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importantes; lorsqu'elle a voulu obliger les évêques et tous les ecclésiastiques à s'engager par serment à l'exécu-' tion de ces décrets. Mais cette conduite n'étonnera pas si l'on observe, comme il est facile de le faire en examinant la teneur même de la constitution dressée par l'assemblée, qu'elle n'a en vue et ne poursuit d'autre but que d'anéantir la religion catholique, et, avec elle, l'obéissance due aux rois. C'est dans ce dessein qu'on établit, comme un droit de l'homme en société, la liberté absolue, le droit de n'être point inquiété sur ses opinions religieuses, le pouvoir de penser, de dire, d'écrire et même de faire imprimer arbitrairement en matière de religion tout ce qui plaît droit monstrueux, que l'assemblée déclare être pourtant une conséquence de l'égalité et de la liberté naturelles qu'elle attribue à tous les hommes.

Que penser de l'égalité

Mais se pouvait-il rien de plus insensé que d'établir parmi les hommes cette égalité et cette liberté absolue, et de la liberté sans tenir compte de la raison, le don le plus précieux que la nature ait fait à l'homme, le seul qui le distingue des

omnes jurejurando ad sui decreti executionem adstringeret. Verum hoc minime mirum videri debet iis qui ex ipsa conventus constitutione facile intelligunt nil aliud ab illa spectari atque agi, quam ut aboleretur catholica religio, et cum eadem debita regibus obedientia. Eo quippe consilio decernitur, in jure positum esse, ut homo in societate constitutus, omnimoda gaudeat libertate, ut turbari scilicet circa religionem non debeat, in ejusque arbitrio sit de ipsius religionis argumento, quidquid velit, opinari, loqui, scribere, ac typis etiam evulgare: quæ sane monstra ab illa hominum inter se æqualitate naturæque libertate derivari ac emanare declaravit.

Sed quid insanius excogitari potest, quam talem æqualitatem libertatemque inter omnes constituere, ut nihil rationi tribuatur, qua præcipue humanum genus a natura præditum est, atque a cæteris animantibus distinguitur? Cum hominem creasset Deus, eumque in paradiso voluptatis posuisset, nonne

par

proclamées

l'assemblée nationale ?

animaux? Après avoir créé l'homme et l'avoir établi dans un lieu de délices, Dieu ne le menaça-t-il pas de la mort s'il mangeait du fruit de l'arbre de la science du bien et du mal? Et par cette première défense ne mit-il pas des bornes à sa liberté? Ne lui imposa-t-il pas ensuite, lorsque sa désobéissance l'eut rendu coupable, de nouvelles obligations par l'organe de Moïse? Et quoiqu'il « l'eût laissé dans la « main de son propre conseil, » afin qu'il pût mériter bien ou mal, « n'ajouta-t-il pas néanmoins des préceptes et « des commandements qui pouvaient le sauver s'il voulait « les accomplir '. »

Où est donc cette liberté de penser et d'agir que l'assemblée nationale accorde à l'homme social comme un droit imprescriptible de la nature? Il faudra donc, d'après les décrets rendus par elle, nier les droits du Créateur qui nous donne l'existence et à la magnificence de qui nous devons rendre grâces de tout ce que nous sommes et de tout ce que nous possédons? Peut-on d'ailleurs ignorer encore que l'homme n'a pas été créé pour lui seul, mais

eodem tempore ipsi mortis pœnam indixit, si de ligno scientiæ boni et mali comedisset; nonne statim hoc primo præcepto ejus adstrinxit libertatem? Nonne deinceps cum per inobedientiam se reum effecisset, plura præcepta per Moysen adjunxit? Et licet ipsum « reliquisset in manu consilii sui, » ut bene seu male mereri posset, nihilominus adjecit « mandata et præ«cepta, ut si voluerit servare, conservassent eum 1. »

Ubi est igitur illa cogitandi agendique libertas, quam conventus decreta tribuunt homini in societate constituto, tanquam ipsius naturæ jus immutabile? Oportebit igitur ex eorum decretorum sententia juri contradicere Creatoris, per quem existimus, et cujus liberalitati, quidquid sumus atque habemus, acceptum referre debemus. Præterea quis jam ignoret creatos esse homines, ut non solum singuli sibi, sed et aliis vivant, ac prosint hominibus. In hac enim naturæ infirmitate mutuo

1 Ecclesiastic. XV, 15, 16.

pour être utile à ses semblables? Car telle est la faiblesse de la nature, que, pour se conserver, on a besoin de se secourir mutuellement; et en nous accordant la raison et l'usage de la parole, Dieu nous a donné la lumière et le pouvoir nécessaires pour réclamer l'aide d'autrui, et aider à notre tour ceux qui imploreraient notre assistance. Ainsi c'est la nature elle-mème qui a rapproché les hommes et les a réunis en société. En outre, puisque l'usage que l'homme doit faire de sa raison consiste essentiellement à reconnaître son souverain Auteur, à l'honorer, à l'admirer, à lui tout rapporter; puisque, dès son enfance, il doit être soumis à ceux qui ont sur lui la supériorité de l'âge, se laisser gouverner et instruire par leurs leçons, apprendre d'eux à régler sa vie d'après les lois de la raison, de l'humanité et de la religion : cette égalité, cette liberté si vantées, ne sont donc pour lui, dès le moment de sa naissance, que des chimères et des mots vides de sens.

« Soyez soumis, c'est une nécessité; » ainsi les hommes n'ont pu se rassembler en société civile, sans éta

indigent ad sui conservationem subsidio, atque idcirco a Deo et rationem et loquendi facultatem tenuerunt, ut et opem petere, et petentibus præstare scirent ac possent; proinde ab ipsa naturæ inductione in societatem communionemque coierunt. Jam cum hominis sit ita sua ratione uti, ut supremum Auctorem suum non tantum agnoscere, verum et colere, admirari, ad eumque omnia referre debeat, cumque ipsum subjici jam ab initio majoribus suis necesse fuerit, ut ab ipsis regatur atque instruatur, vitamque suam ad rationis, humanitatis, religionisque normam instituere valeat; certe ab uniuscujusque ortu irritam constat atque inanem esse jactatam illam inter homines æqualitatem ac libertatem.

« Necessitate subditi estote1. » Itaque ut homines in civilem societatem coalescere possent, gubernationis forma constitui debuit, per quam jura illa libertatis adscripta sunt sub leges

1 Roman., X. II, 5.

Soumission

indispensable

dans la société.

Liberté absolué réprouvée par S. Paul.

Par un concile de Tours.

blir une forme de gouvernement, et par conséquent sans restreindre cette liberté, sans l'assujétir aux lois et à l'autorité de leurs chefs. De là vient ce principe exprimé ainsi par saint Augustin: « La société humaine n'est autre chose « qu'une convention générale d'obéir aux rois 1, » et ce n'est pas tant du contrat social que de Dieu lui-même, auteur de tout bien et de toute justice, que la puissance des rois tire sa force. L'Apôtre confirme cette doctrine dans l'Epître déjà citée : « Que toute âme soit soumise aux puis« sances supérieures, car toute puissance vient de Dieu, a et celles qui existent ont été établies par Dieu même : «ainsi leur résister, c'est résister à l'ordre de Dieu. Or « ceux qui résistent attirent sur eux-mêmes la condamna« tion. »>

C'est ici le lieu de rapporter le canon du second Concile de Tours, tenu en 567; il frappe d'anathème, non-seulement quiconque a la hardiesse de contrevenir aux décrets du Siége Apostolique, mais encore « celui qui ose réfuter « de quelque manière que ce soit, une pensée que l'apôtre

supremamque regnantium potestatem; ex quo consequitur quod S. Augustinus docet in hæc verba : « Generale quippe pactum est societatis humanæ obedire regibus suis'. » Quapropter hæc potestas non tam a sociali contractu, quam ab ipso Deo recti justique auctore repetenda est. Quod quidem confirmavit Apostolus in superius laudata epistola : « Omnis << anima potestatibus sublimioribus subdita sit; non est enim « potestas nisi a Deo ; quæ autem sunt, a Deo ordinatæ sunt: «< itaque qui resistit potestati, Dei ordinationi resistit: qui au« tem resistunt, ipsi sibi damnationem acquirunt. »

Atque hic referre libet canonem Concilii Turonensis II, habiti anno DLXVII, cujus verbis anathemate plectitur, non solum qui decretis Apostolicæ Sedis contraire præsumit, sed et « quod pejus est, qui, contra sententiam, quam vas electionis

1 Lib. II Confession, cap. VIII, tom. I, Oper. edit. Mig. Roman., c. XIII, v. 1, 2.

« Paul, ce vase d'élection, a publiée d'après l'inspiration « de l'Esprit-Saint. Le Saint-Esprit d'ailleurs ne lui fait-il

pas dire « Anathème à qui prêchera le contraire de ce « que j'ai prêché 1? »

nation de plusieurs

sectes

Mais pour dissiper l'absurde fantôme de cette espèce de Par la condamliberté indéfinie, ne suffit-il pas de dire que ce système fut celui des Vaudois et des Bégards, condamnés par Clément V, avec l'approbation du saint Concile œcuménique de Vienne'; que les Wicléfites l'adoptèrent ensuite et enfin Luther, quand il disait : « Nous sommes affranchis de << toute espèce de joug ! 3 »

3

Nous devons cependant avertir qu'en parlant ici de l'obéissance due aux puissances légitimes, notre intention n'est pas d'attaquer les nouvelles lois civiles auxquelles le roi a pu donner son consentement, comme n'ayant de rapport qu'au gouvernement temporel dont il est chargé. Nous n'avons point pour but, en rappelant ces maximes, de provoquer le rétablissement du régime ancien de la

« Paulus apostolus Spiritu sancto ministrante promulgavit, « aliud conscribere ulla ratione præsumat, cum dicat ipse per Spiritum sanctum : Qui prædicaverit præter id quod prædicavi, anathema sit1. »>

Ast ad refutandum absurdissimum ejus libertatis commentum, satis hoc etiam esse potest, si dicamus hujusmodi nempe sententiam fuisse Valdensium et Beguardorum a Clemente V, sacro approbante œcumenico Concilio Viennensi, damnatorum, quam deinde secuti sunt Wiclephista, et postremo Lutherus illis suis verbis : « Liberi sumus ab omnibus".

Verumtamen quæ de obedientia legitimis potestatibus debita asseruimus, nolumus eo accipi sensu, ut a nobis dictæ fuerint animo oppugnandi novas civiles leges, quibus rex ipse præstaré potuit assensum, utpote ad illius profanum regimen per

1 Canon. 20, in collect. Labbe, tom. VI, pag. 54. Galat. 1, 8. - * Cap. III in Clementin. tit. de hæreticis. 3 Ut refert anctor appendic. ad S. Thomam, prima secundæ, quæstion. 96, art. 5, edit. Neapul. 1763.

hérétiques.

Pie VI

ne condamne point les formes nouvelles da gouvernement.

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