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deur plus puiffant que tous les autres doit régler le prix.

Il n'y a point de commerce quand le Gou Vernement fait le commerce.

La Ferme aura toujours le pouvoir de diftribuer le fel à plus bas prix, pendant un temps donné, pour écarter les Commerçans.

Les Commerçans n'entreront jamais en concurrence avec la Ferme, & la Ferme elle-même ne pourra point deviner quel feroit le prix du

Commerce.

Vous réglerez le prix. Etes-vous Commer cans ou Légiflateurs? Par qui ferez-vous inf truits? Par la Ferme, & peut-être auffi les befoins de l'Etat.

par

On croira plus aifément que les demandes de la Ferme font juftes, quand les befoins de l'Etat demanderont l'accroiffement d'un produit qui ne femble pas un impôt.

Laiffons au Commerce à régler le prix du Commerce: il feta fans étude & fans effort ce que ne peuvent pas faire nos plus laborieufes combinaisons. Nous jouirons, fans y penfer, du cours libre de fes achats & de fes ventes, & nous n'aurons rien à craindre de nos erreurs. des fpéculations

Je fais bien qu'avec le temps,

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utiles, telles que celles qui foutenoient jufqu'ici la contrebande, pourroient réparer le tort d'une augmentation arbitraire du prix du fel; mais pourquoi faut-il attendre du temps ce que le Commerce fait d'abord de lui-même fans avoir d'erreurs à craindre & de torts à réparer ?

On vous propofe d'enjoindre à la Ferme d'affurer l'approvifionnement des lieux que le Commerce négligeroit de fournir.

Une injonction vague & fans objet ne peut pas une être loi.

Le Commerce ne négligera point la fourniture des lieux où il n'y aura point d'approvifionnemens. C'est parce que la Ferme fera des approvifionnemens que le Commerce ne fournira rien.

Orez la Ferme croyez-vous qu'on manquera de fel, quand on pourra l'avoir au plus bas prix, quand on en aura besoin pour fa confommation, pour les falaifons de toute espèce, & pour

la nourriture des beftiaux ?

On ne manqueta de fel nulle part, fi la Ferme n'en fournit point. A quoi fert qu'elle foit condamnée à fournir ce qui ne peut pas manquer, ?

Eft-ce qu'on manque de fel en Bretagne & dans l'intérieur des Provinces rédimées, & dans

tous les pays étrangers où il n'y a point de Ferme? On vous propofe de prévenir les renchériffemens confidérables auxquels la variété des combinaisons du commerce pourroit donner lieu.

Il n'en eft pas du fel comme de toutes les autres denrées. C'eft fans travail, fans culture, & fans frais, qu'on le voit fe former fur les côtes ; c'eft une denrée abondante & néceffaire; le commerce en eft facile, le prix modique, & le débit immenfe.

Voyez quelle eft l'activité de la contrebande. Cette contrebande n'est que le commerce“, le même commerce libre aujourd'hui par vos foins, & jufqu'ici repouffé par le privilége.

Voyez comment le tranfport des fels s'eft multiplié de toute part, auffi - tôt que les barrières ont été renversées, & les droits fufpendus.

Craignez-vous que le commerce habituel & journalier ne puiffe pas faire ce qu'a fait l'effor fubit & momentané de la liberté d'un moment? Comment pouvez vous craindre les renchériffemens d'une denrée abondante, qui ne dépend prefque pas des variétés des faifons, & qui fait partie des premiers befoins?

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Vous n'avez point de Ferme pour tout autre genre de commerce; & tout autre genre de com

merce exige bien plus de travaux & de frais que celui du fel.

foir

On craint les inconvéniens de la liberté. Le fel a befoin, dit-on, d'être gardé pendant trois ans. Il a befoin de quelque préparation, pour qu'il ne pas nuifible à la fanté. Combien de denrées ont besoin d'être préparées pour notre consommation! Combien il faut plus de foins & d'opérations pour convertir le bled en farine, & la farine en pain! Combien il eft facile de corrompre les vins & les liqueurs, & quelle eft la denrée propre à notre confommation qui ne foit pas plus fufceptible d'altération, & qui n'ait pas besoin de plus d'apprêts que le fel?

Vous n'avez point de Ferme, pour faire dans tout autre genre de commerce, des approvisionnemens falutaires qui ne nuifent point à la fanté des Citoyens : le fel eft libre par-tour où la Gabelle n'existe pas. On ne s'en plaint pas en Bretagne, & dans les pays redimés qui font le tiers de la France, & dans le pays de quart-Bouillon, où le fel a befoin de plus de préparation.

On dit qu'en Bretagne, le fel eft toujours fain, parce qu'il fe forme dans des marais, & qu'il eft épuré par la manière même dont il fe forme.

C'est une réponse pour une Province. Ce n'en

eft pas une pour toutes celles où la génération du fel n'est pas la fuite de la même opération.

Le fel eft libre dans les pays étrangers, & la fanté du Peuple ne fouffre pas de la liberté du

commerce.

Le fel étoit libre quand la Gabelle n'existoit pas. Elle n'exiftoir pas du temps des Romains, & fous les Empereurs. Le fel fut de temps-entemps foumis à des droits. La vente n'en fut point réfervée.

Le fel étoit libre de tous droits en France jusqu'à Philippe de Valois. Il est dit qu'il encourut la mal-grace des grands & des petits, pour avoir mis une exaction fur le fel. Il étoit libre de tous priviléges, jufqu'à François Ia.

On n'a point éprouvé que le commerce du fel fût nuifible à la fanté des habitans.

Je ferai une feule obfervation :

Il y a vingt ans que le Gouvernement avoit fait une entreprise pour l'approvifionnement des bleds. Il n'y a eu des bleds avariés dans le commerce, que ceux de ces mêmes approvifionne

mens.

Il faut le dire ces trois raifons qui confiftent à veiller à la préparation des marchandises, à rendre les approvifionnemens affurés, à prévenir les

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