Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

mule de serment qui était en usage pour les Eglises de France; il est constant que depuis un grand nombre de siècles, tous les Evêques, dans la cérémonie de leur ordination, ajoutent à leur profession de foi la clause expresse de l'obéissance au Pontife de Rome.

Nous n'ignorons sûrement pas, et nous ne croyons pas devoir dissimuler ce que les partisans de la constitution du clergé opposent à cette doctrine, les objections qu'ils tirent de la lettre de saint Hormisdas à Epiphane, Patriarche de Constantinople, ou plutôt l'abus qu'ils font de cette lettre. On y trouve en effet la preuve de l'usage où étaient les évêques élus d'envoyer des députés avec une lettre et leur profession de foi au Pontife romain, pour lui demander d'être admis à la communion du SaintSiége, et obtenir ainsi l'approbation de leur élection. Epiphane ayant négligé l'observation de ces formalités, saint Hormisdas lui écrivit en ces termes : « Nous avons « été fort surpris de votre négligence à observer l'ancien <«< usage; le rétablissement, par la grâce de Dieu, de l'u

formula viguerit, in qua constat jam ab antiquis temporibus gallicanos episcopos in sua ordinatione ad fidei professionem addidisse expressam suæ erga Romanum Pontificem obedientiæ clausulam.

Atque hic non ignoramus profecto, neque dissimulandum ducimus, quid constitutionis nationalis patroni contra hæc proferunt ex epistola S. Hormisdæ ad Epiphanium patriarcham Constantinopolitanum, seu potius quantopere illa ipsa abutan. tur; quoniam ex eadem constat in more fuisse, ut ab episcopis electis legati, cum litteris et fidei professione, mitterentur ad Romanum Pontificem, a quo postulabant admitti in conjunctionem et in communicationem cum Apostólica Sede, et hunc in modum suæ electionis approbationem obtinerent. Quod cum præstare omisisset Epiphanius, ad ipsum Hormisdam scribens « Mirati, inquit, admodum sumus morem pristinum << fuisse neglectum, quia reparata Ecclesiarum, Deo annuente, « concordia, plenum fraternitatis ac pacis id flagitabat offi

:

[blocks in formation]

Objection

tirée de Hormidas.

Hormisdas mal compris.

« nion dans les Eglises exigeait de vous le plein accomplis-
« sement de ce devoir de paix et de fraternité; ce n'est pas
« d'ailleurs l'orgueil qui l'exige, mais la règle qui le pres-
« crit. Il convenait, très-cher Frère, qu'au commence-
ament de votre pontificat vous eussiez l'attention d'en-
« voyer des députés au Siége Apostolique, pour bien
« connaître l'affection que nous devons vous porter, et
« pour vous conformer exactement à l'ancienne cou-
<< tume. >>

Les adversaires de la Primauté concluent de ce mot,
<< il convenait, » que cette députation n'était qu'une sim-
ple politesse, une cérémonie de surérogation; mais en face
de toute la lettre, en face de ces expressions: « le réta-
«blissement de l'union des Eglises exigeait l'accomplis-
« sement de ce devoir... la règle le prescrit... pour vous
« conformer exactement à l'ancienne coutume, » com-
ment soutenir que ce n'est point par modération que le
Pontife s'est servi de ce terme « il convenait, » et que les
évêques élus n'étaient pas rigoureusement obligés de
demander au pape son approbation?

«< cium, præsertim quod illud sibi non arrogantia personalis,
« sed regularum observantia vindicabat. Decuerat siquidem,
« Frater carissime, te legatos ad Apostolicam Sedem, inter ipsa
<< tui pontificatus initia, destinasse, ut quem tibi debeamus
<< affectum bene cognosceres, et vetustæ consuetudinis formam
a rite compleres1. »

Primatus adversarii ex verbo decuerat illam non nisi urbani-
tatis et, ut ita dicamus, exuberantiæ legationem fuisse con-
tendunt. At ex toto epistolæ contextu, ex illis nempe verbis
<< reparata Ecclesiarum.... concordia..., id flagitabat officium
<< quod... regularum observantia vindicabat..., ut vetustæ con-
<< suetudinis formam rite compleres, » quis jam contendat ob
illud decuerat verbum, pontificia moderatione prolatum, in
electi debito non fuisse ad Pontificem pro consequenda appro-
batione recurrere ?

1 Hormisd. Epist. 71, in collect. Concil. Labbe, tom. I, p. 665.

[ocr errors]

Ce qui achève la réfutation de ce sentiment, c'est une autre lettre pontificale; elle est de saint Léon IX, en réponse à celle que Pierre, évêque d'Antioche, lui avait écrite, pour lui faire part de son élection. Le saint Pon- Témoignage tife lui dit que c'était un « devoir indispensable << devoir indispensable » d'an- de S. Léon IX. noncer et de faire bien connaître l'élection qui venait d'avoir lieu; il ajoute : « L'accomplissement de ce devoir « était souverainement nécessaire et pour vous et pour « l'Eglise confiée à vos soins. Elevé, malgré mon india gnité, au faîte du Trône apostolique pour approuver ce « qui mérite de l'être, et pour condamner ce qui doit être «< condamné, j'approuve de grand cœur, je loue et con<< firme avec plaisir la promotion de votre très-sainte fra« ternité à l'épiscopat, et je prie instamment notre com<< mun Seigneur qu'il vous accorde de mériter à ses yeux « le titre que vous donne déjà le langage des hommes1. » Cette lettre ne nous offre pas la pensée d'un docteur particulier, mais la décision d'un Pontife célèbre par sa sainteté et par ses lumières; elle ne laisse aucun doute

«

Sed prorsus elidit oppositam interpretationem alia pontificia epistola, quæ est S. Leonis IX, ad Petrum episcopum Antiochenum, qui cum S. Pontifici suam denuntiasset ad episcopatum electionem, responsum accepit, « valde necessarium studium << fuisse »> annuntiare et exponere secutam ejus electionem..., et quod << maxime oportebat tibi, et Ecclesiæ cui temporaliter « præsides, non distulisti efficere.... Mea vero humilitas in cul« mine apostolici throni ideo exaltata, ut approbanda appro« bet, improbanda quoque improbet, tuæ sanctissimæ frater«nitatis episcopalem promotionem libens approbat, collaudat, <«<et confirmat, et communem Dominum instanter exorat, ut quod humano ore jam diceris, ante ejus oculos existas1. Epistola hæc, quæ non ex privati doctoris interpretatione, sed ex judicio prodiit Pontificis, sanctitate et doctrina insignis, nullum relinquit dubium super sensu, in quo nos exposuimus

1 Leo. IX. Epist. 5, in collect. Labb., tom. II, pag. 1334.

sur le sens que nous avons donné à la lettre d'Hormisdas, et doit être regardée comme un des monuments les plus authentiques du devoir imposé aux évêques de demander et d'obtenir la confirmation de leur élection par le Pontife Romain. Cette obligation est encore appuyée sur l'autorité du Concile de Trente. Nous avons nous-même entrepris de la soutenir dans notre réponse sur les nonciatures', et plusieurs d'entre vous l'ont défendue par d'illustres et savants écrits 3.

epistolam S. Hormisdæ, ut merito inter illustriora monumenta accensenda sit pro debita ab episcopis petenda, et reportanda a Romano Pontifice confirmatione, quam Tridentini Concilii munit auctoritas1, quamque nos in responsione super nuntiaturis vindicandam suscepimus, pluresque alii ex vobis egregiis, doctisque scriptis propugnarunt".

1 Sess. 23, can. 7, sess. 24, de reformat., cap. I. 2 Cap. VIII, sess. 3, § 55 et 56, p. 211.- - 3 Post transmissam hanc epistolam incidimus in litteras S. Pii V, qui nunquam confirmare voluit electionem Friderici de Veda in archiepiscopum Coloniensem, quia emittere noluerat fidei professionem, juxta formulam a Pio IV approbata, qua præscribitur Romanam Ecclesiam agnoscendam esse omnium Ecclesiarum matrem et magistram, Romanoque Pontifici B. Petri apostolorum principis successori, ac Jesu Christi Vicario veram obedientiam profitendam et jurandam. Et quamvis electus Fridericus declarationem emisisset suæ orthodoxiæ, ac professus esset sanguinem effundere velle pro fide catholica Romana; nihilominus S. Pius, post hortationes monitionesque adhibitas, inultam Friderici pervicaciam diutius pati noluit, ideoque mandavit, ut, vel pareret, vel Ecclesiam dimitteret; unde in angustiis positus Fridericus, maluit Coloniensem cathedram abdicare, quam fidem præscripta forma profiteri, eique ex pontificia beniguitate permissum fuit, ut ultro dignitati potius

[ocr errors]

Depuis l'envoi de ce Bref, nous sommes tombé sur une lettre du saint Pape Pie V, qui persiste à refuser la confirmation de Frédéric de Veda, nommé à l'archevêché de Cologne, et cela, parce qu'il ne voulait pas faire une profession de foi dans les termes de la formule approuvée par Pie IV; or cette formule veut que l'on reconnaisse l'Eglise romaine pour la mère, la maitresse de toutes les Eglises, que l'on promette avec serment une vraie obéissance au Pontife romain, comme successeur de S. Pierre, prince des apôtres, Vicaire de Jésus-Christ. Frédéric, depuis son élection, avait protesté de sa soumission à la foi orthodoxe, s'engageant à verser jusqu'à son sang, s'il le fallait, pour la foi catholique romaine; le saint Pape, néanmoins, voyant ses exhortations, ses avis inutiles, ne laissa pas plus longtemps impunie la résistance de Frédéric; il lui enjoignit, ou d'obéir, ou de se démettre. Dans cette alternative, Frédéric aima mieux renoncer au siége de Cologne, que de prêter le serment dans la forme exigée, et il obtint de l'indulgence du pape, de paraitre avoir fait une cession volontaire de l'épiscopat, plutôt que d'en être déchu par sentence. Les preuves sont dans

Mais, disent les apologistes des décrets de l'Assemblée, la constitution du clergé ne regarde que la discipline; et la discipline a souvent changé suivant les circonstances, elle est encore aujourd'hui susceptible de changement. Nous répondons d'abord que, parmi les décrets on ne s'est pas contenté d'en introduire qui soient relatifs à la discipline, on en a glissé encore qui sont destructifs du dogme et des principes immuables de la foi, comme nous l'avons déjà démontré.

Mais pour ne parler ici que de la discipline, est-il un catholique qui ose soutenir que la discipline ecclésiastique peut être changée par des laïques? Pierre de Marca ne

At ut iidem adversarii nostri tueantur istius conventus decreta, ipsa dicunt ad disciplinam pertinere, quæ cum sæpe pro temporum varietate mutata fuerit, nunc itidem mutari potuit. Verum inter decreta ipsa, non solum disciplinaria, sed et alia non pauca in eversionem puri immutabilisque dogmatis congeruntur, ut hactenus demonstravimus.

Ast ut de disciplina agamus, quis unquam est inter Catholicos, qui affirmet disciplinam ecclesiasticam immutari a laicis

cedere videretur, quam invitus expoliari; ut liquet ex monumentis relatis a Laderchio, ad ann. MDLXVI, num. 55 ad 59 et ad ann. MDLVII, num. 24, Ann. eccles., tom. XXIII.

Hæc addidimus secuti exemplum S. Leonis, qui nonnulla addidit suæ dogmatica epistolæ, ad Flavianum episcopum Constantinopolitanum scriptæ, eaque vobiscum communicanda arbitramur, ne quod Gallici episcopi Ceretius, Salonius, et Veranus desiderarunt, et vos desideretis; hæc enim sunt illorum verba : « Si salutarem lecturis omnibus paginam aliquo studii ves ri accumulastis aug<< mento, id ipsum addi libello huic sollicita pietate jubeatis. » (Inter epist. decret. S. Leonis collect. a Rainaudo. Edit. Paris. 1761, pag. 177.)

les témoignages rapportés par Laderchius, Annal. Ecclés., t. xxm, à l'an 1566, du no 55 à 59, et à l'an 1567, no 24.

Nous avons fait cette addition, à l'exemple de saint Léon dans son Epître dogmatique à Flavien, évèque de Constantinople, et nous avons cru devoir vous la communiquer, pour le cas où vous seriez animé du même désir que témoignaient à ce saint Pape les évêques des Gaules, Cérétius, Salonius et Véran, lorsqu'ils lui écrivaient : Si de nouvelles recherches vous offrent quelque supplément à joindre pour ⚫ l'édification de tous les lecteurs, ordonnez, avec le zèle' ordinaire à votre piété, • qu'on l'ajoute à ce rescrit.» (Dans la collect. des Epitr. Décrct. de S. Léon. par Rainaud. Ed. de Paris, 1761, p. 177.)

4

Autre objection: la discipline

n'est pas invariable.

Le pouvoir laïque n'a aucune autorité sur elle.

« PreviousContinue »