rien à leur croyance.

ALLEMAGNE.

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HAMBOURG (le و Mars. ( Les troupes hefsoises, dont la marche avoit été suspendue, & qui avoient même retrogradé pour venir prendre des cantonnemens autour de Caffel, se sont remises en mouvement. La premiere division commandée par le lieutenant-général de Heister a dú passer à Hanovre le 5 de ce mois; la seconde division, aux ordres du général Knipshausen, est prête à s'ébranler pour prendre la même route. Ces troupes, après avoir même paffé le Weser le 24 à Nyenbourg, s'embarqueront à Bremen - Loe. Celles de Brunswick ont déjà atteint les frontieres de Lunebourg & de Bremen, & marchent, dit-on, avec tant de bonne volonté, qu'il n'en est pas déserté un seul homme; elles s'embarqueront à Stade. Le régiment que le prince héréditaire de HeffeCaffel, comte de Hanau, donne à l'Angleterre, se mettra en marche le 16 de ce mois; il defcendra le Rhin jusqu'à Nimegue, d'où il se rendra à Wislemstadt en Hollande. Quel que foit le lieu de l'embarquement de toutes ces troupes allemandes, leur rendez-vous général est

la hauteur de l'Irlande, d'où elles continueront leur route vers l'Amérique, sous l'escorte de 30 vaisseaux de guerre. Les nouvelles varient Lur leur destination. On dit que la moitié des Hessois ira droit à Boston; que le reste se rendra en Canada, ainsi que le régiment du comte de Hanau, & que les Brunswickois pafferont dans la Virginie.

Une déclaration du landgrave de Hesse-Cafsel invite les chasseurs étrangers qui feront munis de certificats, & pourront faire preuve de leur adresse, à prendre parti dans la seconde compagnie des chaffeurs de campagne. On promet à chaque chasseur, du moment où il fera enrôlé, la solde allemande de 3 rixdalers par mois, & celle de 6 rixdalers aussitôt que cette troupe se mettra en marche pour l'Angleterre.

Suivant les lettres de Brunswick, à la fin de 1775, il se trouvoit dans la maison de travail de cette ville 809 personnes occupées à la filatu✓ re du lin & de la laine, & autres ouvrages. Elle emploie aussi 300 enfans, qu'elle paie à proportion de l'utilité qu'elle en retire & de leurs besoins: elle en a fait instruire 600 autres dans la maison des orphelins. Ses secours gratuits ont nourri & vêtu 700 personnes âgées ou infirmes. Enfin, elle a procuré de l'ouvrage à ceux qui ont voulu travailler chez eux. On commence à s'appercevoir que cette maniere d'exercer la charité est la plus religieuse, la plus patriotique, la plus propre à extirper la mendicité; la plus religieufe; parce qu'en obligeant les hommes à remplir leur destination laborieuse, elle prévient l'oisiveté, fource de tous les vices; la plus patriotique; parce qu'elle rend les hommes utiles & meilleurs, & qu'elle donne de la valeur aux productions; la plus propre à extirper la mendicité; parce que le travail peut seul procurer des ressources, quand elles manquent. En deux mots, le travail honore dieu fert l'état, multiplie les moyens. Il ne s'agit pius que d'examiner quel est le genre de travail qui mérite la préférence.

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Quelques papiers publics, après avoir annoncé le fupplice de 8 vieilles femmes condamnées, comme forcieres dans la Grande-Pologne, s'étoient retractés, de forte qu'on doutoit de cette exécution. Ce doute a paru injurieux à quelque Polonois zélé, qui a écrit, à cette occafion, une lettre très-finguliere, dont voici la traduction.

On ne sçauroit trop s'étonner que quelques prétendus efprits-forts aient ofé révoquer en doute le fupplice de huit femmes brûlées sous nos yeux, pour crime de forcellerie. Le doute qu'on a voulu jetter fur cette histoire, est l'effet de la malice & de la calomnie avec laquelle les foi-difans philoSophes ofent attaquer les opinions reçues. Le village où s'est fait cette exécution, se nomme Dcruchow, diftant de Kalisch de 4 milles, fur le chemin de Wieruszow, dans la starostie de Grabow. Le nom du posssesseur de ce village est Korzewshi; c'est la justice de Grabow qui a prononcé cette sentence mémorable, qui a été exécutée après le grand carême. Les forcieres ont eu l'audace, étant déja fur le bûcher, de protester de leur innocence devant le clergé & la justice; elles ont expiré dans les flammes, & cela doit un peu confondre les incrédules & les autres ennemis de la religion.

Une autre lettre de Kalisch, écrite d'un style bien différent, confirme cette abomination en ces

termes :

L'exécution de huit malheureuses victimes innocentes du fanatisme, a mis le sceau à la barbarie la plus atroce. Quelques personnes puissantes en ont eu honte, & ont fait retirer du greffe les pieces de ce procès abominable; mais pour la honte de l'humanité, la fentence a été prononcée, & les victimes ont été immolées par la cruauté & Vignorance, qui marchent toujours ensemble.

Tandis que les ténebres couvrent encore une

partie de la Pologne, des traits de lumiere percent de toutes parts dans le vaste empire de Ruffie. Le nouveau code de loix y est promulgué, & ce monument de sagesse & d'humanité fournit à un jeune russe les réflexions suivantes, dans une lettre adressée au recteur du nouveau college de Kiow. Dans le nouveau code de loix, on remarque que Catherine II a employé les talens & le jugement de tous ses sujets, nobles & paysans. Les uns, comme les autres, participeront à leur administration, & cette espece de démocratie favoοrable à la puissance fouveraine, attachera tous les états à la confervation de l'empire, dont les moindres sujets se regarderont comme membres effentiels; les districts des jurisdictions ont peu d'étendue, & ces petits corps ne feront jamais ombrage, parce qu'assez puissans pour faire exécuter les loix, il ne le feront pas affez pour résister à l'autorité.

BERLIN (le 10 Mars) Le roi a nommé ministre actuel du conseil privé d'état le comte de Scholenbourg, & S. M. a élevé en même tems au rang de comte le baron Antoine-François de Wedel, son chambellan, & conseiller intime de guerre.

Des lettres-patentes du roi, datées du 9 du mois dernier, portent prolongation jusqu'au Ier. Janvier 1796, de l'octroi accordé à la compagnie de commerce maritime, établie en 1772.

Le départ du prince Henri de Prufse pour Pétersbourg est décidé, & paroit fixé au 20 de ce mois: ce voyage donne matiere à bien des conjectures. S. A. R., qui dirigera fa route par le couvent d'Oliva & Kœnigsberg, fera accompagnée du lieutenant-général comte de Hordt, à qui efle vient de faire présent d'une épée à poignée d'or.

Avril, re. quinz. 1976.

B

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Les restes de la société des jéfuites qui s'étoient conservés dons les états de S. M., y ont enfin subi le même fort que dans les autres pays foumis au St. fiege. Voici comme on rapporte les circonstances de leur suppression dans le duché de Siléfie.

Le fuffragant de Breslau avoit envoyé au prieur de Sprottau des lettres commifforiales , pour exécuter cette fuppreffion; & le prieur du couvent des augufuns lui avoit été donné pour adjoint dans cette commiffion: ils se rendirent, en conféquence, le 19 du mois dernier, à 8 heures du matin, à l'église des jésuites, fuivis de tous les membres de la société éteinte. Après la meife, le prieur de Sprottau fit un difcours dans lequel il exposa tous les avantages que la compagnie avoit procurés jusqu'à-présent à la religion; cependant, il conclat cet éloge funebre par déclarer que, malgré tous ses mérites, il alloit procéder à fon entiere extinction: pour en faire foi, il fit la lecture des lettres commifforiales de l'évêque de Breslau, qui portoient abolition pleniere de. l'inftitur, enjoignant à fes membres de ne se considérer dorénavant que comme prêtres seculiers; entin après avor exhorté les ex-religieux à obéir au roi & à l'évêque, il finit sa commiffion par leur Oter la jurifdi&ion 1pirituelle, & les pouvoirs de prêcher, d'entendre la confeffion, & d'adminiftrer les facremens. Infirait de fon fort & de celui de ses compagnons, le pere redeur remit au commiffaire les clefs de l'églife; mais elles lui farent rendues fur le champ: la cérémonie se termina par la promeffe ufitée qu'il fit d'obédience à l'ordinaire : l'après-midi, le prieur se fit rendre compte de l'adminißration de la maison.

Le matin suivant, à 8 heures, il y eut une feconde affomblée, à laquelle les ex-jéfuntes parurent déjà dans Thabit féculier: cette affemblée n'avoit pour objet que de les rétablir dans la jurisdiction spirituelle, qui leur fut effectivement rendue. Quelques jours après, il arriva de Glogau à Sagan un confeiller du roi, accompagné de deux autres officiers, chargés de se saisir de tous les biens qui y avoient appartenu à la fociété, & d'en dreffor inventaire; ils se rendirent pour cet effet au colle. ge, où le pere reddeur les reçut. Après avoir pris des notes exactes de toutes les poffeffions de l'institut, ils formerent un projet pour affurer à chaque individu du cidevant ordre une penfion convenable fur les revenus de

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