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cause tant d'insomnies, tentez enfin de les résoudre chrétiennement; il en est temps encore: marchez à notre tête A LA CROISADE.

Et vous surtout, victimes d'un ordre social faussé par le matérialisme et qui n'avez pas place au banquet de la civilisation, vous qui ne pouvez nous apporter que l'assistance de vos prières; c'est par elles que vous aussi, pauvres indigens, vous pouvez prendre parti dans LA

CROISADE.

Les âmes aimantes et pures, fatiguées d'être en contact perpétuel avec l'égoïsme et l'immoralité, trouveront dans la tribu chrétienne un lieu de rafraîchissement et de repos, comme au moyen âge les cœurs tendres et doux, qu'affectaient douloureusement les scènes de carnage et la vie du champ de bataille, trouvaient un asile dans la paix du cloître; car si le corps, harassé par une journée de pénible labeur ou de plaisirs bruyans, éprouve le besoin de son lit matériel, de même aussi l'âme contristée par la violence et le mensonge, ou lasse d'avoir pris part à leur

orgie, désire ardemment son lit spirituel, la religion. Or, comme ce monde visible n'est que la manifestation du monde invisible, le lit spirituel de l'homme a dû être composé d'élémens analogues à ceux de son lit matériel : il a en effet pour matelas la foi, pour oreiller l'espérance, pour couverture la charité; l'humilité est son châlit, l'esprit intérieur et le recueillement sont ses rideaux; enfin il a pour draps, bien blancs et bien fins apprêtés par Marie ellemême, la pureté des mœurs.

Cet exposé, trop long peut-être pour un sommaire, mais quasi nul comme traité ex professo, doit suffire pour rallier quelques personnes pieuses, dans le but que nous venons de faire connaître. Il ne nous appartient en aucune façon de dicter les statuts d'une association qui n'existe encore qu'en projet : ceux-ci devront nécessairement être soumis à la discussion des premières personnes qui enverront leur adhésion à l'Université catholique, ou à l'œuvre de saint Vincent de Paul. Toutefois, les bases fixées dès à présent seront indiquées ci-après.

La fondation de la tribu chrétienne est placée sous la protection de la bienheureuse vierge Marie, et recommandée aux prières des fidèles.

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EXPOSÉ ANALYTIQUE

DE LA

THEORIE SOCIÉTAIRE DE CH. FOURIER (1).

<< La religion est l'aromate qui

« empêche la science de se cor<<< rompre. »

BACON.

Il est absolument impossible au spiritualiste chrétien d'envisager les relations sociales d'un point de vue purement dynamique, et la fable païenne, quand elle nous peint les murs de Thèbes s'élevant aux sons de la lyre d'Amphion, nous semble plus vraie que toute la dialectique du Contrat social. L'œuvre d'harmonisation doit être, en effet, avant tout une poésie qui déborde du cœur; et s'il est une chose faite pour étonner, c'est la foi qu'ont la plupart des hommes d'aujour

(1) Cette analyse est extraite des numéros de février et mars 1841 de l'Université catholique.

d'hui dans la portée du raisonnement abstrait, nonobstant la multitude de conséquences fausses où il les a toujours entraînés, quand ils l'ont pris pour guide, à l'exclusion du sentiment religieux.

Dès le commencement de cet ouvrage, en parlant des deux différens écueils sur lesquels la science sociale est allée s'échouer, nous avons dénoncé l'erreur fondamentale des Phalanstériens qui prétendent déduire l'organisation de la société d'une série de formules mathématiques, sans recourir à la religion chrétienne, et en repoussant ses dogmes et sa morale. Cependant nous nous sommes bien gardé de nous jeter dans l'erreur opposée, en supposant que l'on dût prendre la morale du Christianisme pour base unique de l'ordre social; nous avons fait entendre, au contraire, qu'il en est de l'harmonie sociale comme de l'harmonie musicale. Les divers instrumens qui servent à produire celle-ci doivent sanscontredit être bien accordés; mais il faut de plus que ceux qui en jouent soient musiciens.

Du reste, nous croyons avoir rendu à Fourier toute la justice qui lui est due en déclarant que, nonobstant les fréquens écarts de son imagination exubérante, il a répandu une lumière aussi éclatante que soudaine sur l'art d'accroître le bien-être matériel des hommes, en les associant. Cependant la Phalange, journal de l'école phalanstérienne, plus blessée de la dissidence radicale qui nous éloigne d'elle que sensible à l'hommage sincère que nous nous sommes empressé de rendre à quelques principes vrais et salutaires, propagés par son maître, a inséré, dans son numéro du 27 septembre dernier, un article critique sur notre Cours d'économie sociale, auquel elle donne des éloges que nous serions très flatté de mériter, et sur lequel elle déverse un blâme que bien certainement nous ne méritons pas. A en croire la Phalange, nous aurions calomnié la doctrine de Fourier; nous dirons toutà l'heure à quelle occasion elle nous fait cette injure. Or une parcille accusation est trop grave pour que nous la laissions

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