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toutes les passions, a redoublé d'activité (1), et n'a pas toujours conservé la mesure que les amis de l'ordre, de la paix, des mœurs et de la Religion, auroient désirée. De plus, un mauvais ouvrage est plus dangereux et fait plus de mal que vingt bons ne sont utiles et ne peuvent faire de bien. D'ailleurs, dans le nombre incalculable des livres, il est difficile de faire un choix vraiment bon, si l'on n'a des connoissances littéraires assez étendues pour juger du mérite des

(1) C'est surtout depuis 1817 que cette activité a pris un grand accroissement, comme on peut s'en convaincre en jetant un coup d'œil sur le tableau suivant, présentant le montant des annonces de librairie et d'imprimerie qui ont eu lieu en France chaque aunée, à partir de 1814 :

En 1814 2547 annonces.

1815 3357

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1816.. 3763

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Ces résultats sont tirés du Journal officiel de l'imprimerie et de la librairie, rédigé avec beaucoup de soin par M. Beuchot. Nous ferons remarquer qu'on peut retrancher de ces différens nombres plus des cinq douzièmes, si l'on veut avoir approximativement le nombre des ouvrages proprement dits, qui ont été publiés, parce qu'on ne peut pas considérer comme ouvrages les prospectus, almanachs, factums, catalogues officinaux, bluettes, etc., qui cependant ont leur n.o dans le Journal, et font partie des nombres qui composent le tableau ci-dessus. Mais nous ajouterons que depuis quelques années il se fait dans plusieurs villes des réimpressions, surtout d'ouvrages de dévotion, saus déclarations. Si les déclarations avoient eu lieu, les tableaux ci-dessus scroient eucore plus considérables.

ouvrages, et des connoissances bibliographiques pour apprécier les éditions (1). Combien ne voit

(1) Ces deux genres de connoissances ne sont pas les seules qui doivent caractériser le véritable bibliographe; il lui en faut encore beaucoup d'autres, ainsi qu'on peut le voir dans l'article suivant, extrait de notre Diction. raisonné de Bibliologie, tom. I, p. 50: « La bibliographie étant la plus vaste et la plus universelle de toutes les connoissances humaines, tout paroît devoir être du ressort du bibliographe; les langues, la logique, la critique, la philosophie, l'éloquence, la géographie, la chronologie, l'histoire et la diplomatique ne doivent point lui être étrangères. L'histoire de l'imprimerie et des célèbres imprimeurs lui est familière, ainsi que toutes les opérations de l'art typographique. II en est de même de tout ce qui constitue le matériel d'un livre, comme papier, caractères, justification, encre, impression, formats, reliûre. Il est sans cesse occupé des ouvrages des anciens et des modernes; il s'applique à connoître, non seulement par le titre et par la forme, mais encore par leur contenu, les livres utiles, rares, curieux, manuscrits ou imprimés. Il passe sa vie à les analyser, les classer, les décrire. Il cherche ceux qui sont indiqués par les écrivains intelligens qui ont su les apprécier. Il parcourt les bibliothèques et les cabinets, pour augmenter la somme de ses connoissances; il étudie particulièrement les auteurs qui ont traité de la science des livres; il relève leurs erreurs; il choisit dans les productions nouvelles celles qui sont marquées au coin du génie, et qui doivent vivre dans la mémoire des hommes; il furete les journaux littéraires, pour se tenir sans cesse au courant des découvertes de son siècle et les comparer à celles des siècles passés. Il est avide de tous les ouvrages qui traitent des bibliothèques, et surtout des catalogues, lorsqu'ils sont bien faits, bien raisonnés, et que l'indication des prix ajoute à leur valeur. Enfin, il a les yeux continuellement ouverts sur tout ce qui regarde les productions de l'esprit humain, leurs auteurs, leur publication, leur sort, c'est-à-dire, qu'on peut le considérer comme une histoire littéraire vivante tel est le vrai bibliographe. Il doit réunir toutes les connoissances dont nous venons de parler; cependant

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plus que bizarre, ou disons plutôt, avec un amas de livres incohérens, et qui, s'il est permis de se servir de cette expression, hurlent de se trouver ensemble.

C'est donc après avoir fait les réflexions précédentes, que, pénétré de l'utilité dont seroit un ouvrage qui pourroit remédier aux inconvéniens que nous venons de signaler, et consultant. moins nos forces que notre zèle , nous nous sommes occupé d'un choix des auteurs qui tiennent le premier rang dans la littérature de tous les âges et de tous les peuples. Mais comme la simple liste de leurs immortels travaux eût sans doute produit peu d'effet, nous avons accompagné notre choix de toutes les observations, de tous les raisonnemens, de tous les jugemens littéraires, de tous les exemples qui nous ont paru les plus propres à faire ressortir l'excellence des ouvrages que nous indiquons, et à prouver la nécessité de s'en tenir à ces modèles du goût et de la raison. Nous avons particulièrement insisté sur les avantages incalculables que l'on ne peut manquer de retirer de la lecture des anciens (1), tout en payant ce

(1) Quoiqu'à chaque page de notre ouvrage nos recommandations à cet égard soient des plus pressantes, nous ne pouvons résister à la tentation de les appuyer encore ici de l'autorité d'un des plus célèbres critiques modernes, qui connoissoit tout le prix

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