Page images
PDF
EPUB

née à Rome le 8 décembre 1864; j'ai reçu en même temps le résumé des principales erreurs de notre âge et les lettres apostoliques en forme de bref, datées du 20 novembre 1846 et dont Votre Sainteté eu soin de me faire parvenir un exemplaire.

<< Sans doute elle mérite toujours notre confiance et notre soumission la plus entière, cette parole du Christ exprimée par l'organe de son Apôtre : « On croit de cœur pour être « justifié et l'on confesse de bouche pour être sauvé 1. » Mais de quelle consolation, de quelle joie, de quelle admiration n'ai-je pas été rempli lorsqu'au milieu de tant de calamités, d'angoisses et sous la menace des plus graves périls, j'ai entendu l'indéfectible oracle de la vérité s'exprimer avec une solennité aussi imposante, soit pour enseigner tous les fidèles du Christ, soit pour refouler tous les ennemis de la foi catholique, soit pour ouvrir les célestes trésors de l'Eglise ! Ce grand acte de la charge pontificale montre en même temps la sagesse du Docteur et la douce générosité du Père.

« Ainsi donc, vers l'époque anniversaire de la naissance du Sauveur, l'Ange du grand conseil s'est fait entendre du haut du Vatican, aux pasteurs de l'Eglise occupés dans toutes les contrées de veiller sur leurs troupeaux, il a annoncé la grande joie qu'ont éprouvée le clergé et le peuple; il a annoncé que par un nouveau jubilé le Sauveur qui est né, qui a souffert et qui est mort pour nous, offrait et répandait ses grâces les plus abondantes.

« Cette nouvelle nous pénètre tous d'une sainte joie, d'une vive reconnaissance, elle enflamme notre bonne volonté :

ætatis nostræ errores complectente, necnon Litteras Apostolicas in forma brevis xx novembris anno MDCCCXLVI datas, quarum exemplar ut ad me remitteretur Sanctitas vestra diligenter providit.

<< Semper quidem fidelis est et omni acceptione dignus sermo Christi per os Apostolicum loquentis : « Corde creditur ad justitiam, ore autem confessio fit ad salutem. » Majori vero mihi consolationi, gaudio et admirationi fuit indeficiens veritatis oraculum inter tot calamitates angustiasque et extremi periculi minas solemniter intonuisse, tum ad docendos omnes Christi fideles, tum ad redarguendos quoscumque fidei catholicæ hostes, tum ad cœlestes aperiendos Ecclesiæ thesauros, ut sane in tanto pontificii muneris actu simul convenirent mira Doctoris sapientia, et Patris benignissima largitas.

« Itaque circa diem Nativitatis Dominicæ anniversariam, e Vaticano magni consilii Angelus pastoribus Ecclesiæ in omni religione vigilantibus evangelizavit gaudium magnum, quod fuit omni clero populoque Salvatoris scilicet pro nobis nati, passi et mortui uberrimas indicto jubilæo offerri et concedi gratias. « Qua igitur lætitia spirituali, gratissimo animo et bona voluntate cum uni

Rom. x, 10.

Grandeur du Pape

publiant l'Encyclique.

Heureuse

nouvelle

du jubilé.

On en profitera aussi, non moins confiants aux mérites et aux promesses du Christ qu'attentifs à notre faiblesse et à notre impuissance, empressement. nous nous approcherons du trône de miséricorde qui s'élève

avec

Adhésion intime

et solennelle à la doctrine de l'Encyclique.

au milieu de nous; nous demanderons de la manière la plus pressante que tout contribue heureusement soit à la prospérité générale du catholicisme et des Etats, soit à la sanctification de chacun, juste ou pécheur; nous supplierons le ciel d'envoyer un secours opportun pour assurer à Votre Sainteté et à l'Eglise de Dieu la victoire si ardemment désirée sur les manoeuvres multipliées, les artifices et les attaques de l'ennemi.

«En ce qui concerne la doctrine, on ne suspecte ni ma foi, ni celle de ce diocèse. Je juge néanmoins qu'il est de haute importance, attendu les circonstances où nous nous trouvons, de donner directement et publiquement un témoignage de mon adhésion complète. Je déclare donc inadmissibles et condamnables dans le sens et de la manière qu'a en vue le Saint-Siége, toutes les propositions signalées dans le Recueil et l'Encyclique cités plus haut, ainsi que dans les autres écrits apostoliques. J'ajoute et autant qu'il dépendra de moi, il n'y aura, de tous les enseignements de l'Encyclique, ni un point ni un iôta, que l'on ne croie et que l'on n'enseigne dans mon diocèse. Du reste, je n'épargnerai, dans ma faiblesse, vigilance, ni sollicitude, ni fatigue pour faire qu'en cette portion du champ divin la bonne semence de la parole tombe dans des cœurs bons, excellents, et y porte de dignes fruits de piété; pour faire séparer et arracher avec le plus grand

ni

versi implemur, conscii quidem infirmitatis et insufficientæ nostræ, Christi vero meritis et promissis confisi, ad erectum misericordiæ thronum instantissimis precibus accedemus, ut omnia feliciter succedant, cum ad generalem rei catholicæ et publicæ prosperitatem, tum ad sanctificandum quemlibet justum aut peccatorem, et auxilio opportuno, de multiplicibus adversariorum consiliis, fraudibus impetibusque Sanctitati vestræ et Ecclesiæ Dei desideratissima victoria ex alto detur.

« De iis vero quæ ad doctrinam spectant, quamvis mea et hujus dioecesis non dubia sit fides, maximi duco momenti, pro rerum et temporum adjunctis, plenam adhæsionem directe et publice testificari. Omnes ergo in prædictis Syllabo et Encyclica cæterisque apostolicis Litteris notatas propositiones, ne una quidem excepta, in sensu et modo quos intendit Apostolica Sedes, rejiciendas esse profiteor et damnandas. Item ex omnibus Encyclicæ documentis, quantum in me est, iota unum aut unus apex non præteribit, quominus in tota diœcesi doceatur et credatur. Cæterum vigilantiæ, sollicitudini et labori non parcam, ut, pro infirmitate mea, in hac parte Dominici agri, bonum verbi

1 Matt., V, 19.

soin cette ivraie qui pourrait en grandissant toujours étouffer les vérités dont le nombre est malheureusement affaibli parmi les enfants des hommes 1.

« Nos oreilles n'ont pas encore cessé d'être fatiguées du bruit · tumultueux qu'a élevé dans le camp ennemi cette vénérable Encyclique. Là tout est mis en œuvre, écrits et discours, menaces et sophismes, violences et fourberies, pour altérer, calomnier, couvrir de ridicule, blasphémer et lacérer la parole de Dieu. Mais soutenus par la puissance du Pontife Suprême, nous sommes fidèles à sa recommandation divine et notre cœur ne se trouble ni ne s'effraie 2. Nous disons aussi avec l'Apôtre : « Et la victoire qui triomphe du monde « c'est notre foi 3. »

Les attaques dont elle est l'objet

ne troublent point la foi.

La foi

de l'évêque est la foi

du clergé

« Ce n'est pas seulement en mon nom que je fais cette solennelle profession de foi, de vénération, de dévouement et de soumission envers la personne de Votre Sainteté et le Siége apostolique; je la fais aussi au nom de tous les prêtres du diocèse, sans exception, car tous n'ont qu'une voix et qu'un cœur pour la faire avec moi; je la fais encore au nom d'un peuple fidèle. grand nombre de laïques fidèles. Votre Sainteté les embrassera tous avec moi sur son sein paternel, elle daignera les regarder aussi comme ses enfants de consolation.

« A peine l'Encyclique était-elle annoncée par les journaux,

et de son

semen in cordibus bonis et optimis cadens, dignos pietatis afferat fructus, et eradicentur zizania diligentissime separata, quibus magis ac magis exortis suffocarentur veritates a filiis bominum miserabiliter diminutæ 1.

« Nondum quidem aures nostræ requieverunt a concrepante strepitu quem veneranda ista Encyclica ab hostilibus castris fecit extolli; ubi scriptis et dicis, minis et sophismatibus, furoribus et dolis, verbum Dei adulterant, calumniantur, irrident, blasphemant dilacerantque. Confortante autem Supremi Pontificis virtute, juxta Dominicam adhortationem, non turbatur cor nostrum neque formidat 2; et, juxta Apostolicum illud: « Hæc est victoria quæ vincit mundum, fides nostra 3. »

« Hæc solemnis protestatio fidei, venerationis, devotionis et obedientiæ erga personam Sanctitatis vestræ et Sedem Apostolicam, non meo tantum nomine datur, sed omnibus, ne uno quidem dissonante, per totam diœcesim una voce et corde concinnantibus presbyteris, multisque pariter confitentibus laicis; quos universos in sinu paterno complectens, Sanctitas vestra dignabitur mecum vocare et habere consolationis filios.

<< Cum autem Encyclicam ephemeridibus divulgatam prælaudati fideles summo

1 Luc. vin, 15; Matt. XIII, 24; Ps. XI, 2. 3 I Joan. V, 4.

2 Joan. XIV, 1.

Protestation contre

la défense du

que les fidèles lui faisaient l'accueil le plus empressé, et les ecclésiastiques, comme il convient à de bons ministres de l'Eglise, se préparaient à prêcher, dans le temps et de la magouvernement. nière convenables, les enseignements du Siége Apostolique. Mais l'autorité civile nous a empêchés de publier cette Encyclique selon les formes canoniques et d'accomplir un des devoirs les plus stricts de l'ordre spirituel. Impuissant contre cet obstacle dressé devant les droits et la liberté de l'Eglise, j'ai cru bon et nécessaire de m'en plaindre amèrement. J'ai donc écrit au ministre des Cultes ; j'ai déclaré qu'il est contraire au droit divin et à la constitution de l'Eglise d'intercepter d'une manière quelconque les libres rapports entre le souverain pontife, les évêques et les simples fidèles; que nonobstant l'interdit du gouvernement l'Encyclique est promulguée de fait; et que tous les catholiques sont obligés d'y adhérer complétement et de la professer.

Témoignages d'affection

et de reconnais

sance envers le saint Père.

<< Combien nous souffrons de ces nouvelles blessures faites à votre cœur, déjà si affligé des maux et des dangers qui pèsent sur votre bonne ville et sur l'Italie tout entière ! Puisse notre dévouement compenser la défection, la haine et la révolte de tant d'autres! Daigne le Seigneur, en nous affermissant par les exemples et les enseignements du pasteur, lui faire trouver à lui-même des consolations surabondantes dans la foi, l'amour et l'obéissance du troupeau!

« Pour moi, je n'ai pas oublié les témoignages exquis de bienveillance particulière que l'an dernier j'ai reçus à Rome

jam acciperent obsequio, et ecclesiastici viri, ut optimos decet Ecclesiæ ministros, ad prædicanda, tempore et modo opportunis, Sedis Apostolicæ documenta accingerentur, a civili auctoritate sumus prohibiti, ne, canonica Encyclicæ communicatione, strictissimo spiritualis ordinis muneri satisfaceremus. In quem obicem juribus et libertati Ecclesiæ illatum cum non possem agere, duxi opportunum et necessarium graviter conqueri. Missis ergo ad ministrum Cultuum litteris protestatus sum juri divino et constitutioni ecclesiasticæ adversari quæcumque liberam inter Summum Pontificem, episcopos et universos fideles communicationem intercipiunt; non obstante autem interdicto, ab omnibus catholicis viris Encyclica de facto promulgatæ perfectam deberi assensionem et professionem.

« Ægre admodum tulimus tantis malis et periculis, quibus Urbs alma cum Italia tota premitur, nova cordi paterno superaddi vulnera. Utinam cæterorum defectio, odium rebellioque devotione nostra rependantur, et Deus, qui confirmat nos pastoris exemplo et doctrina, superabundanter gregis plena fide, amore et obedientia pastorem consoletur.

« Ego autem, cum e memoria non exciderint exquisita peculiaris benevo

avec tant de bonheur; et aujourd'hui, absent de corps mais présent d'esprit, je me prosterne aux pieds de Votre Sainteté avec mes pieux prêtres, avec les fidèles parfaitement unis de cœur et j'implore avec eux la bénédiction apostolique.

De votre Sainteté le très-humble, très-obéissant, trèsdévoué serviteur et fils.

PIERRE-FÉLIX, évêque de Limoges.

lentiæ pignora quæ, anno proxime elapso, Romæ felicissimus excepi, hodie quidem absens corpore, præsens autem spiritu, una cum piissimis sacerdotibus et fidelibus in eodem sensu perfectis, ad pedes Sanctitatis vestræ prostratus apostolicam efflagito benedictionem.

<< Sanctitatis vestræ humillimus, obsequentissimus et devotissimus servus et filius.

+ FELIX-PETRUS, episcopus Lemovicensis.

Monsieur le Ministre,

« En accusant réception à Votre Excellence de la lettre qu'elle m'a fait l'honneur de m'adresser le 1er janvier, je ne puis taire le sentiment pénible que m'a causé la prohibition de publier l'Encyclique du 8 décembre et le document qui y est annexé.

La défense

ment est

contraire

« Cette très-grave mesure est une restriction à la liberté nécessaire des rapports des évêques soit avec les fidèles qu'ils du gouverneont charge divine d'enseigner et de conduire, soit avec le successeur de saint Pierre, qui a reçu de Jésus-Christ la mission de « confirmer ses frères, de paître les brebis comme les au droit divin. <«< agneaux 1. » Elle emprunte un caractère particulier à cette anomalie étrange que les évêques seuls, à qui pourtant l'Encyclique est adressée, sont privés de la faculté légale de la publier, tandis que seuls ils ont l'obligation de transmettre à leurs diocésains les instructions qui émanent de la chaire apostolique. Aussi, à cette heure, l'Encyclique a été portée par les journaux sur tous les points de l'Empire. Certes, je ne me plaindrais pas de cette large diffusion d'une pièce aussi capitale, si plusieurs organes de la presse n'avaient pas accompagné le texte du Saint-Père de commentaires plus ou moins malveillants qui en dénaturent le sens et parfois en calomnient l'intention. En présence de ces attaques violentes qui se produisent en toute liberté, nous sommes réduits au silence: il ne nous est même pas permis de prouver que l'Ency

Luc., XXII, 32; Joan., XX1, 15-17.

Elle permet

l'attaque

sans permettre

la défense.

« PreviousContinue »