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sauver la patrie, et de l'avoir vingt fois donné à entendre toi

même.

Je t'accuse d'avoir tyrannisé l'assemblée électorale de Paris par tous les moyens d'intrigue et d'effroi.

Je t'accuse d'avoir évidemment marché au suprême pouvoir. Législateurs, il est au milieu de vous un autre homme, dont le nom ne souillera pas ma bouche, que je n'ai pas besoin d'accuser, car il s'est accusé lui-même. Lui-même, il vous a dit que son opinion était qu'il fallait faire tomber deux cent soixante mille têtes; lui-même, il vous a avoué, ce qu'au reste il ne pouvait nier, qu'il avait conseillé la subversion du gouvernement, qu'il avait provoqué l'établissement du tribunat, de la dictature, du triumvirat: mais quand il vous fit cet aveu, vous ne connaissiez peut-être pas encore toutes les circonstances qui rendaient ce délit vraiment national; et cet homme est au milieu de vous! et la France s'en indigne! et l'Europe s'en étonne! Elles attendent que vous prononciez. Je demande que vous chargez un comité d'examiner la conduite de Robespierre.

Et pour prévenir désormais, autant que possible, des conjurations semblables à celle que je vous dénonce; je demande que vous fassiez examiner, par votre Comité de Constitution, la question de savoir si, pour le maintien de la liberté publique, devant lequel tout intérêt particulier doit disparaître, vous ne porterez pas, comme dans l'ancienne Grèce, une loi qui condamne au bannissement tout homme qui aura fait de son nom un sujet de division entre les citoyens.

J'insiste surtout pour qu'à l'instant vous prononciez sur un homme de sang dont les crimes sont prouvés, que si quelqu'un a le courage de le défendre, qu'il monte à la tribune; et croyez-moi, pour notre gloire, pour l'honneur de la patrie, ne nous séparons pas sans l'avoir jugé. Je demande sur l'heure un décret d'accusation contre Marat Dieux! je l'ai nommé !!!

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II.

FUNERAL ORATION ON THE DEPUTY FÉRAUD

(14 Prairial Year III-2 June 1795).

ON I Prairial Year III (20 May 1795) an attempt was made to overthrow the rule of the Thermidorians, and to place the survivors of the Mountain in power. The character of the Thermidorian rule had altered since the overthrow of Robespierre. His opponents in the Great Committee of Public Safety had not long been able to retain power; the deputies of the Plain had been elected freely to the committees, which retained the executive government in their hands, and gradually edged out their predecessors, who had instituted and maintained the system of Terror. The new rulers disavowed the Terror, and at last re-admitted the surviving members of the Girondin party to the Convention. From open disavowal, they proceeded, when reinforced by the revenants like Louvet and Lanjuinais, to persecute, and the leaders of the former great committees were ordered to be arrested. In these steps, they were supported by the jeunesse dorée, which had now become a political power in Paris; the Jacobin club was closed, the remains of Marat were thrown down a sewer, and the 'tail of Robespierre' was everywhere insulted. The survivors of the Mountain in the Convention and their partizans in Paris could not stand this without retaliating, and taking advantage of their influence in some sections and of the misery caused by the high price of bread, they made a demonstration on 12 Germinal Year III (1 April 1795), which was easily suppressed. They then resolved on more vigorous action, and the organizers of the earlier émeutes of the Revolution prepared an armed insurrection.

On I Prairial Year III (20 May 1795) a ragged crowd from the Faubourgs St. Antoine and St. Marceau, led by former members of the revolutionary army and by the 'furies of the guillotine,' among whom Aspasie Carle Migelli was conspicuous, burst into the hall of the Convention at the Tuileries, shouting for 'Bread and the Constitution of 1793.' The guards of the Convention were beaten, and a deputy, named Féraud, who was taken for Fréron the leader of the jeunesse dorée, was killed before the eyes of his colleagues. The President, Boissy d'Anglas, refused to be

intimidated or to put the motions the mob desired, and from morning till evening the hall remained in the occupation of the howling crowd. At last, towards evening, at about 7 o'clock, the survivors of the Mountain determined to take advantage of the insurrection, and declared various motions carried, of which the most important were that the committees of government were dissolved, and that a new Committee of General Security consisting of Prieur of the Marne, Duquesnoy, Bourbotte, and Du Roy was appointed. Soubrany was hailed as general of the Parisians and departed to take up the command. Meanwhile the Thermidorian Committees prepared for action; they raised a powerful force from the national guards of the bourgeois sections, which, headed by certain deputies, notably Legendre, Auguis and Kervelegan, and by the leaders of the jeunesse dorée, re-occupied the hall of the Convention, and expelled the mob. The Committees then re-asserted their authority. The deputies who had countenanced the mob were at once imprisoned, and a military commission was appointed to judge the rioters. The murderer of Féraud had been rescued from those who had arrested him; a force was therefore directed to disarm the Faubourg St. Antoine and to re-arrest him. The measure was successful and the last vestige of the revolutionary power of the mob, which had ruled Paris for so long, was torn from it. The failure of the rising of 1 Prairial brought about the final ruin of the Montagnards: the deputies who had taken a marked part in it, Romme, Bourbotte, Goujon, Du Roy, Duquesnoy and Soubrany were condemned to death, and those of the surviving Terrorists, who had not thrown in their lot with the Thermidorians, were arrested or proscribed.

The Convention determined to hold a solemn funeral session in honour of Féraud on 14 Prairial (2 June), exactly two years after the coup d'état which had overthrown the Girondins, and Louvet was chosen to deliver the funeral oration. The speech was delivered amidst a theatrical arrangement and is, therefore, perhaps necessarily, theatrical in tone, but it is an historical document of the first value; delivered within a few days of the events it describes, and before an audience of witnesses, it probably contains a true narrative. It possesses also many bursts of true eloquence, suggested by the anniversary on which it was delivered, and owes its intrinsic weakness as an eulogy to the fact that Féraud, its subject, was murdered in

mistake for some one else. Nevertheless, it hit the taste of the time and was ordered to be printed. The description of the arrangement of the hall on this occasion, as given by the Moniteur, is as follows: 'La salle des séances de la Convention Nationale est ornée de guirlandes de chêne en festons. Les tribunes publiques sont occupées par les membres des corps constitués, par les députés des quarante-huit sections de Paris, et par les tribunaux. Tous les représentants sont en costume, armés, un crêpe au bras gauche. De chaque côté du bureau, devant les secrétaires, sont placées des urnes cinéraires parsemées d'étoiles d'or sur un fond noir. Celle à droite porte cette inscription sur son piédestal : Aux magnanimes défenseurs de la liberté, morts dans les prisons et sur les échafauds, pendant la tyrannie. Autour de l'urne sont gravés ces mots : Ils ont eu le sort de Caton et de Barnevelt. L'urne placée à la gauche du Président porte cette inscription: Aux intrépides défenseurs de la liberté, morts dans les combats pendant la guerre. On lit autour ces mots : Ils ont recommandé à la Patrie leurs pères, leurs épouses et leurs enfants. L'une et l'autre sont couvertes de crêpe funèbre, de couronnes de fleurs, de verdure et de chèvrefeuille, et entourées d'attributs analogues. Devant la tribune, à la place même où Féraud tomba sous les coups des assassins, est un tombeau couvert d'un marbre blanc, sur lequel sont placés les armes, le chapeau militaire et l'écharpe tricolore de ce représentant. Le buste de Brutus se trouve au-dessus de ce monument. Les ambassadeurs des puissances étrangères sont en face du Président [J. B. C. Mathieu]. Une musique nombreuse est placée à l'extrémité gauche. J. B. Louvet monte à la tribune. De vifs applaudissements l'y accompagnent.'

REPRÉSENTANTS DU PEUPLE,

Au milieu du Sénat assemblé, un Romain disait : Nous craignons trop la mort. Plus heureux que cet orateur, je parle à des hommes auxquels il m'est donné de dire: Si vous ne l'aviez tous courageusement affrontée, déjà vingt fois vous l'auriez tous reçue; et je puis ajouter qu'entre les journées déplorables, où la France entière fut menacée dans sa représentation, nos annales distingueront les premières journées de Prairial; comme entre les conspirations, qui mirent la capitale du monde en péril, on a distingué celle où, devant

ses bandes atroces, Catilina fit un instant pâlir le génie du peuple Romain.

Représentants, il commençait le premier Prairial, et des sinistres augures annonçaient le plus affreux des jours. Partout c'était le cri de la révolte, du pillage, des proscriptions: devant quelques cinq cents provocateurs, avec art répartis dans un millier de groupes, la foule étonnée se taisait. Réveillés au bruit des émeutes, et plutôt que de coutume accourant dans cette enceinte, les législateurs n'y parvenaient qu'à travers les invectives, les menaces, les coups. Vos comités de gouvernement cherchaient quelques moyens de résistance. Au milieu de nous, un des nôtres,

il était jeune! il était courageux! il était indigné ! Mais il contenait son indignation; mais, comme le vrai courage, il calculait froidement l'obstacle, et sans emportement se disposait à le surmonter. Sa force, son ardeur généreuse, toutes les ressources de sa valeur, il les gardait pour le moment de l'exécution. Tranquillement, mais avec persévérance, il demandait cinquante hommes d'élite, assurant qu'avant qu'on exécutât les attentats préparés contre vous, il périrait. O digne compagnon de tant de périls, appui généreux, mais trop faible contre l'immense débordement des forfaits médités, Féraud', tu n'as que trop réellement tenu tes promesses; tu n'as que trop complètement rempli tes destinées !

À l'autre extrémité de la ville, l'attroupement séditieux s'était formé. On avait arrêté le plan sacrilége, on s'était couvert d'armes parricides: le signal du pillage et des

1 Féraud (Jean), born, 1764, in the valley of the Aure in the Pyrenees; only son of a small landed proprietor; friend of Barère; elected to the Convention by the department of the Hautes-Pyrénées; acted with the Girondins, but voted against the appeal to the people on the trial of the King; attacked Pache, and moved that the Girondin deputies accused by the sections deserved well of their country; on mission with the army of the Eastern Pyrenees, 1793-94; commanded a column under Barras in the attack on Robespierre at the Hôtel-deVille on 9 Thermidor; on mission with the armies of the Rhine and Moselle, 1794-95; killed, 1 Prairial 1795.

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