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auxquels on donna le nom des neuf Muses, commencent à Cyrus, premier roi des Perses, selon l'auteur (l'an 599 av. J.-C.), et se terminent à la bataille de Mycale qui se donna la huitième année de Xerxès (l'an 480 av. J.-C.), ce qui comprend l'espace d'environ cent vingt ans. HERODOTE est appelé le Père de l'histoire, par Cicéron, non-seulement parce qu'il est le plus ancien des historiens grecs dont les écrits sont parvenus jusqu'à nous, mais parce qu'il est entre ces historiens ce qu'Homère est entre les poëtes, et Démosthène entre les orateurs. Fidelle imitateur d'Homère pour la narration, il entrelace les faits les uns dans les autres, de manière qu'ils ne font qu'un tout bien assorti. En variant continuellement ses récits, il réveille sans cesse l'attention de ses lecteurs. Son style est plein de grâce, de douceur et de noblesse. Ses histoires sont écrites dans le dialecte ionique. M. Larcher a rendu un important service à notre littérature, par la savante traduction qu'il nous a donnée de cet historien. (Paris, 1786, 7 vol. in-8.o; et Paris, 1802, 9 vol. in-8.o) Ce précieux ouvrage a emporté les suffrages universels sous le rapport de l'érudition (1). M. Dacier, secrétaire perpétuel de l'Aca

(1) Je ne puis mieux en faire connoître le mérite, qu'en rapportant ce qu'en a dit le savant et estimable M. Boissonade, auteur de la notice sur M. Larcher, en tête du catalogue de la bibliothèque de ce dernier, p. xxiv. » On peut, dit-il, sous le rapport du style, faire à M. Larcher d'assez graves reproches; mais la richesse du commentaire, l'importance des recherches géographi ques et chronologiques, font de la traduction d'Hérodote, un des

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de THUCYDIDE, qu'il la copia huit fois de sa main pour mieux se pénétrer de son style.

Cette histoire renferme les événemens arrivés pendant les vingt-une premières années de la guerre du Péloponèse qui a embrasé la Grèce, de 431 à 403 av. J.-C. Thucydide, qui florissoit pendant cette guerre, a écrit cette histoire en huit livres. Ils ont été publiés par Xénophon qui y a fait une suite en sept livres finissant à la bataille de Mantinée, l'an 363 av. J.-C.

Une remarque que l'on a souvent faite relativement à la poésie et à l'histoire, c'est que les hommes de génie qui ont ouvert la carrière dans ces deux parties, sont ceux qui y ont le mieux réussi. Homère n'a point encore eu de rival pour la poésie ; HÉnoDOTE et THUCYDIDE Sont dans le même cas pour l'histoire. Nous parlerons d'Homère dans l'article suivant; mais nous devons rapporter ici l'élégant et judicieux parallèle que Quintilien trace des deux historiens qui nous occupent : « La Grèce, dit-il, a eu plusieurs historiens célèbres; mais on convient qu'il y en a deux qui sont fort au-dessus des autres, et qui, par des qualités différentes, ont acquis une gloire presque égale. L'un, concis, serré, toujours pressé d'arriver à son but, c'est THUCYDIDE : l'autre, doux, clair, étendu, c'est HERODOTE. L'un est plus propre pour les passions véhémentes; l'autre, pour celles qui demandent de l'insinuation. L'un réussit dans les harangues; l'autre, dans les discours ordinaires. Le premier entraîne par la force; le second

attire par le plaisir (1). » Tous les deux ont porté l'histoire à sa perfection par une route différente. C'est une justice que leur ont rendue les anciens et les modernes.

ALEXANDRE (n. 356-m. 324 av. J.-C.), roi de Macédoine, étoit tellement passionné pour HoMÈRE, qu'il portoit toujours avec lui l'Iliade. Il appeloit les œuvres de ce poëte, ses provisions de l'art militaire. Aussi, au milieu de ses marches et de ses conquêtes, il le mettoit toujours sous son chevet avec son épée. Après la défaite de Darius, on trouva, parmi les dépouilles de ce prince, une cassette d'un travail fini et d'un prix excessif; on la porta à Alexandre, qui aussitôt y renferma l'Iliade, en disant : « Il est naturel que l'ouvrage le plus parfait de l'esprit humain soit renfermé dans la cassette la plus précieuse du monde. » Traversant un jour le Sigée et voyant le tombeau d'Achille : «O fortuné héros,

כן

(1) Historiam multi scripsére, sed nemo dubitat duos longè cæteris præferendos, quorum diversa virtus laudem penè est parem consecuta. Densus, et brevis, et semper instans sibi THUCYDIDES: dulcis, et candidus et fusus HERODOTUS. Ille concitatis, hic remissis affectibus melior : ille concionibus, hic sermonibus ille vi, hic voluptate. (QUINTIL. lib. x, cap. 1.) : Rollin, de qui j'ai emprunté la traduction de ce passage, dit que les mots instans sibi sont difficiles à rendre, et qu'ils signifient que Thucydide est toujours pressé, qu'il se hâte d'aller à son but, qu'il y tend continuellement sans le perdre de vue, sans se détourner, sans s'amuser. Gedoyn les a traduits par ne s'arrêtant jamais en chemin, c'est le même sens. La traduction de ce morteau par Rollin me paroit plus élégante que celle de Gedoyn.

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